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(fr) Alternative Libertaire #352 (UCL) - Biens communs: Contre le capitalisme, s'organiser autrement

Date Thu, 24 Oct 2024 17:36:40 +0100


Remise au gout du jour par des activistes et des chercheuses (et chercheurs), la notion de biens communs est aujourd'hui mobilisée dans les organisations associatives et politiques de préservation de l'environnement. La coopération et la gestion commune des ressources a décliné à mesure que le capitalisme et son droit de propriété s'est imposé. Pourtant, partout il a existé des mouvements de contestation en faveur de la préservation des biens communs, c'est-à-dire, des ressources essentielles à l'ensemble de la population. ---- Face aux catastrophes climatiques, dues en grande partie au mode d'organisation capitaliste de notre société, l'une des réponses pourrait bien se trouver dans de nouvelles pratiques sociales et une nouvelle approche aux ressources essentielles à l'humanité (eau, terres, air, etc.). Dans les mouvements écologistes, beaucoup d'organisations politiques ou associatives poussent pour la défense des biens communs ou pour dénoncer l'accaparement des biens communs. Parler de «biens communs» remet en question les notions de propriété (privée et publique) qui sont les modèles principaux de gestion des ressources, mais qui servent avant tout le capital avec l'approbation des États néolibéraux.

Silvia Federici, militante de tradition marxiste, rappelle que c'est le mouvement d'enclosure qui doit être considéré comme le point de départ de la société capitaliste. Le capitalisme fonctionne main dans la main avec l'impérialisme qui expulse, avec violence, de leurs terres les populations indigènes. Progressivement, tout ou presque devient dépendant du marché régi selon les règles des pays capitalistes occidentaux puisque le néolibéralisme comprend aussi la culture, la connaissance, les espaces publics, etc.

La réappropriation de la notion de communs est un enjeu pour nombre de militantes et militants des années 1990 qui s'inscrivent en partie dans le courant altermondialiste. Ces mouvements collectifs revendiquant davantage de démocratie et d'autonomie politique peuvent aussi prendre part à la lutte des classes en dénonçant le capitalisme destructeur. A la même période, les travaux d'Elinor Ostrom ont montré la pertinence des biens communs: l'absence de règles édictées pas des structures nationales ne mène pas au chaos. Au contraire, un groupe de personnes organisé et ouvert à tout le monde est capable de gérer de manière efficace le bon fonctionnement d'une ressource (son usage, son entretien et sa reproduction) sans qu'elle ne s'épuise ou qu'elle ne soit détruite. En s'impliquant dans son entretien, la communauté ouverte ainsi constituée prendra soin de ce qu'elle gère.

Pour une gestion émancipatrice des ressources

Partout dans le monde, des initiatives émergent pour contester l'hégémonie capitaliste: en Italie pour s'opposer à la privatisation de l'eau, en Bolivie en 2009 où les mouvements sociaux ont forcé la reconnaissance de la propriété commune dans la Constitution, et dans bien d'autres endroits encore. Il n'est donc pas étonnant de retrouver la défense des biens communs dans les collectifs écologistes puisqu'ils promeuvent la défense des ressources essentielles à l'humanité: une eau de bonne qualité accessible à tout le monde, des terres fertiles pour nourrir la population et plus largement, un environnement sain et durable pour la préservation de la nature et des êtres vivants. La démarche peut s'étendre à tout ce qui nous entoure, comme la production d'énergie. Au fond, il s'agit bien d'un projet politique qui motive l'existence des communs: celui de proposer une alternative au capitalisme, c'est-à-dire, s'en débarrasser pour créer des relations d'échange et de production issues de coopération, de réflexions partagées et de choix définis collectivement pour maintenir les ressources essentielles.

Elsa (UCL Grenoble)

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Biens-communs-Contre-le-capitalisme-s-organiser-autrement
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