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(fr) UCL Saguenay - Les promesses brisées du Vietnam: Critiques d'un anarchiste Vietnamien
Date
Fri, 11 Jun 2021 18:03:54 +0100
Traduction d'un article du site Libcom.org: Vietnam 2021, l'humeur
général semble être à l'optimisme. La poursuite sans relâche d'une
stratégie Zéro-Covid a reçu une approbation répandue autant à
l'intérieur du pays qu'à l'international. L'économie a réussi à s'en
tirer avec une croissance positive là où ses voisins ont souffert d'un
déclin en raison de la pandémie. Mais en dessous de toutes ces
fanfaronnades, quelqu'un aurait raison de sentir qu'il y a quelque chose
qui cloche. Il y a ce sentiment tenace que personne ne semble être
capable de mettre le doigt dessus. Presque comme s'il y avait un spectre
qui hantait le Vietnam, le spectre du communisme - le vrai communisme,
sans cloche, ni sifflet. ---- Comme Emma Goldman l'avait astucieusement
noté, il n'y avait aucun communisme en URSS. La même chose peut être
dite du Vietnam d'aujourd'hui. Le parti au pouvoir - le Parti Communiste
du Vietnam - a depuis longtemps dévié du chemin vers le communisme. ----
Avant que le présent chef du Parti ne commence son troisième mandat
(2020-2025), il a formulé une ambitieuse feuille de route dans laquelle
en 2045 le Vietnam deviendrait un pays «développé», à égalité avec le
Japon, la Corée du sud et Singapour. Pour nous, les radicaux et
radicales, il s'agit d'une trahison envers la classe ouvrière, les
peuples Autochtones et les groupes marginalisés qui ont tant sacrifié
pour la révolution vietnamienne. Mais, comme les marxistes-léninistes
aux yeux clairs et aux convictions inflexibles vous le diraient, tout
cela fait partie du plan© et 2045 sera l'année tant attendue où le
Vietnam évoluera finalement en un pays sans classe sociale, sans argent
et sans État.
Quoiqu'il en soit, un regard plus approfondi sur la société vietnamienne
d'aujourd'hui démontre que ce plan est complètement illusoire et que les
promesses ne sont que de simples justifications pour la classe
dirigeante et la classe capitaliste pour continuer de vampiriser le
Vietnam encore plus longtemps. La différence entre ce que les élites du
Parti prêchent et ce qu'ils permettent d'arriver dans la réalité est
comme le jour et la nuit.
Tandis que l'économie du Vietnam croît par bonds, ainsi croît l'écart
abyssal entre les riches et les pauvres. Et aucun montant d'aide sociale
et de régulation ne peut arrêter l'accumulation du capital ou le flot
inversé de la richesse des mains de la majorité vers celles de
quelques-uns. Nulle part cette accumulation ne se manifeste de manière
aussi omniprésente que dans le système de propriété des terres. Ce
système permet que le contrôle des terres soit arraché des mains des
paysans et des gens ordinaires en échange de compensations minimes et
donné aux capitalistes qui font souvent plusieurs fois plus de profit
grâce à celui-ci. Partout dans le pays, de riches bâtiments résidentiels
ont poussé, mais très peu parmi les gens déplacés par eux peuvent se
permettre d'y emménager. Le milliardaire Pham Nhât Vượng, dont la
famille possède la même richesse que 800 000 Vietnamiens et
Vietnamiennes, ne pourrait avoir bâti son empire sans que des propriétés
publiques soient glissées dans ses poches de cette façon.
Le milliardaire Phạm Nhật Vượng (à gauche) sur un panel de conférence
avec Nguyễn Mạnh Hùng (à droite) - l'ancien PDG de Viettel (maintenant
ministre de l'Information et des Communications du Vietnam). À leur
côté, une statue de Hồ Chí Minh et le symbole du marteau et de la faucille.
Les écosystèmes et les communautés Autochtones déjà précaires du Vietnam
paient également un lourd tribut pour ce développement économique
rapide. Le plan pour le secteur de l'électricité jusqu'en 2045 a octroyé
certaines concessions aux énergies renouvelables tout en soutenant la
construction de nouvelles centrales électriques au charbon, soit en
ignorant leur énorme empreinte de CO² et les nombreux avertissements
quant au lien entre l'énergie du charbon et le brouillard de PM 2.5[Ndt.
les particules fines]qui couvre les grandes villes, menaçant le
bien-être de millions de personnes. Vers le milieu des années 2010, des
centaines de petites centrales hydroélectriques ont été construites dans
les zones montagneuses à travers le pays pour rassasier l'appétit en
électricité des villes et des usines. Ces centrales n'ont pas seulement
perturbé le réseau de rivières et privé les terres agricoles en aval des
sédiments essentiels, mais elles ont aussi causé de grands ravages dont
on ne parle pas dans les milieux où vivent les communautés Autochtones
durant leur construction et leur opération. Les centrales d'énergie
solaire à Ninh Thuận ont volé aux Autochtones Chăm leurs terres de
pâturage. Le Delta du Mékong, la principale zone de culture du riz du
Vietnam voit présentement son existence menacée par les nombreux
barrages qui sont construits en amont en Thaïlande et en Chine. Et, en
même temps qu'un projet national de planter un milliard d'arbres est
ratifié, les capitalistes ont reçu un grand nombre d'approbations pour
leur permettre de transformer des milliers d'hectares de fermes et de
forêt en des terrains de golf et des stations balnéaires.
Derrière tout cela se cache un profond sentiment de nationalisme - un
outil efficace pour restreindre au silence toute critique significative
contre l'État, une valeur qui peut être utilisée pour saper les autres
luttes populaires au nom d'un intérêt supérieur abstrait. Le
nationalisme est devenu la valeur qui détermine ce que vaut un citoyen
Vietnamien / une citoyenne Vietnamienne.
C'est le nationalisme qui a catapulté le Việt Minh[NDT. Ligue pour
l'indépendance du Viêt Nam]dans les années 1940. C'est le nationalisme
qui a poussé des millions de jeunes Vietnamiens et Vietnamiennes à
placer l'intérêt de la nation au-dessus de leur propre intérêt alors
qu'ils et elles se sont battu-e-s corps et âme contre l'impérialisme.
Depuis les premiers jours du Parti, il y a eu un effort constant pour
cultiver un fort sentiment de nationalisme partout. Le nationalisme fait
partie du curriculum des enfants du Vietnam, dans nos chansons, nos
poèmes, notre art et partout dans les médias. L'un des plus grands
succès du Parti a été de semer la confusion entre identité nationale et
loyauté au Parti. Chez les capitalistes Vietnamiens contemporains comme
VinGroup ou BKAV, on peut observer l'inspiration tirée de la machine de
propagande de l'État et l'incorporation d'éléments nationalistes dans le
marketing de leurs produits.
Deux affiches de propagande à Hanoï. Celle de gauche se lit ainsi:
«Célébrons le printemps 2021». Celle de droite illustre une femme issue
d'une minorité ethnique avec son enfant célébrant le Parti.
Ironiquement, ce sont les nationalistes qui affirment être les héritiers
de la révolution «communiste» du Vietnam alors qu'il s'agit pourtant du
groupe le plus fermement opposé aux idées radicales comme la libération
animale, le genre et la libération sexuelle, l'autonomie des peuples
Autochtones, la décriminalisation du travail du sexe et la solidarité
internationaliste, avec des luttes comme celles de Hong Kong ou du
Myanmar par exemple. La persuasion nationaliste s'est prévisiblement
transformée en une force contre-révolutionnaire et réactionnaire se
drapant de rouge.
Les victimes du nationalisme vietnamien incluent (non exhaustivement):
- Les personnes Queer, qui continuent d'être confrontées à un haut
niveau de discrimination au Vietnam. Les progrès récents en lien avec le
genre et la libération sexuelle sont en grande partie venus d'éléments
libéraux, comme le mouvement de la Fierté, qui n'est rien d'autre qu'un
stratagème de marketing pour les compagnies locales et étrangères. Des
changements substantiels, tels que la reconnaissance de
l'homoparentalité et la reconnaissance des besoins médicaux des
personnes trans comme des droits passent toujours après «les enjeux qui
pressent davantage».
- Les travailleuses et travailleurs du sexe, qui sont stigmatisé-e-s et
ciblé-e-s par la police. Aux yeux de la société patriarcale
vietnamienne, le travail du sexe n'est pas reconnu comme du travail,
mais comme une simple pathologie morale à éradiquer. En conséquence, le
travail du sexe est blâmé pour la propagation d'infections
transmissibles sexuellement comme le VIH et les travailleuses et
travailleurs du sexe, tout spécialement celles et ceux qui sont Queer,
sont marginalisé-e-s.
- Les communautés Autochtones, qui ont subi les assauts des politiques
expansionnistes des Viêt depuis la période féodale, ne retrouvent aucune
paix sous le régime «anti-impérialiste» de l'État actuel. Pire encore,
l'oppression qu'elles subissent s'est intensifiée alors que l'État se
dote de nouveaux outils plus efficaces pour neutraliser toute résistance
ainsi que pour surveiller proactivement la population Autochtone.
À l'étranger, plusieurs défenseurs et défenseuses du «socialisme» au
Vietnam ont été témoins de ces signaux d'alarme évidents, mais les ont
ignorés en les considérant comme justifiés au nom du développement de
leur État «socialiste» préféré. Cela démontre l'apathie et l'ignorance
témoignée envers la lutte continue du peuple Vietnamien pour une société
juste, ainsi qu'un soutien au capitalisme tant qu'il est drapé d'un
drapeau rouge et qu'il se prétend être opposé aux ambitions
impérialistes de «l'Ouest», particulièrement celles des États-unis, même
si tout indique que le communisme n'est et n'a jamais été dans les plans.
En terminant, exister est en soi une victoire, voire ainsi un rôle
manifeste, un rôle de représenter les voix des militantes radicales et
militants radicaux au Vietnam. Nous nous portons vers la prochaine
classe ouvrière, la jeunesse, qui à la fois perpétue et est opprimée par
le capitalisme et l'État pour qu'elle puisse se libérer des chaînes de
l'oppression.
Mèo Mun
Traduction du Blogue du Collectif Emma Goldman
http://ucl-saguenay.blogspot.com/2021/06/les-promesses-brisees-du-vietnam.html
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