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(fr) UCL Saguenay - Entretien avec un militant du Réseau libertaire Brume Noire en Gaspésie
Date
Thu, 30 Jun 2022 20:41:07 +0100
Ce printemps, le Réseau libertaire Brume Noire a gentiment accepté notre
invitation pour un entretien au sujet du militantisme anarchiste dans
les territoires Mi'kmaw non cédé de la soi-disant Gaspésie. Notre
intérêt à jaser avec eux et elles vient de certaines similitudes quant à
notre situation géographique (isolement et région périphérique
notamment), mais également des luttes en cours contre l'extractivisme et
en solidarité avec les Premiers Peuples de part et d'autre. Un militant
du Réseau, Nokturn, a été délégué pour cet entretien. ---- BCEG: Salut
Nokturn! Le Réseau libertaire Brume Noire (RLBN) aura quatre ans cet
automne, comment décrirais-tu le fonctionnement du réseau et à quel
endroit est-il actif? ---- Nokturn: Le Réseau Libertaire Brume Noire est
actif sur la pointe Gaspésienne. Nous nommons le secteur ainsi pour
reconnaitre qu'il s'agit, pour nous et d'autres personnes, d'un
territoire (celui du Gespe'gewa'gi) non cédé Mi'kmaw et parce que nous
couvrons plusieurs villages qui sont agglomérés aux villes depuis les
expropriations à cause de l'industrialisation. Le Réseau a un objectif
simple, celui de 'réseauter'. C'est-à-dire, relier les initiatives
libertaires, qu'elles soient déjà en place ou pas encore nées, afin de
démocratiser les points de vue révolutionnaires dans la sphère publique
et populaire. En d'autres termes, créer une éducation populaire locale
digne de ce nom avec les acteurs de cette localité et créer les
rencontres nécessaires pour un avancement des idées conjointes. Nous
tentons de nous rappeler le plus souvent possible certains principes qui
semblent échapper parfois même aux plus libertaires d'entre nous, tel la
diversité des tactiques (apprendre son rôle dans des perspectives
inconnues ou incomprises) ou encore la camaraderie en dehors des médias
sociaux et des univers dominants. Le Réseau n'est pas initiateur
d'alternative directement, mais il met en place les opportunités pour
que les personnes désireuses de changement puissent trouver des outils
ou des rencontres dans leur communauté et déployer des moyens pour
accentuer la révolution.
BCEG: La Gaspésie a un passé assez riche en expériences libertaires. Sur
une base philosophique, on pourrait remonter à l'organisation politique
égalitaire des Mi'kmaq et à la révolte des pêcheurs de Rivière-au-Renard
(1909), que Mathieu Houle-Courcelles mentionne dans «Sur les traces de
l'anarchisme au Québec (1860-1960)». Dans les dernières décennies, le
territoire a notamment vu arriver une multitude d'expériences
contre-culturelles et alternatives, ainsi que des communautés
intentionnelles libertaires et écologistes. Dans cette histoire assez
morcelée, qui a sans doute parfois manqué de cohésion, quels sont les
éléments que l'animation d'un réseau politique explicitement libertaire
peut apporter de nouveau à votre avis?
Nokturn: Premièrement, le Réseau tente d'apporter, en plus de luttes et
inspirations internationales, une reconnaissance des mouvements locaux
que vous avez mentionnés. Il est important de comprendre le contexte
géopolitique et notre passé en lutte afin de mieux cerner les enjeux
actuels qui y sont fort probablement reliés. Il devient important de
faire valoir les pensées révolutionnaires gaspésiennes, qu'elles soient
autochtones ou allochtones.
Ensuite, en organisant une culture militante populaire, ces mouvements
deviennent ancrés dans notre imaginaire et notre identité collective. Un
des éléments des luttes dans les exemples que vous mentionnez est la
spontanéité. Autant pour réagir lorsqu'une situation opprimante se
présente, mais également pour construire et démontrer que d'autres
options sont possibles et tout autant valables. Il faut être prêt à
s'adapter et changer de méthodes.
Aussi, le réseau permet de relier les alternatives libertaires sur la
Pointe afin qu'elles puissent créer un tissu social en marge et créer
une véritable économie locale visant une certaine souveraineté. En
menant ensemble les luttes, il est possible d'apporter un meilleur
soutien sur le territoire qui est assez vaste. Depuis l'urbanisation au
Québec, les territoires éloignés subissent un contre poids des gens qui
quittent la ville pour se réinstaller dans les régions et il se crée un
combat de la 'ruralité versus la banlieue'. Les gens qui s'installent
dans les régions éloignées ne sont pas nécessairement des gens qui
veulent délaisser leurs privilèges et plutôt même rester dans le confort
qu'ils connaissent. Pour que ces personnes fassent partie de la lutte,
il est de notre devoir de les inclure dans les alternatives pour créer
le changement nécessaire dans leurs habitudes et la compréhension des
fonctionnements en communauté.
BCEG: Outre le RLBN, peux-tu nous faire un petit portrait des différents
groupes ou initiatives militants qui luttent dans la région et les idées
qu'ils et elles portent?
Nokturn: Nous avions créé un petit dépliant sur les alternatives
libertaires en Gaspésie autour de la Pointe. Probablement que ce serait
bien de le mettre à jour! Il y a des écovillages et hameaux
intéressants, des projets de communautés comme des coops d'habitation ou
de solidarité, de plus en plus d'alternatives maraîchères en
permaculture (paniers bio, souveraineté alimentaire, projets municipaux
comme Nourrir notre monde), des groupes citoyens ou militants tel La
planète s'invite au parlement ou Solidarité Gaspésie, le comité ZEN, des
lieux autogérés comme le Loco local... quelques alternatives médiatiques
comme le journal La grève également ou encore les archives
révolutionnaires de la Bardane à St-Louis. Le désir et la volonté de
construire en marge sont bien présents, même dans les sphères publiques
comme avec les soins de sages-femmes ou les centres de petite enfance en
constant combat. Des valeurs importantes sont celles qui se lient au
communautaire. Ici, les centres communautaires et les groupes de
discussion et d'entraide sur les médias sociaux sont chose régulière
afin de pallier le manque de services, la distance ou d'autres
problématiques qui sont liés au capitalisme, à l'isolement et à l'exode
rural. Il y a aussi bien sur nos amis Mi'kmaq qui sont présents pour
défendre les mouvements et enjeux autochtones et avec qui nous sommes
très prêts pour aider notre décolonisation.
BCEG: Au cours des dernières décennies, avec la vigueur des mouvements
contre-culturels et l'opposition à la tenue des grands sommets portant
sur les traités de libre-échange, la représentation de l'anarchisme a
beaucoup été associée aux grands centres urbains et à l'organisation de
la jeunesse et des groupes marginalisés qui y habitent. Comment
perçois-tu les possibilités révolutionnaires et l'implantation sociale
des idées libertaires en milieu rural?
Nokturn: Personnellement, je ne crois pas que ce soit une possibilité,
mais une nécessité. Le capitalisme se base sur la privatisation et la
surproduction, donc les centres urbains. En Gaspésie, il est facile de
voir dans l'histoire ouvrière les exemples de dépossessions du
gouvernement lors de la centralisation d'Après-guerre et de l'exode
rural. Les communautés se sont vues privées de leurs services et une
pauvreté intellectuelle a été exploitée. Pire, des villages expropriés.
Donc, le retour en région fait partie d'un mouvement anticapitaliste,
quand il vient avec un changement de mode de vie également (parce que
beaucoup de gens veulent conserver leurs privilèges de banlieue ou
métropoles en revenant en région). Les idées libertaires ont une place
de choix dans les régions puisque les militants peuvent se concentrer
sur la construction d'alternatives et pas seulement sur la réaction
(défensive), étant souvent sur des combats urbains comme la
gentrification ou les constants problèmes créés par les grands centres.
Les mouvements libertaires doivent prendre place sur les territoires non
cédés des Premières Nations également dans une perspective
anticoloniale, beaucoup de ces espaces faisant partie des régions.
BCEG: Qu'est-ce que tu vois comme les plus gros défis qui peuvent se
poser à la persistance dans le temps (et peut-être aussi la croissance)
des groupes militants dans votre coin?
Nokturn: La rétention dans la région est un défi de taille qui laisse
des marques. Le manque de logement et les personnes qui restent ici
seulement l'été, en plus du cégep, font en sorte qu'une dynamique
particulière s'installe et il devient difficile de créer une certaine
constance dans les alternatives. C'est d'ailleurs l'une des raisons de
la création du réseau, afin de pouvoir lier les gens par un tissu social
autonome au travers des projets. La constance c'est une vertu qui est
difficile dans plusieurs spectres, mais tellement importante pour la
création d'alternatives concrètes. Sinon, bien entendu, l'étau toujours
plus serré du capitalisme qui vient poser des barrières à la
collectivisation et décentralisation de nos espaces et territoires, mais
ça, c'est la raison pour laquelle nous sommes libertaires et solidaires.
BCEG: La question que je vais te poser apparaîtra peut-être curieuse,
elle fait néanmoins appel à votre interprétation de la conjoncture
régionale et des rapports de pouvoir, des entreprises, des personnalités
influentes et des institutions qui y tirent les ficelles. Dans votre
analyse, qui domine la soi-disant Gaspésie (en territoire Mi'kmaw non cédé)?
Nokturn: D'un point de vue spirituel, c'est la nature qui dirige la
Gaspésie. Comme partout ailleurs. Nous ne sommes qu'un passage sur cette
planète et elle s'en tirera bien avec ou sans nous. Mais dans un
contexte géopolitique, c'est bien évidemment les gouvernements
provinciaux et fédéraux qui ont le plus de pouvoir sur les
municipalités. Selon nous, les théories de Bookchin pourraient inspirer
les mouvements municipaux à gagner en décentralisation. Beaucoup de
municipalités en parlent, mais peu en font une pratique ou forment des
actions pour gagner en autonomie. Les MRC ont des pouvoirs particuliers
également sur les municipalités qui limitent les prisent de décision de
manière étrange. Avec la victoire récente sur Galt, il fait bien de nous
rappeler que le pouvoir appartient à qui veut le prendre, et surtout
dépend de la manière qu'il est utilisé.
BCEG: Merci de nous avoir accordé cet entretien et au plaisir de vous
rencontrer!
https://ucl-saguenay.blogspot.com/2022/06/entretien-avec-un-militant-du-reseau.html
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