A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists **

News in all languages
Last 40 posts (Homepage) Last two weeks' posts

The last 100 posts, according to language
Castellano_ Català_ Deutsch_ Dutch_ English_ Français_ Italiano_ Polski_ Português_ Russkyi_ Suomi_ Svenska_ Türkçe_ The.Supplement
{Info on A-Infos}

(fr) Le G8 : un instrument de domination mondiale

From CLAAAC G8 <claaacg8@claaacg8.org>
Date Wed, 5 Mar 2003 13:55:01 +0100 (CET)


 _________________________________________________
   A G E N C E  D E  P R E S S E  A - I N F O S
            http://www.ainfos.ca/
        http://ainfos.ca/index24.html
 _________________________________________________

Le G7 a été créé en 1975 par Giscard d'Estaing afin d'offrir un cadre de
rencontre aux chefs des États les plus puissants pour discuter de façon
informelle des questions financières et économiques. Il regroupait les
États Unis, le Japon, la France, l'Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni
et l'Italie, soit l'alliance des principales puissances se trouvant du
bon côté du rideau de fer. Ce n'est qu'en 1994 que la Russie rejoindra ce
cercle très fermé.

Officiellement, le G8 se contente d'émettre des « recommandations ». Or
celles-ci sont mises en ¦uvre par les institutions internationales (comme
le FMI et la Banque mondiale, dont les pays riches sont les actionnaires
majoritaires) ou l'OMC, dominée, elle aussi, par les mêmes pays.

Le G8 est une institution « démocratique » au sens où il réunit des chefs
d'états « élus ». Est-il besoin de rappeler les mécanismes de la
démocratie représentative : médias faiseurs d'opinion, chèque en blanc
accordé aux candidats les plus démagos, impossible contrôle populaire sur
les actions de ces mêmes « élus ». En cela, le G8 n'échappe pas à la
règle, et sans le mouvement dit « antimondialisation », bien peu d'entre
nous auraient été informé-e-s du rôle et de la teneur des débats qui s'y
déroule.

Bien qu'il s'en défende, le G8 est une instance du gouvernement mondial
autoproclamé. Il est un exemple du processus généralisé de concentration
du pouvoir économique et politique entre les mains d'individus partageant
une même vision du monde : OSCE (Organisation pour la sécurité et la
coopération économique, qui regroupe les 29 pays les plus
industrialisés), Banque mondiale, Fonds monétaire international, OMC
(Organisation mondiale du commerce) et G8 fonctionnent d'un commun
accord. Reconnaissons à ce cartel sa redoutable efficacité :
concentration des richesses et de la puissance pour les uns,
précarisation, pauvreté et répression pour les autres. Jamais les
inégalités n'ont été aussi criantes : chaque jour, 100 000 personnes
meurent de faim ; dans quelques 70 pays, où vivent près d'un milliard de
personnes, le niveau de consommation est aujourd'hui inférieur à ce qu'il
était il y a 25 ans ; les 1 % des gens les plus riches ont un revenu égal
à celui des 57 % les plus pauvres. En d'autres termes, moins de 50
millions de riches reçoivent autant que 2,7 milliards de pauvres ! Jamais
les attaques contre les bases de nos systèmes de solidarité sociale
(éducation libre et gratuite, santé pour tou-te-s, retraites, eau potable
etc.) n'ont été aussi agressives et concertées. Cette politique de casse
sociale résulte directement des engagements pris en matière de
concurrence économique. Quand le gouvernement Jospin ouvre le capital
d'EDF (sommet de Barcelone) ou entreprend la privatisation des retraites
(commission Charpin), c'est pour s'aligner sur les critères de
convergence mis en place lors de ces réunions.

Si la mondialisation des échanges (d'idées et de biens) découle
directement des facilités de communication qu'ouvrent chaque jour les
nouvelles technologies, la répartition inégalitaire des richesses et la
poursuite d'une politique productiviste sont des choix de société dont
les
responsables sont les élites politiques et économiques. Toutes ces
décisions produisent des effets désastreux sur le plan social
(précarisation de l'emploi, baisse du pouvoir d'achat et des minima
sociaux...) et
environnemental (marées noires, déforestation, hausse du trafic routier,
pollutions diverses).

Pour maintenir la paix sociale, ces décideurs s'appuient sur des médias
acquis à leur cause, puisque l'information est elle-même une industrie
obéissant aux mêmes mécanismes. La télévision tirant l'essentiel de ses
revenus de la publicité, elle n'est pas en position de laisser s'exprimer
un point de vue hostile à la consommation frénétique. Heureusement, il
reste le livre : or, en France les marchands d'armes détiennent 80 % du
livre scolaire et 70 % de la distribution de livre.

Mais comme cela ne suffit plus, alors, le bras séculier de l'État est là
pour remettre au pas les pauvres qui ne veulent pas le rester. En la
matière, le G8 d'Évian ne manquera pas d'ajouter sa pierre à l'édifice
blindé de la coopération policière. Sous couvert de lutte contre le
terrorisme, le gang des 8 jugera certainement opportun de prescrire un
renforcement du pouvoir policier afin de resserrer son maillage autour
des frontières du « monde libre ». Rares sont ceux qui regrettent que les
notions d'asile politique ou de liberté de circulation soient ainsi
évacués.

Ces politiques anti-immigration font plusieurs centaines de morts tous
les ans, servent les filières mafieuses qui s'engraissent sur le trafic
d'individu-e-s et entretiennent les crispations identitaires.

Les chefs d'États du G8 se retrouvent également au Conseil de sécurité de
l'ONU ou au sein de l'OTAN. Parfois, leurs intérêts divergents ne leurs
permettent pas de parler d'une seule voix. Mais ces débats ont aussi
l'intérêt de sauver les apparences « démocratiques » de ces état-majors
dont le rôle est d'organiser la militarisation du monde et de défendre
les intérêts économiques des multinationales.
Le G8 remplit donc une triple mission d'organisation de l'économie, des
polices et des armées, et permet aux puissances en place de maintenir
leurs emprises sur l'ensemble des populations.

Les mobilisations de masse organisées lors des sommets de ce gouvernement
mondial obligent aujourd'hui « nos » dirigeants à changer de stratégie de
communication. Il leur faut à la fois désarmer les critiques en intégrant
la frange la moins radicale du mouvement et criminaliser les agissements
les plus subversifs et offensifs. Tous les pouvoirs ont peur de l'action
directe populaire, de l'autonomie du mouvement social, des modes de
fonctionnement en rupture avec les logiques de pouvoirs (politique,
économique, patriarcaux etc.). Car pour eux, toute contestation qui ne
finit pas dans le champ parlementaire et s'exprime différemment que par
un bulletin de vote, est dangereuse.

Dans le même temps, ils tentent de nous « vendre » l'ouverture du
prochain G8 aux pays « pauvres », proposant même des strapontins aux ONG
«
humanitaires » pour qu'elles assistent à certains débats. Même les ONG
les moins revendicatives refusent aujourd'hui, pour la plupart, de leur
servir de cautions. Quand aux pays « en voie de développement » invités à
Évian, ils seront bien sûr représentés par leurs ministres (et non par
des syndicalistes ou des acteurs de la « société civile »). Lorsque l'on
connaît les relations entre les élites du nord et celles du sud, les
pressions qu'exercent les États du G8 sur la politique intérieure de
beaucoup de pays pauvres, que peut-on attendre de ces discussions ? Le G8
sera donc un G28 pendant une journée, on parlera, sous l'¦il de la presse
complaisante, des pays pauvres entre deux coupes de champagne, on se
demandera comment les intégrer au modèle capitaliste dominant que nos
responsables présentent comme « le plus court chemin vers le
développement ». Mais c'est comme poubelles toxiques, réservoir de
pétrole, de matières premières ou de main d'¦uvre bon marché que ces pays
sont invités à participer à la mise à sac du monde. Il ne suffit pas
d'annuler la dette des pays pauvres pour que les populations accèdent à
un niveau de vie meilleur. Pour notre part, ce sont aux luttes sociales
menées dans ces pays et à celles et ceux qui les font vivre que nous nous
intéresseront lors de nos rencontres anti-G8.

Ne cherchons pas dans la recomposition d'un nouveau parti de gauche une
dynamique d'avancée sociale et de réflexion populaire. Ne cherchons pas
dans un retour au keynésianisme, à la régulation étatique du capitalisme
ou à la délégation de pouvoir, les moyens de notre émancipation. Nous les
trouverons dans les pratiques alternatives qui rompent avec la logique
capitaliste, dans les initiatives d'actions directes populaires qui
remettent en cause les divers aspects de la domination.
Comme le capitalisme, le G8 ne se réforme pas, il doit disparaître car
rien dans le projet qu'il porte n'est facteur de liberté ou de justice.


Texte tiré du journal de la Claaac n°1
mars 2003 - 1 euro - 8 pages 24 x32 cm

Journal édité par : Alternative libertaire, Fédération anarchiste,
Organisation communiste libertaire, Réseau No pasaran, Organisation
socialiste libertaire, Syndicats CNT (interco 73, 42, 69, éducation 69)
et coordonné par le Collectif anti G8 de Nantes

CLAAAC G8
c/o La plume noire,
19, rue Pierre Blanc, 69001 Lyon

site internet : http://www.claaacg8.org
mail : claaacg8@claaacg8.org

N'hésitez pas à nous demander ce journal en quantité pour le diffuser !!




*******
*******
 ****** Agence de Presse A-Infos ******
 Information d'intérêt pour et au sujet des anarchistes

 Pour s'abonner -> écrire à LISTS@AINFOS.CA
 avec le message suivant: SUBSCRIBE A-INFOS-FR
 Pour plus d'info -> http://www.ainfos.ca

 Vous voulez reproduire ce message?
 Pas de problème, veuillez s'implement inclure cette section.

A-Infos Information Center