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(fr) CNT-AIT Redon - Maisons de retraite et EHPAD: Quand la maltraitance est institutionnelle
Date
Thu, 27 Jan 2022 19:08:18 +0000
De nouveau le scandale des conditions de travail et de résidence dans
les maisons de retraites et des EPHAD est sur le devant de la scène.
---- Pour comprendre ce qui est en jeu, nous republions un article que
nous avions écrit il y a exactement 10 ans , en 2009, lorsque nous
avions appuyé des luttes et grèves des personnels de différentes maisons
de retraite. mais comme ces mouvements étaient restés localisés, il
n'avaient pas pu enclencher de dynamique collective capable d'inverser
le rapport de force, ---- Sur le fond si rien n'a fondamentalement
changé (à part le nom des ministres, mais pas leur politique ...), peut
être la prise de conscience généralisée née de ce mouvement pourra
amener à une grève générale (et non des luttes isolées) qui permettrait
d'obtenir un rapport de force suffisant?
MAISONS DE RETRAITE: LA MALTRAITANCE EST INSTITUTIONNELLE
(Article écrit en février 2009)
Un scandale permanent
C'était il y a pile 10 ans, en 1998[soit plus de 20 ans en 2019 ... Une
génération!]. La revue «60 millions de consommateurs» publiait un
dossier sur les maisons de retraite. Son titre? «Le scandale». Un mot
qui n'a pas fini de revenir chaque fois qu'il est question du sujet. Et
qui n'est pas là par hasard!
Face à l'émotion du public devant ce «monde hermétique, ..., où trop
souvent le seul objectif est l'appât du gain», on nous en promet, alors,
des choses! Pas sur le fond, car les responsables de notre société,
basée sur la ségrégation, n'envisagent nullement de mettre en place
d'autres modes de vie, plus humains, pour les personnes âgées. Mais, sur
la forme: «On va moraliser les maisons de retraite» devient leur
leitmotiv des pouvoirs publics.
Dix ans après, ça continue, pas en mieux, sinon en pire! Entre temps,
des dossiers, des émissions, des bouquins, des témoignages, des réunions
de concertation, des formations, des rapports... ce n'est pas ça qui a
réellement manqué.
Prenons quelques exemples chez des gens peu suspects de sympathies
anarchosyndicalistes. Après la canicule, dont la gestion lamentable
constitue, un crime d'Etat, Le Figaro, journal hautement sarkozyste
écrivait sous le titre «Maisons de retraite: le scandale continue»:
«Plus de 4 600 des 15 000 victimes de l'été dernier ont trouvé la mort
dans ces établissements censés les protéger.» Comme «protection», en
effet, on fait mieux... Coupable d'avoir laissé crever de déshydratation
15 000 personnes âgées, le gouvernement renouvelle ses promesses, avec,
cette fois-ci, à la clef, une idée «lumineuse»: la création d'une
nouvelle taxe, la fameuse journée dite de solidarité, qui devait -
promis, juré - améliorer définitivement le sort des vieux. Résultat:
nous, on paye; eux, ils ont toujours rien vu.
Et tout a continué comme avant. Autre exemple entre mille: en 2007, Zone
Interdite (M6) diffusait le documentaire: «Héritages détournés, maisons
de retraite sans scrupule: le scandale des personnes âgées maltraitées».
Résumé de la présentation de cette émission: «Des témoignages
accablants. Vexations, privations, méchancetés. Au banc des accusés, les
conditions de travail: moyens insuffisants, absence de contrôle, manque
de personnel qualifié ... dans cet univers caché où règne la loi du
silence.» En 2008, d'autres émissions télé à forte audience faisaient le
même constat («Maisons de retraite, du scandale à l'espoir», sachant que
«l'espoir» apparaissait bien lointain...). Ceux qui voudraient, en 2009,
montrer de nouvelles images ne manqueront pas de matière!
Plus ça change, plus c'est la même chose
En effet, si les conditions de vie sont variables d'une maison à
l'autre, il ne faut pas «gratter» beaucoup pour avoir des détails
honteux! Il suffit d'interroger les familles... à distance, à cause de
la loi du silence: certaines maisons menacent de renvoyer un
pensionnaire si la famille se montre trop loquace...
Cela ne suffit pas à faire taire les témoins, même s'ils sont obligés de
se réfugier dans l'anonymat. Ici, «Les toilettes du matin ne se
terminent que vers 11 heures alors, on prend le petit déjeuner vers
11h30!!!». Là, «... des petits trucs m'ont alertée, lorsque je venais et
que je donnais à manger à ma mère elle dévorait comme si elle n'avait
rien mangé depuis 15 jours, ensuite une jeune stagiaire avec qui j'avais
sympathisé m'a dit «Votre mère est restée toute une après-midi assise
liée dans son fauteuil avec son verre d'eau en face d'elle sur la table
mais comme elle ne peut pas boire toute seule elle a donné des coups de
pieds dans la table pour le faire tomber, je le lui ai donné moi-même».
Ailleurs «Ma mère de 92 ans, qui vit dans une chambre de neuf mètres
carrés, ne quitte jamais son étage. Elle n'a pas mis un pied dehors
depuis des mois parce que l'ascenseur est trop petit pour son fauteuil
roulant». Ou encore ce constat d'un médecin «Les prescriptions
médicamenteuses sont trop importantes avec beaucoup de calmants, de
psychotropes», bel euphémisme pour dire qu'on les abrutit de calmants.
Tout ça, sans parler des patients souillés qui attendent des heures
qu'on puisse les changer,... le tout sur fond de misère affective et
psychologique.
La raison de la maltraitance: l'appât du gain
La raison de cette maltraitance institutionnelle est évidente et bien
connue, «... le seul objectif est l'appât du gain» disait déjà»60
Millions de consommateurs».
D'où les tarifications exorbitantes. C'est facile: l'incurie des
politiciens face au vieillissement de la population (un phénomène
pourtant hautement prévisible) a créé la pénurie. Résultat, le taux
d'occupation des maisons de retraite atteint les 98 % et il y a des
listes d'attente! D'où aussi la réduction «des couts de production» et
avant tout, la compression des frais de personnel, et donc un sous
effectif constant et une sous-qualification. Sans oublier les petits
bénéfices: on rogne sur la qualité des repas, le chauffage, la
literie... quant aux sorties et distractions, et même à la véritable
rééducation fonctionnelle au quotidien, elles fondent comme neige au soleil.
Jean Charles Escribano, auteur de «On achève bien nos vieux» et réputé
bon connaisseur de la question, donne des chiffres très intéressants
dans une interview au «Mensuel de l'Université». Il reprend une
déclaration du président de l'Association des maisons de repos belges:
dans ce pays, il y a en moyenne un professionnel par personne âgée
(contre un pour deux personnes âgées en France). Et pourtant, le tarif
de base est pour les familles de l'ordre de 1 300 euros par mois, contre
plus de 2 300 euros en France (sommes auxquelles il convient d'ajouter,
dans les deux cas, des financements publics de même nature). Or, Le cout
de la vie en Belgique et en France est du même ordre. La différence ne
doit pas être perdue pour tout le monde...
L'organisation de la maltraitance
Effectivement, la norme pour pouvoir s'occuper d'une population de
personnes âgées dont une forte proportion est grabataire, c'est un
salarié pour une personne (de façon à couvrir les besoins jours et nuit
à longueur d'année). En maintenant leurs personnels à mi-effectif, les
maisons de retraite organisent la maltraitance institutionnelle: les
personnels, malgré toute leur bonne volonté, n'ont pas d'autre choix que
de travailler vite, très vite. On voudrait les pousser à commettre des
erreurs, qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Ici aussi les situations sont variables d'un établissement à l'autre,
mais les témoignages (souvent de professionnels qui ont quitté le
circuit, loi du silence oblige) abondent: Marie-Claude, infirmière: «A
..., il y a une femme pour faire 15 toilettes, nettoyer 25 chambres et
servir 25 petits déjeuners en trois heures et demie». Mathilde, femme de
ménage: «Chez nous, la nuit, nous ne sommes que deux pour 96 personnes
âgées dont plusieurs sont lourdement dépendantes, parfois en soins
palliatifs. Bien sur, il n'y a pas la moindre infirmière de nuit. Il
faut se «débrouiller» toutes seules. Quant un patient décède, il nous
est interdit de réveiller la directrice, il paraît que ça dérange son
mari. Il nous faut faire la toilette mortuaire. Moralement, c'est
éprouvant, surtout quant ce sont des personnes auxquelles on s'est
attachées. On en crève». Jeannine: «Notre travail, c'est de l'abattage,
comme dans une usine. Nous travaillons à flux tendu. Faute de temps et
de personnel, certaines personnes âgées n'ont pas plus d'une douche par
mois». Le tout aboutit à des situations tragiques comme dans cette
maison de retraite de Saint-Germain-en-Laye où, sous un amas de matelas
et un amas de cartons fut découvert le cadavre d'une pensionnaire...
disparue depuis un an. Une maison pourtant certifiée, comme toutes les
autres, par la DDASS. Cela n'étonne pas les professionnels: les
directions connaissent toujours les dates des contrôles des DDASS
suffisamment en avance pour «faire ce qu'il faut».
La maltraitance institutionnelle: les salariés en pâtissent aussi
En sous-effectif constant, les personnels sont, ne serait-ce que de ce
fait, profondément maltraités
Pas tous cependant. Il y a une notable exception: les directeurs. Dans
notre pays où même les crottes de chien sur les trottoirs sont
règlementées, il y a quelque chose qui ne l'est pas encore vraiment:
être directeur de maison de retraite. Ça montre, si besoin en était,
l'intérêt que l'Etat porte à la sécurité des personnes âgées... A ce
jour en effet, en pratique, n'importe qui peut diriger une maison de
retraite.
En février 2007, un décret a quand même été pris pour imposer aux
directeurs un minimum de compétence, mais il leur laisse un délai de...
presque 10 ans pour se mettre en conformité!
Mais pareille mansuétude ne s'applique pas aux salariées de base. Pour
elles (ce sont essentiellement des femmes), les conditions sont
extrêmement dures: travail de jour ou de nuit, les jours fériés aussi,
... au bon vouloir de l'employeur qui a toute facilité pour changer les
plannings; locaux inadaptés (d'où surcharge de travail); lits et
matériel tout aussi inadaptés (d'où maladies musculo-tendineuses,
sciatiques, ...), confrontation au vieillissement et à la mort sans
soutien (d'où dépressions, anxiété)... et pression pour qu'elles fassent
des actes techniques qu'elles n'ont pas le droit de faire (comme
distribuer des médicaments pour des personnels de service), tout cela
pour des salaires minables: SMIC horaire ou à peine plus (souvent, pour
éviter les primes d'ancienneté, ces patrons de choc se débrouillent pour
«faire partir» les salariées les plus anciennes). De plus ces véritables
industries à forte rentabilité imposent souvent à leurs salariées des
temps partiels, les condamnant à la précarité.
Là ne s'arrêtent pas les pratiques maltraitantes: outre les changements
d'horaires (ce qui est une bonne façon de pousser les employées à la
démission, cas par exemple de Latifa, mère de famille, dix ans
d'ancienneté sans aucun reproche, pour laquelle les horaires étaient
devenus tout d'un coup incompatibles avec la mise de ses enfants en
crèche), outre les primes «à la tête du client» et les plannings de même
(application du fameux principe «Diviser pour régner») beaucoup de
maisons cherchent à faire porter le poids de la maltraitance
institutionnelle sur leurs employées. Cette culpabilisation, assortie de
la menace de licenciement et même de poursuites, est une épée de
Damoclès sur leur tête. Sans compter les directions qui font un usage
abusif des «mise à pieds»... Autant de façons de harceler les salariés.
!!!!la réponse du gouvernement: répression et baratin
L'épée de Damoclès, le gouvernement la brandit lui aussi avec cynisme.
On vient de le voir, avec les affaires des hôpitaux: à Nice, un
urgentiste surmené travaille vite (mais bien), en garde-à-vue! A Paris,
une infirmière qui court partout faute de collègues en nombre suffisant,
se trompe de flacon: en garde-à-vue, et poursuivie! Le régulateur Samu
de l'Essonne ne trouve pas, malgré 27 appels, de place pour un mourant,
la ministre de la santé s'en étonne publiquement et laisse entendre
qu'il est incompétent! Pendant ce temps, les véritables responsables ne
se sentent toujours pas coupables. Entre deux bronzages outre-mer ou
quelques réveillons entre «pipoles», ils font les naïfs, se renvoient la
balle, et continuent toujours la même politique. Et hôpitaux ou maisons
de retraite, c'est du pareil au même. Loin de reconnaître ses immenses
responsabilités, le pouvoir manie le bâton (menaces et gardes-à-vue) et
la carotte sous forme de la
«fameuse-formation-qui-va-enfin-nous-apprendre-à-bient-travailler». Le
tout sur fond du fameux couplet «On va moraliser les maisons de
retraite». Mais toujours, il fait semblant d'oublier l'essentiel, qu'il
faut commencer par doubler les effectifs du personnel de base!
Enfin du nouveau: des salariés et des familles pas décidés à se laisser
faire
Il y a quand même des choses nouvelles. La première, c'est que tout le
monde sait maintenant que la maltraitance institutionnelle, organisée
pour augmenter la rentabilité, est une réalité. En particulier, des
familles comprennent que, ce qui leur arrive, n'est pas un cas isolé, un
dysfonctionnement local, du à une «mauvaise employée» mais la
conséquence d'un système qui tire tout son profit de sa rapacité. La
deuxième, c'est que les salariés eux-mêmes commencent à comprendre que
maltraitance sur personne âgée et harcèlement du personnel ne sont
jamais que les deux faces d'une même médaille!
Ce n'est pas la première fois que la CNT-AIT aborde la question des
maisons de retraite et autres lieux du même acabit. A chaque fois, et
c'est le cas cette fois-ci encore, c'est à l'appui d'actions de
salariés. De défense de travailleurs licenciés sous les prétextes les
plus fallacieux en campagnes de protestation, nous constatons, que ces
mini-actions laissent des traces et que la compréhension des enjeux
ainsi que la combativité se manifestent, parfois là où on l'attendait le
moins. Tout comme il devient évident pour un nombre croissant de
salariés que ces patrons de choc ne sont finalement que des colosses aux
pieds d'argile, et qu'il en faudrait assez peu pour faire cesser leurs
pratiques scandaleuses: un peu d'union entre nous, des liens avec les
familles, en évitant soigneusement tous les «médiateurs» qui ont pour
rôle de faire que cela ne change jamais («représentants» du personnel,
syndicats de collaboration, ...). Qu'on se le dise. Si nous sommes plus
nombreux à le comprendre, à le dire, à le faire, certains patrons, ceux
par exemple qui se sentiront visés en lisant les témoignages, pourraient
être obligés de changer de pratiques...
»Gérontologix»
https://cntaitinitiativeredon.wordpress.com/2022/01/27/maisons-de-retraite-et-ehpad-quand-la-maltraitance-est-institutionnelle
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