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(fr) Le capitalisme c'est la guerre ! Guerre au capitalisme !

From Worker <a-infos-fr@ainfos.ca>
Date Mon, 20 Jan 2003 14:56:18 -0500 (EST)


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[ article repris du site de l'OCL : http://oclibertaire.free.fr/ ]

LE CAPITALISME, C'EST LA GUERRE ! GUERRE AU CAPITALISME !

Se poser la question de savoir si la guerre va avoir lieu est un
non-sens. Elle se déroule déjà depuis un bon moment. Ce qui est en jeu
maintenant, c'est la forme qu'elle va prendre pour franchir un nouveau
stade de la conquête du monde par les Etats-Unis soutenus par les autres
puissances occidentales. Alors, invasion terrestre quand vous aurez ce
journal entre les mains ? Un peu plus tard ? Ou bien pas pour l'instant ?
Rien n'est certain.


Relancer l'économie par la guerre

Francis Mer, ministre de l'Economie du gouvernement Raffarin-Chirac, a
rapporté (Le Figaro du 15.11.02), devant le conseil des ministres du 13
novembre, que le directeur de la Deutsche Bank avait éclaré que "la seule
solution pour relancer l'économie, c'est la guerre" ; et Mer d'ajouter :
"Je suis d'accord avec lui." Même logique des deux côtés du Rhin ! Chirac
a augmenté le budget militaire français de 6 %. L'Europe commande des
porte-avions, des bombardiers, des missiles pour constituer l'euroarmée
chère à tous nos "Européens", et chaque fois en prélevant sur les budgets
sociaux. Pour le cas où les chômeurs français auraient la mauvaise idée
de se lancer dans un vaste mouvement de mauvaise humeur en riposte au
véritable coup de massue qu'ils viennent de prendre sur la tête, on
pourra toujours leur rétorquer qu'en période de guerre toute
revendication est malvenue. Et que, de toute façon, les médias seront
occupés à bien d'autre tâches que de couvrir leurs misérables et égoïstes
gesticulations !

Et, de ce point de vue, tout est en place. Une bonne partie des médias
français sont maintenant entre les mains des marchands de canons. Les
deux gros groupes français de presse, Dassault et Lagardère, se sont
constitués autour d'une activité première militaire (avions, missiles,
satellites, fusées...) (1). La presse soutiendra donc sans état d'âme une
nouvelle intervention militaire sur le sol irakien, ce qui lui permettra
de jouer un rôle enviable sur la voie royale qui mène à la résolution des
petits problèmes que le capitalisme connaît actuellement ; résolution qui
coïncide avec ses propres intérêts, bien évidemment !

Car la réalité est bien celle d'une certaine crise. Le capitalisme, qui
accroît continuellement ses capacités de production - il ne peut faire
autrement sous peine de mort -, doit faire payer le poids de cette crise
à un nombre toujours plus grand d'utilisateurs potentiels de ce qu'il
produit. Or, l'écart s'accentue toujours davantage entre ceux qui
produisent et ceux qui devraient consommer, à tel point que l'on
considère qu'actuellement les neuf dixièmes de l'humanité sont dans le
besoin. Les politiques de la Banque mondiale et du FMI creusent chaque
jour l'écart entre le Nord et le Sud, les Etats occidentaux se chargeant
de le creuser, chez eux, entre les plus riches et les plus démunis. Et, à
ce jeu, le capitalisme manque de clients pour faire tourner l'économie
telle qu'il la conçoit. Et c'est là que renaît la vieille recette jamais
démentie chaque fois qu'une crise menace : gonfler le carnet des
commandes militaires.


Mais de quelle guerre s'agit-il ?

Se poser la question de savoir si la guerre va avoir lieu ou non est un
non-sens. La guerre EST, voilà tout, et depuis longtemps. La question
pourrait même faire sourire les populations irakiennes qui subissent, en
sus de l'embargo, les bombardements continus. Pour le seul mois d'août
dernier, "dix sorties" anglaises et américaines ont été effectuées pour
bombarder des centres de commandement irakiens. Depuis 1991, des dizaines
de milliers de vols anglo-américains ont violé le ciel irakien, des
centaines de milliers de morts ont été dus à l'embargo le plus meurtrier
de l'histoire. Car c'est dès le début des années 90 que cette politique
prend forme. En 1992, la presse rendait public un projet de Defense
Planning Guidance destiné à définir la politique militaire et
diplomatique des Etats-Unis, écrit pour le Pentagone suite à l'implosion
de l'URSS. Dans ce rapport, il était écrit que "la mission de l'Amérique
consistait à assurer qu'aucune autre
superpuissance ne puisse émerger dans le reste du monde. Les Etats-Unis
pourraient faire cela en convainquant les autres pays industriels avancés
qu'ils devront instaurer des mécanismes afin de dissuader des concurrents
potentiels de chercher à jouer un rôle régional (ou d'en avoir la
prétention) plus important, voire un rôle mondial". Le document décrivait
la Russie et la Chine comme des menaces potentielles, et avertissait que
l'Allemagne, le Japon et d'autres puissances industrielles pourraient
être tentées de se réarmer, d'acquérir des armements nucléaires si leur
sécurité était menacée, et que cela pourrait les conduire à entrer en
concurrence avec les Etats-Unis (2).

Or, qui sont les auteurs de ce rapport ?

Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Zalamy Khalilzad, actuel représentant du
conseil de sécurité en Afghanistan.

On connaît les relations étroites de l'administration Bush avec
l'industrie pétrolière (voir CA 114, déc. 2001). Celles avec le lobby de
l'armement sont tout aussi spectaculaires. Le vice-président, Dick Cheney
en tête, déjà cité comme membre influent du lobby pétrolier (jadis à la
tête de la société Halliburton, spécialiste dans le service aux
compagnies pétrolières), cumule comme membre du Center for security
policy, un organisme clé dans le domaine de l'armement. Son épouse Lyne
siège au conseil d'administration de Lockheed Martin (constructeur du F16
et d'autres joyeusetés). Donald Rumsfeld, le secrétaire à la défense, fut
longtemps associé au même Center for security policy et fut commissionné
pour étudier le bouclier antimissile et la militarisation de l'espace.
Pete Aldridge, sous-secrétaire à la défense, vient de chez Mc Donald
Douglas Electronic, le transporteur des bombes "intelligentes". Paul
Wolfowitz, autre sous-secrétaire à la défense, vient, lui, de Northrop
Grummam (fabriquant du B2 et du F14)... et tout à l'avenant. Or, Lockheed
Martin, Mc Donald Douglas, Northrop Grummam (auxquels il faut ajouter
Thompson-Ramo-Wooldridge et Bechtel), font partie du nombre restreint de
sociétés qui se sont vu allouer d'énormes rentes budgétaires sous forme
de commandes : 150 milliards de dollars de nouvelles dépenses pour
l'armement.

Ce qu'il s'agit maintenant de savoir, c'est si cette guerre va passer au
stade de l'invasion terrestre, soutenue par des bombardements encore plus
terribles et massifs qu'en 1990. Et là, rien n'est encore joué.. Autant
le lobby de l'armement pousse dans ce sens, autant les militaires ne sont
pas unanimes et sont plus prudents. A juste titre, ils craignent
l'enlisement américain sur le sol irakien, ainsi que des réactions en
chaîne
incontrôlables, comme l'utilisation d'armes chimiques contre les troupes
américaines (ce qui, par le nombre de morts et l'effet psychologique que
cela entraînerait, pourrait retourner une opinion américaine, déjà pas
franchement massivement pour l'intervention) ; ou comme une attaque
contre Israël entraînant une riposte nucléaire de ce dernier. De plus,
autant les 150 milliards déjà injectés dans les commandes d'armement
auront un effet dopant pour l'économie, autant le doublement - au bas mot
- de la mise pourrait avoir un effet inverse, du moins dans un premier
temps, et plonger le pays dans la récession.

Quoi qu'il en soit, avoir réussi à persuader le monde entier de
l'inéluctabilité d'une nouvelle intervention a déjà permis à
l'administration Bush de remporter une victoire sans prix : celle
d'officialiser sa domination sans partage sur ses alliés comme sur les
pays arabes plus "neutres", qui plient, pour un temps, les uns après les
autres.


L'ONU, ce " machin "

L'actuel gouvernement français a tenté de jouer, pour la galerie, une
partition gaullienne, bien affadie cependant. Mitterrand au moment de la
première guerre du Golfe, puis Jospin à la fin de son règne nous avaient
habitués à un alignement inconditionnel sur les Etats-Unis, sans
précautions, même de façade. Chirac, lui, feint de hausser le ton, de
poser des conditions, de distribuer à coups de menton des avertissements
au grand frère, en rappelant l'indépendance de la France. Frime et
façade, bien entendu. L'amendement apporté par la diplomatie française à
la résolution 1441 du conseil de sécurité n'a absolument rien changé aux
deux points les plus fondamentaux de ce texte, à savoir qu'il admet une
éventuelle intervention des seuls Etats-Unis, et surtout qu'il entérine
la notion de guerre préventive, totalement contraire au droit
international. Et, d'ailleurs, dès le 2 juin 2002, Bush avait établi ce
droit à la guerre préventive sans la moindre tentative de le fonder un
tant soit peu sur un socle juridique international. Le 11 septembre est
venu, là encore, à point nommé pour affirmer aux yeux du monde que nous
étions entrés dans une nouvelle ère, dans laquelle les anciennes règles
n'avaient plus cours.

Ce qui, avec un peu de lucidité, ne peut que faire sourire, tant il est
vrai que, pour avoir cru au droit international qui, depuis toujours,
fait du "deux poids deux mesures" sa ligne politique, il fallait avoir
une sacrée dose de naïveté à la place de cerveau. Si la résolution 1441 a
des chances d'être appliquée, comme beaucoup de celles qui ont condamné
des adversaires des Etats-Unis, d'autres, en nombre incalculable, ne
l'ont jamais été.. Et, au nombre de ces dernières, celles qui concernent
les deux champions de la violation des résolutions onusiennes : Israël et
la Turquie, les deux alliés privilégiés des Etats-Unis au Moyen-Orient.
N'oublions pas que la base juridique avancée par Washington pour pénétrer
sur le sol irakien est le non-respect des résolutions du conseil de
sécurité concernant la destruction des programmes nucléaires, chimiques
et bactériologiques !

Tandis que la "communauté démocratique internationale" se rengorge des
progrès réalisés en matière de droit (et on cite volontiers là le
fonctionnement des TPI, qui jugent quelques seconds couteaux de l'horreur
économique appartement à l'un des camps en présence dans l'ex-Yougoslavie
ou en Afrique, tandis que les seconds couteaux de l'autre camp, assassins
blanchis, dirigent de nouveaux Etats), elle admet sans protester tout ce
qui découle et se justifie de l'artefact du 11 septembre. Et il faudra
bien s'en rendre compte un jour : même au cas où les événements de ce
jour clé n'auraient pas été commandés ou aiguillés par l'appareil d'Etat
américain, ils ont été merveilleusement utilisés comme relais dans la
guerre continue et globale que les Etats-Unis mènent depuis dix ans
maintenant.


Un plan pour l'avenir

L'Irak, il faut le rappeler, dispose des deuxièmes réserves pétrolières
prouvées dans le monde : 112 milliards de barils (en fait beaucoup plus,
car ces chiffres datent de près de quinze ans, époque à laquelle les
recherches furent arrêtées), alors que la Russie, par exemple, n'en
possède qu'environ 50 milliards. Un pétrole de bonne qualité,
d'extraction aisée, situé à un carrefour entre l'est et l'ouest et le
nord et le sud, donc facilement transportable en fonction des besoins.
C'est le très socialiste et très européen Jacques Delors qui avait, sans
rire, déclaré que "son armée européenne était conçue pour mener à bien la
guerre mondiale pour les ressources du xxie siècle". Eh bien, voilà qui
est fait ! La maîtrise des ressources pétrolifères de l'Irak permettra
sans nul doute de peser de manière déterminante sur les marchés de
l'énergie du xxie siècle. Et, sans doute plus que cerise sur le gâteau,
l'Irak est la clé indispensable pour tout le contrôle sur le Sud-Est
asiatique, c'est-à-dire, selon Washington, pour empêcher que se
constituent des puissances rivales de poids (Russie, Chine, voire Indes),
véritable cauchemar de l'administration américaine.

Le scénario pour réaliser ces objectifs est l'objet de toutes les
tractations avec les opposants à Saddam Hussein : le dictateur renversé,
s'appuyer sur l'administration locale en place pour faire fonctionner le
pays, tout en démantelant l'encadrement militaire et politique du régime
baasiste. Ce qui coûtera très cher, mais ne coûtera pas un sou au
contribuable américain, puisque l'opération sera financée par
l'exploitation des puits de pétrole sous le contrôle d'une force
d'interposition
américaine. Reste évidemment à s'assurer que les Kurdes au nord et les
Chiites au sud ne feront pas leur mauvaise tête en s'apercevant qu'ils
sont, encore une fois, les dindons de la farce.

JPD


Notes
(1) Et, retour de bâton, les quelques médias qui échappent encore à ces
deux géants (dont Le Monde et Télérama) sont condamnés, à terme, pour
résister, à opérer encore et toujours de nouvelles concentrations,
réduisant d'autant à chaque opération le champ théorique de la liberté de
l'information. Le Monde, d'ailleurs, prend les devants dans son édito du
22.11.02 : "Georges Bush n'a pas complètement tort quand il exorte ses
alliés européens à s'entendre et à s'armer pour conjurer les nouveaux
dangers." Il ne reste au quotidien du soir qu'à embaucher Delors comme
chroniqueur et à se faire racheter par Dassault !

(2) Frances Fitzgerald, "Georges Bush and the world", in The New York
Review of Book, septembre 2002, cité par C.A. Udry, Lubrifier la machine
de guerre).

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Article tiré de "Courant alternatif" n°125 - janvier 2003.
24 pages. 2,3 euros.

Journal disponible dans les maisons de la presse, dans certaines
librairies et par abonnement : pour 1 an (10 numéros mensuels + 2
hors-séries) 31 euros. 1 numéro gratuit sur demande.

pour contacter l'Organisation communiste libertaire :

OCL c/o clé des champs, BP 20912, 44009 Nantes cedex 1
E-mail : oclibertaire@hotmail.com
Site web : http://oclibertaire.free.fr/




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