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(fr) CNT-AIT - Tahar HADDAD, pionnier du syndicalisme Tunisien et féministe sacrilège
Date
Thu, 9 Mar 2023 18:37:18 +0000
Né le 4 décembre 1899 à Tunis dans une famille pauvre originaire du sud
tunisien ( El Hamma de Gabès), Tahar HADDAD est un penseur et un
syndicaliste tunisien de premier plan. ---- Ayant fait des études à
l'Université de la Zitouna, l'un des haut-lieu de l'enseignement
supérieur islamique, il rejoint à la sortie de ces études à 20 ans le
Parti Destour (nationalistes tunisiens) où il était membre de la
Commission Propagande, portant la propagande nationaliste dans les
centres reculés de la Tunisie. ---- Le révolutionnaire syndicaliste ----
Toutefois, il quitte le parti en 1924, les nationalistes du Destour
s'intéressant modérément à la question sociale: ils ne voulaient pas
remettre en cause le patronat indigène et refusaient la création d'un
syndicat tunisien. En effet, conscient de l'exploitation dans laquelle
vivaient les ouvriers indigènes tunisiens, tant de la part des patrons
colons que des patrons tunisiens, Tahar participe en 1924 avec Mohamed
Ali El Hammi et des militants syndicalistes révolutionnaires et
communistes à la fondation de l'Association de Coopération Économique
ainsi qu'à la création de la Confédération Générale des Travailleurs
Tunisiens (CGTT).
A peine crée, le jeune syndicat s'attire les foudres du patronat
colonialiste comme du Protectorat qui le frappe durement en inculpant
ses principaux animateurs, Mohamed Ali Hammi, Jean-Paul Finidori,
Mokhtar Ayari, Mohamed Ghannouchi et Mohmoud Kabadi, de complot contre
la sureté de l'État. Ils sont condamnés au bannissement et exilés.
Cette dure épreuve inspire à Haddad son premier livre, Les ouvriers
tunisiens et l'apparition du mouvement syndical, saisi par la police
avant sa mise en vente. Dans ce livre, il défend l'idée d'un syndicat
qui soit tout à la fois un creuset des revendications ouvrières pour
améliorer les conditions de vie et de travail (augmentation des
salaires, meilleurs logement, ...) mais aussi un cadre de solidarité et
d'organisation de la production et de la distribution des biens
produits, sous forme de sociétés coopératives doublées de mutuelles et
de caisses sociales pouvant épauler la classe ouvrière dans sa lutte
pour sa subsistance et sa dignité. On retrouve là l'influence
syndicaliste révolutionnaire.
Le Féministe sacrilège
Cette épreuve passée, T. Haddad s'engage dans un nouveau combat: la
lutte pour l'émancipation de la femme tunisienne. Le terrain est déjà
balisé. A la fin dans années vingt, Tunis vibre au rythme d'un débat qui
n'en finit pas sur le progrès de la femme tunisienne: la scolarisation
des filles, le port du voile, le code du statut personnel deviennent,
pour ainsi dire, des thèmes récurrents dans la presse de l'époque.
Attentif aux courants féministes en vogue en Turquie et en Égypte, les
intellectuels tunisiens sont divisés sur la conduite à tenir face à
cette question. Et pour cause. Le modèle de l'émancipation de la femme
européenne est là, mais pour la majorité d'entre eux c'est un contre
-modèle. Sans doute admet -on que l'équilibre de la société est fonction
du sort fait aux femmes, mais on n'en continue pas moins de considérer
que le progrès de celles-ci doit s'ancrer aux traditions religieuses,
ultime rempart contre un monde occidental jugé trop envahissant.
En face des conservateurs, un petit courant féministe, proche de la
mouvance socialiste, s'esquisse péniblement à Tunis, mais presque sans
femmes. Les rares militantes qui osent défier l'ankylose ambiante sont
des Européennes ou des Tunisiennes passées par les écoles françaises.
Les nationalistes, eux, affichent une opposition sans nuance à
l'émancipation des femmes, jugée trop prématurée. Se démarquant de cette
position, Haddad publie, dès 1928, dans le journal destourien Essawab,
nombre d'articles sur la condition de la femme. Reprenant la
problématique de l'évolution de la société, il développe une approche
inédite de la question de la femme. En septembre 1930 il publie son
deuxième ouvrage: Notre femme devant la Charî'a et la société.
Première publication du livre de T. Haddad en arabe en 1930
L'essai de T. Haddad sur la femme fait date par l'audace de ses
propositions innovantes. Une idée- clé guide la trame du livre:
l'évolution de la société tunisienne est impossible sans la
participation de la femme. Reprenant le débat sur l'évolution de la
société, Tahar Haddad en vient à examiner la question de la femme sous
l'angle des normes religieuses et des mutations sociales. Affirmant la
comptabilité de l'Islam avec le progrès social, il propose une relecture
moderniste des textes sacrés. C'est tout un programme.
L'auteur de Notre femme devant la Charî'a et la société plaide pour
la levée des discriminations à l'égard des femmes, dénonce la
répudiation, appelle à l'égalité des hommes et des femmes en matière
d'héritage, demande la reconnaissance des droits des femmes à l'exercice
de tous les métiers y compris les charges judiciaires. C'en est trop
pour les Oulémas de la Zitouna.
Manifestement Tahar .Haddad est un auteur qui dérange. Son livre fait
scandale tant dans le milieu politique tunisien - officiels du Bey (le
Sultan tunisien), riches colons français (les «prépondérants»),
militants nationalistes du parti Destour - qu'auprès des érudits de la
grande Mosquée de la Zitouna.
Un conseil supérieur religieux, présidé par Cheikh al Islam, se réunit
illico presto pour statuer sur son cas. Considéré comme subversif, le
livre de Tahar Haddad est désigné à la vindicte publique. Son auteur,
accusé de sacrilège, est condamné au retrait de son titre universitaire
et empêché d'exercer le notariat Ne pouvant plus exercer son métier,
empêché de passer l'examen qui devait lui assurer une promotion
professionnelle, cela revenait à le condamner à mort socialement ....
L'excommunication de Haddad (Takfir) est ouverte: la quasi-totalité des
journaux tunisiens, le vieux Destour, et notamment son directeur,
Moheddine Klibi, et même les intellectuels formés dans les universités
françaises, tels que Tahar Sfar et Mahmoud Matri, adoptant, certes, un
discours plus nuancé, se jettent dans la mêlée et condamnent
vigoureusement le livre. Habib Bourguiba, lui, se mure dans un silence
prudent, même si il s'opposa par la suite aux campagnes contre le voile
car il considérait que cela ébrancherait le sentiment d'appartenance
nationale, et donc s'opposait à la lutte anticoloniale.
Seuls quelques rares esprits libres, amis intimes et quelques esprits
éclairés de la gauche française qui se comptaient sur les doigts d'une
main, le soutinrent sans faille, sans toutefois parvenir à endiguer le
mouvement.de rejet contre lui. Son esprit moderniste lui couta
dénigrement, réclusion et ostracisme des conservateurs et de ses propres
amis politiques. Son isolement social le poussa à partir en exil. Il
mourra de la tuberculose, seul et dans une extrême pauvreté, le 7
décembre 1935, à 36 ans.
Son apport à la réflexion sur la question féminine n'est pas oublié,
mais il a fallu attendre un quart de siècle pour que son héritage
intellectuel soit enfin reconnu par la Tunisie indépendante.
Plus de 80 ans plus tard, les milieux réactionnaires continuent à lui
vouer une hostilité infinie: en mai 2012, en pleine et période de
confrontation politique en Tunisie, la presse révéla que sa tombe avait
été profanée. Puis en 2015, sa statue fut dégradée à El Hamma à Gabes,
vraisemblablement par des islamistes.
http://cnt-ait.info/2023/03/06/tahar-haddad-pionnier-sacrilege
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