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(fr) Courant Alternatif #328 (OCL) - Petit tour d'horizon sur la mobilisation
Date
Mon, 13 Mar 2023 17:11:44 +0000
À l'appel de l'intersyndicale nationale, on dénombre déjà 5 grosses
journées de mobilisation, quatre en semaine (19/01, 31/01, 07/02 et
16/02) et une le samedi (11/02). ---- Des manifestations massives, mais
pas explosives ---- Une même impression se dégage de ces 5 journées,
c'est le côté massif des manifestations bien rangées. En nombre, au
niveau national, elles restent constantes au cours des différentes
manifs': selon la CGT, 2 millions dès le 19/01, 2,8 à 3 millions le
31/01, (ce qui a permis de battre le record de 1995 de mobilisation pour
une contre-réforme sociale), 2 millions pour le 07/02, 2,5 millions le
16/02. Également, 2,5 millions de personnes dans des cortèges paisibles
et familiaux le samedi 11/02, elles s'accompagnent d'un nombre important
de salariés grévistes (même s'il ne s'agit que d'un débrayage de 2h)
notamment dans le privé.
S'il y a énormément de gens dans la rue, même les plus improbables comme
la CGC ou la CFTC, l'ambiance est tranquille, voire frileuse. Malgré
les enjeux, l'envie d'en découdre n'est pas là, les cortèges ne sont pas
très offensifs et l'on ne ressent pas la même énergie que pendant
d'autres mouvements comme la loi travail ou le CPE. Les gens sont
contents de se revoir ou de sortir pour la première fois dans la rue,
mais la volonté de faire une action ou de partir en reconductible est
encore absente. Pour le moment, il n'y a pas de mouvement social et
encore moins de climat insurrectionnel.
Dans ces manifestations bien tenues, pacifiques, la présence policière
comme force de répression n'a pas été nécessaire dans la plupart des
villes. Le service d'ordre des syndicats étant amplement suffisant pour
canaliser les rares velléités d'actions sauvages. C'est très surprenant
pour nous de revoir un SO dans nos manifs après les mobilisations des
Gilets Jaunes (GJ) moins réglementaires.
D'ailleurs les policiers ont défilé «avec nous» dans beaucoup de villes
(en différents groupes, selon leur appartenance syndicale, Alliance bien
à part). Si leur présence a été remarquée, ils n'ont pas été virés étant
même protégés par la CGC dans certains cortèges comme à Strasbourg.
Ça bouge aussi dans les petites agglomérations
Fait notable, la mobilisation ne se concentre pas sur les grandes
agglomérations, il y a un dynamisme et un taux de participation très
remarqué dans les petites et moyennes villes, avec actions conviviales
et symboliques à vocation de sensibilisation. Les gens en ont marre de
se déplacer dans des lieux à près de 100 km de leur habitation, ils se
mobilisent à juste titre, là où ils vivent. Cela s'explique aussi par le
fait que les classes populaires (non cantonnées dans les banlieues des
grandes villes) vivent dans les petites villes ou zones rurales, là où
la perte de pouvoir d'achat se fait particulièrement ressentir.
L'influence du mouvement des Gilets Jaunes dans ces lieux a permis à
certain.es de se politiser et de garder le réflexe de manifester.
Mais globalement, les GJ sont faiblement présents dans les cortèges et
leur combativité est affaiblie. Ce sont souvent les seuls à prendre la
parole en fin de manif. À Strasbourg, sur leurs créneaux, les manifs du
samedi, le SO en est venu aux mains avec eux pour les empêcher de
prendre la tête du cortège! C'est vrai que les GJ font mauvaise presse à
l'intersyndicale, elle ne souhaite pas faire tomber le gouvernement, elle!
Rares secteurs en action
Mis à part les grosses journées de manifestation, il y a eu peu
d'actions (des retraites aux flambeaux à Toulouse, Lille, etc) et si
elles ont lieu, elles sont ponctuelles et très verrouillées. On peut
citer par exemple le blocage du port de Bayonne le 21 janvier, avec
quelques militant.es des syndicats LAB (syndicat des travailleurs
abertzale), FSU et CGT laquelle a tenu à tout canaliser et contrôler.
Dans le secteur de l'énergie on parle de 40 à 45 % de grévistes et des
actions ont été annoncées: rétablissement du gaz et de l'électricité
dans les foyers modestes, basculement au tarif heure creuse pour que
certains bénéficient de réduction, voir gratuité pour les hôpitaux. À
Beynes, le dépôt de gaz Storengy a fait grève sur les grosses journées
et à Poitiers, le secteur de l'énergie a même pris la tête de cortège
avec entre autres les salariés de la centrale de Civaux.
Dans les transports, ça s'arrête aussi. On estime de 35 à 45 % le nombre
de grévistes à la SNCF, dans la plupart des coins, aucun TER n'a circulé
les journées de grosses mobilisations. Mais s'il y a eu un fort taux de
grévistes, ceux-ci n'ont pas ressenti le besoin de se rencontrer et ont
délaissé les AGs de cheminots (quelques dizaines de personnes dans la
plupart des villes). Et c'est une tendance générale, en opposition aux
mouvements précédents, cette fois, les AG post-manif ou dans les boîtes
sont squelettiques et ne décident de rien. Même intersyndicales, elles
ne peuvent qu'acter des décisions déjà prises au niveau national.
La jeunesse est peu présente, mais si c'est le cas, elle est dynamique,
essaye de prendre la tête du cortège et affiche sur ses pancartes des
mots d'ordre un peu plus larges que les retraites, comme le souci de
l'environnement, du féminisme, des droits LGBT... Au niveau des facs, la
mobilisation peine à se mettre en place. Déjà les cours ont encore lieu
en distanciel dans la plupart d'entre elles du fait de bâtiments
délabrés et d'absence de chauffage (!). Et dans les villes où il y a eu
des tentatives d'AG voire de blocage (Brest, Strasbourg...), la police
est intervenue dès le départ pour y empêcher toute expression politique.
Pourtant la réforme des retraites pose des enjeux intergénérationnels
(ce sont les jeunes qui vont payer les retraites avec leurs cotisations).
Dans les villes de classes moyennes comme Poitiers ou Strasbourg, les
secteurs du tertiaire (soignants, administratifs...) ont été très
représentés dans la rue.
Aucun secteur ne semble vraiment en pointe, le mouvement apparaît lent à
démarrer, il semble que chacun attende de pouvoir se greffer sur ou de
profiter d'un secteur qui serait plus combatif. En attendant, toute
initiative de solidarité entre les différents secteurs est la bienvenue!
L'union sacrée
Une des caractéristiques du mouvement est l'union des huit grands
syndicats. Mise en avant partout, par l'intersyndicale elle-même, mais
également dans tous les médias, c'est une grande première, cela n'avait
même pas été vu en 1995. Pour y arriver les syndicats se sont posés 2
règles minimales:
* un mot d'ordre unique «pas de recul de l'âge, ni 63, ni 64, ni 65».
Exit donc ceux qui veulent un retour aux 60 ans!
* le choix de la tactique du nombre, de la masse. Le but (réussi pour le
coup) est de rassembler un maximum de gens dans la rue en toute
tranquillité. En effet, il faut s'aligner sur les méthodes des plus
réformistes notamment de la CFDT. Laurent Berger est contre toute
violence, mais avec une définition très large de la violence, paralyser
le pays étant jugé extrêmement agressif pour lui.
Les manifestations paisibles qui en découlent obtiennent ainsi une bonne
note dans les journaux télé et un regard bienveillant de la petite
bourgeoisie... mais elles risquent fort de ne provoquer aucun recul du
gouvernement.
La peur de perdre leur image de force crédible et réfléchie (en
comparaison aux pitreries à l'assemblée) met les syndicats en position
d'attentisme. On se calque sur l'agenda du gouvernement, on attend que
le parlement vote au lieu de faire pression sur les députés, on décide
de ne rien faire entre le 16 février et le 7 mars histoire de ne pas
trop perturber les départs en vacances, on n'apporte aucune parole
politique dans les rassemblements afin de ne pas faire s'effriter le
vernis de l'unité syndicale. Et surtout, on n'appelle pas à une vraie
grève générale, reconductible dans la durée.
Vaut-il mieux être nombreux ou actifs?
Chez les personnes peu habituées aux cortèges ou peu militantes, il y a
une «confiance» dans les syndicats et l'idée de pouvoir «gagner tous
ensemble» avec des cortèges pacifiques et bon-enfant.
En ces temps de crise et d'inflation, quand en plus le gouvernement
tient en permanence des discours méprisants, force est de constater que
les syndicats représentent encore des repères privilégiés. Tous lorgnent
vers l'intersyndicale, ses dates et ses consignes, attendant un go pour
la grève ou un durcissement... mais la pendule tourne et tout sera
terminé le 23 mars.
De notre côté, nous sommes plus pessimistes face à l'excès de prudence
des syndicats, la stratégie des manifs saute-mouton n'a jamais fait ses
preuves si ce n'est pour épuiser physiquement et financièrement, les
appels au 7 mars semblent des voeux pieux. Si l'opinion est favorable
c'est parce qu'on est sur un minima (non aux 64 ans) et tant que
l'intersyndicale ne donne pas son aval, il n'y aura probablement pas de
reconductible.
De toute façon qu'attend-on des bureaucraties syndicales? Des
manifestations massives, mais sans échange, sans prise de contact, sans
fond politique servent-elles à quelque chose? Bref, les syndicats
ont-ils envie de se battre contre le projet de société de Macron ou de
l'accompagner?
Comment casser l'opinion répandue qu'il suffit d'être nombreux à défiler
pour gagner, ou qu'il faut privilégier le dialogue social? Le
gouvernement se fout complètement d'une massification sans blocage de
l'économie, sans occupation!
Alors, on s'organise?
S'il y a clairement une déception face à l'intersyndicale et le fait que
rien ne doit déborder au nom de l'unité, cela doit nous pousser à nous
organiser et à agir en parallèle des syndicats. Pourquoi ne pas se
rencontrer? Commencer la grève pour commencer à débattre ensemble et
planifier des actions. Créons des collectifs, trouvons des lieux pour se
rassembler, discutons et entrons vraiment en lutte. Les premiers
intéressés doivent garder le contrôle sur le mouvement, réfléchir à ce
qu'il faut bloquer, voire saboter!
Le rôle des centrales syndicales reste trop souvent de défendre le
travail et pas les travailleurs!
Et c'est bien vers là qu'il faut s'orienter: repenser le travail encore
bien trop souvent considéré comme une valeur.
Le report de l'âge légal à 64 ans aura des conséquences sur nos vies,
mais c'est presque anecdotique quand on cherche à penser un autre modèle
de société et quand on combat le capitalisme. Il est temps d'élargir le
débat à la thématique du rapport au travail, combien de temps certes,
mais surtout comment on bosse? Pourquoi? Pour qui? Il nous semble
important de discuter des conditions de travail et de sa pénibilité, des
fins de mois qui sonnent creux, que tous les mécontentements
ressurgissent. À quoi sert notre travail? Enrichir les bourgeois, faire
tourner des entreprises polluantes, augmenter le capital privé... Il est
nécessaire de repenser les conséquences du travail et de la production
non seulement sur nos corps, la société, mais aussi l'environnement.
Évidemment que dans une société orientée vers la consommation, on nous
incite à travailler plus. L'objectif doit être de travailler moins, non
seulement pour réduire le productivisme, mais aussi nous libérer du
temps pour des activités bénéfiques à la société, du temps pour nos
enfants, nos loisirs, notre épanouissement personnel. Après le COVID,
les gens se sont rappelés qu'il pouvait y avoir une vie en dehors du
monde du travail sans être productif. Mais, pour le moment, il y a peu
d'alternatives ou de projets politiques proposés, il faut y réfléchir
ensemble et ce ne sera possible qu'au sein d'un mouvement social!
Tous les mythes autour du travail doivent s'effondrer: travail
émancipateur qui libère, le «travailler plus pour gagner plus» de
Sarkozy, la «fierté ouvrière» opposée à «l'assisté» de Fabien Roussel.
Et tous en grève le 7 mars!
Puisque la question du travail n'est pas discutée par l'intersyndicale,
la question du «non-travail» et donc de la grève n'est qu'évoquée du
bout des lèvres. «La grève ne se décrète pas» «on peut faire d'autres
initiatives tout aussi bénéfiques parfois symboliques» indique Laurent
Berger.
Alors le 7 mars, pas le choix, même si du côté de l'intersyndicale c'est
nébuleux. Grève générale? Reconductible? Arrêt du pays? Dès le 7? Le 7
et le 8?
Si on ne veut pas que cela se termine par des aménagements de quelques
articles, il faut imposer un rapport de force dès maintenant avec le
gouvernement et avec l'intersyndicale s'il y a lieu!
ocl strasbourg
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3615
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