|
A - I n f o s
|
|
Une agence d'actualités par pour et au sujet des anars
**
.
Informations dans toutes les langues
Les 30 derniers messages (accueil)
Messages des deux
dernières semaines
Nos archives des anciens messages
Les 100 derniers
messages selon la langue
Greek_
䏿–‡ Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Francais_
Italiano_
Portugues_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
_The.Supplement
Premières lignes des dix derniers messages
Greek_
Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Francais_
Italiano_
Polski_
Portugues_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe
Premières lignes des dix derniers messages
Premières lignes des messages des dernières 24 heures
Premières lignes des messages des dernière
last 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2014 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019 |
of 2020 |
of 2021 |
of 2022 |
of 2023
(fr) Courant Alternatif #328 (OCL) - La réforme des retraites: «des progrès concrets» pour les femmes?
Date
Mon, 13 Mar 2023 17:11:47 +0000
Le 23 janvier 2023, le Haut Conseil à l'égalité présentait son rapport
annuel sur le sexisme en France, c'était plutôt accablant concernant les
inégalités, les préjugés et les violences subies par les femmes. Dans ce
contexte, on ne sera pas étonné d'apprendre qu'avec le projet de loi sur
les retraites, les femmes «sont un peu pénalisées» (1). ---- Les femmes
déjà lésées sans la réforme ---- D'après l'étude disponible sur le site
l'INSEE (2), si le taux d'activité des femmes ne cesse de progresser,
leur rémunération reste en moyenne 22 % inférieure à celle des hommes.
L'étude attribue presque 1/3 de cet écart de salaire à la différence de
durée de travail. Il y a en effet 3 fois plus de femmes que d'hommes en
temps partiel. Pour le reste, à niveau de qualification équivalent, les
métiers qu'elles exercent, dans le soin ou le social notamment, sont
souvent moins bien rémunérés. Evolution de carrière limitée,
interruption du travail lors de l'arrivée d'un enfant, les inégalités
s'accumulent et, arrivées à la retraite, les conséquences sont sans
appel: les pensions des femmes restent très inférieures à celles des
hommes. D'après le panorama 2022 de la DREES (3), le différentiel entre
les pensions de droit direct des femmes et des hommes est actuellement
d'environ 40%. Les femmes représentent une part importante des retraités
pauvres et pour beaucoup si elles évitent la pauvreté, c'est parce
qu'elles dépendent de la pension de leur conjoint ou de sa pension de
réversion une fois celui-ci décédé. Ainsi, l'écart de pensions entre
femmes et hommes finit par être atténué par les composantes de droit
dérivé et n'est «plus que» de 28%.
Rappelons que dans la méthode de calcul de la retraite, ce sont les 25
meilleures années qui sont prises en compte, il est souvent intéressant
pour les femmes moins bien payées de continuer à travailler en fin de
carrière. De même, il ne suffit pas d'avoir atteint l'âge de départ,
mais il faut avoir tous ses semestres cotisés, ce qui n'est pas
forcément le cas des femmes aux carrières souvent hachées. Ainsi les
femmes se voient déjà actuellement contraintes de continuer à travailler
en moyenne 7 mois de plus que les hommes avant de liquider leurs
droits(4). Malgré cela, aujourd'hui, elles sont plus nombreuses que les
hommes à partir sans avoir tous leurs trimestres, avec une carrière
incomplète (5).
Avec la réforme, les femmes devront faire plus d'efforts
Si tout le monde va devoir travailler plus longtemps qu'actuellement
avec la réforme, l'allongement du temps de travail est plus lourd pour
les femmes. Pour l'une des générations les plus lésées, celle née en
1972, les femmes travailleront en moyenne 9 mois de plus avec la réforme
contre 5 mois de plus pour les hommes. Ceci s'explique par les carrières
hachées des femmes. Avec l'augmentation des annuités nécessaires, la
décote sera plus marquée pour les femmes. Pour avoir des revenus
décents, elles seront de plus en plus nombreuses à devoir partir plus
tard, bien après les 64 ans, probablement aux 67 ans fatidiques
d'annulation de la décote (que dans sa grande mansuétude le gouvernement
n'a pas relevé). Et attention, pour celles et ceux qui n'obtiendront pas
tous les précieux trimestres à 67 ans, cela signifiera des pensions à
taux plein réduites car le coefficient de proratisation prend en compte
le rapport du nombre de trimestres validés sur celui des trimestres requis.
Quand on travaille pour Macron, il y a toujours moyen de présenter les
choses de manière positive: puisqu'on va obliger les femmes à travailler
plus longtemps, la revalorisation de leur retraite sera plus importante
que pour les hommes et les écarts de pension entre hommes et femmes vont
se réduire! Preuve à l'appui présentée par le chantre de la parité,
Olivier Dussopt, ministre du Travail, d'après l'étude d'impact, pour la
génération 1971 «La pension moyenne des femmes sera revalorisée de 2,2 %
alors que celle des hommes le sera de 0,9 % à horizon 2030». Personne
n'est dupe des sommes que cela représente ni de la non-compensation des
disparités actuelles. Pareil pour les 1200€, soi-disant, distribués à
tout va. La majorité des femmes n'y aura pas accès puisque ces 1200€
bruts ne concernent qu'une carrière pleine, à temps plein et payée au
SMIC, ce qui n'est absolument pas le cas de la majorité des femmes qui
arrivent à la retraite.
Pour les heureuses mamans
La réforme va faire perdre à de nombreuses femmes ayant eu ou adopté des
enfants la bonification de durée servant à compenser la maternité et
l'éducation des enfants. Cette majoration (jusqu'à 8 trimestres de
cotisations par enfant dans le privé et 4 dans le public (7)),
continuera d'exister. Mais comme elle sera cumulée avec le report de
l'âge minimum légal à 64 ans, elle ne bénéficiera plus aux femmes qui
réussissaient à partir dès 62 ans. On estime que plus de 120 000 mères
partent chaque année à taux plein à 62 ans, avec la réforme, elles
seraient toutes contraintes d'attendre l'âge minimum légal de 64 ans.
Quant à la prise en compte des 4 trimestres supplémentaires de congés
parentaux grâce à la réforme, c'est comme pour les 1200€, quasi personne
n'en bénéficiera. Cela s'appliquera uniquement dans le dispositif des
carrières longues donc pour les femmes ayant commencer à travailler
avant 20 ans et sous condition de ressources, soit à environ 3000
personnes par an selon l'étude d'impact du gouvernement elle-même ...
chiffre à rapporter aux 340 000 femmes qui partent à la retraite chaque
année...
Et la pénibilité?
Comme l'a dit le ministre, tout le monde devra faire des efforts: les
départs anticipés pour pénibilité seront également reportés de 60 à 62
ans. Depuis la mise en place du compte de prévention professionnel
(C2P), les critères de pénibilité ont été revus: 4 d'entre eux ont été
exclus et les seuils d'exposition relevés. Ainsi dans le privé, le
nombre de personnes pouvant en bénéficier se réduit à peau de chagrin
(quelques milliers de salariés par an) et dans les métiers féminisés les
seuils de pénibilité ne sont pas atteints (75 % des personnes éligibles
sont des hommes).
On pense aux aides à domicile, aux femmes de ménage, aux personnels des
crèches, à tous les métiers dans le domaine du soin et de l'aide à la
personne, qui sont physiquement et émotionnellement usants (lever des
personnes, bruits, faire face à la mort...). Interviewé sur France
Inter, François Ruffin, député Insoumis, citait les chiffres du
ministère du Travail: «en 1984, il y avait 12 % des salariés qui
subissaient 3 contraintes physiques[...]on est passé à 34 %
aujourd'hui.[...]il y a 40 ans, c'était 6 % des salariés qui avaient des
contraintes psychiques fortes[...]on est passé à 35 %.». Toujours plus
de cadences, toujours plus de flicage, l'intensité du travail n'a fait
qu'augmenter.
D'après la CGT, les infirmières, qui avec la réforme ne pourront pas
partir avant 64 ans, ont une espérance de vie inférieure de sept ans à
la moyenne des femmes et 20 % des infirmières et 30 % des
aides-soignantes partent à la retraite en incapacité. Pareil dans le
secteur des auxiliaires de vie, c'est l'un des plus accidentogènes.
Ainsi, si les tenants de la réforme des retraites rappellent souvent
l'allongement de l'espérance de vie et le fait que celle des femmes est
bien supérieure à celle des hommes, ils ne présentent jamais l'état de
santé de la population vieillissante. Actuellement, les femmes sont
majoritaires parmi les bénéficiaires des minima de pension; or si la
cause principale est leur carrière incomplète, il ne faut pas oublier
que dans ces minima la part de personnes en inaptitude ou invalidité est
très importante.(6)
Des solutions?
Dans l'immédiat, la solution simple est d'une part de lutter contre les
inégalités entre hommes et femmes et d'autre part d'améliorer les
conditions de travail en général et des précaires en particulier.
En effet, l'accès aux études, la répartition des tâches ménagères, le
poids de la parentalité, les discriminations à l'embauche, les écarts de
salaires, le plafond de verres, tous ces facteurs ont une répercussion
sur la manière dont les femmes accèdent au travail. En 2011, une étude
de la caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) montrait que si
l'égalité salariale homme/femme était atteinte, les cotisations
supplémentaires rapporteraient 5,5 milliards d'euros de plus.
Pour le second point, revaloriser la pénibilité du travail impacterait
les métiers féminisés, faire cotiser les temps partiels sur la base d'un
taux plein, augmenter le SMIC et les salaires rapporterait également des
cotisations supplémentaires aux caisses de retraite.
Sur le long terme, il faut continuer à nous battre pour un projet de
société anti-capitaliste et anti-patriarcale. Il faut continuer à tenter
des expériences d'organisation en commun différentes. De toute évidence,
le système actuel de garde d'enfants ou de soin aux personnes
dépendantes est défaillant. Pourquoi ne pas mettre en place des
garderies autogérées ou mutualiser la prise en charge des personnes
dépendantes?
En attendant, les femmes se mobilisent, on a par exemple vu le retour
des Rosies et de leur chorégraphie en manifestation. Continuons et
soyons nombreux et nombreuses en grève et dans la rue le 8 mars pour la
journée internationale des droits des femmes!
ELSA
Encart 47-1 et PLFRSS
Innovant, le Conseil des ministres présente pour la première fois de la
Ve république une réforme des retraites, sous la forme d'un PLFRSS soit
un Projet de Loi de Financement Rectificatif de la Sécurité Sociale.
Prévu pour être utilisé en cas «d'urgence», le PLFRSS permet d'utiliser
l'article 47-1 de la constitution afin de réduire considérablement la
durée des débats dans les 2 chambres du Parlement. En effet, l'Assemblée
nationale dispose de 20 jours pour étudier le texte en commission, en
débattre et procéder au vote. Si le temps manque et que le vote n'a pas
lieu, tant pis, le texte est envoyé tel quel au sénat. Celui-ci a alors
15 jours pour le voter (ce qu'il fera sans doute car majoritairement de
droite, c'est un soutien aux projets de Macron). Si on a lambiné ou pas
voté, c'est à une commission mixte paritaire de députés et sénateurs de
proposer un compromis à valider en 15 jours de navette. L'ensemble de la
procédure ne peut ainsi excéder les 50 jours, (ce qui dans notre cas
nous ramène au 26 mars), passé ce délai, le gouvernement peut légiférer
par ordonnance ou appliquer son habituel 49-3.
Pour le gouvernement macroniste rien de surprenant à ce planning éclair,
depuis longtemps le parlement ne lui sert que de chambre
d'enregistrement. Quand il impose aux députés d'étudier 14 articles en
une vingtaine de jours, pour Dussopt, c'est largement suffisant, cela
lui laisse même le temps de jouer aux mots-croisés!
Rappelons que cette procédure spéciale existe pour permettre au
gouvernement de faire voter rapidement des budgets, notamment suite à
une situation imprévue. Le PLFSS doit normalement avoir une incidence
financière sur l'année en cours. Ici le gouvernement donne clairement
l'impression de détourner la loi à son avantage en prétextant qu'il y a
urgence à savoir comment financer nos retraites. Certes il y a des
dépenses à engager (les pensions versées) et des recettes à percevoir
(les cotisations prélevées donc le revenu du travail et du capital) ...
mais l'objet de la réforme des retraites n'est pas uniquement financier.
Déjà elle contient d'autres mesures (index seniors, la pénibilité etc)
mais surtout quand on parle de retraites, il s'agit d'un vrai projet de
société, les impacts sur l'emploi et le monde du travail sont évidents.
Laurent Fabius, actuel président du conseil constitutionnel, suggère
qu'il y a des «cavaliers sociaux», «hors champs financier» qui
pourraient être censurés.
Quant à savoir s'il y a urgence de faire accepter ce projet de loi avant
la fin de l'année, toutes les études d'impact (par exemple celles du
Conseil d'Orientation des Retraites) indiquent que le système est
«globalement équilibré» et que les effets des précédentes réformes
doivent encore se faire sentir. L'urgence est uniquement du coté du
gouvernement qui souhaite agir et surtout agir seul sans avoir à
débattre avec l'opposition. Pour Élisabeth Borne, coutumière du 49-3,
brider les débats parlementaires est une habitude, et avec le 47-1, elle
n'a effectivement pas eu à craindre l'obstruction, RN comme NUPES ayant
fini par retirer leurs 20 000 amendements, afin de pouvoir arriver, sans
succès, au vote dans les délais impartis.
Risque d'inconstitutionnalité ou pas, pour nous, renverser le
gouvernement et rejeter ses réformes ne se fera de toute façon pas au
Parlement, mais dans et par la rue!
Notes
1. Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement sur Public
Sénat lundi 23 janvier
2. «Femmes et hommes, l'égalité en question» Édition 2022 réalisée avec
les chiffres de 2019 et 2020.
3. Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des
statistiques disponible ici: drees.solidarites-sante.gouv.fr
4. DREES pour l'année 2020 départ à 62 ans pour les hommes, mais 62 ans
et 7 mois pour les femmes.
5. pour la génération 1950, public sénat donne les chiffres de 32 % pour
les hommes contre 40 % pour les femmes.
6. Pour les enfants nés après 2010, ces trimestres peuvent être partagés
entre les 2 parents.
7. Pour la génération de 1950, les femmes représentent 63 % des
bénéficiaires de minima de pension. Et 33 % de ces bénéficiaires (hommes
et femmes) sont en inaptitude ou invalidité (contre 8 % pour ceux sans
minimum).
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3621
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr