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(fr) La saga Lucio Urtubia
Date
Wed, 23 Feb 2011 11:25:54 +0100
Ci-joint un document du CRAS. En pièces jointes le même document et Lucio
l'anarchist Fantasy ou l'esbroufe illégaliste au risque du mouvement social de José
Cisnero diffusé durant l'été 2010.
***************************
A propos de Lucio Urtubia.
Les années 1960, jusqu'aux débuts des années 1980, sont en France et dans de
nombreux pays, une période révolutionnaire. Le mouvement libertaire issue de 1968
est confronté en son sein à l'émergence de nouveaux courants illégalistes pratiquant
la propagande par le fait, l'action directe, le sabotage et les réappropriations. Un
extrait de la brochure Insurrection parue en France en 1979, résume bien la
situation : « Il s'agit de se donner des moyens, grâce aux expropriations armées ou
désarmées, escroqueries, etc..., d'avoir une infrastructure nécessaire
(appartements, planques, armes, faux papiers etc...) et de satisfaire nos besoins en
échappant le plus souvent possible au salariat et à son cortège de misère »*.
Aujourd'hui, depuis une dizaine d'année, Lucio Urtubia se présente comme un acteur
de cette période et de la période précédente (années 1950/1960). Le personnage a
trouvé des écrivains et des cinéastes qui nous relatent des faits divers et
quelques-uns de ses « exploits » qui n'ont rien de particulièrement extraordinaire
pour l'époque. Mais, tout en jouant les modestes, Lucio s'accapare une histoire
collective, s'attribuant certaines idées et pratiques que d'autres ont eu. Certaines
revues libertaires relayent l'histoire racontée par Lucio sans même s'assurer de la
véracité des propos.
Au printemps 2010, une série de documents concernant Lucio nous parviennent au CRAS
(voir ci-joint la liste « Quelques témoignages »). Ce sont des témoignages d'anciens
compagnons de Lucio qui le contredisent et nous éclairent sur ses « exploits ». En
été 2010, nous diffusons le document Lucio, l'anarchist Fantasy ou l'esbroufe
illégaliste au risque du mouvement social de José Cisneros. De ce document, la
presse libertaire et notamment celle qui a permis à notre héros d'exister, n'en dira
rien. Comme Lucio continue sont tour d'Europe en peaufinant sa nécrologie, nous
avons décidé de diffuser le dossier ci-joint qui comprend deux autres témoignages le
concernant.
Il ne s'agit pas ici de jouer les releveurs de torts mais bien de participer à la
transmission d'un moment révolutionnaire qui n'a que faire de symboles et de mythes
entretenant des phantasmes déplacés.
Si vous avez des documents critiques ou éclairants sur cette histoire, merci de nous
les faire parvenir**.
Des membres du CRAS (février 2011)
* Extrait d'un texte écrit par des membres (français/espagnols) de groupes autonomes
détenus à la prison Modelo de Barcelone.
** CRAS - BP 51026 - 31010 Toulouse cedex 06 - cras.toulouse@wanadoo.fr
************
Quelques témoignages sur les divers propos du « prodige de Cascante » Lucio Urtubia *
- Lucio, l'anarchist Fantasy ou l'esbroufe illégaliste au risque du mouvement social
de José Cisneros, daté du 5 janvier 2010. Document reçu au CRAS et après des
vérifications nous l'avons diffusé. En juillet 2010, nous recevions un mail de José
María Olaizola, qui transmettait un message de Lucio à l'attention de José Cisneros
(lire page 8).
- La Coupe du monde 2010 et si on reparlait du mondial 1978... de José Cisneros de
juillet 2010. Document reçu au CRAS que nous n'avons pas diffusé.
- Ci-dessous (page 2) le témoignage de Salvador Gurucharri et à partir de la page 3
celui de Luis Andrès Edo. Tous deux étaient membres de la FIJL (Fédération Ibérique
des Jeunesse Libertaires) et compagnons de Lucio.
* A lire où à écouter les diverses déclarations et versions tenues par Lucio Urtubia :
- Lucio l'irréductible de Bernard Thomas (collaboration d'Isabelle Villemont),
Editions Flammarion, Paris, 2000. Ouvrage traduit en langue espagnole Lucio el
anarquista irreductible, Ediciones B, Barcelona, 2001.
- Des émissions télévisés (Mireille Dumas...) ou radiophoniques (France Culture...)
- Ma morale anarchiste, écrit par une main anonyme, Les éditions libertaires, 2005.
Ces éditions vont attribuer à l'ouvrage le prix « Ni dieu, ni maître ».
- Reportages télévisés (FR3...)
- Divers courts métrages en langue française et espagnole.
- Lucio, anarchiste, braqueur, faussaire, et aussi... maçon un documentaire de Aitor
Arregi et de Jose-Mari Goenaga, 2007. Une fiction financée par le Ministère de la
culture espagnol, et le Gouvernement Basque.
- La revolucion por el tejado, Ediciones Txalapara, 2008. C'est dans ce livre qu'il
accuse nommément Edo d'être « l'un des traites ».
- Voir également sur le Web en tapant le nom de Lucio.
En Europe (Espagne, France, Italie...), dès et depuis la parution du livre Lucio
l'irréductible signé par Bernard Thomas la presse bourgeoise (Le Canard Enchaîné, Le
parisien, Le Nouvel Observateur, Libération, Sud-Ouest, El Pays,...) et des revues
libertaires (Le Poulpe, Temps Maudits, A Contretemps, Le Monde
Libertaire...Germinal**) vont lui consacrer de nombreux articles. Dans ces mêmes
pays, des groupes libertaires vont l'inviter avec ses bouquins ou films pour des
débats/ conférences.
En France, la dernière (?) « Belle man?uvre » de Lucio c'est de faire diffuser le
film Lucio, anarchiste, braqueur, faussaire, et aussi... maçon par les comités de
soutien aux membres d'Action Directe. (Voir document page 8/10)
** Germinal - Journal italien, anarchiste, domicilié à Triestre - Le n°113/114
(décembre 2010) sur une page fait de la pub pour le film Lucio (sous-titré en
langue italienne) et rend compte d'une projection à Udine en présence de Lucio en
septembre 2010. C'est le Circolo Berneri qui s'occupe de la diffusion du film en
Italie.
**********
Ci-dessous, quelques lignes extraites et traduites de Bibiografía del anarquismo
español (1869-1975) de Salvador Gurucharri, éditions Librería La Rosa de Foc,
Barcelone, 2004.
...Il s'agit des mémoires de Lucio Uturbia, le prodige de Cascante. L'anarchiste qui
selon ses dires, vole aux riches pour donner aux pauvres. C'est un travail à deux ou
trois mains différentes avec en toile de fond la voix d'un astucieux hâbleur (en
français dans le texte). Il est bien dommage que ce qui aurait pu être intéressant,
pris en main par un spécialiste du genre comme Thomas (La bande à Bonnot, Jacob dit
le voleur, etc....) ne soit qu'un pastiche sensationnaliste, personnaliste et peu
fiable. On ne sait vraiment si c'est la faute des mains ou de la voix, bien que
celle-ci chante... Bien que je ne contrôle bien que la première partie (1957 -
1964), les relations avec Quico Sabaté (1), qui évolueront avec le temps, (un
braquage qui malgré ce que dit Lucio n'a pas eu lieu en Angleterre, et ne fut pas si
productif). Il aurait été plus intéressant de poser avec force le point d'inflexion
dans le développement des Jeunesses Libertaires et de leurs futures stratégies. La
FILJ (2), qui depuis des années était meurtrie dans les mains de personnes de
confiance, (de Esgleas à Federica, d'abord Borras puis Celma) (3), se mit à
discutailler. Elle était à l'avant-garde dans le processus unitaire (de fait sa
réunification précédera celle de la CNT) et avait décidé d'évincer la Commission de
Relations de Toulouse et son entourage esgleiste (4) pour la déplacer à Paris. Ceci
fut acquis au plénum de Limoges à l'été 1960. Sans doute les propres changements
dans la CNT, qui depuis l'été 1958 avait cassé l'hégémonie esgleiste et avançait à
pas de géant vers l'unité, avait aidé à l'impulsion des JJLL. L'anecdote sur le
contrôle de la part du groupe de Jose Pascual pour essayer de connaître avec quels
fonds s'organise l'expédition finale de Sabaté (confrontation déterminée, non
seulement de Lucio, mais aussi de quatre personnes : Luis Andres Edo, N.I., S,
Gurucharri et Lucio) n'est pas ce qu'il y a de plus significatif. Ce qui est
important, c'est le travail fait par les groupes des Jeunesses pour « alléger le
poids que représente Sabaté » au sein de la FILJ. En accord avec de vieux activistes
(Massana, Cerrada (5), et d'autres) la FILJ était arrivé à la conclusion que la
résistance libertaire devait abandonner les schémas du vieux maquis avec les passes
de montagne et développer de nouvelles propositions d'action urbaine. Les années
1958 et 1959 sont des années de forte activité interne. Lucio participa à ces
tensions qui, par malheur et à cause de l'entêtement et de l'obstination du Quico,
arriveront à leur comble avec la mort tragique et celle des quatre valeureux
compagnons de la FILJ, en janvier 1960. Tout cela coïncide avec le projet de DI en
1961 qui s'accorde mieux avec une nouvelle génération de jeunes plus sensibles au
panorama international (Algérie, Cuba, Portugal) et où pour la première fois,
l'émigrant économique embrassait le courant libertaire. C'est à cette époque, quand
on obtient les conditions indispensables pour continuer la lute : neutralisation de
l'immobilisme esgleiste, unité confédérale, réactivation de l'organisme de défense,
synchronisation avec un comité plus stable et décidé, que Lucio sort de scène. Il se
consacre à fréquenter l'ambassade cubaine... Sa version sur sa rencontre avec le Che
Guevara et l'idée d'inonder l'économie cubaine avec des faux dollars me parait une
pompeuse invention à une époque où Lucio n'avait même pas idée de comment falsifier
une maudite peseta, si tant est qu'il ne l'ai jamais su un jour. Un projet
semblable, mais dirigé sur l'Espagne était issu de l'extraordinaire invention de
Laureano Cerrada. Lucio s'efforcera pendant des années à rentrer dans les projets de
Cerrada qui s'améliorent de plus en plus au contact des jeunes français qui
commencent à maîtriser l'informatique. Parce que, techniquement, Cerrada commençait
à être dépassé comme le maquis. On pourrait écrire un second roman sur Lucio, et
l'on continuera de se lamenter de son penchant pour son histoire approximative.
Projets de toutes sortes, affrontements avec Liberto Sarrau (6) et son MPR (7),
projets avortés avec Juanito Pintado du à de sérieuses incompétences du SI, etc....
Dans le second chapitre que je connais moins, je n'ai qu'une opinion personnelle,
c'est que si ni lui ni Alberola (8) ne s'étaient impliqués dans le projet du
banquier Suarez, les jeunes du GARI auraient mené à bien et parfaitement cette
opération. // Quand à voler les riches pour donner aux pauvres, il me parait
scandaleux qu'il veuille assimiler des pratiques que je considère simplement
mercenaires, celles de Lucio et ses amis dans des projets rocambolesques, avec les
pas faits avec Juan /el Largo et d'autres aventures, comme des projets anarchistes.
Et que l'on note que je lui ai donné une étroite amitié, (pour le rôle tenu par la
Fédération Locale de Clichy, pour des relations de pays, Cascante n'est qu'à
quelques kilomètres de mon village d'origine, ...) Et sachant qu'un des rares
appartements français que pouvait utiliser les Jeunesses en région parisienne à
cette époque (1964/65) était le fameux appartement de Lucio à Clichy. J'ai lu aussi
dans d'autres textes (de Stuart Christie et grâce aux fantaisies de Lucio) que notre
Robin Hood, grand capitaine de « los de la vena » avait donné je ne sais combien de
millions (beaucoup) à la cause à la résistance libertaire. Pour sûr, je crois que je
l'aurai su, mais....Et si c'était vrai, je pense qu'avec autant de moyens, un autre
son de cloches aurait retenti sur tout le processus d'opposition au franquisme. Je
vous donne une réflexion : quand Durruti et ses compagnons cassent la Banque
d'Espagne à Gijon en 1923 et emportent un bon magot, bien que payant un prix élevé,
une bonne part de l'argent servi pour les prisonniers et pour acheter des armes ; et
une autre, bonne part, pour monter une Bibliothèque Internationale à Paris qui édita
des publications dans de diverses langues...)
Notes CRAS
(1) Sabaté Llopart Francisco (1915-1960) dit « El Quico » est né à L'Hospitalet de
Llobregat, près de Barcelone. A l'age de 17ans, il est membre de la Federación
anarquista iberica (FAI), dès juillet 1936, il combat sur le front d'Aragon pour
défendre la révolution et pour stopper l'avancée des troupes fascistes. En 1939,
comme des milliers de combattants espagnols, il se réfugie en France où il connaît
les camps de concentration. Il rejoint la résistance contre l'occupant nazi. Dès
1945, à partir de la France, il mène un combat de propagande et de guérilla contre
la dictature franquiste avec d'autres compagnons membres du Mouvement libertaire
espagnol (MLE). Le 5 janvier 1960, il est abattu par la Guardia Civil près de
Barcelone à San Celoni.
(2) FIJL : Federación iberica de juventudes libertarias (Fédération ibérique des
jeunesses libertaires), créée lors du congrès de Madrid en 1932. De fait, dissoute
en 1969 par le désengagement des militants les plus actifs. Pour approfondir sur la
FIJL et ces périodes lire A contretemps n° 39, janvier 2011-
a-contretemps@wanadoo.fr .
(3) Les personnages cités sont des membres de la « direction » de la CNT en exil.
(4) Tiré du nom de Germinal Esgleas (Secrétaire national de 1952 à 1958 et de 1962 à
1971) et désignant un courant important de la CNT espagnole.
(5) Laureano Cerrada Santos (1903-1976). Militant libertaire, faussaire réputé,
expulsé de la CNT espagnole à cause de ses pratiques illégales. A deux reprises il
est arrêté en France pour fabrication de fausse monnaie. Lors de sa dernière
arrestation en mai 1970 à Boulogne-Billancourt, la police découvre une imprimerie où
sont fabriqués des faux papiers français (cartes d'identité, permis de conduire...).
Il sort de prison en août 1974. Le 18 octobre 1976, il est assassiné à Paris, à
Belleville près du café de l'Europe.
(6) Membre de la FIJL
(7) MPR (fin année 1950-1962) : Mouvement Populaire de Résistance - Comité d'aide à
la résistance espagnole.
(8) Albérola Octavio, membre de la FIJL.
***************
Ci-dessous, le Chapitre XV extrait et traduit du livre La CNT en la encrucijada -
Aventuras de un Heterodoxo de Luis Andrès Edo (1), éditions Flor del vientos,
Barcelona, 2006.
Chapitre XV : « Lucio, l'anarchiste irréductible »
Lucio, le « Moi, Claudio »de l'histoire de l'anarchisme espagnol en Exil
Il faut que je commence par une critique du titre de ce livre, je m'y vois obligé
parce que c'est la colonne vertébrale de son contenu, et ce n'est pas autre chose
qu'un règlement de comptes politiques avec moi, bien que pour cela il utilise un
pseudonyme. Un pseudo qui ne cesse de peindre mon identité avec beaucoup
d'exactitude, ce qui n'échappera à n'importe quel lecteur averti, comme le sont les
agents de la Brigade Politico-sociale (BPS). C'est-à-dire, son obsession de se
mettre en perspective dans son histoire comme « Moi, Lucio » et rien ne le retiens
devant ce risque. Effectivement, la conclusion la plus importante de ce livre est
que l'activité de Lucio a mis la Banque la plus importante du monde dans une
situation de quasi banque route.
Par rapport aux opérations concrètes qui sont détaillées dans le livre (de
l'instruction au jugement), on ne voit aucune possibilité de banqueroute. Ensuite,
s'il y a eu risque de banqueroute, c'est parce qu'il y eu une quantité d'opérations
frauduleuses qui n'apparaissent pas dans le livre puisque n'étant pas dévoilées au
procès. Du coup Lucio devient crédible.
Je me demande pourquoi Lucio s'acharne (par un exercice de discrimination ?) sur une
seule opération qui n'a pas été jugée. La réponse est claire, dans le premier cas
les opérations ont été effectuées exclusivement par des professionnels et là, Lucio
ne pouvait rien revendiquer politiquement. Dans le dernier cas, Lucio fouille
jusqu'au fond pour en déduire une implication politique. Sans doute croit-il que le
cas est amnistié et que le cadre juridique est dépassé, mais sa finalité est autre :
c'est la volonté de compromettre la trajectoire militante des présumés auteurs. Bien
que dans le livre il ne les cite qu'avec des pseudonymes, antérieurement (et pendant
des années) Lucio s'était livré « soto voce » à un exercice diffamatoire. Ce que je
n'arrive pas à comprendre c'est, si secrètement, il m'accuse d'être un indic
(confident de la police) en me citant avec nom et prénom. Pourquoi alors
utilise-t-il dans ce livre un pseudo pour m'accuser de la même chose ? (note 120)
De deux choses l'une, ou Lucio veut me protéger ou il veut se protéger ; les gens
doivent croire qu'il y a eu un confident, mais surtout qu'ils ne sachent pas que
c'était moi ! Parce que si les gens qui me connaissent, apprennent que Lucio
m'accuse de cela, le problème n'est pas le mien... c'est le sien.
Comment Lucio a-t-il pu s'abaisser à de tels niveaux ?
Quand quinze personnes sont tombées à Barcelone en octobre 1980, Lucio était détenu
à la Santé à Paris depuis trois mois ; en apprenant notre arrestation, Lucio sauta
de joie, nous souhaitant une longue peine. S'il a le cynisme de me démentir qu'il le
fasse, je lui donnerais alors le nom et le prénom du témoin.
Avant tout cela, et pendant de longues années, il a existé un autre Lucio avec qui
j'ai eu d'étroites relations très affinitaires. Je l'ai toujours défendu à propos
des critiques reçues (après la mort du Quico), suite aux déclarations imprudentes
qu'il fit dans un cadre semi public (comme étaient les assemblées), sur certaines
opérations d'expropriation faites par le Quico : jusque là, jamais les anars ne
s'étaient auto inculpé (sauf pour des cas exceptionnels et toujours après
prescription). Malgré cette inconvenance, nos excellentes relations continuèrent
comme toujours.
A l'origine du parcours militant de Lucio il y a trois aspects fondamentaux qui vont
influencer son comportement : sa relation avec le Quico, son contact avec Laureano
Cerrada et sa connexion avec un groupe de jeunes militants français, hautement
spécialisée alors, dans les nouvelles techniques d'art graphique. Ces trois
connexions eurent lieu grâce à l'activité intense et débordante d'un groupe de la JJ
LL de Paris, sur lequel Lucio s'appuyait comme si s'était son «aval» militant. Sans
cet «aval» ces relations n'auraient pu avoir eu lieu.
Tout cela fonctionna ainsi jusqu'à la mort de Franco, avec des hauts et des bas,
mais avec continuité, spécialement avec moi. Après la mort de Franco tout cela
continua à fonctionner ainsi, bien que le militantisme de Lucio soit informel et non
organisationnel, sans nul doute relationnel. C'est alors qu'au travers de mes
activités (en pleine transition démocratique), Lucio prend contact avec trois
personnes induisant une nouvelle promotion pour lui : le journaliste Eliseo Bayo, le
dramaturge Albert Boadella et Roland Dumas, avocat de Mitterrand et exécuteur
testamentaire de Picaso (contact incontournable pour la donation du tableau de
Guernica à l'Espagne).
Maintenant, avec l'«aval» organisationnel sur lequel Lucio va s'appuyer pour
développer des relations avec les sus nommés, est le groupe le plus dynamique,
appelé pas les mas médiats « los Apaches » et qui au sein de la CNT proposent un
changement de stratégie, l'action syndicale nous conduisant à la «Réforme Pactée»
alors que la stratégie sociale nous orientera vers une «Rupture Politique».
Cette stratégie impliquait l'activité débordante de l'organisation pratiquement
concentrés dans quelques syndicats de Barcelone et sa province, dont on avait noté
son influence, principalement dans les évènements, organisés par la CNT, à l'apogée
de la transition politique (dont je ne vais pas donner maintenant les détails et me
répéter puisque je les ai largement commentés dans des pages précédentes).
A toute cette activité débordante, l'«autre» Lucio collabora efficacement et non le
«Moi Lucio» et non seulement personnellement mais aussi économiquement.
Tout cet activisme du groupe de Barcelone, épaulé de Paris par Lucio et un groupe de
militants français, cité plus haut, lui procura une influence indiscutable sur des
professionnels très divers tel que : avocats, journalistes, universitaires... tant
en Espagne quand France.
De toute façon il est nécessaire de faire le point avec plus de clairvoyance sur les
connexions de Lucio avec les trois personnes, Lucio s'attribuant l'exclusivité de
ces relations.
Premièrement, il faut préciser qu'on envoie Eliseo Bayo à Paris, où Lucio le
réceptionne, parce qu'il veut fuir les pressions et l'harcèlement des agents de la
BPS, au début de la transition. Il est de même abusif de prétendre de la part de
Lucio, qu'il eu une quelconque collaboration avec son travail journalistique sur les
reportages hebdomadaires de la revue Interview, puisque pendant ces reportages c'est
moi-même qui l'ai accompagné et assisté sur les interviews des gens qui évidemment,
je connaissais.
Il est aussi abusif de reproduire l'image d'Eliseo Bayo, relatant avec moult détails
la falsification d'un passeport de Pedro Baret (note 121), en oubliant par contre,
une quantité de détails totalement positifs sur Eliseo, en commençant par les
nombreuses années de prison qu'il effectue avant d'être journaliste, pour des
activités contre la dictature, actions programmées par les libertaires.
Ensuite dans le rôle exclusif de «Moi Claudio», et sur le cas Albert Boadella, s'il
est vrai que Lucio l'a hébergé à Paris, il n'a pas participé à sa fuite (ce qui
était primordial, vu qu'il était en charge des groupes de Barcelone) et on à donne à
Boadella de faux documents parfaits, c'est ce qui permettra à Boadella de circuler
sans risques (et même de passer les Pyrénées). Dans cette histoire de faux
documents Lucio n'a qu'un rôle d'intermédiaire, c'est le groupe des jeunes
libertaires français qui a la maîtrise et la technique, et d'authentiques matériel
pour la documentation (il est arrivé la même chose avec le faux passeport que Lucio
donne à Pedro Baret, s'attribuant tous les honneurs, et cherchant ensuite sans
consulter les jeunes libertaires français, comment remplir le chèque en blanc que
lui avait donné Baret).
Par rapport au contact avec l'avocat parisien Roland Dumas, Lucio escamote des faits
et aurait du reconnaître son absence de rôle dans cette affaire.
La réalité dans cette affaire est la suivante : l'avocat barcelonais Mateo Segui
Pradal très proche du groupe Apache reçoit un courrier de Roland Dumas. Segui
m'appelle d'urgence. Ce courrier est en fait une demande d'information sur la
situation juridique d'un prisonnier libertaire, Miguel Pinero emprisonné à
Carabanchel (Madrid).
J'informe Segui que Dumas, exécuteur testamentaire, à de fréquentes réunions à la
Moncloa avec Adolfo Suarez (2) dans lesquelles il est question du devenir du tableau
Guernica.
Alors j'explique à Segui le projet qu'avec Eliseo, nous sommes en train de mettre
sur pied : pour le retour de Guernica on créerait une fondation composée
d'individualités de diverses nationalités (pour donner un coté international) qui
serait chargé, avec le gouvernement espagnol, de gérer son retour.
La Fondation aurait pour objectif l'étude des conséquences des bombardements de la
guerre sur les villes martyres, faits de guerres les plus criminelles depuis les
années trente. La Fondation aurait son siège à Barcelone avec diffusion de
publications de textes objectifs des réflexions sur le sujet.
Quand j'eu expliqué tout cela à Mateo Segui (qui rapidement accepta), je lui ai
proposé de profiter du courrier qu'il avait reçu pour répondre à Roland Dumas, et
l'informer qu'à la marge de la situation du prisonnier libertaire, il y avait un
grand projet que nous voulions lui proposer et, qu'on souhaite obtenir une réunion
avec lui sur Paris dans les plus brefs délais.
Cette proposition, nous devions la faire voyager en toute sécurité par quelqu'un de
confiance, résidant à Paris et je proposais de se servir du courrier réservé que
j'avais avec Lucio. Ce qui fut ainsi fait. Finalement on proposa à Lucio qu'il
obtint un rendez-vous avec Dumas.
Ce RDV eu lieu à Paris dans le cabinet de Roland Dumas auquel assistaient les
avocats Mateo Segui et, Rudolf Guerra et le journaliste Eliseo Bayo (Je n'ai pas
voulu les accompagner, ils voulaient tous y aller, même Lucio et c'est lui qui sur
ma proposition les accompagna).
Le projet dont je viens de parler, fut rapidement accepté par Roland Dumas qui
s'engagea à le proposer à la Moncloa à la prochaine réunion qui aurait lieu quelques
jours plus tard avec Adolfo Suarez.
Après cette réunion, Roland Dumas nous fit savoir par Lucio (comme convenu),
enthousiaste et euphorique, que Suarez accueillait chaleureusement la proposition
sur le retour de Guernica, en la qualifiant de très positive.
Mais à tout cela, il y eut deux ou trois semaines plus tard un évènement qui induit
un grand recul politique et diplomatique : l'enlèvement de Javier Rupérez (3). Dans
le déroulement (positif) de cette action, Lucio eut un rôle très significatif. Mais
quand on connut tous les détails, on commença à s'inquiéter sérieusement.
En effet, Lucio venait de commettre une erreur historique qui aurait pu nous valoir
de grandes et graves conséquences. Il fallait intervenir dans le déroulement d'une
action de cette nature, en prenant des précautions, et non à visage découvert, sans
prévoir de structure pour s'arracher en cas de risques et ce précipiter vers le
néant.
Le dénouement de l'enlèvement de Javier Rupérez se déroula comme suit : pour tous
les problèmes très spéciaux que subissait le gouvernement, le présidant Suarez
souhaitait utiliser des canaux « diplomatiques parallèles » (pour ne pas
compromettre le gouvernement), faisant intervenir des personnes en qui il avait
confiance. Parmi celles-ci il choisi pour cette affaire le président de l'Agence
Nouvelles Europe Press, José Mario Armero ; celui-ci en informa Roland Dumas qui
pris contact tout de suite avec Lucio et c'est alors, qu'avec ingénuité et en moins
de vingt quatre heures, il met en contact Dumas avec le groupe kidnappeur
appartenant à ETA/PM pour savoir ce que voulait ETA/PM pour négocier la libération
de Rupérez. Lucio savait ce qu'il lui fallu comme explications pour justifier à
Dumas sa rapidité à contacter les kidnappeurs ; je n'ai pas le moindre doute sur les
déductions de la Bridada Politico Sociale. Dit sans détours, pour la BPS, la
rapidité avec laquelle Lucio a pris contact avec le groupe est la preuve irréfutable
de ses affinités avec les kidnappeurs. En fait il n'avait aucune affinité, mais pour
la police les faits prouvaient le contraire.
Pour le groupe organisé de Barcelone ces évènements marquent le « commencement de la
fin » de son existence. Bientôt commença la débandade. L'harcèlement en règle de
l'Unité Mobile de la BPS est garanti, ce n'est qu'une question de temps.
Deux évènements vont calmer cet harcèlement : il y avait de fortes tensions pendant
la dernière ligne droite avant le congrès de la CNT (fin 1979) et, après la fin du
congrès, il y eu rupture structurelle de la CNT.
Mais après les effets médiatiques de ces deux évènements, l'harcèlement policier a
repris.
Lucio n'a jamais voulu assumer son irresponsable ingénuité et son « Moi, Claudio »
commençait à s'émousser. Pendant ce temps, il y avait un moment que le groupe de
jeunes français s'était détaché de Lucio, parce qu'il était plus enclin à travailler
avec des professionnels de la délinquance. Ces jeunes français disaient qu'il
n'était pas pareil de consulter des professionnels que de programmer des actions
avec eux. Lucio n'en teint pas compte et les jeunes l'abandonnèrent.
Lucio se détachait ainsi d'une espèce de conscience militante et tombait en plein
dans la conscience professionnelle. Jusqu'à lors, les problèmes internes de la CNT
n'influencèrent pas les relations que pouvait avoir le groupe de Barcelone avec
Lucio, mais très tôt il y eu un évènement nouveau qui les éloigna inexorablement.
Cet évènement fut la rupture structurelle de la CNT. Éloignement qui grandira avec
les arrestations d'abord à Paris et trois mois plus tard à Barcelone. On est en
octobre 1980.
L'opération policière commence à Paris avec l'arrestation de Lucio et un complice,
mais le but de cette opération a une seconde étape : l'arrestation de quinze
personnes à Barcelone dont sept iront en prison. Ce n'est pas une coïncidence, mais
une arrestation spécialement conçue pour ces dates, vu que soixante douze heures
plus tard on annonce la date de la comparution des copains accusés de l'incendie de
la salle des fêtes de la Scala.
Si je cite cette coïncidence, c'est parce que la police savait que le groupe le plus
dynamique de Barcelone était mobilisé depuis un bon moment au sujet de la Scala ; le
dit groupe était devenu le noyau de la coordination pour travailler au niveau
national et même international au vu des actions qui se préparaient à Barcelone au
sujet de la comparution des camarades. La police avec ces arrestations et la
débandade qui s'en suivit, a réussi à démanteler le groupe de Barcelone.
Cette double opération (Paris et Barcelone) ne se limite pas au démantèlement, et la
police va introduire une « bomba-trampa » (bombe-ruse) à l'intérieur dont «
l'explosion endogène » allait causer plus de dégâts que les arrestations même. En
effet, la police française « dévoile » (subtilement) les sources de l'opération de
Paris que préparait Lucio ; ces sources venaient de Barcelone. Les avocats de Lucio
à Paris découvrent une infiltration par la police française : ils en informent
Lucio et alors il lance cette accusation de « confident de la police » contre Luis
Andres Edo et Eliseo Bayo.
En fait si la police attendait Lucio and Compagnie sur le lieu de l'opération, il
nous était difficile depuis Barcelone, à Eliseo et moi de connaître ce lieu. Cela se
passe le premier jour où Lucio se rends compte de la présence de la police et il
réussi à s'éclipser.
Malgré tout, le jour suivant, Lucio obtient un autre RDV, se sachant surveillé il
monte une ruse avec la complicité de sa femme Ana pour déjouer la police qui le
file. La ruse a eu du succès mais quand il arrive au RDV la police est là qui
l'attend. Quels rôles ont tenu « les confidents de Barcelone » dans cette
arrestation de Lucio ?
Par contre, Lucio ne peut passer pour un novice et il doit s'inventer « la théorie
du confident » pour se dédouaner au vu des gens qui s'inquiètent de son ingénuité.
A ce niveau personne ne peu croire que la police filtre ses sources, si ce n'est
pour couvrir ses véritables sources. Mais ce filtrage policier avait un but,
supprimer tout prestige au groupe de Barcelone.
La police n?a aucun besoin d'infiltrer un confident, ayant un Lucio qui se prête à
rapporter les énormes mensonges policiers.
Mais ce qui est vraiment alarmant, c'est que les graves accusations qu'il y a dans
le livre n'aient pas réveillé les militants qui l'on lu et la saine curiosité de
savoir qui sont les « traîtres » que Lucio cache sous des pseudonymes. Quand tout
cela arrive, c'est parce que nous sommes devant un phénomène amplement généralisé au
sein de l'anarchosyndicalisme : un militantisme gravement malade. Pourquoi fais-je
référence à ce phénomène dans le cas de Lucio ? Premièrement, parce que le Lucio, «
Moi, Claudio » s'est transformer en un authentique « cas » que tôt ou tard la
militance (principalement, celle organisée) devra élucider, mais combien de temps
devrons nous attendre pour que cette militance retrouve la santé pour arrêter de
jouir de l'usufruit de biens unilatéralement acquis et régis par Lucio, comme le
somptueux bâtiment acquis par lui à Paris ? C'est-à-dire que la militance arrête de
se réunir dans un bâtiment acheté par Lucio avec l'argent obtenu lors de l'échange
des Faux entre la Banque et lui.
Deuxièmement, je fais référence à ces évènements parce que Lucio n'est pas la cause
de cette maladie généralisé, sinon victime de celle-ci. C'est ainsi, cette
pathologie militantielle était en train de créer de véritables monstres ; dans le
temps c'était « le jeune éc?urant Vincent » qui était imbu de son savoir grâce à sa
culture livresque (archiviste ou bibliographique) mais incapable d'être prosélyte.
Mais c'était moins grave que maintenant, « l'éc?urant Vincent » se l'était gagné à
la force du poigné, alors qu'actuellement la pathologie est une sorte de sport pour
dénigrer toute bête vivante, ou tout militant.
Voyons le contexte dans lequel a évoluer Lucio, quelles sont les causes qui
annonçaient ce comportement qu'inéluctablement le faisait glisser sur une pente
savonneuse.
Premièrement, avec une éthique solide au sein du Groupe de Jeunes Libertaires de
Paris et des connexions militantes comme avec le Quico et Cerrada (très divers
entre eux, mais avec toujours le sens de la solidarité). Dans cette première étape
de son exil, Lucio montre des aptitudes innées pour la parole, c'est-à-dire détaché
et d'une honnêteté à toute épreuve, conditions partagées tout le temps avec la
mouvance dans laquelle il évolue.
La seconde phase de son exil commence après que Quico tombe, ce qui a été un coup de
massue pour Lucio. Le groupe de jeunes libertaires de Clichy se dissous et rejoint
FL de Paris sauf Lucio bien qu'il continue une relation avec moi, il est un peu
marginalisé. Ensuite, très vite il prend contact avec un groupe de jeunes libertaire
français (celui dont on a déjà parlé) dans lequel il existe cette éthique militante
de toujours. De cette relation avec les jeunes français et celle maintenue avec
Cerrada, Lucio va participer à la confection de faux papiers.
La troisième phase, Lucio la commencera quand il fait le pas pour faire de faux
documents (bancaires) ce qui le conduit à être en opposition avec le groupe des
jeunes libertaires français. Lucio croit nécessaire de s'associer avec des
professionnels pour perfectionner les techniques mais aussi programmer des
opérations avec eux. C'est la goûte qui fit déborder le vase et les jeunes français
abandonnèrent Lucio.
C'est l'époque où Lucio est arrêté (mai 1980). Trois mois plus tard, avec
l'arrestation de Barcelone (et le groupe organique dissous), s'éteint la relation
avec Lucio.
C'est dans ce contexte que va se produire un élément nouveau, qui n'avait jamais
auparavant influencé Lucio : à sa libération, la fraction de la CNT de l'ancien «
Frente Libertario » attire son attention et s'ensuit une étroite relation. Ce qui
s'ensuit, c'est que comme moi je n'ai pas eu la trajectoire scissionniste après la
mort de Franco, ce courant commença à me diffamer, comme le faisait depuis toujours
le courant esgleiste. Bien que dans cette ambiance, ces divergences s'étaient
toujours limitées à des critiques politiques. Mais avec Lucio sans éthique politique
et influencé par la psychologie du professionnel délinquant cette ambiance devint un
terrain où « il pleut sur le mouillé », ce qui facilitait le glissement de la
critique de Lucio non pas politique, mais à un dénigrement sans limites envers le
critiqué, dans ce cas, moi : le confident de la police. Lucio ainsi dépassait toutes
les limites d'un comportement politique avec une attitude qu'il croyait plaire au
secteur « Frente Libertario ».
Ceci est la triste histoire d'un livre prématurément disparu et la conclusion d'une
trajectoire militante aussi prématurément disparue.
Note 120 - Ce que Lucio oublie, c'est que dans le livre d'un journaliste du groupe
Zeta, paru quatre ans avant le sien, il y fait une déclaration dans laquelle il me
cite (nom et prénom) comme suspect de délation.
Note 121 - Dirigeant important d'un club de foot barcelonais, alors recherché sous
mandat international pour escroquerie.
Notes CRAS
(1) Luis Andrés Edo (1925-2009) arrive en France à la fin des années 1940 (fuyant
l'Espagne franquiste où il avait fait de la prison pour avoir refusé le service
militaire), il n'obtient l'asile politique qu'en 1953. À partir de cette date, Edo
milite très activement au sein de la Fédération ibérique des jeunesses libertaires
(FIJL) et de la Confédération nationale du travail (CNT) espagnole de Paris. En
1961, c'est la réunification du Mouvement libertaire espagnol (MLE) et la
constitution de la section clandestine Défense intérieure (DI), créée pour combattre
le franquisme. Edo en fait partie et participe à de nombreuses actions en Espagne.
C'est lui qui revendique en mai 1966 - dans une conférence de presse clandestine à
Madrid - le rapt devant le Saint-Siège à Rome du conseiller ecclésiastique de
l'ambassade d'Espagne. Quelques mois après, il est arrêté à Madrid avec un groupe de
jeunes libertaires qui préparait une autre action contre le régime franquiste. Il ne
sortira de prison qu'en 1972. En 1974 à Barcelone, avec d'autres compagnons, il est
à nouveau arrêté et est inculpé d' "association illicite et de propagande illégale".
Edo sortit de prison avec l'amnistie de 1976. Dès lors, il participa très activement
à la reconstitution de la CNT en Catalogne. Le 29 février de cette même année, il
fit partie du Comité régional, puis il fut nommé Secrétaire général et directeur du
journal Solidaridad Obrera. En 1980, il fut à nouveau arrêté, soupçonné
d'expropriations. Pendant ses séjours en prison, il dénonça les conditions
carcérales et il devint une référence pour tous les prisonniers, aussi bien les
antifranquistes que les droits communs. Dans les années 1980 et jusqu'à sa mort, Edo
employa toute son énergie à la diffusion des idées libertaires à travers des
articles, des conférences et des débats. Il publia en 2002, sous le titre La
Corriente, ses réflexions écrites en prison sur la pensée antiautoritaire, et en
2006, La CNT en la encrucijada : aventuras d'un heterodoxo.
(2) Adolfo Suarez, l'un des artisans de la « transition démocratique », chef du
gouvernement espagnol à partir de 1976.
(3) Rupérez Xavier, député centriste.
*******************************
Message de Lucio du 20/07/10
De : info@red-libertaria.net
A : cras.toulouse@wanadoo.fr:
Objet : Red-Libertaria Apoyo Mutuo
Compañeros,
desde la dirección de correos de balance (España), los cuales, a su vez habían
recibido el envío desde vuestra dirección de correo, nos llegó un documento crítico
sobre las actividades de Lucio Urtubia. Documento que le envié a Lucio (soy un amigo
de él) para su conocimiento, ya que no lo conocía. El, a su vez, me envía una
pequeña carta, la cual
adjunto, para que se le haga llegar a José Cisneros (quien firma dicho documento).
Como no sabemos quien es, lo enviamos a vuestro correo, ya que desde ahí salió el
documento.Os lo envío directamente porque Lucio en su carta habla de mí.
Fraternalmente.
José María Olaizola.
*********
Cher ami et compagnon Jose Mari Olaizola,
J'ai reçu le document me concernant écrit par un nommé José Cisneros et comme je
n'ai pas internet, je voudrais Jose Mari que tu fasses parvenir à l'internaute José
Cisneros (s'il existe ?), la réponse suivante.
Si je respecte les idées et les convictions de chacun, il n'est pas exclu pour
autant que ces idées et convictions ne soient des erreurs. Tel est le cas me
concernant si je considère avec attention les écrits de Jose Cisneros.
Sans rancune, ni haine ni jalousie pour personne, ma porte est toujours ouverte et
la possibilité est offerte de partager nos avis autour d'un café ou d'un verre de
Rioja et lui faire savoir que j'ai vécu tout ce que j'ai écrit. Si les
interprétations divergent, peut-être pourrions-nous les éclaircir à l'Espace Louise
Michel ou dans un autre lieu libertaire et en présence d'amis libertaires
intéressés.
Je reste dans l'attente d'une réponse pour aborder efficacement cette
interprétation qui ne me ressemble en rien.
Salud
Lucio (Paris le 20 juillet 2010)
***********
Les succulents cours de morale (anarchiste) de Lucio Urtubia
Dans le cadre de la campagne de soutien à Georges Cipriani et à Jean-Marc Rouillan,
le documentaire de Aitor Arregi et de Jose-Mari Goenaga consacré à Lucio Urtubia, un
anarchiste espagnol très singulier, sera projeté le 18 mars au cinéma La Clef, à
Paris. Quel rapport entre ce personnage hors du commun et Action Directe ? Lisez la
suite...
Sorte de Robin des Bois du 20ème siècle, Lucio Urtubia, autodidacte insoumis, a une
existence bien remplie. Déserteur de l'armée espagnole en 1954, braqueur au bénéfice
de la lutte antifranquiste, as des faux-monnayeurs..., c'est en 1979 qu'il monta son
coup le plus fumant. Avec l'impression de vingt millions de dollars de faux
travellers chèques, il mit tout simplement la plus grosse banque mondiale, la First
National City Bank, à genoux et, de derrière les barreaux, il obligea les grands
banquiers à négocier ! Une histoire de voleurs volés en somme.
Lucio lui-même a parfois besoin de se pincer pour être certain de ne pas avoir rêvé
cette vie hors du commun... Né en 1931 à Cascante (Navarre) dans une famille
pauvre, « une chance », Lucio n'est pas un faussaire ordinaire. Le pape des faux
papiers et de la monnaie de singe a une morale en béton : l'illégaliste ne
travaillait que pour soutenir et financer les groupes libertaires et
révolutionnaires. Selon les époques et les circonstances, tous ceux qui
combattaient les dictatures et les puissants (CNT, ETA, GARI, MIL, Tupamaros,
Montoneros, Black Panthers, Action Directe...) pouvaient bénéficier des ?uvres
(faux, tracts, journaux...) de ce franc-tireur internationaliste. Ernesto Guevara,
alors ministre cubain, aurait pu ainsi réussir une belle affaire en 1962. Dans un
coin de l'aéroport d'Orly, Lucio lui proposa d'inonder le monde avec des faux
dollars pour dévaluer la monnaie américaine. Le Che refusa. Dommage.
Parallèlement à ces heures fascinantes, pour vivre, bien modestement, Lucio n'a
jamais cessé d'exercer le métier de maçon carreleur. Curieux homme ce Lucio.
Prolétaire au plus profond de ses tripes, il a aussi eu l'occasion de fréquenter des
personnalités comme Régis Debray, Paco Rabanne ou Roland Dumas (qui fut l'un de ses
avocats). Écouter Lucio autour d'un verre, c'est tourner les pages d'un grand livre
d'histoire contemporaine. Comme personne, il parle des conférences que donnait
Albert Camus pour les libertaires, de l'enseignement reçu de Francisco « Quico »
Sabaté (célèbre guérillero anarchiste espagnol), des batailles féroces contre les «
estaliniens », de ses rencontres électriques avec des gens comme Korda (auteur de la
fameuse photo du Che) ou amicales avec Henri Cartier Bresson, Armand Gatti et bien
d'autres.
Infatigable, Lucio n'a pris sa retraite du bâtiment qu'à 72 ans. L'anar qui fut «
patron malgré lui » d'une petite coopérative ouvrière, n'hésite pas à faire
l'apologie du travail. « Pour se loger, s'habiller, se nourrir, il faut travailler.
Le moins possible et le mieux possible. Et ça peut se faire dans la liberté,
l'égalité, la solidarité et le plaisir. J'ai dû travailler dur pour gagner ma
liberté. La liberté n'a aucun sens dès lors que l'on refuse tout effort. Après, je
ne suis, bien évidemment, pas partisan du travail tel qu'il existe dans les
sociétés capitalistes où le travail du plus grand nombre ne profite qu'à une
minorité. »
Retraité du bâtiment, Lucio n'a mis ni ses pieds ni ses idées à l'hospice. Au
passage, il énerve souvent les « chômeurs heureux » qui prônent l'abstinence
salariale. « Si le chômage produisait des révolutionnaires, il serait interdit
depuis longtemps !, s'époumone Lucio. Donner un peu d'argent à ceux qui ne
travaillent pas, quel mépris... Les allocations sont des suppositoires qui
endorment les révoltés. Il ne faut rien attendre de l'État, rien des capitalistes.
Il ne faut compter que sur nous. Alors, prenons nos responsabilités pour abattre ce
monde insupportable ! »
Amateur d'art et de débats, Lucio Urtubia a créé en 1996, à Paris, un lieu de
rencontre et d'expositions au 42 ter rue des Cascades, L'Espace Louise-Michel, son
dernier chantier. Une adresse mentionnée dans certains guides touristiques. Hélas,
on ne peut plus y trouver son livre, Ma Morale anarchiste, publié par les éditions
Libertaires. L'ouvrage, Grand Prix Ni dieu ni maître 2005, est épuisé. L'anarchisme
serait dans l'air du temps... « C'est normal que les idées libertaires reviennent
en force, elles sont nécessaires », insiste Lucio, 79 ans au compteur.
Bandit pour les uns, héros pour les autres, le malicieux Lucio a le profil idéal
pour tout scénariste en panne d'inspiration. Il a refusé plusieurs propositions de
film, mais, pour notre plaisir, il a accepté d'être le sujet d'un superbe
documentaire. À l'aide d'archives historiques, de documents autobiographiques et de
séquences docu-fiction, Aitor Arregi et Jose-Mari Goenaga reviennent sur les
amitiés, les combats, les braquages, les enlèvements, la fausse monnaie, la prison
et... l'incroyable négociation avec la City Bank. Sacré jeu de piste pour les deux
jeunes réalisateurs basques. Ils ont tourné quatre-vingts heures de rushes pour ne
garder que quatre-vingt-treize minutes.
« Je me sens de plus en plus fier de ce que j'ai fait dans ma vie », assure Lucio,
par ailleurs bon père de famille. Sa trajectoire peut faire grincer quelques dents,
mais contrairement à certains moralistes gouvernementaux, rappelons pour conclure
que ce personnage attachant ne s'est jamais enrichi personnellement. Question de
morale... anarchiste.
Lucio, un documentaire de Aitor Arregi et de Jose-Mari Goenaga (55 minutes) à voir
le jeudi 18 mars 2010, à 19h30, au cinéma La Clef, 21 rue de la Clef, Paris 5ème
(métro Censier-Daubenton). Un débat avec Lucio Urtubia et les collectifs de soutien
Défense active et Ne laissons pas faire ! suivra la projection. PAF : 5 euros.
*************
CAMPAGNE POUR LA LIBÉRATION DES MILITANTS D'ACTION DIRECTE :
SOIREE de SOUTIEN à JEAN-MARC ROUILLAN le VENDREDI 21 JANVIER à 20 HEURES à CANAL
SUD, 40 rue Alfred Duméril à Toulouse (métro palais de justice).
-point sur la situation actuelle : Depuis la révocation de sa semi-liberté,
Jean-Marc Rouillan a fait plus de 2 années supplémentaires d'emprisonnement pour
quelques mots que la Justice elle-même a qualifiés d'"ambigu" . Cher payé ! Après
avoir fait traîner l'examen de son cas depuis, sa demande de libération
conditionnelle sera enfin examinée le 2 février. Il doit enfin sortir de prison et
le soutenir est plus que jamais nécessaire !!
-vente des différents livres de Jean-Marc et du DVD "Lucio"
-projection suivie d'un débat d'un documentaire de 90 mn sur Lucio Urtubia
"LUCIO, anarchiste, braqueur, faussaire, et aussi... maçon " :
Des révolutionnaires il y en a eu et il continue d'y en avoir de par le monde. Ceux
qui ont dû commettre des actions illégales ou se lancer dans la contrebande pour la
cause sont nombreux. Il n'y en a qu'un qui, avec d'autres, a réussi escroquer la
banque la plus puissante de la planète en falsifiant des traveller-chèques pour un
montant de 20 millions de dollars ... tout en continuant son travail de maçon :
Lucio Urtubia.
La diffusion et la vente de ce documentaire se place dans le cadre de la campagne
pour la libération des prisonniers d'Action Directe .
Entrée libre
Collectif de soutien à Jean-Marc Rouillan
[expediteur/expeditrice : CRAS <cras.toulouse -A- wanadoo.fr>]
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
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