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(fr) Organisation Communiste Libertarie (OCL) - Courant Alternatif, CA #233 - logement -- SQUATT DE SANS PAPIERS À CAEN

Date Wed, 04 Dec 2013 20:14:15 +0200


Depuis plusieurs mois, l'Etat a décidé de se désengager de bon nombre de DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale), finançant les centres d'hébergement d'urgence via le 115 ---- C'est le cas à Clermont-Ferrand, situation qui a récemment été médiatisée. Mais c'est aussi le cas à Lyon, Paris, Bordeaux, Nantes, etc. ... Et Caen. C'est à partir de la fin du mois de mai que la situation a commencé à se durcir pour le 115 de l'agglo caennaise. Entre mai et août 2013, ce sont plus de 200 personnes, seules ou avec familles (souvent avec enfants) qui ont été expulsées de l'hébergement d'urgence, sans possibilité de relogement, principalement sans papiers, déboutées des demandes d'asile, ou en demande d'asile... Rappelons que ces personnes demandeuses d'asile n'ont pas le droit de travailler pendant l'instruction de leur dossier administratif.

LES PREMIÈRES MANIFESTATIONS

Elles ont débuté en juin, à l'initiative
du « Collectif 14 pour le respects du
droit des étrangers », conglomérat
d'organisations syndicales, politiques,
et associatives, soit une trentaine d'or-
ganisations signataires. Le terme si-
gnataire est ici important, car la réalité
du fonctionnement de ce collectif re-
pose surtout sur des individu-e-s dont
le non mandatement par leur organi-
sation est pour la plupart une évi-
dence. Le PS fait parti de ce collectif...
Il peut ainsi redorer son blason huma-
niste tout en étant l'actuel respon-
sable de la xénophobie d'Etat et de
toutes ses conséquences (rafles, ex-
pulsions, exploitation économique des
sans papiers et des étrangers, etc.). Ra-
pidement, ce collectif a appelé à une
assemblée générale ouverte, puis une
deuxième, où ont été débattus et envi-
sagés les moyens de contester. La
composition de ces assemblées géné-
rales était pour le moins inhabituelle :
un représentant du PS, des citoyen-
nistes de la LDH, des militant-e-s as-
sociatifs (notamment de l'ASTI), des
syndicalistes de Solidaires -et à
moindre mesure de la FSU, qui dispa-
raitront très rapidement-, des mili-
tant-e-s du NPA, de
Solidaires-Etudiante-s, des libertaires,
des individu-e-s pas forcément « caté-
gorisables » (et tant mieux)... et des
expulsé-e-s des centres d'héberge-
ment d'urgence, d'origine albanaises,
tchétchènes, mongols... Bref, de quoi
rendre ces assemblées bien conflic-
tuelles et longues (temps de traduc-
tion...).

QUEL FONCTIONNEMENT?

Dès les premières, la question des
organisations a été mise sur le tapis.
Comment s'organise-t-on ? Une per-
sonne est-elle égale à une voix ? Quel
rôle ont les organisations ? Notam-
ment le PS ? Sa présence est-elle ac-
ceptable ? Reste-on uniquement sur la
question du logement d'urgence ou
élargie-t-on à la xénophobie d'Etat ? Y
a-t-il des traducteurs ?? Plusieurs di-
zaines de personnes sont à la rue,
parle-t-on de l'ouverture d'un squat ??
A Caen comme ailleurs, ce ne sont
pas les logements vides qui man-
quent. Dès la deuxième assemblée gé-
nérale, la question d'un squat a été
mise en avant. Celles des organisa-
tions aussi : le collectif 14 « pour le
respect du droit des étrangers » ne
doit pas être le « gérant » de cette
lutte. C'est une assemblée générale
ouverte à toutes et tous qui doit
prendre les décisions, avec et pour les
expulsé-e-s. Côté libertaires, des di-
vergences sont apparues : jusqu'où et
avec qui « compose-t-on » ? Doit-on
accepter le soutien des organisa-
tions ? Malgré tout, une commission
repérage pour trouver, puis ouvrir et
occuper un lieu s'est rapidement mise
en place, après avoir eu l'aval et réussi
à convaincre les expulsé-e-s de cette
possibilité. Ce qui ne fût pas une
mince affaire avec cetains citoyen-
nistes et surtout le type du PS freinant
des quatre fers et essayant de faire
peur aux expulsé-e-s. Malgré tout, ces
dernier-e-s nous ont fait confiance, et
nous n'avons (fort heureusement)
plus revu le PS tout comme bon
nombre de citoyennistes. Fin juin, le
squat fût ouvert, rapidement appelé
au « 202 », lié au numéro de la rue (202
rue de Bayeux). Ce lieu accueillait 10
mois auparavant un foyer pour
femmes isolées et/ou femmes bat-
tues, et appartient à Calvados Habitat,
l'un des principaux bailleur dit « so-
cial » de Caen. Composé de plusieurs
petits appartements et d'une maison
à multiples pièces de deux étages
ainsi que de plusieurs salles de bain,
il a accueilli en trois mois plus de 70
personnes. Une assemblée générale
dite « de lutte contre toutes les expul-
sions », continuité des AG appelées
par le collectif d'orgas, s'est consti-
tuée, chargée de débattre des déci-
sions d'ordre politique, avec l'aval et
l'avis -encore un fois- des habitant-
e-s, sur la base d'une personne = une
voix. Les questions des expulsions des
centres d'hébergement d'urgence et
de la xénophobie d'Etat ont rapide-
ment étaient liées : expulser des indi-
vidus et familles d'origine étrangère à
la rue est bien une arme de plus de la
gestion anti-migratoire migratoire et
d'exclusion de l'Etat. D'où la mise en
avant de la revendication « régularisa-
tion de tou-te-s les sans papiers ».

En un week-end, le « 202 rue de
Bayeux » fut aménagé avec de la
récup' des encombrants, des per-
sonnes venant aider à organiser le
lieu, faire des travaux. C'est à partir de
ce moment que la lutte débuta réelle-
ment, avec ses contradictions in-
ternes.

COMMENT NE PAS ÊTRE UN RELAIS DE L'ETAT ?

Comment faire auto-organiser le lieu
avec d'un côté, des citoyennistes se
complaisant dans un rôle paternaliste,
et de l'autre des étranger-e-s, ne par-
lant pas le français, n'ayant pas l'habi-
tude de ce mode de fonctionnement ?
Faut-il passer dans les médias bour-
geois ou non ? Sur cette question, la
majorité y était -et y est- favorable (ce
alors même que ces médias de masse
assènent continuellement mensonges,
contre-vérités et manipulations). Un
moyen de diffusion propre à l'AG a
quand même vu le jour sous la forme
d'un 4 à 6 pages apériodique nommé
« info-lutte », principale-
ment géré par les plus ré-
fractaires-trices aux
médias bourgeois.

Le proprio des lieux,
qui n'a aucun projet entre
les mains, a porté plainte
pour occupation illégale.
Nous avons alors attendu
le rendu de jugement jus-
qu'au 10 septembre. Le Tri-
bunal d'Instance a
évidemment donné raison
au droit de propriété, jus-
tice de classe oblige.

Ainsi, tout au long de l'été un rythme
soutenu de lutte a été maintenu : deux
AG politiques par semaine, une manif
hebdomadaire, sans compter les nom-
breuses diff de tracts dans le quartier
et sur les marchés, les actions excep-
tionnelles telle qu'une occupation du
siège de Calvados habitat, un comité
d'accueil pour notre "chère" Taubira,
ou encore intervention pendant la
journée de manif contre le projet de ré-
forme des retraites... D'un autre côté, il
fallait mieux organiser le quotidien de
ce lieu, notamment pour arrêter cer-
tains agissements infantilisants et pa-
ternalistes. Des AG d'occupant-e-s se
sont mises en place. Il était plus facile
pour les étranger-e-s de s'auto-organi-
ser dans ces petites AG. De plus, la voix
de français, qui pouvaient s'y exprimer,
passaient au second plan. Il s'y est or-
ganisé des cours de français, des
concerts, des projections de films.
Bref, il fallait -et faut- être sur beau-
coup de fronts en même temps.

OU EN EST-ON AUJOURD'HUI?

Evidement la lutte continue, rien
ne s'est arrangé. Le Jeudi 19 sep-
tembre, nous avons été délogé-e-s
par les forces de l'ordre à 6h du mat.
Nous l'avions anticipé, la plupart des
affaires avaient été déménagées, il
ne restait que le nécessaire. Nous
avons été regroupés comme des
moutons au milieu de la cour. Dans
le même temps, un rassemblement
de soutien commencé à voir le jour à
l'extérieur, via une chaine télépho-
nique bien organisé. Contrôle d'iden-
tité pour tou-te-s ceux/celles à
l'intérieur et 2 nouvelles OQTF en
prime ! Quelques heures plus tard, le
squat était vide et une entreprise est
venue démolir les fenêtres et murer
les entrées des bâtiments, prouvant
une fois qu'aucun projet immédiat
n'était en cours. Pour l'Etat, mieux
vaut une fois de plus un logement
vide et des gens à la rue.

Dans sa bonté légendaire, la Pré-
fecture a promis 7à 15 jours en hôtel
pour les familles. Les familles ont ac-
cepté pour l'instant. Mais nous sa-
vons tous que passé ce délai, ce sera
la rue, et que le chiffre des expul-
sions risque de grimper. Cette lutte
n'en est probablement qu'à ses dé-
buts. Un appel national est lancé par
l'AG de lutte contre toutes les expul-
sions pour des rencontres nationales
sur ces thématiques (logement, xé-
nophobie d'Etat)1, afin de pouvoir
échanger et essayer de construire un
rapport de force national.

Des papiers pour tou-te-s ! (ou plus
de papiers du tout !) Un logement dé-
cent et pérenne pour tou-te-s ! Seule
la lutte paye !

Seb et Ben, Caen.
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