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The.Supplement
{Info on A-Infos}
(fr) 10 ans d'Espace autogéré à Lausanne
From
Espace autogéré <espaceautogere@squat.net>
Date
Tue, 21 Oct 2003 16:50:15 +0200 (CEST)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
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salut,
voici le programme des festivités à l'occasion des 10 ans de l'espace
autogéré de Lausanne (Suisse) ainsi qu'un historique.
10 ans d'espace autogéré à Lausanne
(rue César-Roux 30, 1005 Lausanne)
Jeudi 23: 10 ans de l'espace autogéré:
-bouffe végé&vegan
-Projections : "Toujours agitéEs, jamais abattuEs" (10 ans d'espace
autogéré à Lôzane)
-Force Pure feat. Maxx-R (hip-hop - F)
-Readykiller Watt (garage punk - D)
-Disco'n'violence monstre monstre foire
-Expo photo
Vendredi 24: Les 10 ans suite...
-bouffe végé&vegan
-Projections : "Toujours agitéEs, jamais abattuEs" (10 ans d'espace
autogéré à Lôzane)
"Fist Fuck Productions" (court-métrages)
-Askatu (ska - Genève)
-Strotter inst. (record cut-up - Berne)
-Monoblock B (electro - Zureich)
-Expo photo
Samedi 25: Les 10 ans encore...
QUEER PARTY NIGHT
Castor Lapon (ska - CH)
avec DJ Vide la salle (B) & DJ Klektik (B)
-Expo photo
Eh dites oh !
L'année 2003 marque les dix ans de l'espace autogéré. C'est en effet le
17 juin 1993 qu'a été occupée la Villa Primerose, premier espace autogéré
à Lausanne.
C'est l'occasion de se tourner un peu en arrière, de prendre conscience
du chemin parcouru ou encore de faire un bilan pour mieux poursuivre et
de rappeler que tous les lieux alternatifs ont été obtenus par la lutte,
que rien n'est jamais acquis. Face à celles et à ceux qui voudraient
simplement balayer cette expérience, cet anniversaire constitue aussi une
façon de montrer la légitimité du lieu qui s'est construite au fil des
ans.
Mais ce qui guette aussi avec le temps, c'est le piège de
l'institutionnalisation, l'intégration et la récupération, qui trouvent
un terreau fertile dans la lassitude et la fatigue face à ce qui peut
devenir une routine.
Comme les dix ans de l'espace autogéré ne commémorent pas l'avènement des
lendemains qui chantent, il nous a semblé utile de ne pas se complaire
dans des festivités grandiloquentes, bercées de faits d'armes héroïques
et de souvenirs nostalgiques.
Cette brochure est composée de deux parties. La première constitue un
bref historique factuel des quatre lieux succesifs qui ont abrité
l'Espace autogéré. Inutile de dire qu'il n'est pas exhaustif et que bien
d'autres choses auraient pu être retenues pour rendre compte de
l'ensemble du projet, qui ne se limite pas aux programmes des activités.
La deuxième partie se penche plus sur la démarche et le fonctionnement de
l'Espace autogéré. Sans le G8 nous aurions certainement eu plus de temps
pour réaliser cette brochure. Cette dernière n'en contient pas moins un
CD rom sur lequel il est possible de passer en revue la majeure partie
des affiches réalisées ces dix dernières années, les actions et manifs
qui ont rythmé la vie de l'Espace autogéré. Il contient également la
liste des débats, concerts, spectacles ainsi que la liste des maisons
occupées depuis le début des années nonante jusqu'à aujourd'hui.
Contre les temples de la consommation!
Toujours agitéEs, jamais abattuEs !
La lutte continue!
Toujours agitéEs, jamais abattuEs
10 ans de luttes
autour de l'Espace autogéré
D'où vient l'idée d'un Espace autogéré?
L'impulsion initiale est peut-être partie d'un fait assez basique. Au
début des années 90, il manquait à Lausanne des lieux pour se rencontrer,
boire un verre, discuter, voir ou organiser des concerts à des prix
accessibles (à la fin des années 80, une dizaine d'occupations festives -
Baranoïa - réunissant de 500 à 1000 personnes avaient bien eu lieu
l'espace d'un soir, mais elles étaient restées éphémères). Cela a poussé
un groupe de personnes à se réunir pour créer le Rézo. Dans ce cadre,
certainEs se sont organiséEs pour obtenir un lieu qui pourrait être géré
par les gens eux-mêmes et non par des gérants assoiffés de profit ou de
notoriété. D'autres villes suisses avaient déjà des centres autonomes,
mais à Lausanne, tout restait à faire. Il est piquant de relever que l'on
pouvait lire dans le journal commnunal au début 1993 que Lausanne n'avait
pas de centre autonome parce que la ville avait su écouter ses jeunes...
Mai 68 et Lôzane Bouge étaient loin derrière, on ne les avait pas vécus,
mais dans l'hypocrisie du consensus helvétique, cimenté par une police
politique fouineuse qui avait fiché un tiers de sa population, on avait
toujours l'impression de " perdre sa vie à la gagner " ou d'être
condamné·e·s à " mourir d'ennui sous prétexte de ne pas mourir de faim ".
Il s'agissait d'aller plus loin que ce que pouvaient proposer les centres
de loisirs de la ville et de dépasser la révolte punk qui barbotait le
samedi après-midi dans la fontaine de la Palud, en employant notre
énergie à créer un lieu. En gros, il s'agissait de réaliser nos rêves ici
et maintenant, sans attendre un hypothétique grand soir, de lancer un
pavé dans la mare, d'essayer de sortir du mutisme tous les gens qui
disaient au bistrot que Lausanne était une ville morte, de substituer la
lutte au repli sur soi et à la résignation.
La chute du mur en 1989 avait donné un coup fatal aux derniers
nostalgiques du " communisme ", mais ce n'était pas une raison pour
participer à la folie destructrice du capitalisme triomphant. Filles et
fils d'un des pays les plus riches du monde, il importait de dénoncer le
leurre de la consommation.
Pour qu'elle puisse vivre autrement que dans des explosions éphémères, il
fallait collectiviser et politiser notre révolte.
Maison vide = maison à occuper
Intuitivement ou par expérience, nous savions qu'il ne faut rien attendre
de ceux qui sont au pouvoir, que la liberté ne se mendie pas mais qu'elle
se conquiert. L'occupation de bâtiments vides s'est donc présentée comme
la voie d'action la plus logique. En plus de nous fournir un espace, on
s'attaquait ainsi au pilier central du système: la propriété. Face à la
propriété privée, nous revendiquons la propriété d'usage (les maisons à
celles et à ceux qui les habitent). A défaut d'être légale, l'occupation
est légitime, puisqu'en habitant et rénovant ces maisons, nous leur
redonnons vie et les rendons à leur fonction première, celle d'être
occupées.
D'autres maisons furent occupées dans le sillage de l'espace autogéré,
avec des degrés de politisation divers, mais la plupart des fois avec la
volonté d'y organiser des activités publiques. L'idée de ne pas se
contenter de régler ses problèmes de logement avait fait son chemin.
Ni centre, ni autonome: la contestation au coeur de la cité
L'histoire de l'espace autogéré est marquée par une perpétuelle lutte
pour rester au centre-ville et résister à la classique éjection en
périphérie. Il est important d'avoir un pied en ville, car c'est là que
sont les centres de décisions, c'est là que ce construit le politique. Si
la contestation ne veut pas être uniquement de façade, c'est là qu'elle
doit construire un rapport de forces.
Dépassant l'argumentation traditionnelle du droit au logement des squats
précédents (oeuvres de l'Office du relogement et de Logeforme, qui ont
toutefois réouvert la voie aux occupations), nous avons essayé d'amener
une remise en question plus globale du système: critique du capitalisme
et du patriarcat, antiracisme et antifascisme, écologie, ...
Nous avons aussi tenté de montrer par notre mode de vie une certaine
cohérence entre notre discours et nos actes (antisexisme, refus de la
délégation, végétarisme/veganisme, récupération, DIY - do it yourself - ,
...). L'autogestion, en tant que mode de vie global, a ceci de
passionnant qu'en plus de montrer qu'un autre monde est possible dès
maintenant, elle met à l'épreuve des faits une partie de ce que nous
voulons vivre et expérimenter, en accordant une grande importance aux
questions de la vie quotidienne.
Refusant de nous laisser enfermer dans un lieu clos, nous avons toujours
cherché à rester visibles à l'extérieur. C'est pourquoi des manifs et des
actions continuent d'avoir lieu dans l'espace public, même quand le lieu
d'activités est plus ou moins stabilisé.
Les premiers tracts insistent sur le fait que l'espace autogéré n'est pas
une île isolée du monde. Cela signifie qu'on ne peut (ni ne veut)
résoudre les problèmes uniquement pour nous. Ce que nous revendiquons
pour nous, nous le revendiquons pour tout le monde. Par exemple, le fait
de ne pas payer de loyer constitue l'ouverture d'une brèche pour remettre
en question le racket légal des loyers qui étrangle une majorité de la
population, et non un privilège par rapport aux locataires obligé·e·s de
travailler pour avoir un toit sur la tête.
C'est donc assez logiquement que nous ne nous sommes pas décrété·e·s "
centre autonome ". Ni centre, car notre expérience ne se veut ni un
modèle universel, une avant-garde ou un carrefour obligé. Ni autonome,
car le but n'est pas de créer une bulle pour échapper au monde et à
l'époque où on vit. Par contre ça peut être un lieu pour se rencontrer et
essayer de faire changer le monde, où en tous cas de ne pas subir
passivement celui qu'on nous impose comme étant le seul possible.
La contradiction est aussi en nous
Une des premières affiches de concerts de l'espace autogéré disait: " Si
tu ne fais pas partie de la solution, tu fais partie du problème ". Passé
le charme du romantisme autonome, il s'est vite avéré que ce n'est pas
parce qu'on se collerait l'étiquette d'alternatif qu'on résout tous les
problèmes. Le sexisme, les jeux de pouvoir, l'égoïsme, la jalousie, etc.
ressurgissent à la croisée des chemins. Il s'agit donc de réfléchir sur
soi-même, en tant que personne et en tant que collectif, d'expérimenter
des pistes de solutions. (ex.: soirées non-mixtes, infokiosk féministe,
rotations des tâches, végétarisme/véganisme, échanges de savoirs pour
partager les spécialisations plutôt qu'en tirer du pouvoir, ...).
Admettre une certaine contradiction en nous est un gage d'évolution et de
remise en question, ça nous dégage des critiques disant que nous sommes
contradictoires sans nous enfermer dans un ultra-radicalisme égocentrique
qui ne parle pas aux oppriméEs (genre traiter de nazi celui qui donne de
la viande à son chien), ou qui effraie des gens proches qui se
culpabilisent d'être moins cohérent·e·s que ce qu'ils/elles nous
imaginent être...
Cultivons la subversion, subvertissons la culture!
Certes, des centaines de soirées ont été organisées dans le cadre de
l'Espace autogéré (principalement des concerts, mais aussi des expos, des
projections, des débats, des bouffes de soutien, parfois du théâtre,
etc.). Mais il ne s'agissait nullement de faire de l'art pour l'art.
Comme le dit un tract pour les 3 ans de l'espace autogéré:
Le but des personnes actives à l'Espace autogéré n'est pas d'organiser
des activités culturelles à n'importe quel prix. La manière dont les
activités sont organisées est au moins aussi importante que les activités
elles-mêmes. Comme le posait si bien le manifeste de Zaffaraya (Berne
1987), " la culture ne s'arrête pas pour nous à la consommation de
livres, d'images, de symphonies, de films et de pièces de théâtre; et
c'est encore moins là qu'elle commence. Nous comprenons la culture comme
la reconquête et la réappropriation de cet espace social où les êtres
humains se rencontrent pour manger ensemble, parler ensemble. Culture
signifie VIVRE, apporter témoignage de ce que nous sommes, en étant
conscients de
nous-mêmes ou au moins de ce qui nous empêche d'être nous-mêmes (...)".
Concrètement, cela signifie remettre en cause la barrière entre public et
artistes: tout le monde est l'artisan·ne de sa propre vie. La culture
comme un produit séparé, à consommer le week-end à partir de 22h pour
oublier une semaine de travail, n'a aucun intérêt. Une formule qui a
beaucoup de succès à l'espace autogéré est celle des soirées thématiques,
qui inscrivent les activités culturelles dans une perspective de lutte
et/ou d'information (situation au Chiapas, casseurs de pub, mobilisations
contre le WEF, ...).
La fête oui, mais la lutte aussi!
La lutte oui, mais la fête aussi!
(proverbe basque)
Premier Espace autogéré
Chemin de Primerose 11
(ancienne villa Primerose)
C'est le 17 juin 1993 que la première occupation en vue de créer un
Espace autogéré a lieu. Ce jour-là nous réquisitionnons Primerose 11,
propriété de la FIDES (Crédit Suisse Holding) afin de pouvoir y
développer nos activités. Il faut dire qu'une précédente occupation de
cette villa par l'Office du Relogement, sommé par les proprios de quitter
les lieux pour avoir voulu organiser une réunion sur le logement, avait
déterminé bien des personnes à remettre ça. C'est ainsi que, durant
quatre mois,
concerts, débats, mise en place d'un Infokiosk, bouffes populaires,
projections de films et bars se succèdent. Nous apprenons à fonctionner
en autogestion, de nouveaux projets fleurissent dans nos têtes, de
nouvelles personnes commencent à se joindre à nous, la salle de cinéma va
bientôt pouvoir être inaugurée lorsque nous apprenons que la Municipalité
a octroyé un permis de démolir aux proprios et que ceux-ci s'apprêtent à
nous expulser.
Nous ne l'entendons cependant pas de cette oreille et, contrairement à la
Municipalité, ne croyons pas à la réalisation imminente de travaux de
construction sur ce site. Une lettre ouverte est adressée à l'Exécutif de
la ville avec le soutien de diverses personnalités politiques,
intellectuelles et syndicales. Mais la campagne électorale bat son plein
et les autorités refusent de prendre ouvertement position. Un ultimatum
nous est donné pour quitter les lieux le lundi 25 octobre 1993. Nous nous
barricadons pour montrer notre détermination. S'ensuivent des
"négociations" stériles avec Lienhard, municipal de police, qui n'a rien
à proposer. Rebelote le soir-même avec un entretien à huis clos avec la
syndique Jaggi et les municipaux Schilt et Lienhard. Allusion à une
éventuelle maison pour l'Espace autogéré est faite, mais rien d'écrit et
surtout rien d'immédiat. Nous décidons alors de résister à l'aide de
bombes à eau, peinture, compost et lance à eau. Un deuxième ultimatum
nous est fixé au mercredi 27 octobre. Les flics mettent deux heures à
défoncer les barricades et à nous sortir. Ils en profitent pour filmer et
photographier tout ce qu'ils peuvent.
Un goût amer dans la bouche, tout est à recommencer. L'hiver approche et
il n'existe aucune promesse écrite de la part de la Ville quant à un
autre lieu pour l'Espace autogéré. En aucun cas nous n'attendrons le
printemps pour prendre ce dont nous avons besoin et qui nous paraît
légitime. A noter en passant que si la maison a été détruite dès après
notre
expulsion, il s'écoulera neuf ans avant que les travaux de construction
ne débutent.
Deuxième Espace autogéré
Chemin de la Colline 2
(ancienne Carrosserie Pavillard)
Il nous faut deux semaines pour nous remettre de nos émotions, faire le
point sur la situation et nous mettre d'accord sur la nouvelle maison à
occuper. Nous appelons à une manifestation pour le 13 novembre 1993 suite
à laquelle 300 personnes occupent une ancienne carrosserie sise au ch. de
la Colline 2. Nous y reprenons nos activités et c'est reparti pour un
tour. La bâtisse appartient à un proprio en faillite qui s'accommode tant
bien que mal de notre présence.
Le 21 mars 1994 l'office des poursuites procède à la mise aux enchères de
la maison que nous occupons. Nous ne manquons pas d'y assister avec
tracts et banderole et demandons si nous sommes comprisEs dans le prix de
vente. La maison est adjugée à la succursale bernoise du Crédit Suisse
pour 2 millions et demi. Cette fois la banque décide de nous ignorer.
Nous pensons donc pouvoir poursuivre nos activités et organisons une
grande fête en juin 1994 afin de commémorer la première année de l'Espace
autogéré.
C'était sans compter avec le municipal J.-J. Schilt qui, en décembre,
décrète subitement les locaux que nous occupons insalubres et dangereux.
Parce qu'une des halles, dont nous avions d'ailleurs condamné l'accès
depuis fort longtemps, présente des fissures, ordre est donné aux
proprios d'entreprendre quelque chose. Sans que nous soyons consultéEs la
décision est prise de raser non seulement la halle incriminée mais
également toutes celles affectées aux activités de l'Espace autogéré. Une
fois de plus nous avons affaire à l'autoritarisme du municipal J.-J.
Schilt et à sa
politique du fait accompli. Nous n'acceptons pas qu'un ordre de
démolition portant sur une halle d'un bâtiment puisse tout à coup
s'étendre à celles qui ne comportent aucun risque. Nous demandons la
destruction de la seule halle qui pourrait éventuellement poser problème.
Mais cette solution occasionne un surcoût d'environ 30'000 fr. Le
municipal laisse entendre que si nous trouvons la moitié de la somme la
Ville peut éventuellement s'engager pour l'autre. Dans un premier temps
nous n'avons pas l'intention de payer pour des travaux que nous n'avons
pas demandés. D'autre part notre confiance dans les promesses du
municipal Schilt est plus que restreinte. A juste titre, puisque
lorsqu'un journaliste présent à une de nos conférences de presse propose
de verser la moitié de la somme, le municipal se rétracte et tente de
faire porter le chapeau au Crédit Suisse. Le 13 décembre, après deux
jours d'obstruction pacifique aux travaux et de dialogue de sourds la
Municipalité rose-verte nous envoie des dizaines de flics en tenue
anti-émeute, armés de boucliers, de matraques, sans compter la ribambelle
de flics en civil. Grâce à notre résistance active, à l'intervention de
conseillers communaux en notre faveur et aux dissensions qu'ont provoqué
les méthodes de Schilt au sein du Parti socialiste les travaux de
démolition sous haute surveillance sont bloqués à minuit.
Troisième Espace autogéré
Avenue de Morges 60
(ancien dépôt de bus de Prélaz)
Des pourparlers portant sur des locaux pour l'Espace autogéré commencent
début 1995. Le municipal Schilt nous propose les anciens locaux des
Transports lausannois (TL) à Prélaz. Mais il s'agit d'un contrat de prêt
à usage et pour deux ans renouvelable uniquement. Ces locaux présentant
toutefois bien des avantages, nous finissons par accepter. Nous verrons
bien dans deux ans. Il s'agit d'une maison d'habitation et d'une halle
alors encore aux mains des TL, mais que la Ville s'apprête à reprendre.
Pour des problèmes de paperasses, nous prenons possession de la maison
d'habitation avec un mois et demi de retard, des problèmes subsistant
quant à la remise de la halle.
La maison est investie le 13 juin 1995. A cette occasion, une petite fête
est improvisée dans la cour. La halle est finalement occupée le 9
septembre, notre patience ayant tout de même des limites, ce d'autant
plus qu'elle avait finalement été mise provisoirement à disposition du
théâtre de Vidy alors que les TL nous en avaient interdit l'accès pour
des raisons de sécurité. Autre coup de théâtre, les TL ayant caché à la
Ville
certaines informations concernant le dossier de la parcelle que nous
occupions désormais. La Ville se brouille avec les TL et refuse de
racheter. Les TL sont quant eux très réticents à reprendre le contrat de
prêt à usage à leur compte. Ils nous demandent toutes sortes
d'amendements que nous jugeons inacceptables. Le contrat de prêt à usage
avec les TL ne sera jamais signé et nous ne nous en portons pas plus mal.
Le lieu est immense, une maison d'habitation de trois étages, une halle
énorme et d'autres locaux plus petits, une cour avec un endroit couvert
qui se transformera rapidement en Wagenburg. Après quelques mois
d'aménagement, les activités - qui durant tout ce temps se déroulaient
encore au chemin de la Colline 2 ou dans une halle de Sévelin où la Ville
a tenté de nous caser - reprennent de plus belle. Le nouvel Espace
autogéré est doté d'un bistrot, d'un bar, d'un infokiosk, d'une salle de
concert, d'une salle d'expo qui servira également de salle
d'entraînement, de lieux pour le théâtre, d'un jardin potager, d'un
poulailler, d'une forge, d'un labo photos, de divers ateliers et
l'association Ciné-clap finira par installer son cinéma dans la salle
polyvalente.
L'expérience de Prélaz durera finalement cinq ans. Durant tout ce temps
d'innombrables activités y sont organisées par l'Espace autogéré ou en
collaboration avec d'autres collectifs de lutte. Le lieu abritera par
exemple les Marches européennes contre le chômage en 1997 ou encore la
Caravane contre l'OMC en mai 1998. Des actions ou manifestations seront
régulièrement organisées en ville: commémorations annuelles de
l'évacuation de Primerose 11 où un terrain vague persiste, campement à
St-François en faveur de l'affichage libre, théâtre de rue en soutien à
un objecteur à la protection civile, participation à la fête de quartier
de l'avenue de Cour, manif antifasciste, critical mass (manifs à vélo),
deux street parties mémorables et bien d'autres choses encore.
Un ultimatum pour l'évacuation ayant été fixé par la Ville pour le mois
d'avril 2000, un grand festival de résistance se tiendra du 30 mars au 2
avril qui verra défiler en moyenne mille personnes par soir. Un nouvel
ultimatum est fixé pour juin, mois durant lequel se tiendra la deuxième
street party qui remit un peu de couleur aux quartier des banques à
St-François. Vu la résistance la Ville tente de trouver une solution. Le
6 juillet, alors que la Municipalité discute de l'éventualité de remettre
l'ex-Dolce Vita à l'Espace autogéré en échange de Prélaz, la bâtisse
inoccupée depuis une année et demi est occupée. Le lendemain, un contrat
de prêt-à-usage sera finalement signé pour une durée de cinq ans,
renouvelable tacitement de deux ans en deux ans. A l'échéance de la
convention, l'Espace autogéré s'engage à restituer le plein et entier
usage du bâtiment mis à disposition, pour autant qu'une solution
satisfaisante ait été trouvée entre les deux parties six mois à l'avance.
Entre-temps un nouveau collectif s'est formé pour résister à l'évacuation
de Prélaz. Au niveau logement, deux collectifs avait préalablement pris
les devants le 14 avril déjà en occupant au chemin de Tivoli 42 b, ainsi
que le 10 juin place Charles Vuillermet 2 en face de la cathédrale.
L'ancien dépôt TL sera finalement évacué et détruit le 3 août 2000.
Détail piquant, c'est au popiste B. Métraux - qui s'était fait embarquer
par les flics alors qu'il s'opposait à l'évacuation du précédent Espace
autogéré et devenu entre-temps municipal de la police - que reviendra la
tâche d'ordonner l'évacuation ! Pour évacuer les dix dernières personnes
retranchées à l'intérieur de la maison d'habitation, les fins stratèges
de l'hôtel de police bouclent le quartier et font intervenir 120 flics en
tenue anti-émeute, la brigade de déminage et tout le toutim. L'assaut
sera donné en formation de tortue romaine, abritée derrière une
pelleteuse. Les flics semblèrent très fiers d'eux-mêmes lorsqu'ils
parvinrent à décrocher le drapeau pirate qui flottait sur le toit depuis
des mois. Le plaisir est parfois une chose simple.
Quatrième Espace autogéré
Rue César-Roux 30
(Ex Dolce Vita)
Il a fallu trois mois et demi pour refaire la façade de la maison et
retaper ce qui a été le premier rock club de Suisse. Ne voulant pas être
méchant·e·s , nous ne nous attarderons pas sur le pitoyable épisode qui
vit les membres de Et le nave va, à la recherche d'une salle de rock,
occuper les lieux pour faire pression sur la Municipalité (sic) alors
qu'ils/elles auraient peut-être dû commencer par ne pas quitter les lieux
lors de la banqueroute de la Dolce Vita une année et demie auparavant.
Nos multiples actes de résistance nous valant de plus en plus de
problèmes avec la justice, notre première activité sera un festival
anti-répression le 20 octobre 2000. L'inauguration ne sera fêtée qu'un
mois après. Le nouvel Espace autogéré se verra doté d'un bistrot, d'une
salle de concert/spectacle, d'un local de sérigraphie, d'espace pour des
expos et d'un infokiosk/féministe.De nombreux squats ont vu le jour durant cette période pour la plupart
évacués en 2003 avant ou après le G8. De nouveaux squats et lieux de vie
ont récemment vu le jour. La lutte continue!
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