A-Infos (fr) Socialisme Libertaire - L'excision et le mariage forcé, des pratiques à éradiquer

L'excision et le mariage forcé, des pratiques à éradiquer. ---- 
Violences faites aux femmes et aux filles. ---- ---- L'excision (MGF): 
est une mutilation génitale. Elle consiste en l'ablation partielle ou 
totale de l'appareil génital féminin extérieur (clitoris et petites 
lèvres), réalisée à l'aide d'un couteau, de lames de rasoir, de tessons, 
ou de tout objet contondant, pour des raisons non médicales (1). ---- 
L'excision est une pratique intolérable et dangereuse. L'excision n'est 
pas une liberté, car elle est imposée, c'est un non-choix. Ce n'est pas 
un consentement (2) , mais un rite, une coutume d'un autre temps. Des 
mutilations sexuelles féminines imposées, héritées de traditions 
patriarcales séculaires. ---- Une tradition qui n'a aucun fondement 
religieux. Un rite de passage à l'âge adulte. Cette technique aurait 
débuté dans le royaume de «Koush» actuel Soudan au Ier ou IIème 
millénaire avant J-C. Plus de 230 millions de femmes en sont victimes et 
30 millions de jeunes filles risquent de subir le même sort.

Pouvant entraîner la mort, des hémorragies, des infections urinaires, 
des règles douloureuses, des douleurs chroniques, une diminution du 
plaisir sexuel, des problèmes durant l'accouchement... Une pratique 
pourtant interdite dans quasiment tous les pays du monde. L'excision est 
une injustice, pratiquée en Europe, au Canada, en Afrique, mais 
également beaucoup en Asie du Sud-Est, et en Amérique du Sud... On 
estime à «60 000» le nombre de cas d'excisions en France. Les femmes 
excisent les petites filles pour les hommes. Dans les familles, si des 
parents ne le font pas à leurs filles, ils ont peur qu'elles soient 
rejetées. La peur du rejet au nom d'une coutume néfaste et dangereuse.

L'excision est pratiquée sur des filles entre l'âge de 5 ans et de 15 
ans. Mais il semble qu'il y ait des victimes de plus en plus jeunes, 
pour certaines: moins d'un an. C'est un acte de torture inhumain. Pour 
éradiquer cette pratique, il faut éduquer les populations, les familles, 
les femmes, les filles, les hommes,... Une pratique à abolir, tout comme 
les mariages forcés, qui sont des violations des droits humains.

Le 6 février est la journée mondiale de lutte contre l'excision.

Toutes les quatre minutes, une fille est excisée dans le monde (UNICEF).

Premier pays européen à interdire les mutilations sexuelles féminines, 
la France continue d'agir de manière ferme et engagée pour mettre un 
terme à cette pratique profondément sexiste. Ces mutilations sexuelles 
féminines concernent 125 000 femmes en France.

La loi en France sur l'excision dit:
Code Pénal: les violences ayant entrainé une mutilation ou une infirmité 
permanente sont punies de 10 ans de prison et 150 000€ d'amende. 15 ans 
si mineur - de 15 ans et 20 ans si commises par une personne ayant 
autorité sur le mineur. Dans le cas où cette pratique conduirait à la 
mort de la victime, les articles 222-7 et 222-8 répriment les violences 
volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et 
prévoit une peine de 30 ans de réclusion criminelle lorsque cette 
violence est commise sur un mineur de 15 ans (3). La victime peut porter 
plainte jusqu'à 20 ans après sa majorité, soit jusqu'à l'âge de 38 ans, 
pour condamner ces violences devant la justice française.

Infos utiles:
le Numéro 119 (4) «Allo enfance en danger»,
le 3919, violences femmes infos.

Au Tchad, bien que la pratique de l'excision soit officiellement 
interdite depuis 2002, l'UNICEF révèle que 38 % des femmes en sont 
encore victimes. Dans certaines régions, ce chiffre grimpe même à un 
taux alarmant de 83 %. La loi ne suffit pas, il faut sensibiliser, 
informer, protéger, prévenir, et cela partout dans le monde.

Le 22 avril 2020, le Soudan proscrit l'excision qui est désormais 
considérée comme un crime. Le gouvernement de transition du Soudan a 
approuvé un amendement à son article 141 du droit pénal, qui stipule 
désormais que toute personne pratiquant des mutilations génitales 
féminines -que ce soit à l'intérieur d'établissements médicaux ou 
ailleurs- encourt trois ans de prison et une amende. Selon les chiffres 
de l'ONU, neuf Soudanaises sur dix sont victimes de cette pratique. Une 
«pratique de torture», qualifiée par la militante Faiza Jama Mohamed (5) 
de l'association Equality Now, saluant l'instauration longtemps attendue 
de ces «mesures punitives pour protéger les femmes». «C'est une étape 
énorme pour le Soudan et son nouveau gouvernement. L'Afrique ne peut 
prospérer que si elle prend soin des filles et des femmes», a déclaré 
Nimco Ali de la Five Foundation (6). Depuis le pays est dans une 
situation catastrophique, en guerre depuis 2021 (7) avec une très grave 
crise humanitaire touchant beaucoup d'enfants. En espérant un retour à 
la Paix durable et l'aide-solidarité pour tout reconstruire.

Les traditions ont la peau dure. Régulièrement les interdictions 
d'excisions sont remises en cause pour de faux prétextes. Voici un 
exemple: la Gambie a interdit l'excision en 2016, mais cela a été remis 
en cause pour la légaliser (dépénaliser) pour des raisons fallacieuses 
qui finalement ne passera pas (2024) (8) grâce à la mobilisation de 
militantes féministes, différentes ONG,...

En Belgique, rappelle Fabienne Richard (directrice GAMS Belgique), on 
estime à 23.000 le nombre de femmes excisées et à 12.000 le nombre de 
petites filles qui risquent de l'être (IEFH, 2022).

«L'excision existe encore, parce qu'on n'en parle pas» dit Halimata 
Fofana (survivante d'excision à l'âge de 5 ans).

Les Orchidées Rouges (9), est une ONG reconnue d'intérêt général 
bénéficiant du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique 
et social de l'ONU. Les Orchidées Rouges, a été créée par Kakpotia 
Marie-Claire qui en est directrice. Survivante excisée à l'âge de 9 ans. 
Elle oeuvre en France et en Côte d'Ivoire, pour l'éradication des 
mutilations sexuelles féminines, du mariage forcé, et de toutes les 
formes de violences faites aux femmes et aux jeunes filles dès leur très 
jeune âge.

«On ne peut pas lutter pour les droits des femmes et ignorer l'excision 
qui est une des manifestations les plus extrêmes des inégalités entre 
les hommes et les femmes. Cette mutilation est une atteinte à 
l'intégrité physique, au droit à la santé, à la sexualité et à la vie 
des personnes qui en sont victimes» rappelle Marie-Claire Kakpotia.

Un objectif d'éradication de mutilations sexuelles (MGF) a été fixé à 
2030, alors que le nombre d'excisions continuent d'augmenter 
(augmentation de 15% du nombre de survivantes, c'est-à-dire 30 millions 
supplémentaires par rapport à la précédente étude datant de 2016). Comme 
pour bien d'autres sujets, il faut une véritable volonté politique, de 
la pédagogie, les hommes doivent s'impliquer pour atteindre cet 
objectif. Il existe de nombreux témoignages de survivantes. Il faut les 
écouter.

* * *

Les violences à l'égard des filles et des femmes ne prennent pas de 
vacances, car c'est une période de risque accrue d'excision et de 
mariage forcé avec les séjours à l'étranger. Ainsi, certaines 
reviendront excisées, d'autres ne rentreront pas, de part les mariées 
forcés. L'excision et le mariage forcé doivent être parlés toute l'année.

Au Maroc, des femmes se battent pour l'interdiction du mariage des 
petites filles, l'égalité dans l'héritage, l'interdiction de la 
polygamie. En 2023, une béninoise de 13 ans a été tuée par ses parents 
car elle refusait un mariage forcé, préférant se consacrer à ses études.

En Afghanistan, depuis le retour des Talibans en 2021 les afghanes n'ont 
plus aucunes libertés ni droits. La situation catastrophique a amené de 
nombreuses familles à vendre des petites filles pour les marier à des 
hommes plus âgés. La jeune rappeuse Sonita Alizada qui a échappé au 
mariage forcé, fut désignée prix Liberté 2021 pour son combat contre le 
mariage forcé.

Dans le monde, plus de 650 millions de filles et de femmes ont été 
mariées avant l'âge de 18 ans: soit une jeune femme sur cinq. 5% des 
filles sont mariées avant l'âge de 15 ans, cela ne touche qu'une infime 
minorité de garçon. Rappelons que parfois les jeunes filles victimes de 
mariages forcés risquent d'être excisées.

Aujourd'hui on estime à 12 millions de filles de moins de 18 ans mariées 
de force chaque année (10). Tout au long de son mariage, la victime d'un 
mariage forcé subira des viols répétés, ce qui aura des conséquences 
graves sur sa santé physique, sexuelle et mentale (problèmes 
gynécologiques, troubles alimentaires, sentiment de saleté et de honte, 
diminution de l'estime de soi, dégout de soi, dépression, troubles 
obsessionnels compulsifs, automutilations, idées suicidaires,...). Des 
risques de maladies sexuellement transmissibles comme le VIH, une ou des 
grossesses non désirées, des avortements à risque,...

Le mariage forcé est défini par la Déclaration universelle des droits de 
l'homme comme étant l'union de deux individus dont l'un n'a pas donné 
son libre et plein consentement au mariage. Les mariages d'enfants 
désignent tout mariage impliquant un enfant de moins de 18 ans. Le 
mariage précoce et forcé désigne donc l'ensemble des mariages d'enfants. 
Ce sont de vieilles coutumes traditionnelles et non religieuses.

Le mariage forcé est une atteinte aux droits humains fondamentaux, 
notamment à la liberté et à l'intégrité physique. Le mariage d'enfants 
constitue une violation globale des droits humains et a de graves 
impacts sur leur santé et leur émancipation économique.

Dans les sociétés pratiquant le mariage d'enfants, les filles et les 
femmes ont un statut inférieur à celui de l'homme. Les filles sont 
mariées jeunes, car elles sont considérées comme un poids pour la 
famille et que leur bien-être n'est pas une priorité.

Il faut lutter contre les inégalités femmes-hommes, les traditions, les 
préjugés, la précarité, la pauvreté, les catastrophes climatiques, les 
guerres, pour la paix.

Toutes et tous devons être mobilisés contre l'excision, les mariages 
forcés, les violences faites aux enfants et aux femmes, les inégalités 
et contre toutes formes d'exploitations.»

Florence Jacquet, féministe abolitionniste et fondatrice d'Alternatif 
World.

[Texte publié en coordination avec l'autrice, que nous remercions!]


NOTES:

1. Les quatre types de MGF:
Type 1: clitoridectomie. Il s'agit de l'ablation totale ou partielle du 
clitoris sensible et de la peau qui l'entoure. Type 2: Excision. Il 
s'agit de l'ablation partielle ou totale du clitoris et de l'ablation 
des petites lèvres, ou plis cutanés intérieurs entourant le vagin.
Type 3: Infibulation. L'ablation et le repositionnement des petites 
lèvres et des grandes lèvres - les plis cutanés extérieurs qui entourent 
le vagin. Cette opération s'accompagne souvent de points de suture afin 
de ne laisser qu'un petit espace.
Type 4: il s'agit de toutes les autres procédures préjudiciables telles 
que la piqure, le perçage, l'incision, le grattage et la cautérisation 
du clitoris ou de la zone génitale.

2. Ce qui est prescrit aux femmes et imposé par la pression sociale 
et/ou la violence, ne peut être librement choisi. Le consentement est le 
contraire du choix. Celui qui consent à la volonté d'un autre, serait 
par définition privé par l'autre du pouvoir d'exprimer sa propre volonté.

3. 
https://www.village-justice.com/articles/lutte-contre-excision-reserve,41709.html

4. Numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants 
en danger ou en risque de l'être, ouvert 24h/24, 7j/7 et gratuit.

5. Elle a joué un rôle déterminant dans la création de plusieurs 
organisations de femmes en mettant l'accent sur la promotion de la paix, 
l'égalité des sexes et la défense des droits des femmes. En 1998, elle a 
reçu le prix des cent héroïnes en reconnaissance de son activisme en 
faveur des droits humains des femmes somaliennes. En 2008, elle reçoit 
le prix Projet Hunger pour le leadership pour l'élimination durable de 
la faim.

6. Organisation militant pour mettre fin aux mutilations génitales dans 
le monde.

7. 10 millions de personnes on été déplacés depuis avril 2023, dont 4 
millions d'enfants selon l'ONU.

8. 
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/revue-de-presse-afrique/20240716-%C3%A0-la-une-le-spectre-excision-gambie

9. L'ONG créée en 2017 mène des actions de sensibilisation, de 
prévention et d'accompagnement global des femmes et des filles menacées 
ou survivantes de mutilations sexuelles féminines, de mariages forcés et 
des violences basées sur le genre.

10. ONG Plan international.

https://www.socialisme-libertaire.fr/2024/10/l-excision-et-le-mariage-force-des-pratiques-a-eradiquer.html
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