A - I n f o s

Une agence d'actualités par pour et au sujet des anars ** .
Informations dans toutes les langues
Les 30 derniers messages (accueil) Messages des deux dernières semaines Nos archives des anciens messages

Les 100 derniers messages selon la langue
Greek_ 中文 Chinese_ Castellano_ Catalan_ Deutsch_ Nederlands_ English_ Francais_ Italiano_ Portugues_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe_ _The.Supplement

Premières lignes des dix derniers messages
Greek_ Chinese_ Castellano_ Catalan_ Deutsch_ Nederlands_ English_ Francais_ Italiano_ Polski_ Portugues_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe
Premières lignes des dix derniers messages
Premières lignes des messages des dernières 24 heures

Premières lignes des messages des dernière last 30 days | of 2002 | of 2003 | of 2004 | of 2005 | of 2006 | of 2007 | of 2008 | of 2009 | of 2010 | of 2011 | of 2012 | of 2013 | of 2014 | of 2015 | of 2016 | of 2017 | of 2018 | of 2019 | of 2020 | of 2021 | of 2022 | of 2023 | of 2024

(fr) Courant Alternative #343 (OCL) - Retraite et inégalités, brèves de l'éco

Date Sat, 26 Oct 2024 18:00:08 +0100


Il est très compliqué de s'y retrouver dans le montant des retraites. En effet, les retraité·es perçoivent une retraite de base (CNAV) ou une pension de l'état (fonctionnaires) (ou un peu des deux pour ceux et celles qui ont travaillé dans le privé et dans le public), et une ou plusieurs retraites complémentaires, dont les bases de calcul sont différentes, sans compter bien sur les régimes spéciaux. Vous me direz qu'il suffit d'additionner tout ça, sauf que, fort heureusement d'ailleurs, Big Brother n'est pas encore complètement là, donc on connaît le montant des retraites et pensions, le montant des complémentaires, mais on ne sait pas dire pour telle tranche de revenus de retraite de base combien il faut ajouter de retraite complémentaire. Le Conseil d'Orientation des Retraites (COR), l'organisme qui essaie de gérer tout ça, en est réduit à présenter des «cas types» pour essayer d'y voir clair, cas types dont lui-même reconnaît qu'il n'est pas en mesure d'indiquer leur représentativité.

La retraite de base et la pension étant basées sur nos cotisations, de gros salaires signifient  de grosses retraites, des petits salaires des petites retraites. Mais à salaire égal, il n'y a pas de retraite égale, à cause des différences de régimes sociaux et de retraites complémentaires. Et il faut rappeler également que les primes ne comptent pas pour la retraite. Donc par exemple dans la fonction publique, les fonctionnaires sans beaucoup de primes, généralement donc les petit·es fonctionnaires, ont un meilleur taux de remplacement (1) que les haut·es fonctionnaires pour lesquels les primes représentent une part plus importante de leur rémunération.

Tout le monde dit que la retraite des fonctionnaires est plus avantageuse que la retraite du privé. Ce n'est pas si évident. Notamment les complémentaires du privé sont beaucoup plus importantes que celles du public. La DREES (service statistique du ministère du travail) a essayé de mesurer la différence en simulant quelle retraite aurait eu un·e fonctionnaire si elle ou il avait travaillé dans le privé au même salaire. 62 % des fonctionnaires sédentaires né·es en 1958 seraient gagnant·es à se voir appliquer les règles du privé, 32 % perdant·es et 6 % verraient leur pension inchangée à plus ou moins 1% près.

Le rapport entre la pension moyenne des femmes et celle des hommes, sur le champ des monopensionnés à carrière complète, était en 2021 de 86 % pour les fonctionnaires civils d'État, 88 % pour les fonctionnaires territoriaux et hospitaliers et de 87 % pour les assurés des autres régimes spéciaux, contre 71 % pour les salariés relevant du régime général et 62 % pour les non-salariés. Il faut faire attention à tous les mots. Il s'agit des femmes ayant eu une carrière complète. Jusqu'à il y a peu d'années, beaucoup de femmes n'avaient pas de carrière complète parce qu'elles s'arrêtaient au moment des enfants en bas âge. Puis reprenaient dans de mauvaises conditions. Donc l'écart de retraite entre les hommes et les femmes est beaucoup plus important que ça. Les femmes touchaient en moyenne 42 % de moins que les hommes en 2012. La même année, l'écart salarial entre hommes et femmes n'était «que» de 30 % (20 % en équivalent temps plein). Au total, cette année là, 445 000 femmes de plus de 75 ans (soit 14,1 %) vivaient sous le seuil de pauvreté contre 175 000 hommes (8,9 %).

En fait, le taux de remplacement est plus important pour les petits revenus que pour les revenus élevés. Un cadre a un taux de remplacement s'il part à l'âge d'ouverture des droits d'environ 53 %, un non cadre de 78 %. Mais si le non cadre a été au chômage (cas quand même relativement fréquent!), son taux de remplacement n'est plus que de 69 %. Pour les catégories qui ont le droit de partir à la retraite plus tôt, leur retraite est aussi plus faible, puisqu'elle est proratisée, c'est-à-dire qu'elle est calculée en retirant les trimestres manquants. A quoi ça sert d'avoir le droit de partir plus tôt dans ce cas, me direz-vous? Simple, aucune décote n'est appliquée. La décote c'est ce qu'on retire en plus, environ 6 % par année manquante (le calcul est plus compliqué que ça, ce serait dommage sinon). Par exemple si vous avez cotisé 161 trimestres au lieu de 169, vous allez toucher 161/169 de la retraite (ça, c'est la proratisation) - 12 % environ (ça, c'est la décote). Pour ne plus être touché par la décote, il faut travailler jusqu'à la limite d'âge (qui, je crois, est restée à 67 ans).

Il est en fait très compliqué de rentrer dans les détails et de trouver l'état réel des inégalités. En effet, il n'y a pas que le montant de la retraite qui compte. Déjà, tous ces chiffres sont calculés pour une carrière complète à temps plein, c'est-à-dire sans interruptions et sans temps partiels. C'est de moins en moins le cas pour la population générale. C'est par contre de plus en plus le cas pour les femmes qui ont maintenant en moyenne une carrière aussi longue que les hommes (autrement dit, elles ne s'arrêtent plus pour les enfants). Mais parmi les retraitées d'aujourd'hui il y a encore parmi les plus âgées la génération des femmes au foyer qui touchent seulement une pension de réversion, et aussi la génération des femmes qui ont travaillé avec interruptions.

Ensuite, parmi les ménages aisés, beaucoup souscrivent à des assurances vie et autres plans épargne retraite. Ce sont des produits bancaires privés qui ne figurent donc pas dans les statistiques dont je vous parle. Ce qui fait qu'il n'est pas certain que le revenu des cadres supérieur·es baissent tant que ça lorsqu'ils ou elles partent à la retraite.

Enfin, il est une dernière inégalité d'importance: l'inégalité d'espérance de vie. En moyenne, les cadres vivent 7 ans de plus que les ouvriers. Ils touchent donc leur retraite nettement plus longtemps... Sans compter les inégalités de santé: être réduit à un état de dépendance ou pouvoir profiter de sa retraite, ce n'est pas la même chose. En 2022, l'espérance de vie sans incapacité à la naissance est de 65,3 ans pour les femmes et de 63,8 ans pour les hommes (chiffres du ministère). A comparer avec les âges de départ à la retraite...

Retraçons les évolutions à très grands traits. Pendant toute la première moitié du 20ème siècle, vieillesse rimait avec pauvreté (sauf pour les bourgeois bien sur). C'est à cette situation que la mise en place d'un système de retraite a remédié. Ce système a mis du temps à faire son plein effet. Ceux et celles qui sont parti·es à la retraite jusque dans les années 70 n'avaient pas suffisamment cotisé pour toucher une retraite pleine. Aujourd'hui, globalement, les retraité·es gagnent un peu plus que la moyenne de la population mais un peu moins que les actifs, et leur taux de pauvreté est plus faible. La pension de réversion (2) a mis fin à la grande misère des veuves. Lorsque Mitterrand a abaissé l'âge de la retraite à 60 ans, l'espérance de vie (3) d'un ouvrier était de 61 ans. Après la crise des années 70, on s'est mis à parler des «nouveaux pauvres»: on désignait ainsi une pauvreté qui n'était pas traditionnelle, en clair que ces pauvres n'étaient pas forcément des vieux ou des vieilles. Depuis, une réforme a baissé le pouvoir d'achat de l'ensemble des retraité·es: les retraites ne sont plus indexées sur la hausse générale des salaires, mais sur l'inflation. Il est difficile de trouver les effets des récentes réformes de la retraite dans les chiffres: parmi la masse des retraité·es, beaucoup sont parti·es à la retraite avant. Et beaucoup de choses ont changé. Par exemple, les femmes arrivent majoritairement à la retraite avec une carrière complète, la durée de vie active des hommes a diminué, les coupures de carrière pour chômage sont devenues ordinaires... Pour faire un réel état des inégalités et de ce que les réformes ont modifié, il faudrait des études qui ne sont pas financées, disposer de chiffres qui ne nous sont pas fournis, et éventuellement qui n'existent pas. Mais il est certain que la situation de la masse des retraité·es va se dégrader.

Source principale: Conseil d'Orientation des Retraites, rapport annuel, Évolutions et perspectives des retraites en France, juin 2024. Disponible gratuitement sur internet.

Notes
(1) Le taux de remplacement, c'est le pourcentage que représente la retraite par rapport à notre dernière année d'activité.
(2) La moitié de la retraite est versée au conjoint, en fait plus souvent à la conjointe, survivant·e. Mais attention camarades, pour en bénéficier il faut être marié·e!
(3) L'espérance de vie est la durée moyenne de vie.

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4275
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr