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(fr) Socialisme Libertaire - Voltairine de Cleyre
Date
Sun, 5 Mar 2023 17:48:48 +0000
Féministe, oratrice de talent, traductrice, écrivain... l'autre grande
dame de l'anarchisme américain est pourtant bien différente d'Emma
Goldman. Les origines et la formation intellectuelle, le tempérament et
la personnalité les opposent. ---- Le texte qui suit est paru dans le
numéro 8 de la revue Itinéraire - Une vie une pensée consacré à Emma
Goldman (second semestre 1990, 84 pages). ---- «La première fois que je
la vis - cette femme anarchiste la plus douée et la plus brillante que
l'Amérique ait jamais produite - c'était à Philadelphie, en aout 1893.
J'étais venue dans cette ville pour parler aux chômeurs durant la grande
crise de cette année, et j'étais impatiente de rencontrer Voltairine: à
New York, on m'avait parlé de sa capacité exceptionnelle d'oratrice. Je
la trouvais au lit, malade, la tête emballée de glace, le visage
défiguré par la douleur. J'appris que cette situation se répétait après
chaque apparition publique de Voltairine: elle resterait alitée pendant
quelques jours (...). La rencontre suivante se déroula au pénitencier de
Blackwell's Island. Elle était venue à New York pour son discours
magistral. En défense d'Emma Goldman et de liberté de parole[1], et elle
me visita en prison. A partir de ce moment et jusqu'à sa mort, nos vies
et nos efforts pour la cause étaient souvent unis, parfois en harmonie
et quelquefois en opposition...»[2]
C'est une description un peu idéalisée d'une relation en réalité pas
très harmonieuse: trop différentes étaient, de caractère comme de
tempérament, ces deux femmes. Voltairine de Cleyre était anarchiste et
féministe comme Goldman, et comme celle-ci une agitatrice ardente; mais
contrairement à Emma, elle n'a jamais aimé le grand public et gardait
toujours ses distances. Elle était athée et libre-penseur mais, en même
temps, «possédait une nature profondément religieuse. En dépit de sa
conception pragmatique de la théorie et de la pratique anarchistes, elle
reste au fond d'elle-même une zélote au tempérament sectaire, ascétique,
se sacrifiant et même puritaine, comparable aux hérétiques religieux du
passé.»[3]Toute sa vie de militante anarchiste, elle vécut dans une
pauvreté extrême, les maladies et les malheurs physiques et émotionnels
se poursuivant.
Voltairine De Claire[4], née le 17 novembre 1866 à Leslie au Michigan
(États-Unis), est la fille cadette de Hector De Claire (1836-1906) et de
sa femme Harriett née Billings (1836-1927). Son père, Français
d'origine, était né à Lille. A l'âge de 18 ans, il avait émigré aux
États-Unis où il fut naturalisé après la guerre civile pour y avoir
participé (ainsi qu'un frère) dans l'armée nordiste. Libre-penseur et
admirateur de Voltaire, il en emprunta le nom pour sa fille cadette
qu'il aurait préféré être un fils. En 1867, suite à la mort accidentelle
de l'aînée, Marion, la famille déménage à Saint Johns (Michigan) où
Voltairine passa son enfance. Dès l'âge de 4 ans, elle savait lire et
commença à écrire peu après.
En 1879, Voltairine fut envoyée chez son père (séparé de sa famille au
début des années 1870) à Port Huron et, au mois de septembre de l'année
suivante, elle fut placée par lui (reconverti au catholicisme) au
couvent de Notre-Dame du lac Huron à Sarnia (Ontario, Canada), Elle y
resta jusqu'en décembre 1881 pour une période qu'elle jugea plus tard
comme la plus noire et la plus triste de sa vie, un emprisonnement. Elle
sortit du couvent le 21 décembre 1883 et commença à gagner sa vie en
donnant des cours privés (entre autres de Français).
Fin 1885, elle se déclarait libre-penseur et athée, fêtant cet événement
par un poème intitulé l'Enterrement de mon Moi passé: «Et maintenant,
Humanité, je me tourne vers toi; je consacrerai mes services au monde!»
Elle devint active dans le mouvement libre-penseur et séculariste;
vivant à Grand Rapids à partir de 1886, elle commence à y écrire pour un
petit hebdomadaire libre-penseur The Progressive Age (L'Age progressif)
dont elle sera bientôt la rédactrice. Elle écrivait souvent sous des
noms de plume comme «Fanny Fern», «Fanny Forrester» ou «Flora Fox», et
elle affirme sa nouvelle identité en changeant l'écriture de son nom, de
«De Claire» en «de Claire» d'abord, puis finalement en «de Cleyre».
Institutrice anarchiste
En mai 1886 commença à Chicago le drame des martyrs de Haymarket,
événement qui changea la vie de Voltairine de Cleyre comme de bien
d'autres. «Ceci est ma confession: il y a quinze ans, en mai dernier,
(...) que je lisais, comme le reste du monde crédule et brute, une
manchette mensongère: Des anarchistes jettent une bombe dans la foule à
Haymarket, Chicago, et je m'écriais immédiatement: Ils devraient être
pendus. Et cela bien que je n'ai jamais cru en la peine capitale pour
les criminels ordinaires. Je ne me pardonnerai jamais cette phrase
ignorante, épouvantable, féroce...»[5]. En décembre 1887, elle écoutait
dans une réunion commémorative pour Thomas Paine un discours du
socialiste et juriste Clarence Darrow. Celui-ci l'impressionna tellement
qu'elle se déclara peu de temps après socialiste et, six semaines plus
tard, à Pittsburgh, l'anarchisme lui fut présenté d'une façon sérieuse
par un anarchiste juif. Déjà «sa conscience s'était éveillée, comme la
mienne, au moment de l'assassinat légal de Chicago» (Emma Goldman), et
bientôt elle se déclara anarchiste et commença a militer dans le
mouvement. Elle y rencontre entre autres Dyer D. Lum, l'ami des martyrs
de Chicago (il procura la cartouche de dynamite à Louis Lingg qui lui
permit de se suicider dans sa cellule). Celui-ci devint son
«instituteur», son ami le plus proche et aussi, quelque temps, son amant
jusqu'à ce qu'il se suicide en avril 1893.
En 1889, elle déménage à Philadelphie où elle restera pour l'essentiel
jusqu'en 1910. Elle y avait fait en juin 1888, lors d'une conférence, la
connaissance de James B. Elliott, un libre-penseur avec qui elle se lie
et dont elle aura un fils[6]. En 1891, elle commence à enseigner aux
juifs immigrés de Philadelphie. Elle apprendra ainsi à lire et, plus
tard, à écrire le yiddish, continuant toute sa vie cette activité
d'institutrice et de propagandiste anarchiste dans les milieux juifs,
travail comparable dans le mouvement à celui de Rudolf Rocker. Mais elle
ne se limite pas à faire de la propagande orale, lors de ses cours à
Philadelphie et de tournées de conférences; elle écrit, traduit et
publie aussi incessamment des articles politiques, des nouvelles, des
poèmes[7]. Son anarchisme, d'abord individualiste et inspiré par la
lecture de Liberty, le journal de Benjamin Tucker, transforme sous
l'influence de Dyer D. Lurm en un mutualisme plus prononcé. Vers la fin
du siècle, elle développe sa propre forme d'anarchisme sans adjectifs
comme, au même moment, Ricardo Mella en Espagne, Fernando Tarrida del
Mármol et Max Nettlau. Comme eux elle plaidera pour la coexistence des
différentes formes d'anarchisme (et de socialisme).
En juin 1897, elle part pour un voyage En Europe. Elle passe quatre mois
en Grande-Bretagne et y rencontre Kropotkine, Louise Michel, Tarrida del
Mármol et Nettlau, les anarchistes espagnols torturés à Montjuich et un
bon nombre d'exilés anarchistes français. Au mois d'aout elle arrive à
Paris, entre autres pour rendre visite à Sébastien Faure et au bureau du
Libertaire, ainsi qu'au mur des Fédérés du Père-Lachaise. Elle retourne
aux États-Unis fin octobre, après avoir fait une tournée de propagande
en Écosse. Pendant quelque temps, elle envoya des rapports d'Amérique à
Freedom et, en 1900, au congrès anti-parlementaire de Paris, remarquable
pour les dates qu'elle a accumulées et pour ses propos sur la propagande.
Le 19 décembre 1902, pendant qu'elle se rend à son cours, un de ses
anciens élèves du nom Herman Helcher tire sur elle trois coups de
pistolet. Elle ne sera jamais opérée, gardant les balles dans le corps,
et en souffrira toute sa vie. Helcher, juif d'origine russe, avait été
antérieurement un de ses admirateurs les plus dévoués. Son acte
s'explique par la frustration ressentie après de vains efforts pour
réconcilier Voltairine de Cleyre et son amant. Elle refusa de
l'identifier comme l'auteur de l'attentat et fit tout ce qu'elle pu pour
lui épargner une condamnation. (Il sera quand même condamné à six ans et
neuf mois de prison et, peu de temps après, transféré dans un hôpital
psychiatrique.) En juin 1903, elle se rend de nouveau en Europe et passe
quelques mois en Norvège, puis en Écosse et en Angleterre pour s'y
reposer. A Londres, elle rencontre Malatesta et Rocker.
Mais bientôt, elle souffre encore des conséquences de l'attentat et de
ses maladies chroniques. En 1904, elle est hospitalisée pendant quelque
temps et, en 1905, essaye (pour la deuxième fois) de se suicider. Peu
après, elle reprend ses activités de militante anarchiste, donne
régulièrement des conférences, écrit des articles dont beaucoup sont
publiés dans Mother Earth d'Emma Goldman (comme The Dominant idea, mars
1908, et Anarchism and American Traditions, décembre 1908 et janvier
1909). Impressionnée par Francisco Ferrer, elle traduit son essai sur
L'Ecole Moderne (Mother Earth, novembre 1909 et, séparément, en
brochure). Elle s'installe en 1910 à Chicago où elle enseigne tous les
dimanches à la nouvelle Ecole moderne.
Au printemps 1911, pile s'enthousiasme pour la Révolution mexicaine et
plus particulièrement pour Ricardo Flores Magón, commençant une
remarquable campagne de soutien. A partir de juillet 1911, elle écrit
régulièrement pour Regeneración, le journal de Magón. Abandonnant. son
pacifisme tolstoïen de naguère, elle fixe son espoir en une révolution
sociale qu'elle voit venir au Mexique. Mais, en avril 1912, elle tombe
malade d'une sinusite qui amène d'autres complications. Après avoir subi
deux opérations qui ne servent à rien, elle tombe paralysée et perd la
voix. Voltairine de Cleyre décédera à l'hôpital de Chicago le 20 juin
1912 et sa dépouille est enterrée au cimetière de Waldheim, près du
monument aux martyrs de Haymarket.»
Notes:
[1]Le discours prononcé à New York le 16 décembre 1893 fut en réalité
publié sous le titre En défense d'Emma Goldman et du droit
d'expropriation, Voltairine de Cleyre, Philadelphie, 1894.
[2]Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, The Oriole Press, Beckley
Heights, 1932, pp. 5-6. Cf. aussi l'extrait de ses souvenirs dans
L'Épopée d'une anarchiste, Hachette. Paris, 1979, et éd. Complexes,
Bruxelles. 1984, chap. X, pp. 79-102.
[3]Paul Avrich, An American Anarchist. The Live of Voltairine de Cleyre,
Princeton University Press, Princeton (New Jersey), 1978, p. 11.
[4]Ce n'est qu'à partir de 1887 ou 1888 qu'elle adopte la graphie «de
Cleyre».
[5]«The Eleventh of November, 1887» («Le 11 novembre 1887»), discours
prononcé à Chicago le 11 novembre 1901, in Voltairine de Cleyre, The
first Mayday: the Haymarket speeches 1895-1910, avec une introduction,
des notes et une bibliographie publiés par Paul Avrich, Cienfuegos
Press, Sanday Orkney, 1980, p. 23.
[6]Né le 12 juin1890, il est appelé Vermorel Elliott en souvenir
d'Auguste Vermorel (nom qu'il changea plus tard en Harry de Cleyre) et
mourut en 1974.
[7]Elle traduisit entre autres du français La Société mourante et
l'Anarchie de Jean Grave, publié en 1899 à San Francisco sous le titre
Moribund Society and Anarchy et La Commune de Louise Michel (inachevé).
Elle a aussi écrit avec Lum un roman resté inédit.
SOURCE: Partage Noir
https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/11/voltairine-de-cleyre.html
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