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(fr) CNT-F - RÉPRESSION COLONIALE ET CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE EN KANAKY!
Date
Wed, 31 Jul 2024 18:07:10 +0100
Le peuple Kanak est à un moment historique de la lutte anticoloniale
pour son autodétermination. La situation en Kanaky - Nouvelle Calédonie
est grave: répression très importante, militarisation, catastrophe
sanitaire et sociale. L'État français réutilise des pratiques coloniales
sanglantes et racistes connues par le passé. Mais la Kanaky - Nouvelle
Calédonie est isolée et a besoin de toute solidarité. ---- Tentative de
sortie forcée de l'Accord de Nouméa ---- Les mobilisations des
indépendantistes Kanak (partis, syndicats) coordonnées au sein de la
CCAT - cellule de coordination des actions de terrain - ont été de plus
en plus importantes depuis novembre 2023 jusqu'au printemps, et ce pour
s'opposer à la volonté unilatérale de l'État français de sortir de
l'accord de Nouméa signé en 1998. Cet accord était un accord de
décolonisation, avec 3 référendums. Pour rappel la Kanaky - Nouvelle
Calédonie n'est pas un territoire français, mais un territoire non
autonome inscrit depuis 1986 sur la liste des pays à décoloniser. La
France n'est que puissance administrante pour organiser la décolonisation.
Au deuxième référendum en 2020 l'indépendance ne s'est jouée qu'à
seulement 9000 voix près. L'État français choisit le moment où le covid
frappe de plein fouet l'île pour imposer la date du 12 décembre 2021 le
3ème référendum, malgré la demande de tous les courants indépendantistes
et du sénat coutumier de son report, pour le respect du deuil, et en
confinement ils n'ont pas pu faire campagne. 12 escadrons militaires
envoyés sur place. Les indépendantistes ont refusé de participer. Le
«non» l'a donc emporté sans la participation du peuple concerné. Cette
consultation a été volée. Les indépendantistes essaient depuis de
trouver un pays qui veut bien déposer leur plainte à l'assemblée
générale des Nations Unies pour avis de la Cour Internationale de
Justice. Et l'État français tente de passer en force pour une sortie de
l'accord de Nouméa. Toute sortie doit normalement se faire avec les
trois parties signataires, le FLNKS, l'État français, et les loyalistes.
A l'automne le gouvernement propose un «document martyr», comme base
d'accord de sortie dans le quel les clauses basiques de l'accord de
Nouméa sont rompues, et dans ce texte le projet de loi sur le «dégel»
(l'ouverture) du corps électoral provincial. Les indépendantistes
refusent ce document.
Le dégel du corps électoral: retour sur un point sensible
Le corps électoral a toujours été un enjeu contre la colonie de
peuplement tant que le processus de décolonisation est en cours. En 83
les Kanak acceptent l'ouverture du corps électoral pour celles et ceux
qu'ils ont considéré comme les victimes de l'histoire: les descendants
du bagne. En 1984 le «statut Le Moine» envisage une ouverture du corps
électoral pour les résidents en Kanaky depuis 3ans. Les indépendantistes
se mobilisent contre et appellent au boycott actif. Les années 80 ont
été traversées d'évènements sanglants pour ces raisons. Les accords
post-conflit, Matignon et Oudinot en 88, établissaient un processus de
décolonisation: des institutions locales, le transfert de compétences,
le rééquilibrage pour l'emploi local, et la garantie d'un référendum
d'autodétermination à l'issue de dix ans. En 98 l'accord de Nouméa est
signé pour une solution consensuelle, et repousse après 2014 le droit à
l'autodétermination, et via 3 consultations. Le corps électoral
provincial est encore élargi à ceux pouvant prouver d'une résidence
continue de 1988 à 1998, mais son gel est imposé par les
indépendantistes. Les Kanak deviennent déjà minoritaires. Le gel du
corps électoral est constitutionnalisé en 2007. La France gagne encore
du temps, le premier référendum prévu en 2014 se tient finalement en
2018, entre temps la colonie de peuplement continue. En 2023 l'État
français essaie d'ouvrir le corps électoral aux résidents depuis 10 ans,
c'est 25000 nouveaux électeurs d'un coup! Le but: minoriser et
invisibiliser le peuple Kanak et reprendre la tête du gouvernement
local. Pour ce faire: première loi passée début 2024 reportant en
décembre des élections provinciales prévues au printemps.. gagner du
temps pour passer la seconde loi pour ouvrir le corps électoral. La loi
est adoptée au sénat le 2 avril et à l'assemblée le 14 mai. Pour que
cette loi soit validée il ne restait que la convocation du Congrès de
Versailles.. En Kanaky, les mobilisation n'ont fait que s'intensifier
jusqu'à mi mai, elles ont été historiques, 80 000 Kanak et autres
communautés en manifestation le 13 avril sur tout le territoire. Le 13
mai, veille du vote de la loi, deux fédérations de l'USTKE, Hôtellerie
et Transports aériens et terrestres, et Ports et Docks, se mettent en
grève, suivie à plus de 90 %. L'aéroport international et le port de
Nouméa sont quasi à l'arrêt, ne permettant que certains vols et
arrivages commerciaux. Le jour même des forces de l'ordre tirent au
flash sur des jeunes qui portaient le drapeau Kanak au quartier
populaire de Montravel, provoquant l'étincelle qui a fait flamber Nouméa
et sa banlieue en une nuit.
Répression, militarisation, et déportations
Les habitants Kanak et océaniens du grand Nouméa se sont soulevés et
pour la majorité c'est une jeunesse qui subit en première ligne la
discrimination à l'emploi, le racisme et la justice coloniale. Dès les
premiers jours d'émeutes et jusqu'à aujourd'hui c'est une répression
féroce qui s'abat sur la population Kanak et océanienne, de nombreux
blessés par balle, plusieurs morts (8 kanak tués par balle, dont des
mineurs). Les nombres exacts ne sont toujours pas disponibles. Les
exactions se poursuivent tous les jours. L'hôpital Midipole est
militarisé, il est difficile d'avoir des informations de certains
services où les travailleurs Kanak ont été déplacés. On est à plus de
2000 interpellations officielles début juillet. Il y a un grand flou sur
les lieux d'enfermement des interpelés, des familles continuent de
chercher leurs proches. Des comparutions immédiates ont lieu tous les
jours. 80 cellules de la prison du camp Est (l'ancien bagne) ont brulé
lors des premières mutineries, de nombreuses déportations de prisonniers
ont eu lieu en France depuis mai dans le secret total. Le collectif
Solidarité Kanaky (dont la CNT fait partie) avec des camarades Kanak ont
réussi à localiser plus de 50 prisonniers, et leur viennent en aide.
Mais ce n'est que le haut de l'iceberg... les recherches des prisonniers
se poursuivent.
La militarisation est aujourd'hui sur tout le territoire et les
habitants restent déterminés contre l'état colonial et répressif.
Des milices racistes et coloniales ont dès la première nuit été en
renfort de la police, avec des armes de guerre, et continuent de
circuler en pick-up pour attaquer des quartiers populaires. Ce sont eux
les auteurs de plusieurs meurtres de jeunes Kanak. A leur tête des élus
locaux de la droite locale ont été identifiés, dont Philippe Blaise, Gil
Brial et ne sont pas inquiétés par la justice. Le procureur sur place et
le Haussaire continuent de criminaliser le mouvement indépendantiste et
avoir des discours d'incitation à la haine. Sonia Backès tête de la
province Sud et de la droite ne fait pas mieux elle prônent maintenant
l'autonomie des provinces = l'apartheid!
Alors que 11 membres de la CCAT ont été arrêtés fin juin, mis en examens
et 7 d'entre eux ont été déportés dans des conditions terribles en
France à plus de 17000 km de leur famille; avec 8 chefs d'inculpation
lourds (dont association de malfaiteurs, complicité de meurtre...), ils
risquent la réclusion criminelle, pour s'être mobilisés pour défendre
les droits de leur peuple. Deux poids, deux mesure, à l'image d'un
système colonial bien en place. Les audiences d'appel pour leur
libération sont passés, ils restent enfermés sauf Brenda et Frédérique
assignées à résidence en France, sous contrôle judiciaire et avec
bracelet électronique. Nous rappelons que toute déportation hors du
territoire non autonome est illégale au niveau du droit international.
Aujourd'hui selon les avocats les dossiers des camarades de la CCAT sont
totalement vides! Nous exigeons leur libération!
Aujourd'hui la Kanaky est plongée dans une crise économique et sociale
catastrophique. Fin juillet on compte 22000 personnes qui ont perdu leur
emploi. Les usines de nickel sont à l'arrêt, KNS au Nord annonce le
licenciement 1200 employés. La caisse de retraite a annoncé qu'il n'y
aura plus de budget pour verser les allocations à partir de septembre
2024. Le CCAS de Nouméa a annoncé stopper le versements d'aides
sociales. Les distributions alimentaires sont difficiles, il n'y a plus
d'accès au riz et à la farine, des quartiers populaires sont en pénuries
de divers produits. La compagnie aérienne calédonienne Aircalin a
annoncé suspendre les vols en provenance de Tokyo et Melbourne, et des
licenciements. L'USTKE a lancé une banque alimentaire pour venir en aide
aux travailleurs qui ont perdu leur emploi. Des caisses de soutien
anti-répression se mettent en place également pour un soutien aux
prisonniers, aux familles des victimes, et pour les frais judiciaires
qui sont importants. Il faut savoir que c'est une justice coloniale qui
est à l'oeuvre en Kanaky, seulement une poignée d'avocats sont
pro-indépendantistes.
La CNT reste mobilisée au sein du collectif Solidarité Kanaky
(solidaritekanaky.fr) et appelle largement à se mobiliser ici en France
pour la libération des prisonniers, pour le retrait des troupes
françaises et pour l'autodétermination du peuple Kanak.
Dès septembre il y aura besoin que la mobilisation prenne de l'ampleur,
le texte sur le dégel du corps électoral suspendu par Macron, mais pas
retiré, vient d'être annoncé au programme de discussions à la rentrée!
Lien pour caisse de
soutien[https://www.helloasso.com/associations/comite-justice-et-liberte-pour-kanaky]
https://international.cnt-f.org/Repression-coloniale-et-crise-economique-et-sociale-en-Kanaky.html
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