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(fr) Socialisme Libertaire - Bakounine: L'instruction intégrale
Date
Wed, 30 Oct 2024 17:21:03 +0000
Bakounine: Théorie générale de la Révolution ---- Extrait de la
Quatrième partie: Vers le socialisme libertaire; Chapitre 1:
L'Instruction intégrale ---- ---- «L'émancipation des masses ouvrières
pourra-t-elle être complète, tant que l'instruction que ces masses
recevront sera inférieure à celle qui sera donnée aux bourgeois, ou tant
qu'il y aura en général une classe quelconque, nombreuse ou non, mais
qui, par sa naissance, sera appelée aux privilèges d'une éducation
supérieure et[...]plus complète? ---- En dehors de la détermination
naturelle, positive ou négative de l'individu, qui, plus ou moins, peut
le mettre en contradiction avec l'esprit qui règne dans toute sa
famille, il peut exister pour chaque cas particulier d'autres causes
occultes et qui, pour la plupart du temps, restent toujours ignorées,
mais que nous devons néanmoins prendre en grande considération. Un
concours de circonstances particulières, un événement imprévu, un
accident quelquefois très insignifiant par lui-même, la rencontre
fortuite d'une personne, quelquefois un livre qui tombe entre les mains
d'un individu dans un moment propice - tout cela, dans un enfant, dans
un adolescent ou dans un jeune homme, lorsque son imagination fermente
et qu'elle est encore tout ouverte aux impressions de la vie, peut
produire une révolution radicale en bien comme en mal. Ajoutez-y
l'élasticité qui est propre à toutes les jeunes natures, surtout
lorsqu'elles sont douées d'une certaine énergie naturelle, laquelle les
fait[se]révolter contre les influences trop impérieuses et trop
despotiquement persistantes, et grâce à laquelle quelquefois l'excès
même du mal peut produire le bien.
L'excès du bien ou de ce qu'on appelle généralement le bien peut-il, à
son tour, produire le mal? Oui, lorsqu'il s'impose comme une loi
despotique, absolue, soit religieuse, soit doctrinaire-philosophique,
soit politique, juridique, sociale, ou comme loi patriarcale de la
famille - en un mot, lorsque, tout bien qu'il paraît être ou qu'il est
réellement, il s'impose à l'individu comme la négation de la liberté et
n'en est pas lui-même le produit. Mais alors la révolte contre le bien,
ainsi imposé, n'est pas seulement naturelle, elle est légitime: loin
d'être un mal, elle est un bien, au contraire; car il n'est point de
bien en dehors de la liberté, et la liberté est la source et la
condition absolue de tout bien qui soit véritablement digne de ce nom,
le bien n'étant autre chose que la liberté.
Nous répétons que tout homme, à chaque moment de sa vie, est le produit
de l'action combinée de la nature et de la société, d'où résulte
clairement la vérité de ce[...]que pour moraliser les hommes, il faut
moraliser leur milieu social.
Pour le moraliser, il n'est qu'un seul moyen, c'est d'y faire triompher
la justice, c'est-à-dire la plus complète liberté de chacun dans la plus
parfaite égalité de tous. L'inégalité des conditions et des droits, et
l'absence de liberté pour chacun, qui en est le résultat nécessaire,
voilà la grande iniquité collective, qui donne naissance à toutes les
iniquités individuelles. Supprimez-la, et toutes les autres disparaîtront.
Nous craignons bien, vu le peu d'empressement que les hommes du
privilège montrent à se laisser moraliser, ou, ce qui veut dire la même
chose, à se laisser égaliser, nous craignons bien que ce triomphe de la
justice ne puisse s'effectuer que par la révolution sociale.
Pour que les hommes soient moraux, c'est-à-dire des hommes complets dans
le plein sens de ce mot, il faut trois choses: une naissance hygiénique,
une instruction rationnelle et intégrale, accompagnée d'une éducation
fondée sur le respect du travail, de la raison, de l'égalité et de la
liberté, et un milieu social où chaque individu humain, jouissant de sa
pleine liberté, serait réellement, de droit et de fait, l'égal de tous
les autres.
Ce milieu existe-t-il? Non. Donc, il faut le fonder.
La loi morale dont nous autres, matérialistes et athées, reconnaissons
l'existence plus réellement que ne peuvent le faire les idéalistes de
quelque école que ce soit, mazziniens ou non-mazziniens, n'est une loi
vraiment morale, une loi à la fois logique et réelle, une loi puissante,
une loi qui doit triompher des conspirations de tous les idéalistes du
monde, que parce qu'elle émane de la nature même de l'humaine société,
nature dont il faut chercher les bases réelles non dans Dieu, mais dans
l'animalité.
L'homme naturel ne devient un homme libre, il ne s'humanise et ne se
moralise, ne reconnaît en un mot et ne réalise en lui-même et pour
lui-même son propre caractère humain et son droit qu'à mesure seulement
qu'il reconnaît ce même caractère et ce droit dans ses semblables. Dans
l'intérêt de sa propre humanité, de sa propre moralité et de sa liberté
personnelle, l'homme doit donc vouloir la liberté, la moralité et
l'humanité de TOUS.
La solidarité sociale est la première loi humaine; la liberté, voilà la
seconde. Ces deux lois, se pénétrant mutuellement et inséparables l'une
de l'autre, constituent toute l'humanité. La liberté n'est donc pas la
négation de la solidarité, elle en est le développement et pour ainsi
dire l'humanisation.
N'est-il pas évident qu'entre deux hommes, doués d'une intelligence
naturelle à peu près égale, celui qui saura davantage, dont l'esprit se
sera plus élargi par la science, et qui, ayant mieux compris
l'enchaînement des faits naturels, et sociaux, saisira plus facilement
et plus largement le caractère du milieu dans lequel il se trouve, que
celui-ci, disons-nous, s'y sentira plus libre, qu'il sera pratiquement
aussi plus habile et plus puissant que l'autre? Celui qui sait davantage
dominera naturellement celui qui saura moins; et n'existât-il d'abord
entre deux classes que cette seule différence d'instruction et
d'éducation, cette différence produirait en peu de temps toutes les
autres, le monde humain se retrouverait à son point actuel, c'est-à-dire
qu'il serait divisé de nouveau en une masse d'esclaves et un petit
nombre de dominateurs, les premiers travaillant comme aujourd'hui pour
les derniers.
On comprend maintenant pourquoi les socialistes bourgeois ne demandent
que de l'instruction pour le peuple, un peu plus qu'il n'en a maintenant
et que nous, démocrates socialistes, nous demandons pour lui
l'instruction intégrale, toute l'instruction, aussi complète que la
comporte la puissance intellectuelle du siècle, afin qu'au-dessus des
masses ouvrières, il ne puisse se trouver désormais aucune classe qui
puisse en savoir davantage, et qui, précisément parce qu'elle en saura
davantage, puisse les dominer et les exploiter.
Mais si tout le monde est instruit, qui voudra travailler? demande-t-on.
Notre réponse est simple: tout le monde doit travailler et tout le monde
doit être instruit. A ceci on répond fort souvent que ce mélange du
travail industriel avec le travail intellectuel ne pourra avoir lieu
qu'au détriment de l'un et de l'autre: les travailleurs feront de
mauvais savants et les savants ne seront jamais que de bien tristes
ouvriers. Oui, dans la société actuelle, où le travail manuel aussi bien
que le travail de l'intelligence sont également faussés par l'isolement
tout artificiel auquel on les a condamnés tous les deux. Mais nous
sommes convaincus que dans l'homme vivant et complet, chacune de ces
deux activités, musculaire et nerveuse, doit être également développée,
et que, loin de se nuire mutuellement, chacune doit appuyer, élargir et
renforcer l'autre; la science du savant deviendra plus féconde, plus
utile et plus large quand le savant n'ignorera plus le travail manuel,
et le travail de l'ouvrier instruit sera plus intelligent et par
conséquent plus productif que celui de l'ouvrier ignorant.
D'où il suit que, dans l'intérêt même du travail aussi bien que dans
celui de la science, il faut qu'il n'y ait plus ni ouvriers ni savants,
mais seulement des hommes.
Il en résultera ceci, que les hommes qui, par leur intelligence
supérieure, sont aujourd'hui entraînés dans le monde exclusif de la
science et qui, une fois établis dans ce monde, cédant à la nécessité
d'une position toute bourgeoise, font tourner toutes leurs inventions à
l'utilité exclusive de la classe privilégiée dont ils font eux-mêmes
partie, que ces hommes, une fois qu'ils deviendront réellement
solidaires de tout le monde, solidaires, non en imagination ni en
paroles seulement, mais dans le fait, par le travail, feront tourner
tout aussi nécessairement les découvertes et les applications de la
science à l'utilité de tout le monde, et avant tout à l'allégement du
travail, cette base, la seule légitime et la seule réelle, de l'humaine
société,
Il est possible et même très probable qu'à l'époque de transition plus
ou moins longue qui succédera naturellement à la grande crise sociale,
les sciences les plus élevées tomberont considérablement au-dessous de
leur niveau actuel; comme il est indubitable aussi que le luxe, et tout
ce qui constitue les raffinements de la vie, devra disparaître de la
société pour longtemps, et ne pourra reparaître, non plus comme
jouissance exclusive mais comme un ennoblissement de la vie de tout le
monde, que lorsque la société aura conquis le nécessaire pour tout le
monde. Mais cette éclipse temporaire de la science supérieure
sera-t-elle un si grand malheur? Ce qu'elle perdra en élévation sublime,
ne le gagnera-t-elle pas en élargissant sa base? Sans doute, il y aura
moins de savants illustres, mais en même temps il y aura infiniment
moins d ignorants. Il n'y aura plus ces quelques hommes qui touchent les
cieux, mais, par contre, des millions d hommes, aujourd'hui avilis,
écrasés, marcheront humainement sur la terre; point de demi-dieux, point
d'esclaves. Les demi-dieux et les esclaves s'humaniseront à la fois, les
uns en descendant un peu, les autres en montant beaucoup. Il n'y aura
donc plus de place ni pour la divinisation ni pour le mépris. Tous se
donneront la main, et, une fois réunis, tous marcheront avec un entrain
nouveau à de nouvelles conquêtes, aussi bien dans la science que dans la
vie.
La liberté individuelle, non privilégiée mais humaine, les capacités
réelles des individus ne pourront recevoir leur plein développement
qu'en pleine égalité. Quand il y aura 1 égalité du point de départ pour
tous les hommes sur la terre, alors seulement - en sauvegardant
toutefois les droits supérieurs de la solidarité, qui est et qui restera
toujours le plus grand producteur de toutes les choses sociales:
intelligence humaine et biens matériels-, alors on pourra dire, avec
bien plus de raison qu'aujourd'hui, que tout individu est le fils de ses
oeuvres. D où nous concluons que, pour que les capacités individuelles
prospèrent et ne soient plus empêchées de porter tous leurs fruits, il
faut avant tout que tous les privilèges intellectuels, tant politiques
qu'économiques, c'est-à-dire toutes les classes, soient abolis. Il faut
la disparition de la propriété individuelle et du droit d'héritage, il
faut le triomphe économique, politique et social de l'égalité.
Mais une fois l'égalité triomphante et bien établie, n'y aura-t-il plus
aucune différence entre les capacités et les degrés d'énergie des
différents individus? Il y en aura, pas autant qu'il en existe
aujourd'hui peut-être, mais il y en aura toujours sans doute. C'est une
vérité passée en proverbe, et qui probablement ne cessera jamais d'être
une vérité: qu'il n'y a point sur le même arbre deux feuilles qui soient
identiques. A plus forte raison sera-ce toujours vrai par rapport aux
hommes, les hommes étant des êtres beaucoup plus complexes que les
feuilles. Mais cette diversité, loin d'être un mal, est, au contraire,
comme l'a fort bien observé Feuerbach, une richesse de l'humanité. Grâce
à elle, l'humanité est un tout collectif, dans lequel chacun complète
tous et a besoin de tous; de sorte que cette diversité infinie des
individus humains est la cause même, la base principale de leur
solidarité, un argument tout-puissant en faveur de l'égalité.
Pour être parfaite, l'éducation devrait être beaucoup plus
individualisée qu'elle ne l'est aujourd'hui, individualisée dans le sens
de la liberté et uniquement par le respect de la liberté, même dans les
enfants. Elle devrait avoir pour objet non le[dressage]du caractère, de
l'esprit et du coeur, mais leur éveil à une activité indépendante et
libre, et ne poursuivre d'autre but que la création de la liberté, ni
d'autre culte ou plutôt d'autre morale, d'autre objet de respect: que la
liberté de chacun et de tous; que la simple justice, non juridique, mais
humaine; la simple raison, non théologique, ni métaphysique, mais
scientifique, et le travail tant musculaire que nerveux, comme base
première et obligatoire pour tous, de toute dignité, de toute liberté et
du droit. Une telle éducation, répartie largement à tout le monde, aux
femmes comme aux hommes, dans des conditions économiques et sociales
fondées sur la stricte justice, ferait évanouir bien de soi-disant
différences naturelles.
La philosophie positive, ayant détrôné dans les esprits les fables
religieuses et les rêveries de la métaphysique, nous permet d'entrevoir
déjà quelle doit être, dans l'avenir, l'instruction scientifique. Elle
aura la connaissance de la nature pour base et la sociologie pour
couronnement. L'idéal, cessant d'être le dominateur et le violateur de
la vie, comme il l'est toujours, dans tous les systèmes métaphysiques et
religieux, ne sera désormais rien que la dernière et la plus belle
expression du monde réel. Cessant d'être un rêve, il deviendra lui-même
une réalité.
Le principe de l'autorité, dans l'éducation des enfants, constitue le
point de départ naturel; il est légitime, nécessaire, lorsqu'il est
appliqué aux enfants en bas âge, alors que leur intelligence ne s'est
aucunement développée; mais comme le développement de toute chose, et
par conséquent de l'éducation aussi, implique la négation successive du
point de départ, ce principe doit s'amoindrir graduellement à mesure que
leur éducation et leur instruction s'avance, pour faire place à leur
liberté ascendante. Toute éducation rationnelle n'est au fond rien que
cette immolation progressive de l'autorité au profit de la liberté, le
but final de l'éducation ne devant être que celui de former des hommes
libres et pleins de respect et d'amour pour la liberté d'autrui. Ainsi
le premier jour de la vie scolaire, si l'école prend les enfants en bas
âge, alors qu'ils commencent à peine à balbutier quelques mots, doit
être celui de la plus grande autorité et d'une absence à peu près
complète de liberté; mais son dernier jour doit être par contre celui de
la plus grande liberté et de l'abolition absolue de tout vestige du
principe animal ou divin de l'autorité.
Je dois signaler que la méthode relâchée que l'on préconise aujourd'hui
sous prétexte de liberté et qui consiste à céder sans fin à l'enfant est
loin de favoriser le développement d'une forte volonté. La volonté est
développée au contraire par l'habitude, tout d'abord bien entendu
imposée, qui consiste à lui faire refréner ses mouvements instinctifs et
sa concupiscence; en même temps que cette éducation progressive et cette
concentration de la force intérieure se forme aussi peu à peu la
concentration de l'attention, de la mémoire et la pensée indépendante de
l'enfant. L'individu incapable de se maîtriser, de vaincre ses désirs
charnels d'un moment, de s'abstenir de gestes ou d'actes involontaires
et préjudiciables, inaccoutumé à résister aux pressions internes et
externes, bref n'ayant pas de volonté, est tout simplement une loque.
Le principe d'autorité, appliqué aux hommes qui ont dépassé ou atteint
l'âge de la majorité, devient une monstruosité, une négation flagrante
de l'humanité, une source d'esclavage et de dépravation intellectuelle
et morale. Malheureusement les gouvernements paternels ont laissé
croupir les masses populaires dans une si profonde ignorance, qu'il sera
nécessaire de fonder des écoles non seulement pour les enfants du
peuple, mais pour le peuple lui-même. Mais de ces écoles devront être
éliminées absolument les moindres applications ou manifestations du
principe d'autorité. Ce ne seront plus des écoles, mais des académies
populaires, dans lesquelles il ne pourra plus être question ni
d'écoliers ni de maîtres, où le peuple viendra librement prendre, s'il
le trouve nécessaire, un enseignement libre, et dans lesquelles, riche
de son expérience, il pourra enseigner, à son tour, bien des choses aux
professeurs qui lui apporteront des connaissances qu'il n'a pas. Ce sera
donc un enseignement mutuel, un acte de fraternité intellectuelle entre
la jeunesse instruite et le peuple.
Les éducateurs vivent et agissent dans une certaine société et tout leur
être aussi bien que les moindres détails de leur existence sont
imprégnés, sans que la plupart d'entre eux s'en rendent compte, des
idées et des préventions, des intérêts, des passions et des habitudes de
cette société. Ces éducateurs les transmettent intégralement à leurs
élèves; toutefois il est consolant d'observer qu'en raison de la
propension naturelle de l'individu à opprimer tout ce qui est plus
faible que lui - presque tous les éducateurs sont des oppresseurs et des
despotes-, en raison aussi de l'esprit salutaire de contradiction, ce
garant de la liberté et de tout progrès, qui s'éveille chez l'individu
quasiment dès le berceau, les enfants et les adolescents détestent
généralement leurs éducateurs, s'en méfient et, protestant contre leur
enseignement routinier et vulgaire, deviennent aptes à créer ou à
recevoir de nouveaux enseignements. Voilà une des principales raisons
qui font que les jeunes, tant qu'ils sont encore sur les bancs de
l'école et n'ont pas eu le temps de prendre une part directe et positive
aux intérêts de la société, sont plus aptes que les adultes à accepter
une vérité nouvelle. Mais dès qu'ils quittent l'école, dès qu'ils
occupent une certaine place dans la société et s'assimilent les
conditions, les habitudes, les intérêts et pour ainsi dire la logique
d'une certaine situation plus ou moins lucrative, la majeure partie
d'entre eux deviennent, de la même manière que les anciens, et parfois
pires que ceux-ci, les esclaves de la société, et, à leur tour, les
oppresseurs de la jeune génération au nom des préjugés sociaux.
Il est évident que la question si importante de l'instruction et de
l'éducation populaire dépend de la solution de cette autre question bien
autrement difficile d'une réforme radicale dans les conditions
économiques actuelles des classes ouvrières. Relevez les conditions du
travail, rendez au travail tout ce qui d'après la justice revient au
travail, et par cela même donnez au peuple la sécurité, l'aisance, le
loisir, et alors, croyez-le bien, il s'instruira, il créera une
civilisation plus large, plus saine, plus élevée que la vôtre.»
Mikhaïl Bakounine
SOURCE: Bibliothèque Anarchiste
https://www.socialisme-libertaire.fr/2024/07/bakounine-l-instruction-integrale.html
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