A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
The last 100 posts, according
to language
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
The.Supplement
{Info on A-Infos}
(fr) Condamné pour un oeuf
From
FA Toulon <fatoulon@lautre.net>
Date
Sun, 30 Mar 2003 01:18:32 +0100 (CET)
_________________________________________________
A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
_________________________________________________
Samedi 22 mars, 3000 à 4000 personnes manifestent contre la guerre
déclenchée en Irak 48 heures auparavant. Vers 16 heures, en fin de
manifestation, le cortège passe devant un Mac Do situé sur l'artère
principale de la ville, le boulevard de Strasbourg. Au son de « Mac Do,
collabo ! », deux à trois oeufs frais frappent chirurgicalement les
vitrines du fast-food. Yann, un de nos sympathisants, partie prenante de
la salve ovipare, se fait aussitôt attraper violemment, plaqué avec force
contre la porte d'un immeuble voisin et menotté par des membres de la
BAC, notoirement connus à Toulon pour leurs relents quasi-fascistes.
Notre camarade est amené et embarqué dans une voiture banalisée. Une
partie des manifestants réagit et encercle la voiture. Celle-ci est
bousculée, la tension monte. Quelques flics - CRS, motards - arrivent en
renfort afin de dégager le véhicule de la BAC et lui permettre de partir
amener l'interpellé au commissariat. Bousculades, coups de matraque (sur,
entre autres, une personne âgée), slogans tels que « libérez notre
camarade », « libérez-le », « police partout, justice nulle part ». La
tension monte. Au bout d'une ½ heure, voire ¾ d'heure, la police cède et
libère notre compagnon. Dans la confusion, nous mettrons quand même ¼
d'heure à mettre la main dessus, craignant qu'il ne fut serré
discrètement peu après, loin des yeux de la foule désormais apaisée.
Finalement, il était bel et bien libre et nous le retrouvons un peu plus
tard.
Au moment de la confrontation entre police et manifestants, un jeune «
beur », qui ne participait pas à la manifestation, s'approche, curieux de
voir ce qui se passe. Il est pris à partie par un flic, essaiera de
s'enfuir, pour finir interpellé de manière musclée (avec coups sur le
ventre) et embarqué un peu plus loin.
Samedi soir, 21 heures, des policier passent à l'adresse de Yann (chez
ses parents) et y déposent une convocation au commissariat central de
Toulon pour le lendemain, dimanche 23, 14 h. A quatre personnes, nous l'y
accompagnons. Les policiers nous disent que notre présence est inutile et
qu'attendre ne sert à rien, vu que l'interrogatoire peut être long. Nous
partons et, un peu plus tard, apprenons par sa mère que Yann est gardé à
vue. Laborieusement, nous arrivons à contacter la LDH pour avoir des
conseils et trouver un avocat en cas de procès.
Yann passe en « comparution immédiate » lundi 24 mars, à partir de 14
heures. Une avocate de la LDH assure sa défense. Il est accusé de «
rébellion et incitation à l'émeute ». Il aurait blessé un policier au
pouce et appelé la foule à le soustraire à son arrestation en criant «
libérez-moi ». Yann reconnaît avoir lancé quelques coups de pieds dans
tous les sens alors qu'il se trouvait dans une situation très stressante
et inconfortable : tiré d'un côté par des manifestants qui avaient réussi
à le sortir de la voiture, et tiré de l'autre côté par les menottes par
les flics pour le remettre dans la voiture. Stress, douleur intense aux
poignets, on comprend la panique et la volonté de se dégager. Yann ne
reconnaît pas l'accusation de coups volontaires sur des policier, ni
celle d'avoir incité les manifestants à le libérer. Au contraire, il a
essayé de les dissuader de le faire, craignant de subir les conséquences
de la colère policière suite à la résistance de la foule devant la
violence démesurée des « forces de l'ordre » face à ce qui ne fut qu'un
jet d'oeuf.
De toute façon, quoiqu'il ai pu dire Yann, il était impossible d'entendre
quoique ce soit. Il est clair que les manifestants ont soutenu
spontanément un des leurs face à l'arbitraire policier. Des personnes,
outrées, fustigeaient les pratiques de la « police républicaine » dignes
de soudards dont elles n'imaginaient pas l'existence dans « notre » «
douce France ». Et oui, les « bons citoyens » peuvent aussi finir
embarqués, gardés à vue, et se retrouver face à un tribunal en moins de
48 heures. Il serait temps qu'ils s'en rendent compte et qu'ils
saisissent que les lois sécuritaires menacent la liberté de tous.
Libertés se réduisant comme peau de chagrin. Les policiers se sont portés
partie civile. Leur avocat dénonce le fait que « force n'est pas restée à
la loi », les policiers ayant dû libérer un interpellé sous la pression
d'une « bande de sauvages » (sic). Il demande un euro de dommages et
intérêts. L'avocat général explique que « l'Etat a été mis en danger »
dans une « démocratie qui ne peut pas exister sans ordre ». Il réclame un
an d'emprisonnement dont quatre mois fermes. L'avocate réfute les
accusations de « rébellion » et « incitation à l'émeute ».Elle demande la
relaxe pure et simple.
Après délibération, le tribunal reconnaît Yann coupable des faits qui lui
sont reprochés et lui propose 240 heures de travaux d'intérêts généraux à
effectuer dans les 18 mois, étant donné qu'il « a du temps libre,
puisqu'il fait des longues randonnées le samedi » et qu'« une activité
non rémunéré pendant ses loisirs [lui] évitera de déraper ». Le président
précise que les TIG ne sont pas obligatoires, puisque « les travaux
forcés n'existent pas en France ». Effectivement, ils peuvent être
refusés... au risque de s'exposer à une peine bien plus contraignante.
Jeu très dangereux si le procureur demande de la prison ferme, ce qui
était le cas. Yann accepte, et se voit condamné à « un an
d'emprisonnement sursis à 240 heures de travaux d'intérêt général à
effectuer dans les 18 mois, un euro de dommages et intérêts pour la
partie civile, et 300 euros pour les frais d'avocat de cette dernière ».
Le jeune arrêté aussi lors de la bousculade police/manifestants est
condamné à la même peine, sauf les 300 euros d'amende.
Notons que le président du tribunal demande aux prévenus s'ils veulent
être jugés le jour même ou ultérieurement. Décision difficile à prendre.
Etre jugé de suite peut avoir pour conséquence le manque de temps pour
assurer sa défense. Reporter le jugement peut impliquer le maintient en
détention jusqu'au jour du nouveau procès. Si un oeuf peut ainsi faire
perdre leur sang froid aux flics et avoir de telles conséquences, il
faudra s'attendre à des interpellations et comparutions immédiates devant
un juge quasiment de manière continue. La « démocratie » a une sale
gueule, et sa « justice » mauvaise haleine.
Outre les 300 euros que Yann doit payer, les frais d'avocats se montent à
638 euros. Toute solidarité sera la bienvenue.
contact : groupe Nada, c/oACL, BP 5137, 83093 Toulon cedex.
http://fatoulon.lautre.net
Courriel : fatoulon@lautre.net.
Chèque àl'ordre de ACL
Groupe Nada - Fédération Anarchiste
*******
*******
****** Agence de Presse A-Infos ******
Information d'intérêt pour et au sujet des anarchistes
Pour s'abonner -> écrire à LISTS@AINFOS.CA
avec le message suivant: SUBSCRIBE A-INFOS-FR
Pour plus d'info -> http://www.ainfos.ca
Vous voulez reproduire ce message?
Pas de problème, veuillez s'implement inclure cette section.
A-Infos Information Center