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The.Supplement
{Info on A-Infos}
(fr) Daewoo voleur ! Etat complice !
From
Courant alternatif <oclibertaire@hotmail.com>
Date
Wed, 19 Mar 2003 16:32:59 +0100 (CET)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
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"Daewoo voleur ! Etat complice !"
Avec la fermeture des 3 sites de Daewoo en Lorraine, bassin déjà
fortement sinistré par la casse de la sidérurgie et de l'industrie
minière à la fin des années 70, début 80, s'achève l'ère des
reconversions reposant sur l'accueil d'entreprises étrangères
d'électronique ou d'électroménager, usines "tournevis" attirées à grands
coups d'aides publiques. Après avoir empoché des millions d'Euros et
exploité des centaines de travailleurs et travailleuses, les dirigeants
de ces entreprises mettent la clef sous la porte. Mais les salarié(e)s de
la dernière unité de production, celle fabricant des tubes cathodiques à
Mont-Saint-Martin, ne voulaient pas laisser les patrons et l'Etat s'en
tirer à si bon compte. Pas question pour eux de partir sans manifester
leur colère et leur forte impression d'avoir été grugé. Ce n'est pas le
contrat de site, sorti du chapeau des politicards qui pouvait les
apaiser, pas plus que le plan social au rabais, accepté par la Cfdt. Il
s'agit bien pour ces salarié(e)s d'exiger ce qui leur est du.
** Chronique d'une mort annoncée
L'histoire de Daewoo en Lorraine commence en 1989 par l'installation
d'une unité produisant des fours à micro-ondes à Villers-la-Montagne.
Elle fait partie de ces usines de l'électronique qui vont fleurir, suite
à la casse de la sidérurgie. Pour s'installer, ces entreprises
bénéficient d'énormes subventions (pour Daewoo, 46 millions d'Euros), la
moitié provenant de l'Europe. En 1993, c'est à Fameck que Daewoo implante
sa 2ème unité, qui fabrique des téléviseurs. Daewoo-Orion de
Mont-Saint-Martin était le 3ème pôle industriel de Daewoo en Lorraine.
Annoncé par 2 ministres, Michel Delebarre et Dominique Strauss-Kahn, en
février 1992, l'usine voit le jour en juin 1995. Mais en mars 1996, aucun
tube cathodique n'est encore sorti ; un problème de formation explique la
direction. En septembre 1996, c'est l'affaire Thomson multimédia que
l'Etat veut vendre pour 1 F symbolique à Daewoo, mais l'affaire capote.
Ce qui n'empêche pas le ministre Jean-Claude Gaudin d'annoncer
l'extension du site pour employer à terme 1 200 salariés. Un projet qui
ne vit évidemment pas le jour. En mars 1997, Daewoo annonce la création
d'une usine de verre à Thionville et l'extension du site de
Mont-Saint-Martin. En juin 1997 éclate le premier véritable conflit
social à Daewoo-Orion, mais qui est très peu suivi. En décembre 1998,
Daewoo est repris par Samsung. La faillite du groupe, suite à des fraudes
et des détournements de fonds (35 milliards de dollars), intervient en
août 1999.
En juin 1999, un 2ème conflit social de 12 jours est amorcé. Daewoo
annonce alors une fermeture possible, suite à un passif avec l'Etat de
près de 100 millions de Francs. En août 1999, Daewoo vend sa filière
électronique à un groupe d'investisseurs américains, Wallid Alomard and
Associates. En mars 2000, un nouveau conflit éclate durant une semaine.
En avril 2001, la colère gronde à nouveau. Début 2002, Daewoo annonce un
premier train de licenciements à Fameck, puis la délocalisation d'une
chaîne de fours à micro-ondes de l'usine de Villers-la-Montagne. Au cours
du dernier trimestre 2002, les créanciers de Daewoo (URSSAF, Société
Générale, Trésor public) obtiennent une saisie conservatoire. Daewoo
décide de fermer les sites de Fameck et de Villers-la-Montagne. Après un
nouveau coup de colère en octobre, le patron de Daewoo-Orion est
séquestré le 20 décembre 2002, suite à la mise en redressement
judiciaire. Début janvier 2003, les salariés occupent l'entreprise et
menacent de déverser dans La Chiers des produits chimiques. Si le travail
reprend le 20 janvier, l'incendie, trois jours plus tard, du stock de
tubes cathodiques ne fait que précipiter une fermeture annoncée.
L'incendie a détruit les stocks de produits finis de l'usine, pour une
valeur estimée à 1,2 millions d'Euros, servant jusque là de " trésor de
guerre " des salariés. Cet acte criminel portait un coup aux espoirs des
salariés qui mettaient en quelque sorte ce " trésor de guerre " dans la
balance des négociations d'un plan social cofinancé par l'entreprise
coréenne et les pouvoirs publics (selon la justice, il s'agit d'un
incendie criminel et il est utile de préciser que, le jour même, Air
liquide est venu rechercher ses produits impayés, que la direction est
venue reprendre la comptabilité, qu'elle a fait passer le nombre de
gardiens de 4 à 2, en leur interdisant de faire des rondes dans les
locaux et que le service interne de lutte contre l'incendie ne
fonctionnait pas !). Une catastrophe d'une gravité exceptionnelle
(présence à proximité de pompes à essence et d'une entreprise contenant
une pile nucléaire) a pu être évitée grâce à
l'intervention courageuse d'un travailleur pour couper l'alimentation de
gaz. Aux vues de ces faits troublants, les forts soupçons à l'égard de la
direction sont plus que justifiés à moins de faire preuve d'une grande
naïveté !
Le 27 janvier 2003, le tribunal ordonne la liquidation judiciaire et 537
licenciements (sur les 550 salariés, quelques-uns uns auraient
démissionné après le 20 décembre 2002).
** Une lutte pour un plan social de haut niveau
Face à cette situation, les salarié(e)s en appellent à l'Etat qui fixe
"trois lignes directrices" aux négociations : "reclassement, congés de
conversion et formation". "La priorité immédiate, c'est de faire en sorte
que ces gens soient correctement reclassés. Le problème n'est pas de les
dédommager, mais de faire en sorte qu'ils puissent continuer une activité
professionnelle". Facile à dire, surtout dans le contexte du bassin de
Longwy où chacun connaît la difficulté de retrouver un emploi stable. Le
gouvernement fait mine de prendre ses responsabilités en proposant des
congés conversion ainsi que des mesures comme la création d'un site de
reclassement, en clair : appeler de nouveau des entreprises à s'installer
dans la région en leur assurant encore toutes sortes de facilités et
exonérations en tous genres.
Or, ces propositions sont insuffisantes pour l'intersyndicale CGT-CFTC-FO
et pour l'extrême majorité des salarié(e)s qui exigent :
- deux ans de congé de conversion avec la même rémunération actuelle des
salariés avec " une capitalisation à 100% sur 24 mois"
- une indemnité pour préjudice moral et matériel : "une indemnité de
dommages et intérêts de 30 000 euros par emploi et de 750 euros par année
d'ancienneté. Pour s'implanter en Lorraine, Daewoo avait obtenu 40
millions d'Euros d'aides publiques, nous demandons la même chose. La
région a déjà annoncé le déblocage de 2 millions d'Euros mais on est loin
du compte". - la prolongation de la carte de séjour de un à dix ans pour
les salariés étrangers. "Chirac a bien su fournir un passeport français à
l'ancien patron de Daewoo, Kim Woo-choong, il doit donner une carte de
dix ans aux ouvriers de Daewoo".
- Remboursement par Daewoo des subventions touchées, pour ne pas dire
détournées.
Quant à la Cfdt, si elle n'a pu empêcher l'incendie d'avoir lieu, elle
tente de jouer son traditionnel rôle de pompier en faisant en sorte
d'affaiblir et diviser le mouvement en acceptant et en proposant
n'importe quoi:
- un suivi de chaque salarié
- le maintien des acquis sociaux, notamment sur la mutuelle
- Une prime supra légale de "18 mois de salaire" par salarié, soit
environ 18.000 euros.
Première réunion le 3 février avec occupation du centre des impôts. "Ces
locaux symbolisent l'Etat. C'est pour ça qu'on est là. On a démarré les
négociations avec les financeurs, et les propositions de l'Etat ne nous
satisfont pas ; S'il y a une intervention policière, y aura de la casse.
Qu'ils prennent leurs responsabilités". Sur une affiche est marqué : "
Vos priorités sont nos objectifs ". " Ils vont voir, nos priorités ! ".
Un ouvrier écrit : "Beaucoup de sous, beaucoup de respect, beaucoup de
justice, beaucoup de dignité, moins de paroles en l'air et beaucoup de
concret". La réunion avec le Préfet se termine par une rupture.
Robert Giovanardi, responsable syndical CFDT persiste dans son rôle de
défenseur du patronat et de l'Etat en affirmant qu'un représentant de
l'Etat, en l'occurrence un Préfet, ne peut négocier sous la pression...,
crie casse-cou devant des actions dont le caractère plus ou moins violent
ne fait que desservir la cause des salariés de Daewoo. Il faudrait
apprendre à ce monsieur le béaba de la lutte des classes et lui rappeler
que les travailleurs n'ont jamais rien obtenu sans justement entretenir
un minimum de pression.
Lors d'une deuxième réunion avec le préfet, celui-ci déplore la mauvaise
volonté des grévistes qui persistent à demeurer sur leurs positions. Il
avance que l'Etat et les collectivités locales n'iront pas au-delà d'une
enveloppe globale de neuf millions d'Euros, soit une moyenne de 17 000 ¤
par salarié ! Il continue en présentant cette broutille comme un effort
fourni au-delà du minimum légal 0,5 million d'Euros pour la cellule de
reclassement et de 65 000 ¤ au titre de l'allocation temporaire
dégressive !
La CFDT est évidemment prête à signer dans ces conditions malgré son
manque total de représentativité dans le mouvement. Pour leur part, les
salariés et l'intersyndicale sont bien décidés à poursuivre le mouvement
en continuant les assemblées générales malgré l'impossibilité de se
réunir sur le lieu de travail depuis l'incendie, en organisant des
occupations au centre des impôts ainsi que des manifestations à Paris
devant le ministère de l'industrie et l'ambassade de Corée.
** LE MOUVEMENT DOIT CONTINUER !
Face au plan de misère proposé par l'Etat et à la politique servile et
complice de la CFDT, la majorité des travailleurs et travailleuses de
l'entreprise est bien décidée à ne pas en rester là. Non seulement la
lutte doit-elle se poursuivre au niveau de la boîte pour arracher le plan
social le plus "avantageux" possible, pour cela seule la détermination et
la pression exercée sera déterminante. Mais la tâche est extrêmement
délicate dans le contexte de l'isolement. S'il est possible d'arracher
des plans sociaux au-delà de ce que proposent entreprises et Etat lors de
certaines luttes, des centaines de boîtes ferment en jetant à la rue
leurs salariés comme des chiens. Des luttes aux motivations identiques se
succèdent chacune dans son coin avec des résultats variables. Enfin, par
l'absence de convergence, ces luttes peinent à remettre en cause une
politique globale des capitalistes dont tous les travailleurs sont
victimes. C'est pour sortir de cette contradiction que les travailleurs
de Daewoo Mont-Saint-Martin, Act Angers, Lu Ris-Orangis et Calais ont
pris l'initiative de tenter d'organiser des actions convergentes avec
d'autres travailleurs confrontés aux même politiques. A l'heure où nous
écrivons, l'initiative n'en est qu'à ces balbutiements. Son développement
pourrait contribuer non seulement à créer une force plus cohérente
d'opposition aux licenciements quels que soient leurs motifs mais aussi à
permettre des rencontres à la base seules capables d'aller dans le sens
de l'auto organisation des travailleurs et de leur totale autonomie de
classe. Si vous êtes intéressés par l'initiative, écrivez à l'adresse du
journal qui transmettra.
OCL Reims, le 19 février 2003
PS : pour celles et ceux qui voudraient des infos complémentaires sur la
lutte au jour le jour, ils peuvent lire "Le Sous-Sol Lorrain" de janvier,
février et mars 2003, que vous pouvez obtenir à l'UL CGT Longwy ou en
écrivant à :
Sous-Sol Lorrain, 43 rue de la liberté, BP 9, 54490 Piennes
ENCADRE
Reconversion, la fin d'une ère
L'échec de Daewoo sonne le glas de la stratégie d'accueil d'entreprises
étrangères d'électronique. Outre Daewoo, la Lorraine a dû faire face ces
deux dernières années aux échecs d'Asat à Maxéville, Grundig à
Creutzwald, Flextronics à Lunéville ou encore JVC et Panasonic dans le
Pays-Haut en 1997 et 1998. Il n'y a pas que les salariés de Daewoo qui
font les frais de la chute des trois sites coréens implantés en Lorraine.
Les sous-traitants aussi ont de quoi être inquiets pour leur avenir. La
vague s'abat de plein fouet dans la vallée de la Fensch. Ainsi, à
Algrange, l'entreprise Afialor, qui produit des pièces en plastique,
avait trouvé un bon marché grâce à Villers-la-Montagne et ses fours à
micro-ondes. Mais depuis septembre, les carnets de commandes ont amorcé
une baisse inexorable. Autre PME touchée, Styrpac, installée sur la zone
industrielle de Fontoy. Là, les commandes sud-coréennes représentaient
environ 60% du chiffre d'affaires de
l'entreprise spécialisée dans les pièces d'emballage en polystyrène. Et
la liste ne fait que commencer. En fait, à grand coup d'aides directes
(subventions) ou indirectes, l'Etat et les collectivités territoriales
ont attiré les vautours et remplacé une mono industrie par une autre. Les
vautours changent de territoires, mais les salariés en font les frais.
Pour le président du Conseil économique et social (CES), Roger Cayzelle,
ancien patron de la CFDT Lorraine, "on ne pouvait pas faire autrement que
de mener cette politique qui a permis tout de même de maintenir une
activité industrielle durant dix ans. Ce qui ne dédouane pas pour autant
ces entreprises d'une certaine obligation morale vis-à-vis des salariés".
Et il y en a encore qui pensent que l'économie française, "en permanence
confrontée à des mutations ou à des restructurations, doit renforcer sa
compétitivité". Il faut "mieux anticiper ces restructurations afin de
faciliter la reconversion économique et le reclassement des salariés". Et
pourtant, c'est le 3ème pays où les capitalistes investissent (source :
ministère des Affaires étrangères, dans une page web faite pour attirer
les investisseurs étrangers que l'on retrouve dans les moteurs de
recherche lorsqu'on cherche Daewoo). On va voir ce que vont donner ces
fameux contrats de site, visant à "redynamiser les bassins d'emploi les
plus touchés par les restructurations", qui seront mis en place
"immédiatement aux bassins de Lens, Longwy et Angers". Ces contrats,
pilotés par la Datar, "favoriseront, au niveau local, l'action de tous
les acteurs publics et privés".
Article tiré de "Courant alternatif" # 127 - mars 2003.
24 pages. 2,3 euros.
Journal disponible dans les maisons de la presse, dans certaines
librairies et par abonnement : pour 1 an (10 numéros mensuels + 2
hors-séries) 31 euros. 1 numéro gratuit sur demande.
pour contacter l'Organisation communiste libertaire :
OCL c/o clé des champs, BP 20912, 44009 Nantes cedex 1
E-mail : oclibertaire@hotmail.com
Site web : http://oclibertaire.free.fr/
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