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(fr) CNT-TAS - Le CIA: toujours aussi opaque, toujours aussi inégalitaire, toujours aussi délétère!
Date
Tue, 29 Oct 2024 19:33:31 +0000
«Veesion» et surveillance algorithmique en supermarchés ---- La
surveillance algorithmique, ce n'est pas que pour nos rues, villes,
espaces publics. Comme les caméras, ces dispositifs de surveillance
s'étendent, se normalisent et s'insinuent petit à petit dans nos
quotidiens. «Veesion» est une start-up française qui vend un logiciel de
surveillance algorithmique pour soi-disant détecter les vols en
supermarché. ---- Concrètement, il s'agit d'installer sur les caméras
des supermarchés un algorithme repérant des gestes considérés comme
suspects pour détecter les «mauvaises intentions de possibles voleurs à
l'étalage». ---- En mars 2023, la start-up levait plus de 10 millions
d'euros. En juin 2024, elle annonçait plus de 150 salariés et plus de 8
millions de chiffre d'affaires.
Elle vend son système de surveillance à Carrefour, Leclerc, BioCoop et
bien d'autres.
Ce qu'il faut savoir aussi c'est la délocalisation de l'analyse des
images en temps quasi réel à Madagascar.
L'objectif est purement financier: promettre à ses clients (des grandes
ou petites surfaces) une réduction de «plus de 60% des pertes liées au
vol à l'étalage» et de sauver «1 à 3% du chiffre d'affaires» qui leur
serait subtilisé. Dans sa présentation en 2021, le créateur de Veesion
allait plus loin: son logiciel devait protéger la grande distribution
des troubles sociaux à venir du fait de la détresse sociale (comprendre:
protéger les grandes surfaces des populations pauvres poussées au vol
par la situation économique)!
La Quadrature du Net avait tiré la sonnette d'alarme dès le début: en
surveillant les gestes des consommateurs, la start-up analyse des
données comportementales - dites biométriques - particulièrement
protégées au niveau du droit français et européen. Un tel traitement est
par principe interdit par l'article 9 du RGPD et l'article 6 de la loi
Informatique et Libertés, et les exceptions à cette interdiction sont
strictes. Or, aucune de ces conditions n'est applicable au dispositif de
«Veesion», qui bafoue donc cette interdiction.
Mëme la CNIL s'y est mis. Elle a notamment souhaité en alerter
l'ensemble de ses clients en obligeant à afficher dans les magasins
concernés une information sur une telle infraction à la loi. Veesion a
essayé de faire suspendre en urgence cette procédure mais le Conseil
d'Etat a rejeté la requête le 21 juin dernier. C'est un petit coup
d'arrêt à la vidéosurveillance algorithmique dans les supermarchés mais
l'affaire doit encore être jugée au fond.
Il y a dans la société «Veesion» le concentré des dérives des start-up
sur le marché du numérique: banalisation des technologies de
surveillance, non-respect affiché du droit, dépendance à de la main
d'oeuvre exploitée à l'autre bout du monde, et forte approximation
autour de l'effectivité de son logiciel.
Source: la quadrature du Net
Le Sport de haut niveau et l'armée française
Aux J.O. de Paris, 78 des 571 athlètes français sélectionné.es étaient
des militaires, dont 38 de l'armée de terre, 16 de l'armée de l'Air et
de l'Espace, 13 de la Marine Nationale et 11 de la Gendarmerie
Nationale. 20 disciplines représentées. Certains ont défendu leur titre
gagné trois ans plus tôt à Tokyo, comme l'adjudant Clarisse Agbégnénou
(judo), le maréchal des logis-chef Jean Quiquampoix (tir) - ils sont
gendarmes tous les deux - ou le sergent de l'armée de l'air Enzo Lefort
(escrime). «En comptant les porteurs de handicap qualifiés pour les Jeux
paralympiques, cela fait 104 militaires. C'est 35 % de plus qu'à Tokyo!
Depuis les premiers Jeux Olympiques de 1896, la moitié des médailles
françaises a été gagnée par des militaires...
Source: defense.gouv.fr
Le Bruit et l'odeur
On connaissait le gaz lacrymogène, qui asphyxie et irrite les yeux. Les
balles en caoutchouc qui fracturent des os et détruisent des yeux. Les
grenades explosives qui arrachent des membres. En terme d'innovation
dans l'horreur répressive, la France vient de repousser les limites. Une
commande de nouvelles grenades provoquant un flash lumineux si puissant
qu'il aveugle les personnes à proximité a été passée par l'Etat avant
l'été. Et des canons à son destinés à causer des dommages auditifs sont
en test. Enfin, des munitions contenant de l'ADN de synthèse sont
expérimentées: Quasiment impossible à nettoyer, et repérables à l'aide
d'une lampe ultraviolet, elles permettent d'arrêter, des semaines plus
tard, les personnes aspergées par ces marqueurs chimiques.
Tous les sens sont attaqués: le toucher, la vue, l'ouïe ... il manquait
l'odorat. Le média Reflets révèle l'invention d'armes destinées à
répugner et marquer les manifestants. Une trouvaille de la firme Anatox
qui «propose aux forces de l'ordre des innovations d'identification ou
de dissuasion olfactives». Ce nouvel outil de «gestion des foules» a été
présenté avant les Jeux Olympiques. Cette société Anatox créée en 2018
se présente comme étant un «Laboratoire d'ingénierie & d'intégration de
solutions innovantes dans le domaine de l'environnement, la sureté, la
sécurité et la santé»
Anatox propose des «solutions olfactives sidérantes». Concrètement, ces
produits pulvérisés à l'aide d'un canon à eau ou de gaz lacrymogènes,
qui émettent une odeur nauséabonde censée disperser les foules tellement
c'est insupportable. Un liquide puant propulsé avec des canons à eau, à
haute pression, qui contient une mixture chimique à l'odeur
pestilentielle, qui reste sur la peau et les vêtements, pour humilier
durablement les victimes: cette arme existe déjà à l'étranger, devinez où?
En Israël, les autorités ont mis au point une «skunk water»,
littéralement «eau de putois». Un produit de la société Odortec utilisé
pour la première fois par l'armée israélienne contre des manifestant-es
palestinien-ne-s en Cisjordanie occupée en 2008. Il s'agissait de punir
les habitant-es d'un village qui se révoltaient contre la colonisation.
Les personnes touchées décrivaient l'odeur «comme un mélange
d'excréments, de gaz nocifs et d'un âne en décomposition», qui peut
provoquer des vomissements. Le produit se lave très difficilement et
peut imprégner les tissus pendant des mois. Plus récemment, cette «skunk
water» a été utilisée sur des citoyens israéliens qui manifestaient
contre Netanyahou.
En France, des CRS avouaient en 2018 avoir déjà mélangé l'eau de leurs
canons à eau avec des «matières premières principalement utilisées ont
des origines diverses: poudre de cornes et sabots de bovins, plume
broyée, sang, de pétrole.» Une eau moussante à base de «protéines»,
selon les confidences d'un CRS dans un article du Parisien! A l'époque,
ce mélange nauséabond était encore artisanal. Le produit proposé par
Anatox, s'il est utilisé, franchirait une étape supplémentaire. D'autant
plus que l'entreprise propose aussi des produits odorants spécifiques et
plus discrets, tirés au LBD, qui permettent de repérer ultérieurement
des manifestants visés, à l'aide de chiens renifleurs.
Sources: Contre-attaque, reflets.infos
Arrestations massives d'écologistes lors des JO
Pendant et avant les JO, la répression de la moindre expression
militante a été maximale. Le collectif «Extention Rebellion» a remporté
une médaille: 70 personnes privées de liberté et du droit fondamental à
exprimer leurs idées. L'immense majorité a été arrêtée sur la base de
présomption d'actions qui n'ont même pas eu lieu, donc d'intentions, et
relâchées sans suite, après avoir été intimidées. Néanmoins il y a eu au
moins des convocations au tribunal pour avoir refusé de donner ses
empreintes et son ADN sans oublier les heures de garde à vue.
Source: reporterre.net
Fichage de masse et discrimination politique aux JO
En vue des JO, l'État a mis en oeuvre tous les pouvoirs sécuritaires
accumulés ces dernières années: drones, QR code, périmètres de sécurité,
vidéosurveillance algorithmique, visites domiciliaires, assignations à
résidence (nous y reviendrons dans un autre article de cette rubrique),
arrestations préventives, présence policière intense, hélicoptères... De
façon inédite, l'ensemble de ces moyens sont employés en même temps et à
une échelle très importante. Au gré de cet emballement répressif, une
autre mesure exceptionnelle mérite l'attention: l'utilisation hors norme
des fichiers de police pour écarter des emplois liés aux JO les
personnes ayant ou supposées avoir, des activités militantes. Une forme
de discrimination fondée sur des critères opaques.
Des enquêtes ont été effectuées sur un nombre très important de
personnes, à la fois les équipes et délégations sportives mais également
toute personne devant travailler autour de cet évènement. Le 17 juillet,
le ministre de l'intérieur «démissionnaire» annonçait que 870 000
enquêtes avaient été menées conduisant à écarter «3 922 personnes
susceptibles de constituer une menace sur la sécurité de l'événement».
Gérald Darmanin se targuait ainsi que «131 personnes fichées S» et «167
personnes fichées à l'ultra-gauche» s'étaient vues refuser leur
accréditation. Derrière cet effet d'annonce, il y a une réalité, celle
d'une surveillance massive et de choix arbitraires opérés en toute
opacité. Le système tentaculaire du contrôle policier et de la
multiplication des fichiers de police montre une nouvelle efficacité:
être en capacité - à très grande échelle - d'exclure, isoler,
contraindre des individus et de les priver de leurs libertés en dehors
de tout cadre judiciaire et par des décisions administratives arbitraires.
Cette discrimination politique s'est accompagnée de la répression et
l'invisibilisation de toute forme de critique des Jeux Olympiques. Des
personnes ont été assignées à résidence, des manifestations ont été
interdites sur le parcours de la flamme, des militant·es ont été
arrêté·es notamment pour avoir collé des stickers dans le métro tandis
que des journalistes ont été en garde à vue pour avoir couvert une
visite symbolique des dégâts causés par les Jeux en Seine-Saint-Denis,
menée par Saccage 2024.
Sources: Quadrature du Net
Les MICAs olympiques
Les «mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance»
(MICAs) sont directement issues de l'état d'urgence de 2015, qui a été
pérennisé en 2017 par la loi dite «sécurité intérieure et lutte contre
le terrorisme» (Silt). Ce dispositif se base sur le soupçon étatique
qu'un «comportement» particulier «constitue une menace d'une
particulière gravité pour la sécurité et l'ordre public», ou que cette
personne «adhère à des thèses incitant à la commission d'actes de
terrorisme ou faisant l'apologie de tels actes». Avec pour conséquence
la délivrance d'une Mica, soit une assignation à résidence allant
jusqu'à trois mois (renouvelable), ainsi que des perquisitions
administratives et une obligation de pointage quotidien au comico, le
tout sur la simple base de notes blanches des services de renseignement.
Des mesures directement prononcées par le ministère de l'Intérieur à
l'encontre de la personne concernée avec application immédiate (puis
susceptibles d'un recours devant le tribunal administratif).
Le 17 juillet, à une dizaine de jours de l'ouverture des Jeux
Olympiques, le sinistre de l'Intérieur sortait un premier chiffre de 155
Micas promulguées par ses services afin de «maintenir à distance» des
J.O. (cérémonie d'ouverture ou passage de la flamme) des personnes
«considérées comme très dangereuses ou pouvant potentiellement passer à
l'acte», «les personnes suivies[sont]toutes proches des mouvances
d'extrême droite, d'extrême gauche et islamistes» (L'Express, 24/7).
Comme nous pouvions nous en douter ce chiffre de 155 devait augmenter
considérablement. Selon un bilan officiel sorti le 2 aout à la fin de la
première semaine des J.O. par le ministre de l'Intérieur, lors d'un
déplacement au comico de Saint-Denis: il y a déjà «plus de 700 mesures
administratives» (Micas) qui ont été prononcées en lien avec les Jeux
Olympiques «depuis le début de l'année», et qui ont été suivies de
«centaines de visites domiciliaires»... Au 9 aout, seules huit
contestations devant le tribunal administratif ont abouti à l'annulation
d'une Mica olympique! En général, ces assignations administratives
olympiques ont été prononcées dans la commune où réside la personne,
avec un pointage matinal quotidien au commissariat. Certaines ont reçu
une assignation de la durée maximum de trois mois, et d'autres
uniquement de la durée des Jeux Olympiques. De plus, la plupart ont été
perquisitionnées (ce qui se nomme «visite domiciliaire»). Les
condamnations pour non-respect d'une MICAs sont tombées: 6 mois de
prison ferme avec mandat de dépôt par ici, 5 mois ferme avec bracelet
électronique par-là! Du lourd!
Source: sansnom.noblogs.org
A Saint Denis (93) des jeunes s'organisent contre les violences policières
Depuis son accession à la mairie lors des élections municipales de 2020,
le socialiste Mathieu Hanotin a drastiquement renforcé sa police
municipale. En l'armant d'abord, puis en recrutant massivement, allant
jusqu'à tripler ses effectifs en quelques années. Les effectifs actuels
sont de 85 policiers, 15 gardes espace public (GEP) et 20 opérateurs CSU
(vidéosurveillance).
En avril 2021, Yanis, un jeune homme de 20 ans, était plongé dans le
coma après un accident de scooter survenu alors qu'il était poursuivi
par la police. Début juin, le jeune homme perdait la vie. Un comité
vérité et justice se constituait autour de sa famille et ses amis. La
politique du tout-sécuritaire de la mairie s'accompagne d'une explosion
du nombre de caméras de vidéosurveillance dans l'espace public de la
ville. Dans un rapport du conseil municipal portant sur l'adoption du
budget primitif de l'année 2024, la mairie indique: «Au total, à la fin
2024, la commune disposera de 488 caméras, pour un total
d'investissement de 6,7 millions d'euros.» G. Darmanin, à l'occasion de
son point presse sur la sécurité le 2 aout 2024, a félicité le maire de
Saint-Denis pour l'effort sécuritaire impulsé dans sa ville et promis
que celui-ci perdurera après les Jeux, avec un héritage en police et en
vidéosurveillance.
C'est dans ce contexte que s'est créé le collectif Stop violences
policières en 2022. Il est né d'une convergence entre le collectif
Vérité et Justice pour Yanis et d'autres groupes militants et collectifs
de la ville.
Le collectif Stop violences policières à Saint-Denis mène des maraudes
pour sensibiliser les habitants à leurs droits face à la police. Il
dénonce la «militarisation» de la ville, encore accrue pendant les Jeux
olympiques.
Sources: Médiapart
https://www.cnt-tas.org/2024/10/27/le-cia-toujours-aussi-opaque-toujours-aussi-inegalitaire-toujours-aussi-deletere/
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