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(fr) Courant Alternatif #328 (OCL) - FÉMINISTES! Luttes de femmes, Lutte de classes
Date
Mon, 20 Mar 2023 16:49:35 +0000
Ce livre tombe à pic dans un moment où le féminisme a le vent en poupe à
travers de multiples collectifs, suscitant aussi de nombreux et parfois
houleux débats. Voilà donc un titre bien pensé et qui va droit au but:
oui le féminisme et la lutte des classes s'accordent très bien! ----
Histoire d'un mouvement et d'un courant ---- Retour donc sur un aspect
essentiel de l'histoire du mouvement foisonnant des femmes nées après
1968, en 1970 avec le MLF, en France et Outre-Mer jusqu'à nos jours,
mais si peu écrit et pensé. L'intérêt aussi de ce récit à la fois
concret et analytique est sa forme collective puisque Suzy Rojtman a
fait appel à une trentaine de contributrices féministes du courant dit
«lutte de classes», engagées dès 1970 sur le terrain des luttes
d'entreprises et de toutes les causes féministes, certaines
universitaires, connues ou pas, et la plupart toujours là!, «Des sources
inestimables» selon Suzy.
Ce livre s'appuie aussi sur trois colloques organisés en 2010 et 2018
par le Collectif National pour les Droits des Femmes, dont Suzy est la
porte-parole. Le dernier colloque abordait: «où en sommes-nous du
féminisme lutte de classes et antiraciste, la consubstantialité,
l'intersectionnalité, et le retour aux origines».
Les trois premières parties du livre sont chronologiques: la décennie
1970, la tendance lutte de classe de 1981 à 1995, puis de 1995 à nos
jours, cela permet de se resituer dans le temps, de découvrir les
groupes femmes de quartier et d'entreprise, les grèves notamment dans
les banques, à Renault, aux Chèques postaux, à Lip, à l'hôpital avec les
infirmières, dans l'immigration, parmi les populations colonisées ou
ex-colonisées.
Le récit revient évidemment sur la formidable lutte unitaire pour le
droit fondamental à l'avortement avec le MLAC dès 1972 (jusqu'à son
remboursement en décembre 1982) notamment dans les entreprises, mais
aussi sur d'autres questions d'importance comme le Collectif féministe
contre le racisme, le Collectif féministe contre le viol, les droits des
lesbiennes trop longtemps ostracisées - malgré le groupe Les Gouines
rouges et les écrits de Monique Wittig dès 1969 -, les initiatives
marquantes comme la Maison des femmes à Paris, les États généraux sur
les femmes dans le travail, la lutte contre l'extrême-droite.
On re-découvre aussi différentes coordinations sur ces thèmes, la place
complexe des syndicats et des partis dont certains mettront un certain
temps à prendre la mesure de l'incontournable féminisme, puis le creux
institutionnel des deux septennats de Mitterrand pendant lesquels le
mouvement lutte de classes a assuré la continuité des luttes.
N'oublions pas la presse féministe florissante, souvent à l'initiative
de certaines organisations d'extrême-gauche impliquées dans le mouvement
(dont la LCR, Révolution! Le PSU): Le Torchon brule, Les Cahiers du
féminisme, Questions féministes (lancée par Christine Delphy) et d'autres.
Le livre nous replonge aussi dans le mouvement social de l'hiver 1995
contre une réforme des retraites avec des cortèges féministes très
importants, sur fond de paralysie des transports et des centres de tri
(clin d'oeil d'actualité!). Et c'est la naissance du CNDF (Collectif
National pour les Droits des Femmes) en janvier 1996, avec des Assises
nationales début 1997 réunissant 2000 femmes pour établir une
plate-forme revendicative très complète. Un chapitre important du livre
relate ses différentes positions et actions sans occulter les
divergences notamment concernant le voile, ou le système
prostitutionnel. Dès 1997, les journées intersyndicales femmes voient le
jour chaque année à partir du travail en commun du CNDF et des syndicats
(surtout CGT et Groupe des Dix puis Solidaires). La Marche mondiale des
femmes initiée au Québec en 1998 aura un fort retentissement en France
et en Europe dès 2000. Plus proche de nous, les luttes des assistantes
de vie scolaire et celles des femmes Gilets Jaunes sont aussi relatées.
Des débats abordés de front
La quatrième partie du livre, après avoir abordé l'influence du
mouvement féministe aux États-Unis, aborde les questions épineuses,
complexes et récurrentes dans le mouvement féministe dont celles de
l'intersectionnalité opposée au féminisme universaliste avec un autre
angle de vue possible, notamment celui de Danièle Kergoat. L'autrice
réfléchit sur la pertinence de la notion de «lutte des classes» pour se
réemparer du concept de féminisme universaliste et de celui de
consubstantialité: en prenant en compte de façon centrale les rapports
sociaux de sexe imbriqués aux rapports sociaux de classe pour une réelle
émancipation, car «additionner» simplement les dominations ne permet pas
de penser les révoltes des dominé.es.
Un autre chapitre interroge de façon pertinente et précise «la
revendication d'une pornographie féministe, subversion ou soumission à
la domination masculine?» avec le regard du féminisme universaliste
s'interrogeant sur le glissement de la pornographie à la pornographie
féministe. Celle-ci serait un moyen de modifier une vision dégradante,
une sexualité violente, comme norme sociale chez les jeunes, tout en la
présentant comme une question d'égalité et d'autonomisation des femmes
pour favoriser la libération sexuelle, s'inscrivant dans un registre
libertaire. Mais pour le féminisme universaliste qui constitue le fil
directeur de ce livre, «la pornographie féministe contribue à
l'extension de l'industrie dont elle dépend» et s'interroge sur la
capacité illusoire de «cette pornographie à promouvoir une sexualité
égalitaire et altruiste».
En pré-conclusion, faut-il «réduire les enjeux du féminisme à une
revendication de liberté individuelle, de choix individuels quitte à
renoncer à un projet d'émancipation sociale et de réduction globale des
inégalités?»
Le principe d'égalité est un préalable à la liberté et comme idéal pour
le féminisme universaliste, alors que le féminisme relativiste pose le
principe de liberté individuelle comme préalable et idéal. Pourtant les
inégalités sont construites par le système économique et culturel,
entretenues par les classes sociales, les privilèges, les stéréotypes et
rendent la liberté individuelle illusoire dans ce cadre.
Conclusion
La conclusion générale du livre revient sur les débuts du mouvement avec
une forme d'autocritique de certaines illusions suite à 1968, un
questionnement d'un vide de la théorie marxiste concernant la place des
femmes, vide qui a largement été comblé depuis, car les féministes lutte
de classes ont largement évolué, ont bousculé leurs organisations. Et
malgré les difficultés, des victoires ont été remportées notamment sur
l'avortement, la construction de collectifs féministes unitaires et
pérennes, le dévoilement des violences sexistes, la prise en compte et
la défense des combats pour les droits des femmes au travail. À noter
cependant le manque d'investissement pour l'écologie.
Aujourd'hui, une nouvelle vague de forces féministes jeunes recompose le
mouvement féministe: #MeToo, #BalanceTonPorc, Noustoutes, de nouveaux
groupes locaux, les Colleuses, notamment sur la question des violences
en pointe des luttes féministes, mais peinant à obtenir du concret
efficace, dévoilant le poids immense de l'idéologie patriarcale au sein
de la justice. Même si le patriarcat est largement pointé à de nombreux
niveaux, les mobilisations sont plus difficiles au travail, les
préoccupations sociales sont rarement prioritaires dans le mouvement en
général, la division n'arrangeant rien. La grève féministe
internationale du 8 mars (au travail salarié et à la maison) proposée au
départ par le mouvement unitaire On Arrête Toutes et impliquant les
syndicats, a du mal à prendre depuis 2016 mais pourrait surgir comme en
Espagne à l'occasion de la énième contre-réforme des retraites de 2023.
Fab
Suzy Rojtman (Dir). Editions Syllepse. 11-2022- 358 pages dont 12 de
documents et photos.
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3635
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