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(fr) UKRAINE: L'anarchisme dans un contexte de guerre civile Par Antti Rautiaine (en)
Date
Thu, 15 May 2014 07:08:44 +0300
Vendredi 2 mai, la maison des syndicats d'Odessa a pris feu. Au moins 42 personnes ont
trouvé la mort au cours des affrontements qui ont lieu dans cette ville, la plupart dans
l'incendie et quelques autres dans les combats de rues. Il y a un excellent témoignage
direct des événements disponible ici: http://napaki.livejournal.com/100072.html (en russe,
non lu par le traducteur). ---- Les événements ont commencé alors que des combattants
armés antiMaidan et pro-russes ont attaqué une manifestation organisée par des ultras de
football aux sympathies nationalistes. Cette agression a fait quelques morts mais les
pro-russes se sont rapidement retrouvés dans une situation défavorable. Ils se sont
retirés vers leur campement de protestation dans le parc de Kulikovo mais les manifestants
pro-Kiev les y ont suivis et ont mis le feu au camp. Les pro-russes se sont ensuite
réfugiés dans la maison des syndicats, qui a rapidement pris feu aussi. On peut voir sur
cette video (http://www.youtube.com/watch?v=s9AMjLBIliw&feature=youtu.be) comment
l'incendie s'est propagé. A la deuxième minute, on peut voir une flamme derrière une
fenêtre fermée, ce qui laisse supposer qu'une partie de l'incendie a démarré à
l'intérieur. Ce qui est possible, à cause des accidents liés à l'utilisation de cocktails
Molotov, utilisés des deux côtés lors des combats. Cela dit, on voit aussi des
nationalistes pro-ukrainiens jeter des cocktails Molotovs, ce qui les rend au moins
partiellement responsable de l'incendie.
Il y a des doutes quant au fait de savoir si le noyau dur des pro-russes qui ont attaqué
la manifestation avec des armes à feu étaient, ou non, des provocateurs hors-sol. Dans
tous les cas, il est certain que parmi les gens qui étaient dans la maison des syndicats,
il en était qui n'avaient absolument rien à voir avec l'agression. Dans un certain nombre
de photos, on peut voir la police protéger le noyau dur des agresseurs. En dehors de ça,
la police a été très passive pendant l'incendie et n'est pas intervenue dans les
évènements. Même si elle n'était peut-être pas partie prenante d'une conspiration, ils
n'ont dans tous les cas pas du tout agi de manière professionnelle.
Pendant le week-end, les troupes du gouvernement central et les «fédéralistes» locaux ont
levé une guerre dans la ville de Kramatorsk en Ukraine de l'est. Ce qui signifie que ce
qui se passe actuellement en Ukraine peut d'ors et déjà être considéré comme une guerre
civile. Dans les semaines qui viennent, nous allons découvrir à quel point cette situation
de guerre va s'étendre et si la Russie va y intervenir, ou non. Je me considère très
informé du contexte russe puisque j'ai vécu plus de 12 ans à Moscou, mais cela ne veut pas
dire que je le suis autant pour l'Ukraine. Je n'ai seulement visité le pays que trois fois
dans les dernières années et je n'ai guère plus qu'une vingtaine d'ami-e-s là-bas. Malgré
tout, en me renseignant un peu sur ce qui se passe en Ukraine, j'ai vite compris qu'une
guerre civile pouvait devenir un scénario possible là-bas. Tous mes ami-e-s ukrainiens,
cependant, étaient absolument certain-e-s qu'une telle chose ne pouvait arriver là-bas. Et
ce malgré toutes les différences entre l'Ukraine occidentale et l'Ukraine orientale,
personne n'était préparé à tuer en leurs noms. Illes étaient convaincu-e-s que l'Ukraine
ne deviendrait jamais une autre Yougoslavie. Tou-te-s avaient des connaissances, des
ami-e-s et des amant-e-s des deux côtés du fleuve Dnieper, et ukrainophones et
russophones. Mais en ne prenant en compte que ses propres ami-e-s, on tombe vite dans le
piège du microscope, oubliant de ce fait tous les mécanismes qui créent de la haine sur un
large niveau.
La guerre ne requiert pas une haine personnelle entre les gens, les raisons économiques et
géopolitiques sont suffisantes. Et en Ukraine, les intérêts géopolitiques sont nettement
plus grands qu'en Yougoslavie. Si quelqu'un a intérêt à attiser les haines ethniques ou
les sentiments belliqueux, un simple petit accrochage à base ethnique suffit. Quelques
violences, meutres et kidnappings et tout le monde est en ordre en bataille. Ca a marché
aujourd'hui en Ukraine juste comme ça a marché dans de nombreux autres endroits.
A l'heure actuelle, la «gauche» occidentale semble assez désorienté à propos des
évènements en cours là-bas. C'est parce que la «gauche», au sens large, n'est pas vraiment
un concept utile dans l'ex-URSS, puisqu'elle peut signifier n'importe quoi depuis les
sociaux-démocrates jusqu'aux anarchistes, en passant par les staliniens qui soutiennent
Poutine. Personnellement, je préfère toujours écrire ce mot entre guillemets. Je me sens
anarchiste, pas de «gauche», puisque depuis maintenant un certain nombre d'années les
anarchistes ont été la seule force politique en Russie qui combinait les principes
éthiques d'opposition au racisme, au sexisme et à l'homophobie avec ceux de l'égalité
sociale. Jusqu'à très récemment, il n'y a pas vraiment eu quelque chose de l'ordre de la
«nouvelle gauche» en Russie, à l'exception d'une poignée de trotskistes.
Une fracture au sein de la «gauche» en Ukraine est non seulement très probable mais aussi
nécessaire. A Kharkiv, dans les combats de rues, l'organisation stalinienne «Borotba» (qui
signifie lutte en ukrainien) a combattu contre les côtés où se trouvaient les anarchistes.
Dans la région de l'ex-URSS, 99,9 % de la «gauche» supportera toujours l'impérialisme sous
prétexte d'être «avec le peuple». Il est temps que les anarchistes refuse l'association
sémantique avec le terme «gauche». Nous n'avons rien en commun avec ces gens.
Mais les anarchistes aussi peuvent se retrouver facilement manipulé-e-s avec des
expressions à la mode tels que «auto-organisation» et «démocratie directe». Par exemple,
Boris Kagarlitsky, un russe intellectuel très connu dans la «gauche» occidentale et
fréquemment invité dans les Forums Sociaux Mondiaux a trouvé un terrain favorable en
Occident en utilisant de tels expressions à la mode.
Apparemment, les anarchistes d'Ukraine et de Russie n'ont pas pu anticiper les
développements qui ont mené à la guerre civile. On n'y a seulement débattu autour de
Maidan en se demandant si ce mouvement pouvait offrir quelque chose de mieux que le régime
de Yanukovitch. On ne s'y attendait pas à ce que la Russie réagisse à une victoire de
Maidan par une escalade consciente de la violence du conflit, et qu'il pourrait finalement
dégénérer en guerre civile.
Alors que la Russie est la machine de propagande et le fournisseur d'armes principal du
conflit, les pays occidentaux ne font guère mieux, en ne prenant en compte que les
intérêts du nouveau gouvernement à Kiev et présentent le mouvement en Ukraine orientale
comme un ensemble de pantins de la Russie. La branche armée des «fédéralistes» sont
indéniablement des pantins du Kremlin, mais si le mécontentement n'était pas largement
partagé et qu'il n'y avait pas de manifestation contre le nouveau régime de Kiev, cette
branche armée n'aurait jamais fleurie.
Je ne crois pas qu'une guerre civile était l'objectif du Kremlin. En premier lieu, il
s'agissait de déstabiliser l'Ukraine au maximum afin de forcer Kiev à abandonner ces
velléités de regagner le contrôle sur la Crimée. Maintenant la situation est hors de
contrôle du Kremlin et il sera peut-être contraint d'envoyer des troupes régulières pour
remplir sa promesse de soutien donnée aux «fédéralistes».
Le gouvernement à Kiev a envoyé tellement de «derniers ultimatums» aussi vite oubliés et a
annoncé tellement d' «opérations anti-terroristes» qui n'existaient pas qu'il est clair
qu'il n'a que très peu de troupes opérationnelles. A quelques occasion, les troupes du
gouvernement central ont en réalité pris part aux évènements et les résultats en ont été
tragi-comiques. En conséquence, le gouvernement comprend bien que la question reste
ouverte quant à savoir s'il est en capacité de remporter une guerre civile si celle-ci
viendrait à se développer. Cependant, il comprend aussi que la guerre peut permettre de
discipliner la société et de stabiliser le nouvel ordre et que soient oubliées et
enterrées les promesses faites au mouvement. Avec le temps, les deux camps en sont arrivés
à la conclusion qu'une véritable guerre civile pourrait s'avérer nécessaire pour leurs
intérêts, même si personne ne l'avait programmé au début pour autant.
Désaccord dans le mouvement anarchiste
Au cours des évènements, les mouvements anarchistes d'Ukraine et de Russie ont explosé en
trois camps distincts. Un premier groupe s'est concentré sur la production de communiqués
internet condamnant les deux côtés du conflit. Pour elleux, rester en dehors de toute
dynamique sociale est une question de principe et ils ne veulent que relater et analyser.
Participer à la protestation sociale n'est pas un but pour elleux et ils préfèrent garder
les mains propres. Puisque chacun des camps est influencé par des libéraux écoeurants, des
nationalistes détestés et des affreux staliniens, tous en même temps, ou par d'autres
indésirables, on ne peut pas pleinement participer à rien et la seule alternative est de
rester à la maison et de publier des communiqués sur Internet à propos de comment la
situation va de pire en pire. Cependant, la majeure partie du temps, ces communiqués sont
tout simplement évidents et remplis de banalités.
Un deuxième groupe s'est composée autour de celleux qui se sont trouvé-e-s tout excité-e-s
par tout ce «riot-porn» et cette violence anti-police à Kiev, sans véritablement
considérer qui perpétrait ces violences et dans quels intérêts. Certains antifascistes ont
même dérivé au point de soutenir «l'unité nationale» dans Maidan et de menacert des
anarchistes de Kiev qui critiquaient Maidan et refusaient d'y participer. La plupart des
gens de ce camp sont juste des fans de la violence anti-police sans autre cadre théorique
mais quelques uns essaient de donner à Maidan un parfum (imaginé) anti-autoritaire, en
prétendant que l'assemblée générale de Maidan («Veche») équivaut aux conseils
révolutionnaires mis en place durant les révolutions du 20ème siècle. Ils appuient cette
analyse sur les revendications sociales qui sont parfois présentées à Maidan, mais ces
revendications étaient toujours à la marge de l'ordre du jour de Maidan.
L'une de ces revendications périphérique étaient que les oligarques devraient payer un
dixième de leurs revenus en taxes et était généralement articulée avec un populisme
nationalisme. Cependant, les revendications de Maidan Kiev étaient toujours très loin de
ramener à la société les milliards volés par les oligarques. A Vinnytsa et Zhitomir, il y
a eu une tentative d'exproprier des usines appartenant à des capitaux allemands mais
c'était le seul cas d'un éventuel dépassement du cadre libéral-national auquel je suis
familier.
Dans tous les cas, le problème principal de Maidan n'était pas le manque d'un ordre du
jour social ou le manque de démocratie directe, mais bien le fait que les gens ne le
revendiquaient même pas. Même si tout le monde n'arrêtait pas de répéter qu'illes ne
voulaient pas d'une autre «révolution orange» comme en 2004, ni d'un retour de Yulia
Timoshenko, ce sont à la fin toujours les industriels du chocolat Poroshenko and Vitaly
Klitchko qui sont en tête des sondages. C'était le choix du peuple après être ressorti
épuisé de la voie révolutionnaire proposée par les nationalistes radicaux du Secteur
Droit. Comme c'est là, les gens veulent retourner à «la vie normale», la vie avant
Yanukovitch et ne sont pas prêt-e-s à faire des sacrifices que des développements
révolutionnaires plus profonds exigeraient. La démocratie représentative est bien comme un
hydre, si tu en coupes une tête, deux poussent à sa place.
Cependant, aucune des craintes de «renversement fasciste» ne s'est matérialisée. Les
fascistes n'ont gagné que très peu de pouvoir et leur rôle historique en Ukraine va
désormais être de jouer les troupes d'élites pour faire appliquer les réformes libérales
exigées par le FMI et l'Union Européenne, c'est-à-dire des coupes budgétaires dans les
retraites, une augmentation par 5 fois du prix du gaz etc. Le fascisme en Ukraine est
traditionnellement assez puissant, mais il a été incapable de promouvoir réellement son
propre agenda dans la vague révolutionnaire. C'est un schéma largement similaire à celui
du parti Svoboda [stalinien] qui va complètement se discréditer vis-à-vis de ses électeurs.
Mais n'importe qui essayant d'intervenir, anarchistes compris, s'est retrouvé dans cette
même situation - qui est d'être mis sur la touche after tous ces efforts. Pendant les
manifestations, les anarchistes et la «gauche» enviait jalousement le Secteur Droit mais
finalement toute la visibilité et la notoriété qu'ils ont chèrement payées n'ont pas suffi
à leur offrir une véritable influence.
Si les anarchistes avaient adopté la position d' «observateurs-trices neutres» après que
Yanoukovitch ait tué des manifestant-e-s, illes auraient été complètement discrédité-e-s.
Si après avoir été tué-e-s, la classe des travailleu-r-ses ou plus exactement «le peuple»,
c'est-à-dire la classe des travailleu-r-ses associée aux couches les plus basses de la
bourgeoisie, avaient échoué à renverser Yanoukovitch, la société ukrainienne aurait plongé
dans un sommeil léthargique comme les sociétés russes et biélorusses en font l'expérience.
Evidemment, après le massacre, il ne restait plus le choix: il fallait renverser le
pouvoir, quoiqu'il puisse arriver à sa place après. Les anarchistes à Kiev n'étaient
absolument pas en position d'influencer la situation de manière significative, mais rester
à côté n'était plus une option envisageable.
Et c'est là que nous arrivons à la troisième et dernière position envisagée par les
anarchistes et que nous appellerons «centriste»: entre l'activisme sans cervelle, et la
neutralité des communiqués sur Internet. Le camp des anarchistes réalistes ont compris
que, même si les protestations de Maidan manquaient définitivement d'un programme
conséquent et positif, il fallait faire quelque chose ou le futur serait terrible.
Les limites de l'intervention
A Kiev, les anarchistes ont pris part à un certain nombre d'initiatives importantes au
cours de la vague révolutionnaire - d'abord l'occupation du ministère de l'éducation1 ou
encore le raid contre le bureau de l'immigration par le groupe local NoBorder, qui
cherchaient des preuves de la collaboration illégale avec les services de sécurité
d'autres pays. Mais l'intervention anarchiste la plus réussie a été celle de Kharkiv, où
Maidan était relativement faible mais aussi davantage libéré de l'influence nationaliste.
Malgré tout, un tel centrisme a aussi ses propres problèmes. L'un d'entre eux est qu'il
peut favoriser les mauvaises forces politiques à gagner du pouvoir et ainsi discréditer la
protestation radicale. Un deuxième problème peut aussi être celui de finir par se battre
pour un combat qui n'est pas le nôtre. Quand les antiMaidan ont attaqué Maidan dans la
ville de Kharkiv, leurs ennemis fantasmés n'étaient pas les anarchises mais l'OTAN, l'UE
ou les fascistes de l'Ukraine occidentale. Puisque les anarchistes y avaient fait le choix
de rejoindre Maidan, il aurait été lâche de leur part de déserter une fois le combat
engagé. Donc, les anarchistes ont fini par se battre aux côtés des libéraux et des
fascistes. Je ne veux pas critiquer les anarchistes de Kharkiv ; après tout ce qu'illes
ont fait était peut-être la tentative la plus aboutie parmi les anarchistes ukrainiens
d'influencer le cours des choses mais ce n'était pas, loin de là, la bataille et les
alliés qu'ils auraient souhaité.
Et donc, vient le moment où la désertion se fait impérative, et c'est quand commence la
guerre civile. Là maintenant, il est encore trop tôt pour faire un véritable bilan
définitif des tentatives des anarchistes pour influencer Maidan mais après le début de la
guerre civile, Maidan ne jouera plus de rôle véritable. A partir de là, l'assemblée va
progressivement se tourner vers l'armée et les fusils d'assaut remplacer les cocktails
Molotov. La discipline militaire remplace l'organisation spontanée.
Quelques partisan-e-s de l'organisation ukrainienne Borotba (qui veut dire Struggle) et le
Front de Gauche Russe prétendent qu'illes essaient de faire actuellement la même chose que
ce que les anarchistes ont fait à Maidan, c'est-à-dire diriger les manifestations vers des
revendications sociales. Mais le mouvement AntiMaidan n'a pas de structures de démocratie
directe, pas même déformées. Il a rapidement adopté un modèle hiérarchique hérité des
organisations militaires. Les leaders d'AntiMaidan sont en réalité d'anciens officiers de
police et de l'armée de réserve. Ce mouvement ne cherche pas à exercer de l'influence sur
les masses mais à s'imposer par le pouvoir militaire et les armes. C'est parfaitement
logique puisque, si l'on en croit un récent sondage, même dans la région la plus
«fédéraliste» de Lugansk, seule 24 % de la population est favorable à un renversement armé
des structures de gouvernement2. Dans cette situation, AntiMaidan ne peut compter sur une
victoire à travers des manifestations de masse.
Alors que, dans sa nature, Maidan était une protestation nationaliste et libérale de
classe moyenne soutenue par une partie de la bourgeoisie, AntiMaidan est purement
contre-révolutionnaire, en tendance. Bien sûr, AntiMaidan a ses propres bases. On pourrait
être tenté d'y intervenir, mais une intervention supposerait une approche de type
soviétique et impérialiste. Le Parti Communiste Russe, Borotba, le Front de Gauche Russe
et Boris Kagarlitsky ont tous rejoint ce camp soviético-patriote. Intervenir au sein de
Maidan faisait davantage de sens tant que l'ennemi restait les forces de police
anti-émeute «Berkut» et des truands mercenaires. Quand les opposants sont des participants
d'AntiMaidan induits en erreur, il ne fait dès lors plus sens de se battre dans la rue.
Quand on regarde des deux côtés de ce conflit, on peut voir une tendance dangereuse, que
chaque anarchiste et anti-autoritaire va devoir affronter dans l'avenir: la récupération
de la rhétorique et de la terminologie anti-autoritaire pour servir les idéologies
hiérarchiques. D'un côté, les «nationalistes autonomes» qui ont trouvé beaucoup de
sympathies parmi les anarchistes et de l'autre, des intellectuels tels que Boris
Kagarlitsky. Tout deux définissent leur propre camp belliqueux avec des attributs comme
démocratie directe» et «auto-organisation». En réalité, ces caractéristiques sont soit
présentes de manière déformée soit pas du tout. Quand deux courants nationalistes
différents «s'auto-organisent» pour s'entre-mutiler et s'entretuer, il n'y a rien à
célébrer. A la suite des évènements en Ukraine, il est clair que les anarchistes doivent
expliquer au monde la différence de nature entre «auto-organisation» et auto-organisation...
Selon le sondage auquel je me référais plus haut, en Ukraine orientale dans son ensemble,
seulement 12 % soutiennent les actions armées des «fédéralistes», alors que le
gouvernement de Kiev est soutenue par environ 30 % de la population. Les 58 % restants ne
soutiennent aucun des deux partis belligérants et dans des conditions de guerre civile,
c'est la majorité sur laquelle on devrait compter. Nous devrions encourager les désertions
et les évitements de conflit. Sous de totalement autres conditions, et si les anarchistes
avaient davantage d'influence, nous pourrions former des unités indépendantes contre les
deux camps belligérants.
Des civils non armé-e-s sont parvenu-e-s à empêcher des bains de sangs en se plaçant au
milieu des troupes comme des boucliers humains. Sans une telle forme de désobéissance
civile, une véritable guerre aurait probablement pu éclater bien avant. Nous devrions
soutenir ce mouvement et tenter de le diriger à la fois contre les «fédéralistes» and les
troupes gouvernementales.
Au cas où la Russie réagirait en occupant des territoires en Ukraine orientale ou le pays
dans son ensemble, nous pourrions nous inspirer des partisan-e-s anarchistes de la 2nde
Guerre Mondiale qui se sont battu-e-s en France et en Italie. Dans de telles conditions,
l'ennemi principal est l'armée occupante, en tant qu'elle va s'affronter à l'ensemble de
la population très rapidement. Mais il est aussi nécessaire de se garder à distance
maximum des éléments nationalistes de la résistance, puisque la moindre alliance avec eux
entravera la réalisation de notre programme dans le cadre de la résistance.
Les évènements à Odessa sont une tragédie et il est possible que parmi les personnes qui
sont mortes dans la Maison des Syndicats certaines n'avaient pas pris part aux violences.
Les gens qui ont jeté des cocktails molotovs sur le bâtiment auraient du en prévoir les
conséquences. Même si la propagation de l'incendie n'est pas uniquement de leur faute, ce
n'est pas qu'illes ne s'y sont pas employé-e-s.
Si la guerre civile se répand, ces morts ne sont que le début. Il ne fait aucun doute que
des deux côtés, la majorité ne veut qu'une meilleure vie pour leurs proches et leur terre
natale et nombreu-x-ses sont celleux qui détestent d'autant oligarques et gouvernements.
Plus des gens sincèrement ingénu-e-s meurent, plus la pression se fait grande de soutenir
l'une ou l'autre des factions en guerre. Et nous devons lutter contre cette pression.
Alors qu'il peut éventuellement valoir le coup d'avaler des lacrymogènes ou de tâter de la
matraque pour une révolution bourgeoise, il n'y a aucun sens à mourir dans une guerre
civile qui oppose deux camps également bourgeois et nationalistes. Ca ne serait pas un
autre Maidan mais quelque chose de complètement différent. Aucun sang, ni celui des
anarchistes ni de personne d'autre, ne devra couler pour cette stupidité.
Traduction française de http://anarkismo.net/article/26991 Gio, C.G.A.
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