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(fr) Courant Alternative #346 (OCL) - Un historique détaillé du mouvement des Gilets jaunes
Date
Fri, 17 Jan 2025 20:31:47 +0000
Nous avons fêté les 6 ans du mouvement des Gilets jaunes (GJ) et
quelques dizaines de ronds-points ont été occupé momentanément les 16/17
novembre 2024. Occasion pour nous de revenir sur ce mouvement qui
n'était pas politiquement correct pour beaucoup à gauche en 2018/2019...
et qui est devenu LA référence pour des militant·es comme pour des
«spécialistes» des mouvements sociaux. Il est même fantasmé par des gens
qui n'y ont pas pris part ou qui le critiquaient à l'époque. Cela
participe de la réécriture usuelle de l'histoire, notamment pour ceux
qui aspirent au pouvoir et qui cherchent à embellir leur CV. ---- Nous
avons pris part, à notre modeste mesure, à cette révolte, qui nous a
semblé, et nous semble encore, une des expressions les plus vives et les
plus intéressantes de la lutte des classes en France depuis mai 68.
Dans ce dossier, nous fournirons un historique du mouvement, afin de
replacer l'analyse dans un contexte et de rappeler la dynamique de la
révolte. Nous apportons également dans ce dossier notre analyse et
donnons la parole à des camarades GJ et revenons sur les cahiers de
doléance, le tout dans l'optique de tirer des enseignements pour les
futurs mouvements.
++++
Dynamique Jaune
Nous rappelons la dynamique du mouvement des Gilets Jaunes[1]. Ce
mouvement démarre en contestation du prix de l'essence essentiellement
dans les zones rurales et périurbaines faisant suite à des appels sur
les réseaux sociaux indépendamment d'organisations syndicales ou
politiques. La structuration du mouvement se fait notamment par des
pages Facebook, l'organisation est basiste, chaque rond-point
«s'autogère». Sur beaucoup de ronds-points des «cabanes» se construisent
permettant de créer des lieux de rencontre et de sociabilité.
Ce mouvement se caractérise par des manifestations avec des affrontement
violents avec les forces de l'ordre, certaines se transforment en
émeutes vers les lieux du pouvoir et de la richesse (entre autres les
Champs Elysée). La haine du pouvoir politique, notamment de Macron,
s'affirme par les slogans et chansons. Le RIC, Référendum d'Initiative
Populaire, devient une des revendications phare du mouvement, illusion
politique que le mouvement n'a pas su lever. Les organisations
syndicales et politiques, à l'échelle nationale, regardent ce mouvement
avec au mieux une neutralité.
La réaction gouvernementale se fera par les deux axes usuels: 1/ essayer
de trouver des «leaders» avec qui négocier, mais ce sera un échec
complet; 2/ répression importante. On dénombre officiellement 2 décès,
24 personnes éborgnées, 5 mains arrachées, 11 000 personnes placées en
garde à vue, 4 700 affaires ont fait l'objet de renvoi devant les
tribunaux, plus de 3 000 condamnations dont un tiers avec de la prison
ferme, les cabanes sont systématiquement détruites[2]. Amnesty
International recense plus de 20 000 personnes condamnées pour «outrage
à l'encontre de personnes dépositaires de l'autorité publique».
Le mouvement s'effritera petit à petit mais il reste un mouvement
sociale exceptionnel autant par sa durée que par sa forme radicale en
dehors de toute structuration partidaire ou syndicale.
Notes
[1]Largement inspiré du livre «La révolte des gilets jaunes», du
collectif Ahou Ahou, éd. Niet!. Autres sources: «Sur les gilets jaunes»
de Tristan Leoni, éd. Entremonde; Le Monde Diplomatique; Libération; Le
Figaro; Fakir; Reporterre; ...
[2]Nous reprenons les chiffres du texte de Mohamed Belaali paru sur
Agoravox «5 ans des Gilets jaunes: retour sur un mouvement historique»
car ces données sont sourcées.
++++
Le surgissement (... - 17 novembre 2018)
Mai 2018: Priscillia Ludovsky, une petite entrepreneuse, lance une
pétition réclamant «une baisse du prix des carburants à la pompe» et
celle-ci devient virale.
9 janvier 2018: le comité interministériel de la Sécurité routière
annonce la réduction de la limitation de vitesse de 10 km/h sur les
routes à double sens sans séparateur central.
Janvier-février 2018: en protestation, 25 groupes Facebook «Colère»
associés à des départements voient le jour, et des manifestations sont
organisées: Périgueux, Bordeaux. Lors de ces rassemblements, des
personnes portent parfois des gilets fluos (qui auraient été portés dès
2017 dans d'autres protestations, d'après le journal Fakir), il y a des
blocages de barrières de péage, et la contestation concerne les taxes,
les radars, la CSG, la politique de Macron.
Début octobre 2018: le gouvernement annonce une forte augmentation de la
taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques pour
«encourager» la population à se doter de véhicules «non polluants», et
la fin de l'exonération de cette taxe notamment pour les entreprises de
transport. Avant l'annonce gouvernementale et depuis octobre 2017, le
prix moyen de l'essence à la pompe a pris 15% et celui du gasoil 23%.
10 octobre 2018: Éric Drouet, chauffeur routier en Seine et Marne, lance
sur Facebook un appel au blocage de l'économie pour le 17 novembre.
L'appel devient viral et il lance dans la foulée le groupe Facebook «La
France en colère!». Lui et Priscillia Ludovsky rentrent en contact.
D'autres figures apparaissent.
24 octobre 2018: une vidéo Facebook vue par 5 millions d'internaute
suggère: «Ceux qui sont d'accord pour le mouvement, on a tous un gilet
jaune dans la bagnole. Foutez-le en évidence sur le tableau de bord!»
30 octobre 2018: un employé en événementiel, Christophe Torrent, et un
étudiant, Julien Gouve, lancent le site «blocage 17novembre», ainsi
qu'une carte interactive des blocages.
31 octobre 2018: LFI publie un communiqué titré «17 novembre: une
indignation légitime contre la hausse des prix» qui justifie le
mouvement, sans appeler non plus à manifester, et condamne la
récupération par l'extrême-droite. LFI finira par soutenir clairement le
mouvement le 16 novembre. À gauche, cette position n'est pas
consensuelle, et beaucoup se bouchent le nez en dénonçant
l'extrême-droite, notamment la CGT.
Début Novembre 2018: le RN et Debout la France impriment des millions de
tracts dénonçant les «rackets fiscaux», Macron se fait chahuter et
insulter dans différents déplacements, et des menaces sur le 17 lui sont
adressées, et des menaces sur le 17 lui sont adressées.
10-17 novembre 2018: préparation de la première journée, réunions sur
des parkings, près des gares, à l'appel des groupes Facebook. Malgré
l'insistance des préfectures, moins de 15% des rassemblements prévus le
17 sont déclarés[3].
17 novembre 2018: 280 000 manifestants et 2034 points de blocage sont
dénombrés par le ministère de l'intérieur, 1 million de personnes sur 3
000 blocages d'après le syndicat «Policiers en colère». Réactions de
soutien des automobilistes et routiers (gilet sur le tableau de bord,
klaxons). Tout de même un décès et 400 blessés, à cause d'incidents
routiers. Quelques affrontements avec les flics, en France et en
Belgique wallonne (voir encadré sur les GJ à l'international), qui
cohabitent avec le slogan «La police, avec nous!». À Paris, le
périphérique est bloqué. Le syndicat SGP Police-FO appelle à ne pas
verbaliser les véhicules des GJ.
L'énervement (17 novembre - 1er décembre)
17 novembre au soir 2018: il reste officiellement 200 points de blocage
et certainement bien plus. Les GJ décident de reconduire la
mobilisation. Éric Drouet appelle à un «Acte II» le 24 novembre à Paris.
Les jours suivants, les blocages continuent.
19 novembre 2018 : la Confédération des petites et moyennes entreprises
s'inquiète des conséquences économiques des blocages et demande au
gouvernement d'intervenir.
Semaine du 17 au 24 novembre 2018: mobiles et imprévisibles, les GJ
dépassent les forces de l'ordre, et reviennent bloquer le lieu dont ils
ont été délogés quelques heures plutôt. La tension monte, des
affrontements avec les gendarmes, une barrière de péage incendiée. Les
médias changent de ton: finie la sympathie condescendante, place aux
beaufs avinés, racistes et homophobes.
21 novembre 2018: en 4 jours, 745 personnes ont été interpellées et 599
placées en garde à vue.
22 novembre 2018: dans une circulaire à destination des magistrats, le
ministère de la justice demande «une réponse pénale systématique et
rapide» aux actions de blocage. Apparition de la revendication du RIC
(Référendum d'Initiative Citoyenne).
24 novembre 2018: manifestations et émeutes dans plusieurs villes
(Calais, Lyon, Tours). Affrontements et barricades autour des Champs
Élysées. Beaucoup de GJ sont cette fois venus équipés contre les gaz.
Réussite des manifestations contre les violences faites aux femmes à
l'appel de femmes politiques et d'organisations féministes et
syndicales, qui se tiennent pour la plupart à distance des GJ, même si
çà et là, des marques de sympathie des GJ pour les cortèges féministes
ont été vues. Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des
femmes, demande aux GJ de «laisser les rond-points fluides».
Semaine du 24 novembre au 1er décembre 2018: de très nombreux radars
sont dégradés, ainsi que des permanences d'élus.
27 novembre 2018: huit «représentants» du mouvement, dont Drouet et
Ludovsky, sont reçus par le ministre de la transition écologique, ce qui
ne débouche sur rien. Macron annonce la tenue d'un «grand débat» sur la
transition écologique et promet d'adapter la fiscalité des carburants
aux fluctuations des cours pétroliers.
28 novembre 2018: une liste de 42 revendications, réalisée à la suite
d'un sondage auprès de 30 000 GJ, est envoyée à la presse. Se côtoient
des demandes traditionnellement de gauche (rétablissement de l'ISF) et
des demandes de droite (renvoi des sans-papiers), mais l'essentiel
concerne la justice fiscale, sociale et davantage de démocratie (RIC).
30 novembre 2018: le Premier ministre a convié les huit «représentants»
du 27 novembre, seuls deux d'entre eux y vont suite à de nombreuses
menaces contre ces «récupérateurs».
Le débordement (1er - 10 décembre)
1er décembre 2018: Acte III, 600 points de blocage. «La journée de
l'humiliation de la police nationale» d'après un haut gradé. À Paris,
début des fouilles systématisées pour entrer sur les Champs. Le camion à
eau fonctionne dès 9h, et, à cette même heure, certaines compagnies de
CRS parisiennes n'ont déjà plus de grenades. Hôtels particuliers
incendiés, Arc de Triomphe saccagé, magasins, banques pillées... 11 000
grenades tirées et 1 000 tirs de LBD. Un cortège «de gauche» rejoint la
manifestation. Dans de nombreuses autres villes, des émeutes
d'envergures variables.
La CGT manifeste de son côté, entourée d'un immense service d'ordre.
À Marseille, Zineb Redouane, une femme de 80 ans, subit un tir de
grenade lacrymogène au visage, alors qu'elle referme ses volets au 4ème
étage. Elle décédera le lendemain.
Attaques, pillages, incendies de préfectures, péages, gendarmeries...
Mélenchon et Le Pen demandent la dissolution de l'Assemblée Nationale.
Le syndicat de police Alliance demande l'instauration de l'état d'urgence.
2 décembre 2018: des «Gilets jaunes modérés» appellent au «respect des
institutions de la Ve République». Sous les menaces, ils annoncent
renoncer à leur rencontre du 4 décembre avec le Premier ministre.
3 décembre 2018: commencés la semaine passée, les blocages de lycées
contre Parcoursup et la réforme du bac s'intensifient. Les lycéens
manifestent, partent parfois en émeutes, pillent, et rejoignent par
endroit les GJ. Ce sont les lycées des zones les plus prolétarisées
(ex-cités ouvrières des grandes villes, lycées professionnels...) qui
sont les plus touchées.
4 décembre 2018: Édouard Philippe annonce un moratoire de 6 mois sur la
hausse de la taxe sur les carburants (deux jours plus tard, il annonce
sa suppression), sur la hausse du tarif de l'électricité, et sur le
contrôle technique automobile.
La CGT 78 publie un communiqué pour dénoncer la présence de Dieudonné
sur un péage, qui n'a pas fait l'unanimité localement.
Début décembre 2018: la FNSEA appelle à rejoindre les blocages. La CGT
et FO des transports déposent un préavis de grève illimitée à partir du
9 décembre. Cela suscite la ferveur des réseaux GJ, mais l'appel est
levé dès le 7 décembre, suite à la satisfaction des revendications
professionnelles. La CGT appelle à se joindre aux manifs du samedi, mais
avec un gilet rouge. Entrée de nombreux militants de gauche dans le
mouvement. L'action directe, comme les dégradations de radars (75 % du
parc) et les sabotages, se multiplient.
Un groupe Facebook d'enseignants, «Les Stylos Rouges» voit le jour pour
défendre des revendications corporatistes en dehors des syndicats.
Des syndicats et fédérations appellent à rejoindre les GJ pour les actes
III et IV. Mais beaucoup sont concentrés sur la mobilisation dans le
cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) du 14 décembre.
6 décembre 2018: plus de 300 lycées sont perturbés. 152 lycéens sont
arrêtés à Mantes-la-Jolie, mis à genoux pendant plusieurs heures les
mains sur la tête. La scène, filmée par un policier commentant «voilà
une classe qui se tient sage» deviendra virale, et la posture des
lycéens sera reproduite dans de nombreuses manifestations.
L'ensemble des syndicats représentatifs (sauf Solidaires), après avoir
été conviés à la table des négociations, signe un communiqué appelant au
«dialogue» et condamnant les violences.
8 décembre 2018: Acte IV, 136 000 manifestants, comme le samedi
précédent, d'après le ministère de l'intérieur. Des blindés de la
gendarmerie à Paris. Des contrôles préventifs sur des aires
d'autoroutes, en amont des grandes villes. D'après le Canard Enchaîné,
Macron aurait passé la journée dans un bunker, avec un hélico prêt à
décoller. 2 000 interpellations. De nouveau cortège de gauche à Paris, à
Toulouse.
Gueule de bois et retour de flamme (10 décembre 2018 - 5 janvier 2019)
Après le 8 décembre 2018: les barrages bloquants laissent de plus en
plus la place à des barrages filtrants, les émeutes du samedi deviennent
rituelles, au détriment des blocages, et la propagande sur les pertes
d'emplois est omniprésente. Les blocages lycéens se poursuivent. La
revendication du RIC, popularisée par une vidéo de Maxime Nicolle (alias
Fly Rider, un gilet médiatique et confus) le 5 décembre, prend de l'ampleur.
10 décembre 2018: Macron parle pour la première fois à la télé. Il
annonce des mesures pour 10 milliards d'euros: augmentation du SMIC,
exonération d'heures supplémentaires, annulation de la hausse de
cotisation pour les retraités, versement aux salariés d'une prime sur la
base du volontariat par les patrons «qui le peuvent». En réalité, la
plupart de ces mesures sont conjoncturelles et visent à être rattrapées
dans les mois suivants.
11 décembre 2018: un fou furieux tire dans la foule au marché de
Strasbourg, faisant cinq morts. Le pouvoir appelle à ne pas manifester
par respect pour les victimes.
15 au 22 décembre 2018: évacuation des points de blocage et des
ronds-points à l'échelle nationale, et répression forte des lycéens. 66
000 manifestants le 15 et 38 600 le 22. L'ordre est globalement maintenu
à Paris, mais des préfectures sont prises d'assaut.
Décembre 2018 - janvier 2019: de nombreuses associations citoyennes se
créent au sein du mouvement, avec des recherches de débouchés, de
respectabilité et de représentations politiques, en rupture avec une
frange plus radicale qui recherche l'action. Des tensions, ruptures,
bagarres, scissions, etc., sur les ronds-points.
25 et 31 décembre 2018: à différents endroits, des GJ fêteront ensemble
les fêtes de fin d'année dans des lieux du mouvement.
5 janvier 2019: Acte VIII, le nombre de manifestants du samedi est en
hausse dans la plupart des grandes villes, courbe inverse de la présence
locale sur les ronds-points. L'annexe du ministère de l'économie et des
finances est enfoncée au transpalette et Christophe Dettinger boxe un
CRS à mains nues.
Devenir un mouvement social (5 janvier - 5 février)
6 janvier 2019: des manifestations spécifiques de GJ femmes se tiennent
dans plusieurs villes (voir encadré au sujet des femmes GJ).
7 janvier 2019: M. Philippe fait état d'un nouveau projet de loi
«anticasseurs» et promet un renforcement des moyens de la police. Luc
Ferry, ancien ministre de l'Éducation nationale, déclare à propose des
possibilités pour la police de se «défendre»: «Qu'ils se servent de
leurs armes une bonne fois!».
12 et 19 janvier 2019: Actes IX et X, 84 000 manifestants. La sociologie
du mouvement a changé, des prolétaires urbains, plus précaires,
rejoignent les «actes» du samedi. Les militants politiques familiers des
mouvements sociaux sont présents en nombre, la forme «assemblée» prend
du poids et la lutte se structure (antirép, street-medics).
12 janvier - 9 février 2019: pour chacun de ces «actes», une déclaration
de manif est déposée en préfecture à Paris (et dans d'autres villes), et
un service d'ordre de «mercenaires» se constitue pour faire respecter le
trajet. Cela ne fonctionne pas toujours, et les manifs non déclarées
(toulousaines par exemple) sont davantage suivies.
15 janvier 2019: ouverture du «Grand Débat» appelé par Macron, pour
trois mois. 10 000 rencontres locales, plusieurs millions de
contributions sur internet ou sur cahiers de doléances (voir l'article
sur les cahiers de doléance). Les événements locaux seront régulièrement
chahutés, les élus interpellés, etc.
26 janvier 2019: à Paris, des militants du NPA sont attaqués par les
Zouaves, un groupe d'extrême-droite.
26-27 janvier 2019: première Assemblée des Assemblées (AdA) à Commercy.
250 à 350 participant·es, mandatés par 75 collectifs locaux, voir
l'article dédié au CJ de Commercy.
9 février 2019: après plusieurs samedis d'affrontements, une grosse
bagarre oppose des groupes d'extrême-droite et des antifas à Lyon, et à
la fin, ce sont les gentils qui ont gagné.
Janvier-février 2019: les assemblées, souvent en ville, regroupent des
«gilets jaunes des origines» avec des militants de gauche. Elles sont
rejointes par de nombreux GJ car la lutte locale rurale est en perte de
vitesse. À noter qu'à Lyon pu par exemple, une AG à la Bourse du Travail
a eu lieu dès le 17 décembre.
Les GJ sont demandés en soutien de luttes de boîtes, et leur présence
(ou simplement la menace de leur présence) aide à ouvrir les
négociations, et souvent à gagner.
Gilets jaunes, syndicats et autonomes: alliances en chiens de faïence (5
février - 16 mars)
5 février 2019: un appel à la grève a été déposé, et est relayé par les
GJ. Mais elle n'est pas préparée, rassemble son public habituel
(fonctionnaires et grosses boîtes du privé) et ne donne lieu que par
endroits à des actions d'envergure entre GJ et syndiqués.
16 février 2019: départ d'une marche depuis différentes villes du Sud,
pour le RIC, à destination de Paris.
6 mars 2019: devant la multiplication des mutilations et blessures liées
aux violences policières, l'Organisation des Nations unies demande à la
France «une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage
excessif de la force».
7 Mars 2019: Macron déclare «Ne parlez pas de répression ou de violences
policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit».
9 mars 2019: des femmes sont en tête de plusieurs manifestations GJ, au
lendemain de la journée de lutte pour les droits des femmes.
13 mars 2019: le Parlement adopte la loi «anticasseurs». Elle entre en
vigueur un mois plus tard.
16 mars 2019: Acte XVIII, premier «Ultimatum» (d'autres, paradoxalement,
suivront), saccage des Champs Élysées, le Fouquet's en flammes. Ce sera
le dernier gros coup de force émeutier des GJ, au lendemain de la
clôture du «Grand Débat». Le préfet de police est limogé, et Didier
Lallement le remplace. Ceux qui voulaient faire converger les trois
manifestations parisiennes (sans-papiers, climat et GJ) n'auront assisté
qu'à leur ignorance mutuelle.
Après le 16 mars: une lutte sans fin(s)
Le mouvement continue, déclinant, reposant essentiellement sur les
manifs du samedi dans des grandes villes, avec sa répression, dans un
rituel sans fin. Les GJ rejoignent et se diluent dans des luttes
locales, faisant vivre l'esprit du mouvement.
19 mars 2019: seconde journée de grève à l'appel des syndicats.
23 mars 2019: utilisation de 160 militaires pour «sécuriser» des lieux
de pouvoir, annonce purement médiatique qui n'engage pas réellement le
pouvoir.
À Nice, Geneviève Legay, 73 ans, est grièvement blessée pendant une charge.
4-7 avril 2019: deuxième AdA à St Nazaire, 800 personnes, 200 collectifs
locaux.
25 avril 2019: Macron annonce vouloir réduire «significativement»
l'impôt sur le revenu, une baisse de 5 milliards d'euros sera votée à
l'automne dans le budget 2020.
1er mai 2019: affaire de «l'intrusion» à la Pitié-Salpêtrière à Paris.
26 mai 2019: élections européennes, débats dans le mouvement sur la
stratégie à adopter. Les listes se réclamant des GJ recueillent moins de
1 % des voix exprimées.
16 juin 2019: M. Castaner récompense des membres des forces de l'ordre
visés par des enquêtes pour violences policières à l'encontre des gilets
jaunes.
29-30 juin 2019: troisième AdA à Montceau-les-Mines, 700 personnes, 246
collectifs...
21 septembre 2019: on voit des manifestants en GJ dans les manifs pour
le climat ou contre la réforme des retraites.
1-3 novembre 2019: quatrième AdA, à Montpellier, 500 personnes, 200 groupes
5 décembre 2019: début d'une grève exceptionnellement longue à la RATP
et à la SNCF, et d'un mouvement social d'ampleur, contre la réforme de
la retraite à points. Les GJ y prennent une part importante.
17 mars 2020: premier confinement en France, décidé par le pouvoir suite
à la diffusion du covid-19. Cet événement marque la fin de la lutte
contre la réforme des retraites, et d'une certaine façon, celle des GJ,
par la rupture de liens sociaux qu'il provoque.
RV et zyg
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4341
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