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{Info on A-Infos}
(fr) Les hommes et le féminisme
From
Worker <a-infos-fr@ainfos.ca>
Date
Sat, 8 Mar 2003 12:50:38 +0100 (CET)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
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[ Le texte qui suit sert d'introduction au nouveau dossier "Les hommes et
le féminisme " mis en ligne sur le site internet féministe des Pénélopes
: http://www.penelopes.org/ ]
Les hommes et le féminisme
Quand vous entendez le mot " féminisme ", vous sortez quoi ? Pour
certains, la bonne grosse colère des familles, la hargne camouflée sous
un " humour " graveleux, les amalgames calomnieux, les insultesŠ jusqu'à
la mitraillette, comme cela s'est vu au Québec il y a treize ans. Pour
d'autres, la goguenardise, genre : " Tiens ? Ça existe encore ce truc-là
? ". Ou encore, la sympathie qui ne mange pas de pain : " Bravo, les
filles ! On est avec vousŠ de loin ". Et puis, il y a des hommes qui
s'intéressent,
s'interrogent, s'interpellent, allant (rarement) jusqu'à s'engager dans
une action anti-sexiste, voire pro-féministe.
Bientôt le 8 mars, Journée Internationale des FemmesŠ C'est la date qui a
été retenue pour la tenue à Genève du 1er Congrès international de la
conditionŠ masculine ! " Paroles d'hommes ", ça s'appelle, expression
dont on sait qu'elle est censée garantir la sincérité de propos. C'est
présidé par Paul-Loup Sulitzer, qui y fera une communication intitulée "
L'homme blessé ". On y débattra aussi entre autres de " La violence faite
aux hommes ", " La tendresse suspecte " (pères présumés coupables), et y
dispensera des messages dynamisants : " Messieurs, cessez d'être gentils
et/ou méchants, soyez un homme vrai ". Cette rencontre est organisée par
Yvon Dallaire, psychologue-sexologue, auteur entre autres de " Homme et
fier de l'être ", principal animateur du site Option Santé
(http://www.optionsante.com), qui promeut conférences et ouvrages
encourageant les pauvres hommes à se défendre contre les attaques des
méchantes féministes. L'objectif annoncé est aussi aimable que le nom du
site : améliorer les relations
hommes/femmes, qui ne cessent de se détériorer la faute à qui ? Aux
féministes bien sûr, qui à force d'accuser les hommes de tous les maux,
les tourneboulent au point qu'ils ne peuvent plus jouer leur rôle au sein
de la famille. Ce résumé est à peine plus grossier que les thèses
exposées. Et encore ne s'agit-il que de la version apparemment " soft "
d'un mouvement " masculiniste ", en expansion notamment outre-Atlantique.
Pourquoi tant de haine ?
Les masculinistes se revendiquent comme des victimes des féministes.
Souvent dans des termes dont l'excès pourrait porter à rire (Halte à la
guerre des sexes ! par Aurélie Charnet). Ils les accusent d'avoir fait le
malheur des femmes elles-mêmes. Grosso modo, c'est à cause de nous s'il y
a de plus en plus de " familles monoparentales " et si la plupart de
celles-ci vivent dans une misère noire. Une thèse que Bush ne reprend pas
directement à son compte, mais que sa politique de promotion du mariage
en guise d'aide sociale entérine.
A partir du moment où on se pose en victimes, on légitime tous les moyens
de défense qu'on juge bon d'employer. Le non-paiement des pensions ? Une
juste réponse à la privation des droits paternels. Et si les mères
arguent de violences pour séparer les enfants de leurs pères ? Mensonges
orchestrés par les lobbys féministes ! Les masculinistes brandissent des
chiffres totalement invérifiables pour affirmer qu'une large proportion
des accusations de violences et d'inceste proférées par des mères sont
mensongères et sont assez puissants pour faire relayer par une presse
complaisante les rares affaires où elles l'étaient effectivement. Quant
aux violences conjugales, les hommes en subissent aussi, pour ainsi dire,
autant, avec en outre le désavantage de ne trouver aucun soutien auprès
des services sociaux. La proposition d'un des penseurs de ce mouvement,
Warren Farrell, de rebaptiser l'inceste " family sex " (sexe en famille),
en dévoile crûment l'objectif véritable : la restitution des privilèges
du pater familias. Ce dont n'ont sans doute pas tout à fait conscience
les machos de base déboussolés, pères à la remorque, hommes en quête
d'identité qui s'y laissent entraîner. ( Pour en savoir plus, lire
l'article de Martin Dufresne, du Collectif masculin contre le sexisme,
Masculinisme et criminalité sexiste)
Les meneurs n'étant eux certes pas des enfants de ch¦ur, ils ont réussi à
propager leurs idées dans une opinion publique où une tenace misogynie
permettait déjà la survivance d'une image désobligeante des féministes.
Au Québec, on débat fort sérieusement de la culpabilité des filles dans
l'échec scolaire des garçons (Faire réussir les garçons ou en finir avec
le féminisme ? , par Pierrette Bouchard.). La faute au corps enseignant,
majoritairement féminin dans le cycle primaire et qui privilégie donc des
valeurs " féminines " dans lesquelles les garçons ne se reconnaissent
pas. En France, le Garde des Sceaux vient d'insinuer que la féminisation
croissante de la magistrature pourrait nuire à l'impartialité de la
justice, au détriment des hommes. Car bien sûr, les masculinistes
affirment qu'hommes et femmes sont différents par nature, émotivité et
donc partialité appartenant à la " nature " féminine.
Féministes ? Dites-le à vos amis !
Il est rare de pouvoir se déclarer féministe sans devoir immédiatement
faire suivre une explication du mot. Tel que, il révulse. " L'égalité
femmes/hommes " ou " la question du genre ", selon les milieux, ça passe,
on est plutôt content de dire qu'on est plutôt pour. Mais le féminisme,
ça coince. Même certains des hommes engagés et bienveillants interrogés
au Forum Social Mondial n'ont pu s'empêcher d'émettre cette réserve
(Propos recueillis à Porto Alegre , par Dominique Foufelle). La faute en
revient aux excès des féministes des années 1970, vous expliquera-t-on.
Que leur reproche-t-on au juste ? D'avoir ouvert l'accès à une sexualité
sans angoisse ? Non, là, pour la pilule, on dit : " Merci, mesdames " -
quand on se souvient ou qu'on a eu vent des luttes menées. D'avoir
réclamé l'égalité dans la famille, au travail, plus tard en politique ?
Non, ça, c'est incritiquable. Alors quoi ? Difficile de préciser la
nature exacte des dits " excès ". On vous dit que ces femmes étaient "
contre les hommes ". Pourtant, il n'y eut de violences que langagières,
et sans commune mesure avec les violences que subissait alors
quotidiennement une femme, qui restait en Occident une citoyenne de
seconde zone. Et on jurerait qu'une horde de furies a déferlé, les
ciseaux entre les dents !
Rares sont les citoyens qui ont vécu de près la naissance du Mouvement
des femmes. C'était il y a trente ans. Mais l'image négative perdure,
sans que personne, y compris des gens curieux, n'aille en vérifier les
fondements. Curieux, non ? Comme s'il fallait garder en réserve une "
mauvaise féministe ". Ça peut toujours servir, pour noyauter un débat (on
le voit actuellement avec celui sur la prostitution, où des
réglementaristes s'emploient à discréditer les arguments abolitionnistes
en feignant de les attribuer à des féministes forcément ringardes et
moralisatrices) ou pour justifier sa réticence face une revendication (la
féministe n'est jamais contente normal, puisque c'est une frustrée) ou
encore se passer des blagues sexistes (la féministe n'a pas d'humour).
Avec une grande naïveté, mais de bonnes intentions (en général), des
hommes nous conseillent donc de trouver une autre appellation. Hormis que
cela ne serait d'aucun effet contre le sexisme, et qu'on se demande quel
terme conviendrait mieux, ce serait nier la dimension politique du
féminisme. A ne pas confondre avec " la question du genre ". Et
justement, beaucoup d'hommes confondent. Admettre que la mondialisation a
des effets spécifiques sur les femmes, c'est une idée qui fait son chemin
dans le mouvement
altermondialiste (Deux questions à Bernard Cassen par Michèle Dessenne).
Des téméraires s'aventurent même dans l'anti-sexisme (Cherche
désespérément personne non dominée par Joëlle Palmiéri). Certains
s'engagent dans des recherches sur les rapports sociaux de sexe, qu'on
appelle encore en France études féministes et non "de genre " (gender
studies) comme aux Etats-Unis (Que pensent les hommes des recherches
féministes ? , par Laure Poinsot). Prochaine étape : reconnaître le
féminisme comme une grille d'analyse, un projet de société.
Les sympathisants pêchent par excès de discrétion. Au point de se retirer
de débats qui les concernent au premier chef (Et si la prostitution était
d'abord une histoire d'hommes ? par Marie-Christine Aubin). D'ailleurs,
existe-t-il des débats lancés par les féministes qui ne concernent pas
les hommes ? Justement, non. A partir du moment où il s'agit de concevoir
de nouvelles donnes pour la société, tout le monde est concerné. Le
féminisme n'est pas un club de dames. La non-mixité dans les groupes a
été
indispensable pour permettre la libre prise de parole et l'exposition des
faits du point de vue des femmes. Elle reste parfois nécessaire tant que
les rapports de domination n'ont pas complètement disparu. Mais les
hommes qui adhèrent aux analyses du féminisme doivent l'exprimer, en
particulier auprès de leurs camarades du même sexe. Qu'ils ne se croient
pas tenus de s'intituler " pro-féministes " sous prétexte de ne pas
empiéter sur le terrain d'autrui. Au contraire, c'est en se déclarant
féministes qu'ils reconnaissent le féminisme comme un projet politique
pour tous et toutes. Chiche ?
Dominique Foufelle - février 2003
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