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(fr) Courant Alternatif #319 (OCL) - Dans l’angle mort de la garde à vue
Date
Wed, 4 May 2022 19:23:47 +0100
Le 23 août 2020, Toufik Sahih, 23 ans, est mort en garde à vue au
commissariat de Lille. Sa famille a porté plainte et un juge
d’instruction a été nommé pour diriger l’enquête, mais un an et demi
plus tard très peu de choses ont été faites. Le 26 février dernier, 250
personnes ont manifesté à Lille pour que Toufik reste dans les mémoires
et que les circonstances de son décès soient connues. Une manière aussi
de rappeler qu’il y a régulièrement des décès en garde à vue. ----
Toufik était originaire d’Algérie. Il n’avait été scolarisé que jusqu’en
sixième et avait ensuite dû faire des petits boulots pour aider sa
famille avec qui il vivait dans un bidonville. Pour s’en sortir, Toufik
a dû émigrer vers la France. Un soir, il a été arrêté et mis en garde à
vue, a priori pour être entré dans un appartement pour y passer la nuit.
En effet Toufik était sans abri. En fait, il était non seulement sans
logement, mais aussi sans travail et avait pour seule famille en France,
un cousin éloigné habitant loin de Lille. Dans ces conditions, les
autorités pouvaient espérer que sa mort passe quasiment inaperçue, avec
juste un court article dans la presse locale.
Mais l’info a résonné avec les mobilisations précédentes contre les
violences et les crimes commis par la police et quelques personnes ont
cherché à en savoir plus et à ne pas laisser la mort de Toufik sans
écho. Parmi elles, des membres du Collectif contre la Répression des
Individus et des Mouvements d’Émancipation (CRIME)[1]Pour espérer faire
avancer l’affaire, il fallait d’abord prendre contact avec sa famille,
ce qui a été possible grâce à l’aide des potes et compagnons de galère
de Toufik. C’est eux qui, à une vingtaine, ont été les premiers à
protester publiquement, jusque devant le commissariat où ils ont érigé
un début de barricade. Leur manif était d’autant plus significative
qu’ils sont eux-mêmes sans papiers et donc particulièrement en danger
face à la police. Dans la foulée, une fois le contact avec la famille
établi, un collectif « Vérité pour Toufik » a été créé. Une
manifestation a été organisée, en lien avec le Comité des Sans Papiers
(CSP 59), en septembre 2020.
Immédiatement après le drame une enquête a été réalisée par l’IGPN, à la
va-vite, pour bâcler quelques conclusions. Mais la famille a porté
plainte et son avocat, Me Antoine Chaudey, a dû intervenir plusieurs
fois pour qu’un juge d’instruction a soit nommé. Mais, pour l’instant,
le dossier n’a guère avancé. Apparemment, pour la justice, une personne
comme Toufik ne mérite pas de faire une enquête sérieuse sur les causes
de sa mort. Comme dit un cousin de Toufik: « Ce n’est pas un chat qui
est mort! C’est mon cousin! ».
Concernant l’IGPN, on connaît sa renommée, personne n’est naïf.
Concrètement, ici c’est l’IGPN qui a contacté le cousin de Toufik pour
qu’il vienne à Lille reconnaître le corps, qui lui parlé de manière bien
affable, qui s’est dite soucieuse que le corps soit envoyé au plus vite
en Algérie, pour que la famille puisse procéder aux obsèques et faire
son deuil. Certifiant que la police avait fait de son mieux, qu’il n’y
avait rien de suspect, qu’il était donc inutile de porter plainte,
l’IGPN l’a même mis en garde sur les difficultés à engager une action en
justice. Alors quelle est sa fonction? Enquêter sur les actes de la
police, comme une « police des polices »? Ou arranger au mieux les
choses avec les familles des victimes de la police, dans l’intérêt de la
police?
L’enquête de l’IGPN a été bâclée: elle n’a pas interrogé les policiers
qui ont arrêté Toufik, ni les policiers de service en garde à vue entre
0h30 (heure à laquelle il est arrivé en garde à vue) et 5 h du matin
(heure du changement d’équipe), ni le médecin qui l’avait vu. Et
surtout, les vidéos n’ont pas été jointes au dossier – au commissariat
de Lille, comme dans bien d’autres, les couloirs et chaque cellule sont
sous vidéosurveillance. Sur tous ces points, l’IGPN n’a pas fait son
travail. Le juge d’instruction non plus. L’avocat a donc déposé des
requêtes sur chacun de ces points et sur d’autres… sans résultat à ce jour.
Pour autant, ça n’empêche pas l’IGPN d’avancer ses conclusions sur
l’affaire. Dans son bilan d’activité 2020, l’IGPN prétend que Toufik « a
été interpellé pour vol, avec effraction ». Pourtant, dans le dossier
judiciaire auquel la famille a eu accès, aucun objet volé n’est
mentionné, ni sur Toufik ni sur l’autre homme avec qui lequel il a été
arrêté, aucun objet n’est signalé manquant dans le logement où ils sont
entrés, et aucun indice d’effraction n’est évoqué, si ce n’est une trace
de chaussure sur une porte. Alors où est le vol et où est l’effraction?
Il semble bien que Toufik, qui était sans abri, soit seulement entré
dans cet immeuble en travaux pour s’abriter pour la nuit. Mais comme
toujours, quand il y a une victime de la police, les autorités
s’empressent de salir son image. L’IGPN prétend aussi que Toufik « s’est
tapé la tête contre les murs en garde à vue ». Où sont les vidéos qui le
prouveraient? Absentes du dossier! Toujours dans le même rapport, il est
dit que le décès de Toufik est « d’origine toxique », bien que
l’autopsie ne soit pas claire sur ce point. Plusieurs affaires de
personnes décédées entre les mains de la police (on peut citer les
drames d’Adama Traoré ou de Wissam El Yamni) ont montré qu’il existe de
toutes façons des autopsies très complaisantes envers la police. Juste
avant l’enterrement de Toufik en Algérie, une deuxième autopsie a eu
lieu là-bas, dont on ne connaît pas le résultat.
Le drame de Toufik soulève bien des questions sur ce qui lui est arrivé
et sur la gestion de l’enquête, mais aussi plus largement sur ce qu’est
la garde à vue en France. Récemment, le Comité de Prévention de la
Torture du Conseil de l’Europe a fait une tournée d’inspection de lieux
de garde à vue en France. Le commissariat de Lille y est mentionné pour
une affaire de violences commises par la police sur une personne
handicapée. Malheureusement, ce n’est pas un fait isolé et la France est
régulièrement montrée du doigt pour les conditions déplorables qu’elle
inflige en garde à vue. Malgré les nombreux rapports sur le sujet, rien
ne change et on continue à mourir dans les cellules des commissariats.
À l’ombre. Une autopsie de la garde à vue
Le collectif Vérité pour Toufik a mis en ligne une série de six podcasts
sur la garde à vue. Au-delà des conditions du décès de Toufik, ils
interrogent les raisons pour lesquelles des gens meurent si souvent dans
les cellules des commissariats, que ce soit en garde à vue ou en
dégrisement. Une manière de mettre en évidence que le décès de Toufik
n’est pas qu’un accident mais le résultat d’une politique délibérée de
maltraitances et de violences. Comme lui, ce sont plus d’une soixantaine
de personnes qui sont décédées ces vingt dernières années. Vous pouvez
retrouver ces podcasts sur plusieurs pages (comme Lille insurgée) et sur
le blog Point de rupture:
Notes
[1]Contre la Répression des Individus et des Mouvements d’Émancipation
le C.R.I.M.E., créé en 2010, se fixe pour objectifs de lutter contre la
répression et plus particulièrement contres les violences et crimes
policiers, d’apporter un soutien financier, politique et juridique à
ceux qui sont emprisonnés, inculpés ou victimes de la police et d’aider
à une prise de conscience du vrai rôle de la police: soumettre les
couches sociales qui auraient le plus intérêt à se débarrasser de le
système, parce qu’elles en bénéficient le moins.
Le collectif a organisé des manifestations, des projections, des
discussions sur ces thèmes et l’actualité des violences policières dans
le Nord- Pas de Calais l’a amené à lutter aux côtés de familles de
victimes de la police. Entre autres: les familles de Lahoucine Aît
Omghar abattu de 5 balles, Selom et Matisse tués par un train alors
qu’ils tentaient d’échapper à la police, Henri Lenfant tué d’une balle
dans la nuque à bout portant. Et Toufik..
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3137
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