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(fr) Echanges et mouvement hors-série juin 2003 (1)

From Danielle Rétorré <danielle.retorre@free.fr>
Date Mon, 14 Jul 2003 19:41:16 +0200 (CEST)


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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
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Arrivé à l'apogée de sa puissance, le capitalisme est aussi arrivé au
plus haut point de sa vulnérabilité; il ne débouche nulle part ailleurs
que sur la mort. Si faibles que soient les chances de révolte, c'est
moins que jamais le moment de renoncer au combat (P.Mattick)

ECHANGES ET MOUVEMENT, BP 241,75866 PARIS CEDEX 18, FRANCE

Pour se procurer le bulletin , voir les mentions spéciales à la dernière
page



NUMERO SPECIAL HORS SERIE - JUIN 2003 PUBLICATION DIFFUSEE GRATUITEMENT

Ce numéro hors-série traite des récents mouvements de lutte en France. Ce
n' est qu'un avant-projet d'un travail plus complet sous forme de
brochure. Les documents joints peuvent donner un aperçu de ce travail à
venir. Nous en réunissons les matériaux et appelons tous ceux qui
auraient ce bulletin entre les mains à le faire circuler et à recueillir
les critiques et tous les témoignages et textes possibles nous permettant
de compléter ce travail.

Contrairement à la diffusion habituelle il est envoyé en un seul
exemplaire aux abonnés d'Echanges, aux individuels et à chaque
correspondant en assurant habituellement la distribution. Nous espérons
qu'ils pourront en assurer la diffusion pour une participation à
l'élaboration de la brochure évoquée ci-dessus



MAI 2003 EN FRANCE : QUE DIRE AUJOURD'HUI D'UN MOUVEMENT SOCIAL
MULTIFORME ?

On pourrait donner de ce qui se passe en France des explications si
générales qu'elles en deviendraient de banales évidences. On peut être
tenté de faire des comparaisons entre les affrontements d'aujourd'hui et
d'autres d'un passé récent à l'échelle nationale par exemple 1968 et
1995. Dans l' immédiat, nous ne donnerons que plusieurs textes distincts
: l'article plus général qui suit, un témoignage direct des grèves dans
l'enseignement, un autre témoignage d'une des manifestations parisiennes
et une lecture critique d'un appel d'une coordination nationale placardée
lors de cette manifestation.

REPLACER LE MOUVEMENT DANS LE CADRE ECONOMIQUE ET POLITIQUE GENERAL.

Tout d'abord dans le cadre de la situation économique mondiale du
capital. Pas besoin de statistiques et de grands développements pour dire
que le capitalisme est en crise avec des répercussions dans tous les
domaines. Pour ne parler que de la France en voie d'intégration dans
l'Europe, cette crise s'exprime par des impératifs de restructurations
avec des conséquences sur les conditions générales de travail. Comme dans
tous les autres Etats, la diminution de la production signifie une
diminution de la plus-value extorquée sur le travail par le capital, donc
de la part de cette plus-value redistribuée aux travailleurs et prélevée
par l'Etat pour ses dépenses de fonctionnement et pour l'articulation
social - répression destinée au maintien de la paix sociale. Le résultat
global est une pression de plus en plus forte pour réduire cette part de
plus-value échappant au capital. C'est à dire une attaque sur les
salaires et avantages sociaux, à un moment où les conséquences de la
crise accroissent la demande de l'aide sociale sous toutes ses formes et
l'exigence de répression pour contenir la pression sociale. En termes
beaucoup plus directs : le capital a besoin de fric pour faire face à la
crise et tenter de conserver ses profits et il n'y a qu'une seule source
: les travailleurs quels qu'ils soient, au travail, au chômage ou à la
retraite ou futurs dans le conditionnement scolaire.

LES CONFLITS SOCIAUX ET LA POLITIQUE

Ce que l'on trouve fréquemment, c'est la référence aux grèves de
l'automne 1995. Comme alors, sur un fond de restructurations économiques
et sociales, on se trouve devant tout un ensemble de luttes localisées et
diverses. Mais, jusqu'à maintenant, on ne se trouve pas, comme en mai
1968, devant un mouvement généralisé touchant toutes les structures du
système et une tentative de remise en cause de l'organisation sociale
bien que la multiplicité des initiatives locales fasse penser à une lame
de fond d'une toute autre nature. Tout comme en 1995, un gouvernement
conservateur s' attaque à un problème global touchant les garanties
sociales notamment celles concernant certaines catégories de
travailleurs, ceux des services publics et parapublics.. En 1995, le
déclencheur de la grève fut une attaque frontale visant à la suppression
de ces régimes spéciaux , leur alignement sur le régime général de
sécurité sociale notamment quant à l'âge de départ en retraite. Cette
spécificité devait limiter le mouvement malgré la force de son extension
et ses tendances autonomes : tous les efforts pour l' étendre au secteur
privé qui n'était pas directement concerné échouèrent. Les grévistes
affirmèrent qu'ils faisaient la " grève par procuration " pour
l'ensemble des travailleurs ce qui fut rapidement contredit par une
reprise du travail, fortement appuyée par les syndicats alors quelque peu
dépassés, lorsque le gouvernement abandonna son projet par crainte d'une
telle extension. Une des raisons de cette non-extension au secteur privé
était que les travailleurs de ce secteur économique le plus important n'
étaient pas concernés par cette mesure; au contraire ils avaient été
touchés, quelques années auparavant, par le passage à 40 années du temps
de cotisation requis pour toucher une retraite pleine et entière. Sans
que cela déclenche une réaction des centrales syndicales ou de mouvement
de base.

En 1995, le retrait des mesures gouvernementales et la fin du conflit ne
réglaient pas pour autant l'échec politique. Il y a une règle politique
constante qu'un gouvernement qui, par quelque tentative pourtant requise
par le capital, provoque un conflit majeur perturbant sérieusement le
fonctionnement de l'économie capitaliste, doive en quelque sorte le payer
politiquement : le conflit social, quelle qu'en soit l'issue, est apaisé,
en quelque sorte transféré, sur une " solution " politique bien sûr
transitoire. De Gaulle avait payé en avril 1969 l'échec politique que
représentait mai 1968 bien que bénéficiant alors d'une majorité largement
suffisante pour gouverner. Les contrecoups de l'échec social de l'automne
1995 se concrétiseront par l'élection au printemps de 1997, après une
dissolution supposée laver l'affront social , d'une majorité de gauche
social démocrate. Bel exemple d'un mouvement social dévié sur un geste
politique supposé résoudre les problèmes ayant sous-tendu l'affrontement
social. La tâche qui attendait ce gouvernement " de gauche " était de
faire passer les réformes nécessaires au capital en France ; il pouvait
jouer pour cela d'un capital d'une confiance - toute relative - que des
travailleurs pouvaient - encore - accorder à un tel changement politique.

LA GAUCHE PREPARE LE TERRAIN POUR LA DROITE

La continuité capitaliste sous l'alternance gouvernementale

C'est devenu un lieu commun de dire que la gauche social - démocrate n'a
pas , au cours de ces cinq années au pouvoir , tenté de s'attaquer aux
problèmes que lui avait légués le gouvernement " de droite " c'est à dire
aux réformes exigées par le capital notamment au problème des retraites.
On oublie en général qu'il a parfaitement rempli sa tâche de gestionnaire
du système en ce qui concerne la paix sociale et la hausse de la
productivité du travail, une arme essentielle dans la compétition
capitaliste internationale. Dans cette période de cinq années, des
résultats essentiels ont été atteints au détriment des travailleurs :

n sous l'étiquette fallacieuse de la réduction du temps de travail avec
les " 35 heures ", les entreprises en France ont gagné une flexibilité
totale tu travail et un blocage des salaires avec en prime des
subventions
déguisées.(politique entamée par la droite avec la loi de Robien
exonérant pour sept ans les cotisations sociales dues pour chaque salarié
et poursuivie par la loi Aubry qui baisse pour 5 ans les cotisations des
salariés embauchés au titre de la RTT). Une conséquence non moins
importante de la mise en application de cette législation a été un
transfert de la fixation des relations de travail d'un niveau global (
Etat ou conventions de branches d'industrie) au niveau local de
l'entreprise ou même de chaque usine d'un même trust, c'est à dire
l'abolition d'une égalité territoriale unificatrice vers une localisation
différenciatrice porteuse de divisions et de faiblesses. .C'est dans ces
conditions que le capital en France peut se targuer d'avoir la
productivité horaire par travailleur la plus élevée des pays
industrialisés. Il pourrait aussi se targuer d'avoir profondément
bouleversé les conditions de travail et de vie des travailleurs ,
accroissant ainsi leur 'individualisation " et la parcellisation des
luttes.

n Cette transformation des conditions de travail et de vie s'est
accompagnée d'une restructuration industrielle, pour partie engendrée par
des
privatisations du secteur public, les licenciements en résultant étant
favorisés par l'allégement des contrôles étatiques et une réforme de l'
indemnisation du chômage. Les licenciements furent masqués par
d'importantes embauches précaires notamment de jeunes.

n Cette forme spécifique de précarisation n'était qu'un des aspects d'un
précarisation générale touchant l'ensemble de l'économie, en partie
conséquence de la mise en concurrence sans frontières de la force de
travail , de la flexibilité du travail et du concassage du temps de
travail, en partie par l'embauche dans nombre de services publics de
travailleurs hors statut garanti. Et pour une autre partie la conséquence
d'accords
internationaux (par exemple entrée de la Chine dans l'OMC) ou d'abandon
d' accords protecteurs des industries nationales ( par exemple la fin de
l' accord multifibre couvrant la production textile)

n Dans tous les domaines des garanties sociales ou des statuts préservés,
la pratique développée au cours de ces années, consista, pour éviter des
explosions sociales globales, de parcelliser à l'extrême en procédant à
des réformes ponctuelles par catégories limitées . Une partie de ces
réformes " parcellisantes " et qui va se trouver au centre du conflit
dans l'Education Nationale touche la " régionalisation " c'est à dire le
transfert de services dépendant de l'Etat central vers les collectivités
locales. Cette réforme des structures de l'Etat, amorcée par le
gouvernement social démocrate dès 1981 a été poursuivie par la droite
puis de nouveau par la gauche : à proprement parler, il ne s'agit
nullement d'un changement de patron mais d'un changement de collectivité
publique conçu comme devant apporter une meilleure productivité et, du
moins pour les entrants, à un changement de statut moins avantageux
qu'auparavant et à une rationalisation du travail.

L'ensemble a ainsi créé les conditions propres à une autre avancée vers
des réformes plus radicales, celles-là mêmes retardées par crainte d'un
mouvement social. Mais en même temps, elles ont aussi créé un
mécontentement diffus, un malaise d'autant plus profond qu'il ne pouvait
se concrétiser que difficilement dans des luttes ouvertes et que crise et
restructurations développaient une inquiétude croissante sur le futur
soulignant l' impuissance des politiques face à l'inexorable évolution de
l'économique. Dans le même temps, les réformes longtemps retardées
devenaient d'autant plus urgentes qu'elles se posaient non plus au niveau
national mais au niveau européen et que la crise économique mondiale
contraignait à ne plus différer leur réalisation ; elles pouvaient se
définir suivant trois axes :

n le corollaire de la liberté de circulation des travailleurs dans une
harmonisation par le bas des systèmes de protection sociale et la
suppression des particularismes nationaux.

n la suppression des entraves à la constitution d'un libre marché
européen avec pour corollaire le réduction de la plus grande partie des
secteurs publics et leur privatisation

n l'harmonisation des structures politiques des Etats par la constitution
de régions équilibrées dotées de pouvoirs plus conséquents transférés des
Etats centralisés dont les fonctions se trouvaient diminuées d'autant.

LA CRISE DES MEDIATIONS POLITIQUES ET SYNDICALE MASQUEE PAR LES DEBOIRES
DE L'ELECTORALISME

Il semble que le gouvernement conservateur se soit quelque peu mépris sur
la crise politique dévoilée lors des élections du printemps 2002 . Il
pouvait ainsi croire qu'ayant une majorité sans partage dans tous les
échelons du pouvoir, il lui devenait possible de se lancer hardiment dans
l'ensemble des réformes différées et dont l'urgence lui était imposée.
Les références des remous politiques fascisme - antifascisme avaient
totalement masqué la réalité du conflit social posé notamment dès 1995.
La tentative de médiation politique de ce conflit, que les élections de
1997 avaient exprimé avait échoué. Au contraire le développement de ce
mécontentement latent s' exprimait dans les péripéties électorales de ce
printemps 2002 ; elles s' affirmèrent en un rejet de la médiation
politique tel que l'abstention les votes de rejet atteignaient près des
2/3 de l'électorat. On peut se demander si les manifestations de masse
pour barrer la route au Front National n' étaient pas plus l'expression
de ce refus de toute médiation politique et ne préfiguraient pas d'une
certaine façon la situation présente. Elles privilégiaient l'affrontement
direct, "la loi de la rue " comme le disent si bien les ministres
d'aujourd'hui. Mais, ce n'était pas une lame de fond car tous les organes
de pouvoir avaient appris depuis les deux décennies écoulées ,à la mesure
des tentatives d'action directe découlant de ce refus des médiations.

LA PERSISTANCE D'UN COURANT AUTONOME

La désaffection à l'égard des syndicats ne date pas d'aujourd'hui. Elle
correspond, dans le domaine des relations de production, au rejet des
médiations politiques. Elle s'exprime par le peu d'adhérents et la
carence de militants et est masquée alors par le fait que les protections
légales ( et le financement institutionnel) leur permet d'assumer encore,
bien qu' avec difficulté, leur fonction de médiation dans les rapports de
production et d'intervenir dans des conflits sociaux. Plus que les
politiques, ils se trouvent concrètement en face de mouvements de lutte
qui tendent à nier en fait leur existence même et les contraint de
prendre des positions qui dévoilent leur fonction sociale réelle :

n on peut dire qu'en dépit de la confusion d'un mouvement coincé entre
les surenchères syndicales intéressées, les manoeuvres tant du pouvoir
que des centrales reconnues, on se trouve en présence d'une grève sauvage
qui cherche à trouver ses propres critères d'action et d'organisation. Il
s'agit de manifestations d'un courant d'autonomie dans les luttes qui
remonte dans le temps même avant 1968 ( fin des grèves presse bouton).
Dans la période récente, il s'est exprimé à la fin des années 1980 par la
création des coordinations dont les plus importantes apparurent dans les
chemins de fer (1986-87) et chez les infirmières (1988-89). Violemment
combattue par les syndicats et en partie émasculée par la création de
syndicats non - reconnus se voulant plus combatifs ( SUD, UNSA, CNT),
cette tendance réapparut dans les grèves de 1995-96 sous la forme de la
démocratie directe dans les assemblées de grèves ouvertes à tous, rompant
en quelque sorte avec les limites du strict professionnalisme des
coordinations. Mais là aussi les limites de la démocratie formelle sont
vite apparues dans les possibilités de manipulation des syndicats qui,
s'ils reconnaissaient par force cette démocratie de base gardaient la
haute main sur les pourparlers avec les pouvoirs et sur l'organisation
des manifestations centrales. Aussi bien les travailleurs concernés que
les syndicats et les gouvernements tirèrent les leçons de ces tentatives
avortées. Récemment, on a vu apparaître dans les luttes d'autres
organisations de base regroupant à la fois des travailleurs en lutte et
d'autres militants et qui , pour se différencier des formes d'
organisation antérieures avortées, ont pris un autre nom " les collectifs
", auxquels on peut d'ailleurs prédire les mêmes avatars que les formes
antérieures devenues obsolètes.

n Il était habituel dans les pratiques syndicales de recourir, dans des
circonstances précises et toujours sous contrôle strict de telle ou telle
centrale, à certaines formes de violence sociale. Cela permettait de
débrancher les tentations d'une violence de base lorsque la lutte
maintenue dans ses cadres légaux se trouvait dans une impasse. Dans les
années écoulées, une violence sociale a surgi sur les lieux mêmes de
travail souvent hors des structures syndicales. Elle recoupait en quelque
sorte la violence récurrente des " banlieues " en lui donnant un
caractère beaucoup plus précis de violence de classe. Cellatex, en
février 2000, avait inauguré en quelque sorte cette nouvelle voie de
l'autonomie. Non seulement ces actions ont dû faire face à une répression
directe mais aussi à des manoeuvres dilatoires les vidant de leur contenu
subversif .. Avec les nouvelles lois sur la sécurité, l'épée de Damoclès
d'une répression directe se trouve suspendue sur la tête non seulement
des jeunes des banlieues mais aussi sur toute forme d'action autonome "
troublant l'ordre public " . Même ponctuelles, ces formes de lutte ne se
sont pas éteintes et tout récemment encore des travailleurs y ont eu
recours soit sous forme de menaces, soit en passant à l'action directe.

Il entrait dans les stratégies gouvernementales de tenter de profiter à
la fois de ce qu'il pensait être un consensus politique, d'un certain
contrôle syndical sur de possibles luttes et d'un appareil répressif
renforcé. D'où la tentation d'imposer, aux dépens des travailleurs, les
réformes qu' exigeaient pour la pérennité du capital, à la fois la
construction européenne et la crise économique. On peut épiloguer sur le
fait que , pressé par le temps autant que par l'évolution rapide de la
crise
économique, il ait entrepris en même temps tout un ensemble d'attaques
dans différents domaines. Il accumulait ainsi pour certaines couches
sociales plusieurs bouleversements dans les conditions de travail. Par
exemple dans tout le système éducatif français, il imposait à la fois la
réforme des retraites, un changement de statut avec le transfert du
personnel non enseignant de l'Etat aux régions et une réduction drastique
des effectifs. Il est possible aussi que, fort de la " popularité "
gagnée dans l' affirmation de positions anti-US dans le conflit irakien ,
dans le prolongement de ce prétendu consensus , le gouvernement ait cru
qu'un passage en force était possible. Quoi qu'il en soit, disposant
d'une majorité conservatrice rêvant d'en découdre, le capital et ses
séides, pouvait voir dans les faits une ouverture pour surmonter un
rapport de forces dont il était malgré ses oeillères assez conscient.

UN POUVOIR TROP SÛR DE LUI

Il est difficile de dire , au stade actuel, du développement de la lutte
vers quelle voie s'orienteront les affrontements dont l'ampleur réside à
la fois dans leur persistance et dans leur extension à l'ensemble de la
France. Les axes d'intervention du gouvernement rencontrent des
résistances diverses, qui , nous venons de le souligner , dans certains
secteurs comme l 'éducation, cumulent les bouleversements imposés.
Rappelons ces axes " réformateurs " :

n les retraites, sous le prétexte d'un déséquilibre qui pourrait se
produire dans dix années ( hypothétique car se référant à une situation
économique inconnue et démographique plus pi moins prévisible avec la
libre circulation des personnes dans l'UE élargie),parvenir à une
réduction des charges étatiques et patronales. Le but: les prélèvements
sur le PIB à une moyenne européenne et orienter vers la constitution d'un
système privé de retraite, le tout dans l'intérêt du capital dont les
charges seraient réduites qui aurait l'assurance de trouver un
financement via les fonds de pension. Les plus atteints par cette "
harmonisation " seraient les travailleurs de tout le secteur public et
parapublic qui bénéficient de systèmes de retraite plus avantageux que le
secteur privé, ce dernier secteur étant aussi atteint mais à un degré
moindre bien qu'il compte ceux dont la retraite est minimale.

n les transferts de charge de l'Etat vers les collectivités locales, à
commencer régionales ; nous avons déjà souligné l'importance politique de
ces mesures dans le cadre de la construction européenne.

n la réduction de tout le secteur public dont la régionalisation n'est
qu'un des aspects. Elle implique à la fois la privatisation d'importants
secteurs des " services publics " ( y compris éventuellement
l'enseignement) et des coupes sombres dans les effectifs des services
existants ( avec l' utilisation des départs en retraite massifs dans les
dix années à venir des enfants du baby-boom de l'immédiat après-guerre)

n une réforme profonde du système universitaire pour l'adapter aussi aux
normes européennes. Elle impliquerait une rationalisation , une mise en
compétition des établissements scolaires à tous niveaux et un
renforcement de leur liens avec le patronat pour que les formations
répondent mieux aux besoins des entreprises.

Cela fait des mois que certains secteurs spécifiques, touchés par les
premières mesures de " restructuration " et de " réduction des dépenses
de l 'Etat ", sont engagés dans des luttes apparemment marginales mais
persistantes. Ces lutes sont souvent spécifiques à l'appel de collectifs
locaux, régionaux ou nationaux surgis de la lutte elle-même : les
intermittents du spectacle contre la réforme du système d'indemnisation
du chômage, les archéologues contre une réduction des crédits entraînant
de nombreux licenciements et une privatisation des fouilles
archéologiques, les personnels subalternes précaires de l'Education
Nationale ( emplois jeunes , surveillants, etc...) dont les emplois sont
purement et simplement supprimés ou considérablement réduits avec la
création de postes d'assistants. Ces mouvements, bien que marginaux,
préfigurent en quelque sorte ce qui se développe depuis plusieurs mois,
particulièrement dans l'enseignement. Elles tentent de tisser des liens,
des ramifications vers d'autres secteurs du public, même du privé, de
l'ensemble de la population. Il n'est guère possible d'en tracer
l'ampleur et les caractères à commencer par le manque d 'informations
précises .

Cette ampleur ne réside pas dans l'importance des manifestations de rue
récurrentes dans toute la France (sur lesquelles les syndicats tentent de
garder la haute main) bien qu'elle soit plus évidente dans certains
départements ou régions, inégale selon les secteurs de l'éducation et
géographiquement. Elle réside essentiellement dans une auto-organisation
au plan local qui ne dépasse pas généralement cette limitation . Les
actions peuvent aussi associer d'autres secteurs d'activité publique ou
privée, mais là aussi, d'une manière très dispersée et dont il est
impossible de dire la dimension et le caractère. Leur signification est
pourtant telle qu'on peut considérer quelle reflète les tendance
profondes de l'ensemble du combat social.

LES SYNDICATS N'EXISTENT QUE POUR IMPOSER A LA FORCE DE TRAVAIL LES
IMPERATIFS DU CAPITAL

Les syndicats, quels qu'ils soient mais avec différents objectifs selon
leur position dans l'appareil d'encadrement de la force de travail , ont
pris le train en marche. Leur rôle , pour les syndicats représentatifs
apparaît double. D'un côté faire contre mauvaise fortune bon cour en
proclamant leur solidarité avec les mouvements construits en dehors d'eux
et leur foi dans la démocratie de base; leur participation fait qu'ils
essaient de les torpiller en utilisant ces mêmes pratiques démocratiques
et en utilisant leur position de " coordinateur patentés ". Ils tentent
en même temps de prévenir toute velléité de coordination hors de leur
contrôle. On peut voir de tout évidence leur rôle pour émasculer le
mouvement dans le calendrier de manifestations diverses catégorielles
évitant ainsi toute action unitaire ou dans les contre- feux de
manifestations nationales répétées ou de "journées de lutte" font croire
à une montée en puissance mais qui renvoient à des lendemains sans
perspective qui déchantent. On peut voir leur rôle dans ces entrevues
ouvertes ou secrètes qui continuent avec le gouvernement et qui offrent
le spectacle de déclarations tonitruantes de rupture alors qu'ils tissent
dans le silence des cabinets ministériels les " concessions du pouvoir "
qui permettront de diviser à la fois les problèmes et ceux qui luttent.
C'est à le risque le plus important de dislocation du mouvement qui
permettrait au gouvernement de ne pas perdre la face et d'éviter les
conséquences politiques d'un retrait pur et simple des mesures les plus
importantes, de maintenir certaines des réformes qui ne rencontreraient
plus qu'une opposition divisée et affaiblie. Les syndicats pourraient
alors revendiquer une victoire à la Phyrrus car ils auraient cédé sur une
partie de l'essentiel et reporté à plus tard l'autre partie, et, ayant
pleinement assumé leur fonction, obtenu sans aucun doute de la part du
pouvoir des garanties quant à leur position dans le système ( c'est
certainement l' explication de la "trahison" de la CFDT)

COMMENT LE MOUVEMENT AUTONOME CHERCHE SA VOIE AUJOURD'HUI ?

Pour nous , l'aspect le plus important du mouvement actuel est qu'il s'
inscrit dans le courant d'autonomie que nous avons décrit ci-dessus. Pour
pouvoir dégager les expressions de cette autonomie dans les formes d'
organisation et d'action, il doit lutter inévitablement, constamment et
durement, contre toutes les forces de répression toujours présentes. Il
est inutile de crier à la trahison des syndicats ou de vilipender leurs
manoeuvres et manipulations : ce faisant , ils sont parfaitement dans le
rôle qu'ils se sont donnés et que le capital attend d'eux ( ils y gagnent
leur crédibilité auprès des pouvoirs qui peuvent même leur décerner des
satisfecit pour leur "sens des responsabilités" . Il n'y a rien d'autre à
en attendre. C'est ce qui rend particulièrement vain les appels ( émanant
des groupes gauchistes ou autres que nous analysons par ailleurs) à "
faire pression " sur les syndicats pour qu'ils fassent ceci ou cela.
Outre que ces appels accréditent un rôle possible des syndicats qu'ils
n'assumeront jamais, leur fonction est précisément de barrer la route à
toute possibilité des travailleurs en lutte de lutter pour eux-mêmes et
par eux-mêmes, d'agir et de s'organiser en ce sens.

[ fin 1re partie ]



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