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(fr) Ni guerre en irak, ni paix avec chirak

From gasteropodes@no-log.org
Date Mon, 7 Apr 2003 23:57:12 +0200 (CEST)


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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
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http://ainfos.ca/index24.html
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salut,

Voici un texte que nous avons distribué à la manif contre la guerre de
samedi dernier à grenoble, dans le cadre d'un cortège libertaire derrière
une banderole "Guerre au capitalisme". Il s'agit d'un texte que nous
avions déjà distribué avant le déclenchement officiel de la guerre, mais
que nous avons recontextualisé et quelque peu modifié.

A bientôt.

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NI GUERRE EN IRAK,
NI PAIX AVEC CHIRAC !
"La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres
sujets, et l'objet de la guerre n'est pas de faire ou d'empêcher des
conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la
société."
1984, George Orwell

LES CAUSES DE LA GUERRE…
ET DE LA PAIX.
Après moult palabres, effets de scène et défis préliminaires, la
spectaculaire guerre tant attendue a "enfin" été déclarée et a pris une
ampleur médiatique qui nous rappelle le bon vieux temps de la première
guerre du Golfe. Pourtant, la grosse ficelle de Saddam Hussein était bien
usée et presque périmée. Le prévisible spectacle de son élimination et
ses préliminaires sont loin d'atteindre l'efficacité de précédents
célèbres (Milosevic ou Ben Laden); d'ailleurs, cette fois-ci, ce qu’on
appelle "l’opinion publique", ici et ailleurs, n’est pas convaincue de la
nécessité de cette guerre. Plusieurs millions de personnes à travers le
monde se mobilisent pour dire "NON" à la guerre en Irak. Mais quand donc
y aura-t-il plusieurs millions de personnes dans les rues pour dire "NON"
au système politique qui justifie cette guerre comme la plupart des
guerres qui éclatent chaque année sur cette planète ?
Les médias français, qui semblent avoir récemment découvert les enjeux
économiques et géostratégiques du Moyen Orient, démasquent sans peine,
sous les rudimentaires prétextes juridiques et moraux, les objectifs des
USA et de son complexe militaro-industriel-pétrolier. Mais cette
pertinence a des limites, celles de la raison d'État, dont les
journalistes sont les servant-e-s ; la position de la France (de
l'Allemagne et de la Russie) est ainsi présentée comme celle du droit, de
la raison et de la paix (Chirac en Côte-d’Ivoire, Poutine en Tchétchénie,
ça c’est du pacifisme!). On évoque peu les antagonismes économiques entre
États capitalistes qui expliquent le parti pris "pour" ou "contre" la
guerre en Irak : les entreprises françaises (Total-Fina-Elf) et russes
auraient été, en cas de paix et de levée des sanctions contre l'Irak, aux
premières places pour emporter de juteux marchés (exploitation du
pétrole, reconstruction du pays, …). L'intervention américaine a bel et
bien pour but de les offrir prioritairement aux compagnies
anglo-saxonnes…
Ni le sort de la population irakienne, ni celui de leur dictateur, ni les
inoffensives manifestations pacifistes ne détermineront leurs choix
(pendant ce temps, plus déterminé-e-s, dockers et militant-e-s bloquent
les transports d’armes ou sabotent des avions et bases militaires en
Italie et en Grande-Bretagne, etc.).
Quoi qu’il en soit, les bombardements de l’armée américaine sur le
territoire irakien n’avaient pas vraiment cessé depuis le début des
années 1990 (sans parler de l’embargo imposé à la population irakienne,
allégé tout juste par un programme "pétrole contre nourriture").

PACIFISME A GÉOMETRIE VARIABLE.
Les militant-e-s pacifistes et les organisations qui les encadrent
(rejoint-e-s par les débris de la "gauche plurielle" qui ont géré au
mieux les conflits précédents – Golfe, Kosovo, Afghanistan – et
apprécient beaucoup moins les bombes et le sang une fois dans
l'opposition) arpentent à nouveau le pavé contre les busheries les plus
spectaculaires.
Si durant la guerre du Kosovo nombre de pacifistes et même
d'antimilitaristes encouragèrent les bombardements de l'OTAN, lors de
l'intervention américaine contre l'Afghanistan les mêmes demandèrent que
les massacres s'effectuent sous l'égide de l'ONU ("garant du droit
international"). Les revoilà qui étalent aujourd'hui leurs incohérences
en refusant la guerre contre l'Irak "qu'elle se fasse sous mandat de
l'ONU ou non", maltraitant ainsi leur droit international chéri (qui ne
leur convient plus); ils-elles espèrent néanmoins son bon fonctionnement
quand ils-elles demandent à la France d'utiliser son droit de veto…
On remarque au passage que, pour certain-e-s, si des guerres sont
horribles, d'autres peuvent être "justes", légitimes, légales,
nécessaires ou "huma-nitaires" (seules les mauvaises guerres faisant des
victimes innocentes-civiles).
La fonction idéologique spécifique de cette mouvance pacifiste est de
nous présenter la guerre comme un dysfonctionnement, comme un
déséquilibre à l'intérieur de la formation économique et sociale en
place, déséquilibre qu'il s'agit de corriger pour revenir au point
d'équilibre: la démocratie, l'amitié-entre-les-peuples, le
respect-de-la-personne-hu-maine-et-de-ses-droits. Sursaut de nos
politicien-ne-s, négociations, instauration de la taxe Tobin, d'une taxe
sur les armements, d'un contrôle citoyen des institutions
internationales, etc. : autant d’éléments qui sont censés permettre de
corriger ce dérapage guerrier. Il s'agit donc de cacher/oublier que la
guerre fait au contraire intégralement partie du développement
capitaliste, qu'elle en est une composante, un moment nécessaire à son
bon fonctionnement.
Comble de la farce, aujourd’hui Chirac est plus populaire que jamais du
fait de son prétendu pacifisme (après être apparu comme résistant
antifasciste lors des dernières élections présidentielles…). Une position
de circonstances bien pratique pour faire oublier la guerre sociale
déclarée en France contre les minorités et une idéologie sécuritaire
toujours grandissante qui sont dans la continuité de la politique menée
par la gauche quand elle était au pouvoir.
Nous ne pourrons nous débarrasser définitivement de toute guerre qu'en
mettant fin à l'oppression sociale, économique et politique dont le
capitalisme et l'Etat sont probablement la plus haute synthèse.

CONTRE LA GUERRE EN IRAK,
AUTOGESTION ET RÉSISTANCE !
Manifester et mobiliser pour dire "non à la guerre" et demander au
Parlement et aux autorités françaises de dire "non", c'est avant tout
reconnaître la légitimité de ces institutions, de leur fonctionnement, du
droit international comme norme politique devant régir le monde. C'est
croire que la "démocratie" peut empêcher la guerre (toutes les
guerres et massacres coloniaux menés par la France au XXème siècle ne
l'ont été que par des gouvernements démocratiques, de gauche ou de
droite, dans le respect des institutions, que les "opinions publiques"
aient été pour ou contre).
Plus que jamais, c'est à l'intérieur de ses propres rouages que le
capital pourra être mis à mal, en remettant en cause sa capacité de
production et la domination qu’il exerce, en refusant concrètement
l’ordre capitaliste et les hiérarchies sociales, en mettant en pratique
dès aujourd’hui la grève générale et l’abolition du salariat, en imposant
la généralisation de l’autogestion à tous les domaines de la société et
de la vie. C'est en refusant de marcher au pas pour la "démocratie" et
pour le système actuel que le bouleversement et le renversement des
rapports sociaux peuvent s'entrevoir.

LE CAPITALISME C'EST LA GUERRE.
LE PATRIARCAT AUSSI.
Si le capitalisme a besoin de la guerre pour s’entretenir, toutes les
guerres s’enracinent dans la culture patriarcale et renforcent la
domination masculine. Quoi de plus viril qu’un soldat ? Quoi de plus
masculin que la conquête, la colonisation et la concurrence ? La
construction masculine est une quête vers le pouvoir. Dire "NON" au
capitalisme sans dire "NON" au patriarcat, nous semble aussi absurde que
dire "NON" à la guerre sans dire "NON" au capitalisme. Nous pensons que
s’il est nécessaire de construire des rapports sociaux plus égalitaires
sans attendre un hypothétique "Grand Soir", nous pensons aussi que pour
redéfinir complètement ces nouveaux rapports sociaux, il nous faudra bien
abattre l’État, la capitalisme et le patriarcat, autrement dit les
systèmes et les structures qui dirigent nos vies…

CRÉONS, JOUONS, RÉSISTONS !
N’oublions pas que l’obéissance est un vilain défaut et que les
oppressions étatique et capitaliste sont aussi dans nos rues : banques,
compagnies pétrolières, bâtiments militaires, caméras de
vidéosurveillance, panneaux de lobotomie publicitaire, etc. L’action
directe peut faire déraper les logiques du pouvoir !

Eléments pour un bloc noir, Grenoble, le 5 avril 2003.
(gasteropodes@no-log.org)




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