|
A - I n f o s
|
|
Une agence d'actualités par pour et au sujet des anars
**
.
Informations dans toutes les langues
Les 30 derniers messages (accueil)
Messages des deux
dernières semaines
Nos archives des anciens messages
Les 100 derniers
messages selon la langue
Greek_
䏿–‡ Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Francais_
Italiano_
Portugues_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
_The.Supplement
Premières lignes des dix derniers messages
Greek_
Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Francais_
Italiano_
Polski_
Portugues_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe
Premières lignes des dix derniers messages
Premières lignes des messages des dernières 24 heures
Premières lignes des messages des dernière
last 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2014 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019 |
of 2020 |
of 2021 |
of 2022 |
of 2023
(fr) Socialisme Libertaire - Élisée Reclus: La révolution
Date
Thu, 2 Feb 2023 19:52:45 +0000
La Plume n° 97 - 1er mai 1893 - Numéro spécial sur l'Anarchie. ---- «Ce
serait chimère d'attendre que l'Anarchie, idéal humain, puisse sortir de
la République, forme gouvernementale. Les deux évolutions se font en
sens inverse; et le changement ne peut s'accomplir que par une rupture
brusque, c'est-à-dire par une révolution. Mais n'y a-t-il pas aussi des
socialistes parmi les gens à l'affut du pouvoir? Sans doute, et ce sont
précisément ceux que nous redoutons le plus. C'est par décret qu'ils
feront le bonheur du peuple, par la police qu'ils auront la prétention
de se maintenir! Le pouvoir n'est autre chose que l'emploi de la force:
leur premier soin sera donc de se l'approprier, de consolider même
toutes les institutions qui leur faciliteront le gouvernement de la
société. Peut-être auront-ils l'audace de les renouveler par la
«science» afin de leur donner une énergie nouvelle. C'est ainsi que dans
l'armée on emploie des engins nouveaux, des poudres sans fumée et ces
inventions ne servent qu'à tuer plus rapidement; c'est ainsi que dans la
police, on a inventé l'anthropométrie, un moyen de changer la France
entière en une grande prison. On commence par mesurer les criminels
vrais ou prétendus, puis on mesure les suspects, et nous finirons par y
passer tous. «La police et la science se sont entrebaisées», aurait dit
le Psalmiste.
Ainsi, rien, rien de bon ne peut nous venir de la République et des
républicains arrivés, c'est-à-dire détenant le pouvoir. C'est une
chimère en histoire, un contre-sens de l'espérer. La classe qui possède
et qui gouverne est fatalement ennemie de tout progrès. Le véhicule de
la pensée moderne, de l'évolution intellectuelle et morale est la partie
de la société qui peine, qui travaille et que l'on opprime. C'est elle
qui élabore l'idée, elle qui la réalise, elle qui, de secousse en
secousse, remet constamment en marche ce char social, que les
conservateurs essaient sans cesse de caler sur la route, d'empêtrer dans
les ornières ou d'enliser dans les marais de droite ou de gauche. La
forme extérieure de la société doit changer en proportion de la poussée
intérieure et nul fait d'histoire n'est mieux constaté. C'est la sève
qui fait l'arbre et qui lui donne ses feuilles et ses fleurs, c'est le
sang qui fait l'homme, ce sont les idées qui font la société. Or il
n'est pas un conservateur qui ne se lamente de ce que les idées, les
moeurs, tout ce qui fait la vie profonde de l Humanité, se soit modifié
depuis le «bon vieux temps». Les formes sociales ne doivent-elles pas
changer aussi? La Révolution se rapproche en raison même du travail
intérieur des esprits.
Que chacun fasse appel à ses souvenirs pour constater les changements
qui se sont produits déjà dans la manière de penser et de sentir, depuis
le milieu du siècle! La nécessité d'un maître, d'un chef ou capitaine en
toute organisation paraissait hors de doute: un Dieu dans le ciel, ne
fut ce que le Dieu de Voltaire, un souverain sur un trône ou sur un
fauteuil, ne fut-ce qu'un roi constitutionnel ou un président de
république, «un cochon à l'engrais», suivant l'heureuse expression de
l'un d'entre eux; un patron pour chaque usine, un bâtonnier dans chaque
corporation, un mari, un père à grosse voix dans chaque ménage. Mais de
jour en jour le préjugé se dissipe et le prestige des maîtres diminue,
les auréoles pâlissent à mesure que grandit le jour.
La diminution du respect est dans la pratique de la vie le résultat
capital de cette évolution des idées. Allez chez les prêtres, bonzes ou
marabouts: d'où vient leur amertume? de ce qu'on ose penser sans leur
avis. Et chez les grands personnages: de quoi se plaignent-ils? de ce
qu'on les aborde comme d'autres hommes. On ne leur cède plus le pas, on
néglige de les saluer. Et quand on obéit aux représentants de
l'autorité, c'est parce que le gagne-pain l'exige, et, qu'on leur donne
en même temps les signes extérieurs du respect, on sait ce que valent
ces maîtres et leurs propres subordonnés sont les premiers à les tourner
en ridicule. Le respect s'en va, mais non pas ce juste respect qui s
attache à l'homme de droiture, de dévouement et de labeur, mais ce
respect bas et honteux qui suit la richesse ou la fonction, ce respect
d'esclave qui porte la foule des badauds vers le passage d'un roi, et
qui change les laquais et les chevaux d'un grand personnage en objets
d'admiration. Et non seulement le respect s'en va, mais ceux là qui
prétendent le plus à la considération de tous sont les premiers à
compromettre leur rôle d'être surhumains.
* * *
Dans le monde qui travaille, où l'on a pourtant bien des causes de
tristesse, on n'a pas le temps de se livrer aux langueurs du pessimisme.
Les grands événements auxquels notre génération a participé sont issus
du monde du travail, et les «classes dirigeantes» n'y ont été pour rien.
L'Internationale! Depuis la découverte de l'Amérique et la
circumnavigation de la Terre, n'est-ce pas le fait le plus considérable
de l'histoire des hommes? Colomb, Magellan, El Cano ont constaté, les
premiers, l'unité matérielle de la Terre, et depuis cette époque, maints
philosophes et révolutionnaires avaient prévu sa future unité morale.
Que de fois n'a-t-on pas célébré les jours à venir où disparaîtraient
les frontières, mais elles n'en existaient pas moins, jusqu'au jour où
des travailleurs anglais, français, allemands, oubliant la différence
d'origine et se comprenant les uns les autres malgré la diversité du
langage. se réunirent pour ne former qu'une seule et même nation, au
mépris de tous les gouvernements respectifs.
Déjà des signes avant-coureurs ont annoncé la grande lutte. N'avons-nous
pas vu, le 1er Mai 1890, les ouvriers du monde entier s'unir dans une
même pensée pour répondre à l'appel d'un inconnu quelconque, peut-être
d'un camarade australien? N'a-t-il pas été prouvé ce jour-là, que
l'Internationale était bien ressuscitée, non point à la voix des chefs,
mais par la pression des foules? Ni les «sages conseils» des socialistes
en place, ni l'appareil répressif des gouvernements n'ont pu empêcher
les opprimés de toutes les nations de se sentir frères sur tout le
pourtour de la planète et de se le dire les uns aux autres.
La force des choses, c'est-à-dire l'ensemble des conditions économiques,
fera certainement naître pour une cause ou pour une autre, à propos de
quelque fait imprévu, une de ces crises soudaines qui passionnent même
les indifférents, et nous verrons tout à coup jaillir cette immense
énergie qui s'est emmagasinée dans le coeur des hommes par le sentiment
violé de la justice. par les souffrances inexpiées, par les haines
inassouvies. Chaque jour peut amener une catastrophe et la situation est
tellement tendue que dans chaque pays on s'attend à un éclat, qui sait!
peut-être la première fusée de l'explosion! Le renvoi d'un ouvrier, une
grève locale, un massacre fortuit, peuvent être la cause de la
révolution, de même qu'une simple étincelle peut allumer une poudrière.
C'est que le sentiment de solidarité gagne de plus en plus et que toute
secousse locale tend à ébranler l'Humanité. Il y a deux ans à peine
qu'un ouvrier proposa quelque part la «grève générale»! Le mot parut
bizarre, on le prit pour l'expression d'un rêve, d'une espérance
chimérique, puis on le répéta d'une voix plus haute, et maintenant il
retentit si fort que le monde des capitalistes en tremble. Non, la grève
générale n'est pas impossible. Salariés Anglais, Belges, Français,
Allemands, Américains, Australiens, comprennent qu'il dépend d'eux de
refuser le même jour tout travail à leurs patrons, et ce qu'ils
comprennent aujourd'hui, pourquoi ne le pratiqueraient-ils pas demain?
Un vent d'orage passe sur les peuples comme sur l'Océan: attendons-nous
à la tempête!
Ainsi les grands jours s'annoncent. L'évolution s'est faite, la
révolution ne saurait tarder. D'ailleurs ne s'accomplit-elle pas
constamment sous nos yeux par multiples secousses? Plus les
travailleurs, qui sont le nombre, auront conscience de leur force, et
plus les révolutions seront faciles et pacifiques. Finalement, toute
opposition devra céder et même céder sans lutte. Le jour viendra où
l'Évolution et la Révolution se succédant immédiatement, du désir au
fait, de l'idée à la réalisation, se confondront en un seul et même
phénomène. C'est ainsi que fonctionne la vie dans un organisme sain,
celui d'un homme ou celui d'un monde.»
Élisée Reclus
SOURCE: Bibliothèque Libertaire - Encyclopédie anarchiste
https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/12/elisee-reclus-la-revolution.html
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr