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(fr) UN ENFANT EN PRISON C'EST UN CRIME CONTRE L'HUMANITE
From
"CNT AIT" <cnt.ait@wanadoo.fr>
Date
Mon, 26 May 2003 19:57:56 +0200 (CEST)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
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http://ainfos.ca/index24.html
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*UN ENFANT EN PRISON C'EST UN CRIME CONTRE L'HUMANITE*
-> http://cnt-ait.info/article.php?id_article=697
Retour sur image : mercredi 17 juillet 2003, le sieur Perben, Ministrone
de la Justice en Chiraquie, a présenté devant le conseil des ministres le
projet de loi sur le rétablissement des prisons pour enfants.
Comment peut-on s'étonner que la première loi de ce gouvernement soit une
loi d'inspiration policière ? Depuis des lustres, les ministres de la
Police, qu'ils soient de gauche ou de droite, la réclamèrent, de Gaston
Deferre à Chevènement, de Pasqua à Sarkozy. Les petits piranhas de cités
de l'exil périurbain inquiètent le bon peuple, accro aux
drogues dures de la sécurité. Et la masse des électeurs n'a-t-elle pas
choisi le parti de l'ordre ? Les journaux de TFN ont si bien su dealer
leur camelote de trouille à chaque rayon ! Nous entrons dans le
troisième millénaire avec une loi digne du XIXème siècle ! L'inspiration
policière ne restera-t-elle pas toujours marquée par l'esprit de Javert,
l'insupportable flic des Misérables ?
Rassurez-vous tout de suite, croyez-en notre longue expérience de la
répression, vous avez prix le bon chemin, et de quelques petits voleurs
de miches de pain, vous allez faire de redoutables forçats. Arrêtez...
nous savons bien que de nos jours, ils vendent des barrettes de shit et
tirent des portables. Mais l'esprit demeure le même. Le système réprime
la misère qu'il a su si bien entretenir, et, tout naturellement, le
néolibéralisme a opté pour la solution du bon vieux libéralisme
bourgeois ... la criminalisation des pauvres.
Que vaut une société qui envoie ses enfants en prison ?
Nous ne croyons pas aux tartuffes bedonnants qui sacralisent les
Ordonnances de 1945. Reconnaissons tout de même qu'inspirées de l'esprit
de la Résistance et surtout par des hommes qui avaient connu la paille
des prisons, ces lois étaient un mieux. Une tardive mais juste
éradication des bagnes des enfants. Pourtant, elles ne furent jamais la
panacée. Jamais. C'est facile de ne voir que le bon côté des choses en
restant du côté du manche, toujours du côté du manche. Alors, profitons
aujourd'hui de cet échange pour vous dire ce qu'a été l'expérience du
côté du bâton. Car, pour ce qui est de l'après-guerre, nous voudrions
vous raconter quelques histoires, souvent des histoires intimes.
Depuis les années 50, le gros du bataillon des réclusionnaires peuplant
les centrales de ce pays est issu des quartiers populaires et forgé à la
haine des foyers de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) et de
la DDASS (Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale). Si
les orphelinats ont produit une activité délinquante plus classique, la
génération des "blousons noirs", réprimée dans les IPES -les maisons de
correction des années 60- a été le fer de lance de la vague des équipes
de braqueurs qui écumèrent les années 70. Leur audace se vérifiait dans
les prises d'otage et les fusillades sanglantes. Les équipes se
montaient autour des "Centres d'Education Surveillée", à
Savigny-sur-Orge pour la banlieue sud, à Aniane pour le midi, et chaque
région avait sa pouponnière de la nouvelle criminalité.
Les pères fouettards diront qu'avec de la mauvaise graine, on ne
récoltera jamais de la bonne céréale. Eux, qui ressemblent si bien aux
éducateurs qu'ils nous envoyèrent pour nous mater. Les cerbères
essayèrent d'en finir avec notre révolte à coups de trique. Surtout, les
soirs de fugue, quand les gendarmes nous ramenaient enchaînés. Ici, dans
notre prison centrale, des décennies plus tard, il faudrait qu'on montre
aux nostalgiques des Ordonnances de 45, quelques cicatrices moissonnées
au nom de la déesse éducation.
Il y eut les privations, le "pain sec" pour les punis, et encore, un
repas sur deux... Il y eut les arbitraires, les vexations, l'acharnement
sur les souffre-douleurs. Ils nous donnèrent un bagage minimum. Juste
celui dont on a besoin en prison : savoir mentir et dissimuler, résister
au pire, faire les coups en douce, ne pas montrer ses sentiments -la
politesse serait une faiblesse- et la sacro-sainte hypocrisie,
toujours...
Dans certains établissements, les plus horribles, si l'on voulait
bouffer à sa faim et échapper aux corvées les plus dégueulasses, il
fallait accepter des éducs les caresses salasses...
Voilà comment fut "protégée" une partie de la jeunesse. Et l'on voudrait
que l'on fut de gentils garçons. Nous n'étions pas bons, il est vrai,
mais ils nous rendirent mauvais.
A la Centrale de ..., les jeunes des cités sont encore rares.
Ils écoutent du rap à fond la caisse, parfois tard le soir. Ils parlent
aux fenêtres, comme aux Baumettes, ils roulent des épaules sur les
coursives... Ce n'est pas bien grave. Pour sourire, on les surnomme d'un
terme qui leur va si bien : les Gremlins.
Et pour le moment, les hordes de Gremlins sont abonnés aux petites
peines. Ils peuplent les Maisons d'arrêt et les Centres de détention
régionaux. Ils n'ont jamais su créer une délinquance nouvelle, ils sont
restés dans leur quartier, en bas de leur immeuble, et ils se
débrouillent seulement à la petite semaine...
Mais les experts de la tolérance zéro ne peuvent plus accepter ces accès
de fixation à faible densité d'illégalisme. Ils veulent taper un bon coup
de talon dans la fourmilière et démanteler la petite économie marginale
faisant vivre des milliers de familles démunies. Vous n'avez plus
l'intelligente gouvernance qui vous permettait de saisir qu'il faut
impérativement laisser un espace d'autonomie relative entre la précarité
néo-libérale -incapable de donner du travail à tous les pauvres- et
l'assistanat de masse -réduisant des millions de personnes à la
mendicité étatisée.
Les flics ont reçu carte blanche. Ils vont capturer au flash-ball
plusieurs centaines de gamins. Puis, de plus en plus, toujours plus. Les
juges pour enfants les jetteront dans les nouveaux cachots de la PJJ.
Malgré leurs bonnes intentions, les éducateurs, les matons, les
éducateurs-matons seront mobilisés pour le "tout sécurité". Ils
s'enfermeront dans le conflit qui naîtra immanquablement et de toute
évidence. Dans la prison, la répression l'emporte toujours. Le conflit
entre celui qui souffre et veut s'enfuir et celui qui finit toujours par
le surveiller et le punir est inéluctable. Dès cet instant, il n'y a plus
de limite, l'engrenage est sans fond.
Nous n'avons rien de voyants extra-lucides, mais nos prévisions reposent
sur le vécu du peuple des prisons. Et croyez-nous sur parole. Les bandes
de Geimlins sortiront des foyers de la tolérance zéro avec pour seule
éducation la capacité d'inventer une délinquance bien plus dure que celle
de leurs prédécesseurs sortis de foyers de la DDASS et des Centres
d'éducation surveillée.
Un prisonnier
Article du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénées n°80 - Avril_Mai 2003 ->
http://cnt-ait.info/article.php?id_article=697
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