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{Info on A-Infos}
(fr) Du passé (réçent) tirons les leçons...
From
CNT AIT <cnt.ait@wanadoo.fr>
Date
Mon, 6 Jan 2003 19:29:18 -0500 (EST)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
_________________________________________________
Avec les meilleurs voeux de la CNT AIT à toutes et à tous !
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** DU PASSÉ (RÉCENT) TIRONS LES LEÇONS... **
-> http://cnt-ait.info/article.php?id_article=523
En mai dernier, ça mobilisait dur : fallait, nous disait-on, voter
Jacques Chirac pour faire barrage au fascisme. 6 mois après, il est
temps, pour les libertaires de tirer un bilan de cette période et de
tracer des perspectives.
Avec le recul, nous ne pouvons que constater combien nous avions raison
d'affirmer que la participation à la mascarade électorale ne pouvait
avoir pour seul résultat que d'accroître l'esprit de soumission
généralisée, renforcer le processus d'exploitation/répression et ouvrir
un boulevard à la réaction. Entre les deux tours de la présidentielle,
plus que jamais, il fallait refuser la participation au vote et préparer
très clairement en dehors des urnes -et s'il le fallait contre les
urnes- la révolte populaire pour écraser dans l'oeuf les manoeuvres
fascistes.
Notre surprise ne fut pas d'être minoritaires à défendre cette opinion
au sein de foules conditionnées par l'idéologie dominante, mais de
constater qu'au sein même du mouvement libertaire français des voix
s'élevaient pour sauver la république et appeler à voter Chirac !
Il ne s'agit pas dans cet article de critiquer pour le simple plaisir de
critiquer. Mais, nous considérons d'abord qu'il est normal que les
erreurs stratégiques d'un mouvement ne soient pas passées sous silence
et soient discutées publiquement, et surtout, nous pensons qu'il faut
comprendre le "pourquoi" de ces erreurs si l'on veut éviter qu'elles se
reproduisent.
MISERE DE L'ANALYSE ET DEMAGOGIE
Faisons le point. L'électoralisme a sévi dans plusieurs organisations
libertaires [1]. Des militants connus de la Fédération Anarchiste, comme
par exemple Jean-Marc Raynaud et Babar [2], ont appelé à voter pour
Chirac. Le premier s'est même félicité publiquement de la réélection de
Super-menteur. Une telle position, aussi manifestement anti-anarchiste,
aurait du être récusée en masse par tous les groupes de la FA. Cela n'a
pas été le cas. Finalement, ce sont les groupes du sud de la France qui,
écoeurés mais minoritaires, se sont trouvés dans l'obligation morale de
se retirer de cette fédération et de fonder une nouvelle organisation.
Chez les syndicalistes révolutionnaires de la CNT Vignoles, le discours
aux accents républicains a été tout aussi présent ! Par exemple, un long
article, paru sous la plume d'un ancien membre du bureau confédéral des
Vignoles, dans l'organe de sa "Fédération culture et spectacle" [3], est
un modèle du genre. Au paragraphe pompeusement intitulé "Que faire ?"
nous pouvons lire (les commentaires entre parenthèse sont de notre cru)
: "Certes la république n'est pas l'idéal" ( !) ...."mais elle existe"
(géniale, quoique tardive, découverte) ... "en la défendant
circonstanciellement, nous n'abandonnons pas nos positions
révolutionnaires", (rien qu'un peu). .... "La CNT aurait fait une erreur
en prônant l'abstention" (parle pour toi) ... "Il est peut être temps de
dire que le bulletin de vote peut parfois se montrer utile" (utile à qui
?). On le voit, pour la direction des Vignoles, la seule "erreur"
politique du moment aurait été de s'abstenir, pas de porter au pouvoir,
avec un score permettant tous les excès, la bande à Sarkozy.
En quoi la "défense circonstancielle de la république" pouvait-elle
servir le mouvement révolution-naire ? En quoi les bulletins de vote de
ces gens ont-ils été utiles le 5 Mai ? Ce n'est probablement pas demain
que nous aurons des réponses crédibles de leur part... Par contre, de
notre point de vue, on peut avancer deux hypothèses fortes pour
expliquer leur position aberrante :
- la misère de l'analyse : l'irruption du discours médiatique en plein
milieu du discours révolutionnaire, puis sa reproduction pure et simple
(après les circonvolutions verbales d'usage) montre bien à quel niveau
de vide sont tombés des groupes entiers du mouvement libertaire. Quand
les circonstances sont habituelles, ils répètent les acquis antérieurs
et peuvent faire illusion. Mais, dès que la situation devient
inhabituelle, il sont dans l'incapacité de dégager une position
cohérente avec ce qu'ils prétendent être et ils rentrent dans le rang.
Ce constat dramatique est une conséquence de la stratégie, poursuivie
par ces groupes depuis plusieurs années, qui consiste à amalgamer sous
leur étiquette tous ceux qui se présentent, quelles que soient leurs
idées. Le débat sur le fond et sur la stratégie, qui dans nos milieux à
un rôle d'approfondissement, d'appropriation collective des idées et de
construction de la cohérence organisationnelle, est soigneusement
évacué, afin de ne pas risquer de "perdre du monde". Cette stratégie,
qui vise à se donner l'illusion du nombre, aboutit à un effondrement
inévitable dès qu'il faut sortir de la routine, comme vient de le
démontrer la monstrueuse alliance anarcho-chiraquienne autour des urnes.
- la démagogie, qui consiste à flatter la foule dans le sens éphémère
du poil en espérant se positionner dans les médias et les "utiliser
comme relais" ; sans vouloir se rendre compte que ce sont les médias qui
vous utilisent sans scrupule ! Ce n'est donc pas un hasard si les
grandes chaînes de télé comme TF1 ont informé du "rendez-vous
anarchiste" du 1er Mai à Paris. Quand on sait que les ténors du
mouvement libertaire parisien (dirigeants de la FA et des Vignoles)
appelaient ouvertement à ne pas s'abstenir le 5 Mai -donc à voter
Chirac- on comprend mieux la sollicitude des journalistes envers ceux
qui sont devenus quelque chose d'aussi glorieux que l'aile radicale des
bobos parisiens.
LES SOUS-MARINS A L'ACTION
Un autre cas de figure d'anarcho-chiraquisme circonstanciel est
représenté par Alternative Libertaire. Sous prétexte de "reconstruire
une gauche libertaire" (pourquoi "reconstruire" ? Y en avait une avant
?), ce groupe a invité, immédiatement après les présidentielles, tous
les libertaires à s'inscrire sans sectarisme dans des débats,
principalement avec les alternatifs et avec la LCR, sans exclure les
militants du PCF, des Verts, etc. car, dit-il : "Des basculements
naguère insoupçonnables en direction d'une gauche libertaire peuvent
être maintenant envisagés" [4] ! Imprudemment écrits avant les résultats
des législatives, ces propos reflètent surtout l'opportunisme d'AL. En
effet, AL s'est faite complice des partis de gauche et d'extrême gauche
qui ont appelé à voter pour Chirac. Ce groupe comptait en tirer les
fruits en terme d'influence et d'adhésion. Pour cela, il n'hésite pas à
flatter bassement les militants qui restent encore au PCF et aux Verts,
tout en voulant faire croire aux libertaires que, du côté de la LCR, il
y aurait des sympathies pour les idées libertaires. Un article d'Alain
Bihr, idéologue des alternatifs libertaires, vient étayer cette vision.
D'abord, Bihr règle son compte à Lutte Ouvrière, la méchante de
l'affaire, car cette organisation n'a pas appelé à voter Chirac. LO,
nous dit-il, est "structurellement incapable d'évoluer et même de
collaborer avec autrui". Les militants libertaires sont donc priés, en
ce qui concerne LO, de garder un zeste de sectarisme. Mais le cas de la
LCR est sans doute différent : "Une partie d'entre elle a abandonné ses
références au trotskisme, et travailler avec elle est possible" [5]. Le
moins que l'on puisse dire est que ces propos sont erronés, qu'ils
transpirent de complaisance envers la LCR et qu'ils font preuve d'une
courte vue. La lamentable magouille de la LCR contre l'Ecole Emancipée
vient infirmer, à peine ont-elles été prononcées, les analyses
prétentieuses et pernicieuses d'Alternative Libertaire et de Bihr.
L'ATTAQUE CONTRE L'ECOLE EMANCIPEE
L'Ecole Emancipée est, depuis 1909, un secteur historique du
syndicalisme enseignant. Bien que tendance de la FSU, elle est un pôle
de convergence de militants anticapitalistes de diverses sensibilités
(internationalistes, pédagogues, libertaires, trotskistes, écologistes,
alternatifs, ...), ce qui répond en tous points aux souhaits d'ouverture
exprimés par AL. Sa revue, du même nom, est ouverte et publie sans les
censurer les écrits qui lui sont envoyés par les différents courants. Et
bien, savez-vous ce qui vient d'arriver à l'Ecole Emancipée ? La LCR, si
chère au coeur de Bihr et de AL, est en train de couler sa revue pour la
transformer en une revue croupion à la botte du réformisme syndical. Les
manoeuvres de la LCR sont des classiques du genre. D'abord une "Assemblée
Générale", où ne sont présents que les membres ou sympathisants de la
LCR, décide d'une nouvelle direction pour la revue et ensuite un procès
est fait, avec un seul but : empêcher la diffusion de l'Ecole Emancipée
et provoquer son épuisement financier, car tant que la justice ne s'est
pas prononcée, la poste suspend les envois. L'explosion par la LCR d'une
organisation qui tenait, avec courage et constance -même si nous ne
partagions pas sa stratégie- sa place dans le champ syndical montre ce
qu'on peut attendre d'un tel "partenaire" et en quoi, depuis les
manoeuvres de Trotski lui-même, ce courant n'a point changé... pas même
dans un de ses aspects les plus répugnants : l'utilisation de
"compagnons de route", c'est-à-dire de gens qui, tout en se présentant,
selon les cas, comme libertaires, intellectuels, "sans-parti", "société
civile", associatifs, syndicalistes... sont en fait des sous-marins, qui
agissent selon un plan concerté et dont la mission est de tromper, en
avançant masqués, tous ceux qui ne peuvent pas imaginer que de telles
méthodes sont plus que jamais en usage.
PREPARONS L'AVENIR
Les sous-marins, parce que c'est leur mission, les broudillons, par
misère intellectuelle et démagogie, après avoir tenté -et réussi
partiellement- à jeter des libertaires dans le panneau du vote
chiraquien, vont essayer de les entraîner dans un autre piège : celui de
l'unité contre ... le président qu'ils ont élu et son gouvernement.
Que peut-on prévoir en effet dès les prochains jours et plus encore
quand les prochaines élections vont se profiler ? La gauche et ses
alliés (en particulier les trotskistes de la LCR), vont tenter de
reprendre les places qu'elles ont si piteusement perdues. Elles se
serviront pour cela de l'indignation justifiée que soulève dans une
partie de la population le "tout répressif", la monté de la misère, la
démolition des services publics... en oubliant quelques "détails" (par
exemple, que les mesures de Sarkozy étaient partiellement dans son
programme, qu'elle-même a bradé le service public...) et surtout en
omettant toute critique de fond (sur le capitalisme et l'état).
L'"action" consistera au choix en : manifs, occupations symboliques,
concerts, manifestes d'intellectuels, apéro-concerts, projections de
films, grèves d'étudiants, journées de la fonction publique... On l'a
compris, il s'agit pour le consortium gauche-extrême-gauche, non pas de
créer un esprit de critique et de résistance, mais de mobiliser tous les
électeurs potentiels. Dans ce dispositif, les broudillons et les
sous-marins ont une place de choix : ils seront chargés de mobiliser
cette frange de la population qui a toujours le coeur sur la main, cette
frange que la misère insupporte, cette frange altruiste, celle qui se
défie des partis, qui commence à rejetter les hommes politiques. Au nom
de l'urgence de la situation, du besoin de "bouger" et de l'unité, en
assurant que la gauche, repentante, a beaucoup changé, ils inviteront
les libertaires à faire taire, "circonstanciellement" bien sûr, leurs
critiques et à contribuer à ramener, par leur présence et leur action,
le bon peuple vers les urnes.
Les libertaires vont-ils se laisser entraîner dans une aussi lamentable
aventure ? Ils ont les moyens de s'y opposer. Ce moyen, c'est de
reconstruire, dès maintenant, leur identité et de se doter des outils
nécessaires à la faire vivre.
Des militants
Article du Combat Syndicaliste de Midi-Pyrénées n°78 - Déc. 2002 - Janv.
2003
-> http://cnt-ait.info/article.php?id_article=523
[1] Fort heureusement, de nombreux groupes sont restés fermes sur les
principes et ont refusé de se capituler : Jeunes Libertaires, Union
Anarchiste, Tour d'Auvergne, OCL, groupes [ex]FA de Toulouse, Perpignan,
Toulon,... et la CNT- AIT.
[2] Auteurs, en 2001, d'un manifeste pour l'unité du mouvement
libertaire. Ce manifeste a été largement critiqué dans notre, car il ne
proposait qu'une unité de façade. Il n'est pas sans intérêt de constater
que cette façade n'a pas résisté à la première bourrasque politique et
que ce sont les partisans de l'unité la plus large qui ont provoqué une
scission importante dans la F.A.
[3] "Un autre futur" (rien à voir avec la feuille du même titre de la
CNT-AIT distribuée dans les quartiers populaires ...), N°3, article "Les
élections, la république et l'anarcho-syndicalisme", pages 6,7 et 8
[4] Alternative Libertaire, Déclaration politique, Juin 2002.
[5] Alain BIHR, dans "A Contre Courant", Juin 2002.
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