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(fr) Gauche réformiste et contradictions débordantes

From kandjare@no-log.org
Date Thu, 27 Feb 2003 02:28:28 +0100 (CET)


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GAUCHE REFORMISTE ET CONTRADICTIONS DEBORDANTES
Fiche technique n°16 : "Soutien aux vigiles en grève"


.LA SITUATION.
 5 janvier 2003 : des vigiles de la "mobile" de l'entreprise
 Sécuritas-Meylan (près de grenoble) déclenchent une grève parce qu'ils
 ne sont pas contents de leurs conditions de travail.L'histoire devient
 rocambolesque lorsque des gens bienveillantEs, des gens
de "gôche" (des "citoyenNEs" quoi), émuEs par la situation, se mettent à
épouser la cause de ces  gaillards à la contraction de biceps si facile
et à la démarche surmontée de rangers. L'élan de solidarité ne s'est pas
seulement emparé de la gauche mièvre de type ps ou pcf (au passage :
L'Humanité  avait déjà écrit des articles  en faveur des grèves de
vigiles en septembre 2001 ou en août 2002). Il n'a pas épargné en effet
certaines franges alternatives ou soi-disant révolutionnaires. Les
Alternatifs de l'isère publient ainsi dans leur mensuel de février
(Nouvelle Gauche), une interview  complaisante d'un monsieur de chez
Sécuritas en grève. Les Barricades (fameuse chorale "révolutionnaire" de
Grevil) chantent des cantiques révolus-révolutionnaires pour marquer leur
soutien aux agents de la police privée un jour de février.


 .RAPPEL HISTORIQUE ET SOCIAL.
 Les syndicats de "gôche" (cgt, cfdt...) qui sont à l'origine de ce
 mouvement, n'en sont pas à leur première contradiction politique.
 S'étant rapidement détachés des principes anarcho-syndicalistes dans
 l'histoire du mouvement ouvrier, ces syndicats de cogestion n'hésitent
 pas à collaborer avec ce qui devrait être leurs pires ennemis,
 c'est-à-dire les patrons et l'état, pour aménager le système
 d'exploitation capitaliste (durant notamment ce qu'on appelle des
 "négociations"). C'est aussi sans vergogne que ces syndicats se sont mis
 à collaborer avec le bras  armé des instances de domination (on trouve
 des syndicats de gôche dans la police ou chez les surveillants de
 prison... alors pourquoi pas chez les vigiles).CertainEs
 travailleurEUSEs (on n'est pas heureuSEs quand on est obligéE de
travailler!) n'ont sûrement pas oublié que lors des grèves, les méchants
patrons n'hésitent pas à faire appel à des vigiles pour débloquer une
grève, lesquels utilisent diverses formes d'intimidation ou participent
directement aux évacuations en épaulant les flics.


 .ENNEMIeS DE CLASSE ET RACISME.
 Les théories et pratiques d'infiltration de classes (sociales) sont
 plutôt vouées à l'impasse. Nous ne voulons pas convaincre les
 flics-vigiles-matons qu'ils sont eux-aussi des prolétaires exploités par
 le méchant système. Nous voulons leur dire qu'en tant que bras
 oppresseurs des systèmes d'oppression, ils nous oppriment. Et que tant
 qu'ils joueront leur rôle, ils seront les ennemis de la révolution
 ludique, de l'émancipation subversive et de la libération sociale et
 quotidienne.Halte aux contrôles des individuEs. Halte au contrôle des
 classes populaires par les classes populaires. Halte à la collaboration de
classes. D'autant que cette collaboration s'accompagne de préceptes
racistes. En tant qu'anarchistes et non-blancHEs, nous remarquons que
l'emploi fréquent de vigiles non-blancs dans les espaces publics n'est
pas anodin. Il relève de sous-entendus malsains qui trouvent là un
prétexte pour refouler les considérations d'une société néo-coloniale
(«vous voyez, nous ne sommes pas racistes, car nous employons des Noirs
et des Beurs»). Quand l'ordre dominant blanc emploie des vigiles
non-blancs, il perpétue une racialisation de la société qui convertit des
signes d'apparence biologique en stigmates discriminatoires. L'image de
"l'étranger" est utilisée comme un spectre assigné à remplir le rôle
social du "méchant", celui qui fait peur ; et dans ce cas, la peur est
"utile" et "normalisante" pour l'ordre dominant, car elle participe du
conditionnement intégré de chaque personne à rester dans le rang et à
être unE bonNE flic-citoyenNE. L'utilisation en première ligne de chairs
non-blanches dans la guerre sociale que nous vivons, renvoie
explicitement à des usages colonialistes précédents. Elle renvoie
notamment à l'importation de tirailleurs des colonies françaises
d’Afrique, mis au devant des fronts pour servir de chair à canon durant
les deux guerres soi-disant mondiales. Elle renvoie aussi à l'importation
detravailleureuses immigrées pour faire tourner les roues broyeuses du
productivisme industriel.Aussi, les agences de sécurité ont mis en place
le concept de "police de proximité" bien avant Chevènement et la
gôche-plus-rien : "tu viens de quartiers chauds = on va t'envoyer dans
les quartiers d'où tu viens car tu connais le mieux les pratiques de ces
hordes sauvageonnes".


.LE TRAVAIL TOTALITAIRE.
 La collaboration de classe apparaît aussi sournoisement dans les
 revendications des syndicats réformistes. Celles-ci perpétuent
 l'idéologie totalitaire qui veut faire du travail la seule raison d'être
 pour chacunE de nous. Ces revendications peuvent paraître légitimes
 (plus d'argent et de meilleures conditions de travail) mais elles ne
 remettent pas en cause l'origine-même des problèmes. Nous ne voulons pas
 plus d'argent dans l'absolu, car nous sommes contre l'argent (tant qu'il
 y aura de l'argent, il n'y en aura pas pour tout le monde)...  et nous
 ne voulons pas de meilleures conditions de travail dans l'absolu car
 nous sommes contre le travail qui nous conditionne (tant qu'il y aura
 des exploitants, il y aura des exploitéEs). A cette idéologie du bonheur
 dans le travail exploitant, nous opposons la construction immédiate de
 modes de vie basés sur les principes d'autonomie et d'entraide, de
 prises de décisions concertées et autogérées, de luttes contre toutes
 les formes de domination et d'exploitation, et de réappropriation de nos
 vies et de notre temps.


.FAITES UN VOEU.
 Que la grève des vigiles de la "mobile" dure longtemps et pour toujours,
 et que ceux de la "statique" (qui stagnent notamment dans certains lieux
 publics pour épier nos faits et gestes) s'y mettent pour qu'on puisse
 encore plus facilement libérer les objets qui se morfondent dans les
 étals de supermarchés...

kandjare@no-log.org
(févr 2003, grenoble).




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