A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists **

News in all languages
Last 40 posts (Homepage) Last two weeks' posts

The last 100 posts, according to language
Castellano_ Català_ Deutsch_ Nederlands_ English_ Français_ Italiano_ Polski_ Português_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe_ The.Supplement
{Info on A-Infos}

(fr) Paysans : disparition programmée

From CNT AIT <cnt.ait@wanadoo.fr>
Date Thu, 2 Oct 2003 23:19:49 +0200 (CEST)


_________________________________________________
A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
_________________________________________________


PAYSANS, DISPARITION PROGRAMMÉE

-> http://cnt-ait.info/article.php?id_article=781

Sous couvert de défense de la Santé publique, la politique sanitaire
européenne organise la disparition des petits paysans.

1° Les différents managers de la Société France and Cie, qui se sont
succédés au fauteuil directorial depuis les années 80 ont eu pour unique
objectif la préparation du grand bond en avant vers la mondialisation de
l'économie pour préparer l'avènement de l'empire planétaire de la
marchandise, nos joyeux managers ont procédé à de vastes restructurations
(dans différents secteurs) toutes fondées sur le principe supérieur : "la
concentration favoriseras, la chienlit élimineras".

L'agriculture ne pouvait échapper indéfiniment au commandement N° 1 de la
nouvelle table. Largement entamée depuis les années 40-50, l'autonomie
paysanne (rappelons que les paysans ont vécu de façon quasi autarcique
pendant des siècles) a été mise à mal. S'il est vrai que la "nature a
horreur du vide", comme le disait fort justement Blaise Pascal, il est
indéniable que le capital ne peut tolérer des comportements autonomes.

2° En deux générations, le paysan est devenu exploitant agricole, puis
agro-manager.

Dépossédé de son savoir-faire par une foultitude de spécialistes et de
conseillers, perverti dans sa relation à la terre et aux animaux, le
paysan a perdu son identité, sa culture et une certaine liberté.
Surendetté, hypothéqué jusqu'à la fin de ses jours, il est devenu le
salarié à domicile du Crédit Agricole qui peut le mettre sur la paille du
jour au lendemain.

Pour échapper ou tenter d'échapper à un système productiviste, à
l'intensification et à l'absurde course au profit, génératrice de
pollution, une minorité de paysans de souche ou néo-ruraux- ont essayé de
s'aménager un espace de 'liberté relative" dans le système agricole
dominant.

Plutôt que de vendre leur lait ou leur viande, leurs légumes ou fromages,
à des trusts spécialisés (... dans l'exploitation du travail surtout),
ces minoritaires ont choisi la vente directe de leurs produits au
consommateur Il ne s'agit pas ici bien sûr d'établir des équations
hâtives et
hasardeuses (ou des contre-sens) entre vente directe et action directe :
il va de soi que tout mode commercial d'échange restera à jamais suspect
pour notre projet anarcho-syndicaliste. Cependant, et puisqu'il faut bien
vivre, d'aucuns avaient donc choisi de produire, de transformer et de
vendre directement, trouvant que 'l'autogestion" de leur travail
engendrait moins de frustration et d'aliénation qu'un autre mode de vie.

Cette relative marge de manoeuvre, ce frêle espace de liberté dans le
système, s'est avéré malgré tout suffisamment gênant pour qu'on cherche à
le faire disparaître. La consommation baisse (sept millions de chômeurs
et précaires) ; toute part du marché est donc bonne à prendre : les
trusts de l'agro-alimentaire, la grande distribution se sont aperçus
qu'une part du marché alimentaire leur échappait parce qu'occupée par les
"petits producteurs".

Encombrants économiquement parlant, ces petits producteurs, enclins aux
jacqueries sans lendemains, sont aussi des imprévisibles politiquement
parlant : leur disparition est programmée depuis les années 70, mais ils
mettent beaucoup de mauvaise volonté à s'éclipser discrètement !

Survivants aux diverses lois d'orientation agricole (genre
restructuration dans l'industrie), il fallait bien trouver l'argument
massue, l'arme qui balaierait définitivement la piétaille de
l'agriculture : c'est 1'hygiène normative qui devait fournir aux "tenants
de la concentration" le moyen imparable pour organiser la sélection :

- pour pouvoir vendre les produits qu'ils transforment, les petits
agriculteurs vont devoir créer des locaux appropriés à la transformation
des produits de la ferme ; ces locaux sont conçus suivant des normes
d'hygiène imposées à des modes de production industrielle.

Exemple : un éleveur transforme son lait (de vache, de. brebis, de
chèvre) en fromage. Il se voit obligé d'améliorer sa fromagerie actuelle
et d'ajouter un sas, une salle de travail, une salle d'affinage, une
salle d'emballage, une salle de lavage, une salle de vente ...(ambiance
bloc opératoire, microphobie à tous les étages).

Le coût de l'opération est évidemment lourd pour un petit agriculteur
dont le revenu moyen tourne souvent autour du S.M.I.C.

Nombreux son ceux qui abandonnent, ne pouvant faire face à
l'investissement obligatoire, les autres se réendettent, obligés qu'ils
sont pour payer leurs nouvelles charges d'augmenter le troupeau, la
production. C'est l'engrenage infernal :

- pour le producteur :.charges de travail (souvent déjà très lourdes en
agriculture, journées souvent bien au-delà des "conventions syndicales"),
charges financières plus ou moins ingérables ;

- encombrement de la "filière" suite à une surproduction (pour éponger
l'endettement) et, en final, une chute du prix du produit concerné
puisque les marchés sont saturés, Et c'est bien là que l'on voulait en
venir . . .

La ruine des uns, en agriculture comme ailleurs, nourrit la prospérité
des autres.

Plans sociaux, restructurations industrielles, lois d'orientation
agricole (hygiènisme draconien avec les petits producteurs, laxisme avec
les trafiquants internationaux de vaches folles et de maïs transgénique).
Les logiques de sélection et d'élimination se retrouvent et se
ressemblent de façon confondante et contondante.

Il eut fallu organiser une résistance collective, mais las, hélas, entre
cogestionnaires repus et satisfaits (F.N.S.E.S.A) et cogestionnaires
englués dans l'illusion du réformisme, partisans de l'entrisme
(Confédération paysanne) tout azimut dans les institutions agricoles, les
pourfendeurs de germes fermiers ne trouvèrent point de résistants
farouche sur leur chemin. De résistance passive en traînage de pieds pour
certains isolés, il n'y a pas eu d'autre solution que la rédition sans
gloire, faute de quoi l'on vous fermerait votre boutique.

Mais n'empêche
Ils sentiront un peu
Nom de Dieu
Que la Commune ... (air connu).


Un militant du Quercy-Rouergue.

_______________________________________________
Actualité de l'Anarcho-syndicalisme
http://liste.cnt-ait.info
http://cnt-ait.info
Contact@cnt-ait.info





*******
*******
****** Agence de Presse A-Infos ******
Information d'intérêt pour et au sujet des anarchistes

Pour s'abonner -> écrire à LISTS@AINFOS.CA
avec le message suivant: SUBSCRIBE A-INFOS-FR
Pour plus d'info -> http://www.ainfos.ca

Vous voulez reproduire ce message?
Pas de problème, veuillez s'implement inclure cette section.

A-Infos Information Center