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(fr) Union Communiste Libertaire (UCL) - Loi Darmanin: la sinistre tambouille raciste et coloniale du premier flic de France
Date
Mon, 20 Mar 2023 16:49:52 +0000
Le projet de loi «pour contrôler l'immigration» débattu en procédure
rapide au Parlement peut se résumer en quelques mots: criminalisation
des étranger·es, radicalisation des pratiques des préfectures, vision
utilitariste des exilé·es. Rien n'est bon dans ce projet qui ne fait que
renforcer un racisme systémique qui sent bon les relents abjects des
périodes coloniales. L'État assume pleinement une politique raciste,
sécuritaire et de contrôle des populations. ---- CRIMINALISATION ET
RADICALISATION DES PRATIQUES PRÉFECTORALES. ---- Le ministre de
l'Intérieur dit clairement que les préfets auront pour charge de «rendre
impossible» la vie des étranger·es, ce qui n'est pas une nouveauté: les
défenseurs des exilé·es savent à quel point les préfectures organisent
depuis longtemps cette politique. Certains de ces défenseurs, par peur
de fâcher l'État (?), parlaient de «dysfonctionnement». Ce projet de loi
nous montre qu'il n'y a pas de dysfonctionnement mais bien l'application
d'un ignoble projet politique.
Dans ce texte, il s'agirait de mettre en oeuvre d'une manière effective
les OQTF (obligation de quitter le territoire français) en les liant
systématiquement à des IRTF (interdiction de retour sur le territoire
français). L'assimilation entre étranger·es et délinquance est
récurrente dans ce texte de loi et dans les propos du ministre,
reprenant clairement le discours de l'extrême droite! Ainsi, les
étrangèr·es sous OQTF devront être systématiquement inscrit·es sur «le
fichier des personnes recherchées» faisant de l'OQTF une sanction pénale
alors que pour l'instant elle n'est «qu'une» sanction administrative. Le
ministre suggère même une «police du séjour»! Sous cette déclaration
floue, à quoi pense t-il? À un retour aux pratiques coloniales de la
France des années 30, avec la Brigade Nord Africaine chargée de
contrôler les étrangers sur le territoire métropolitain, ancêtre
lointaine de la BAC...
Avec cette loi, c'est la chasse aux migrant·es qui est ouverte avec une
multiplication des contrôles aux faciès. C'est un moyen de faire
pression, de contrôler et de surveiller toute population qui ne
relèverait pas des critères «blancs». Ce qui se confirme avec le
«respect des valeurs de la République», c'est-à-dire «la liberté
personnelle, la liberté d'expression et de conscience, l'égalité entre
les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la devise
et les symboles de la République». Venant d'un gouvernement qui ne fait
rien en matière d'égalité, dont certains membres sont accusés de
violences sexistes et sexuelles et pour qui la dignité humaine est la
dernière préoccupation, on pourrait en rire si les conséquences
n'étaient pas aussi tragiques pour les étranger·es!
C'est aussi la toute puissance arbitraire des préfets déjà en place avec
leur «pouvoir discrétionnaire». Cette politique sécuritaire va se
renforcer avec la prise d'empreintes et de photographies par la police
et la gendarmerie sans le consentement de l'intéressé et qui même pourra
se faire «sous la contrainte». Vu la réputation déjà bien établie des
policiers pour leur sensibilité à «la dignité humaine», cette loi
annonce encore plus de violences policières couvertes par les autorités!
Et c'est sans compter l'agrandissement et la construction de nouveaux
centres de rétention administrative (CRA) où violences et maltraitances
se multiplient à l'abri des caméras.
La France, qui déjà ne respectait les conventions internationales sur
les migrant·es que du bout des lèvres, finit donc par s'asseoir dessus!
Ainsi, le conseil des ministres précise que seront facilités les
expulsions pour les étranger·es délinquant·es, même en règle et
«l'éloignement des étrangers en situation irrégulière qui constituent
une menace grave à l'ordre public», mêmes s'ils ont des attaches
familiales en France dans les deux cas! Or, pour les préfectures, une
menace sur l'ordre public commence dès que des papiers sont soi-disant
faux! La loi remet en cause le droit d'asile, l'accueil des personnes
victimes de violences y compris des enfants. Elle renforce le
non-respect de la présomption de minorité, permet la séparation des
enfants de leurs parents...
UNE LOI RACISTE AU SERVICE DU CAPITALISME
Ce racisme d'État qui ne veut pas dire son nom sert aussi de
légitimation à la division du marché du travail. Quand le ministre dit
qu'il faut «être gentils avec les gentils et méchants avec les méchants»
et qu'il va régulariser quelques travailleur·ses sur les métiers en
tension, ne nous y trompons pas: d'après cette loi, il n'y a que des
«méchants». Il s'agit d'assigner des populations à des professions dont
personne ne veut tant les salaires et les conditions de travail y sont
épouvantables. Cette surexploitation des populations racisées et leur
assignation à certains métiers n'est pas nouvelle: c'est le retour de
pratiques coloniales! Si, malheureusement, ce n'est pas une nouveauté,
le gouvernement fait entrer la pratique dans la loi! D'ailleurs ce
nouveau titre de séjour, d'1 à 4 ans, ne garantit rien aux étrangers
puisqu'ils auront toujours l'épée de Damoclès de l'OQTF sur la tête si
le métier finissait par ne plus être en tension! La loi Darmanin répond
bien aux intérêts du capitalisme en triant les populations pour affirmer
qu'une partie n'auront ni les mêmes droits, ni les mêmes libertés. Il
s'agit bien de discrimination!
La loi prévoit aussi un titre de séjour «talent» pour faire venir des
médecins, des infirmier·es... Il s'agit d'un capitalisme de pillage à
grande échelle. D'un côté, des pays pauvres devant subir les politiques
du FMI qui imposent la privatisation des services publics et poussent
une partie du personnel hospitalier à la rue. De l'autre, dans les pays
riches, des politiques de quota sur ces métiers pour mieux attirer les
«talents» du Sud en les payant moins qu'un «talent» du Nord. Ces
«talents» pourront même faire venir leur famille, ce qui n'est pas prévu
pour un boulanger, pas considéré comme un «talent».
Le ministre annonce aussi avec sa loi qu'il supprimera toutes les aides
sociales aux étranger·es qui ne seraient pas en situation régulière.
Mais c'est déjà le cas! Par de telles déclarations reposant sur le
préjugé que les étranger·es viendraient en France pour bénéficier des
aides, il sert la même soupe que l'extrême droite et la droite. Ce n'est
qu'une stratégie pour mieux faire accepter son ignoble projet par la
population! Il n'y a que l'aide médicale d'État (AME) dont peuvent
bénéficier les personnes en situation irrégulière mais la droite
sénatoriale vient de la supprimer sans aucune honte...
Enfin, cette loi et les pratiques racistes de l'État offrent également
une réponse aux crises du capitalisme. En effet, la survie de ce dernier
passe pour la classe dirigeante par une division du monde ouvrier. Ce
racisme d'État, les préjugés et stéréotypes véhiculés par la classe
politique et de nombreux médias ont pour but de détourner les «pauvres
blancs» contre les «encore plus pauvres racisés». Ces politiques visent
à éviter une confrontation avec le patronat et son soutien qu'est
l'État. Au delà de cette division, il y a aussi une vision identitaire
nationale construisant un «peuple» blanc homogène reposant sur une
histoire idéalisée dépassant la lutte de classe, s'opposant à une
population «inassimilable» présentée comme un ennemi intérieur. Cette
loi, et bien d'autres encore, contribue par là à la fascisation de notre
société.
Tou·tes en lutte le 25 mars contre la Loi Darmanin!
Union communiste libertaire , le 18 mars 2023.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Loi-Darmanin-la-sinistre-tambouille-raciste-et-coloniale-du-premier-flic-de
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