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(fr) Un drôle de 14 février

From zanzara@squat.net
Date Thu, 20 Feb 2003 11:59:49 +0100 (CET)


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   A G E N C E  D E  P R E S S E  A - I N F O S
            http://www.ainfos.ca/
        http://ainfos.ca/index24.html
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Grenoble, le vendredi 14 février 2003, sinistre jour de célébration des
couples et de l'amouuur, quelques énergumènes sarcastiques ont fait la
vie dure à différent-e-s représentant-e-s du monde de flics dans lequel
nous vivons*.

Tout d'abord, nous (nous = les quelques énergumènes sarcastiques) sommes
allé-e-s joyeusement protester contre les menaces de guerre contre
l'Irak, au rassemblement qui avait lieu dans l'après-midi, place Félix
Poulat. La gauche réformiste était présente au grand complet avec
notamment le Parti Socialiste (représentant la norme étatique qui
expulse, réprime, fait la guerre, entretient le bon fonctionnement du
capitalisme et la paix sociale, etc.), le Parti Communiste Français (qui
n'a pas grand chose à envier à son homologue "socialiste", si ce n'est le
nombre de voix lors des élections... et qui rappelons-le menace
d'expulsion le squat la Charade situé dans la banlieue rouge de Grenoble
- mais où est passée la critique en actes de la propriété privée par les
"communistes" ? -> http://charade.squat.net) et Attac (avec leurs
revendications bidons pour un capitalisme à visage humain). Y'en avait
plein d'autres, ne vous inquiétez pas. Ceci dit, c'était une kermesse
ratée, rassemblement statique d'une mollesse navrante, avec quelques
meneurs plaintifs et meneuses laborieuses au mégaphone pour faire dire à
tou-te-s avec une conviction poussive "Non-à-la-guerre-en-Irak", houlala
ce que c'est difficile...

Nous avons installé une table de presse subversive avec la distro de
Zanzara athée et autres broutilles, agité un drapeau en velours noir très
doux, constaté l'immobilisme rampant des manifestant-e-s et décidé
d'aller distribuer aux alentours le très bon texte de Ken Knabb sur la
guerre du Golfe (1991) et les luttes qui s'y sont opposées "à l'époque"
(http://www.bopsecrets.org/French/gulfwar.htm). Criant haut et fort notre
dégoût de la gauche institutionnelle et/ou réformiste, nous avons
distribué ce texte sans remous, vociférant des slogans tels "mort aux
bureaucrates", "vive la révolution sociale", "vive la grève humaine",
"vive la grève générale", , "à bas la Saint-Valentin", "l'amour c'est du
pipeau", "non à la guerre, non à la bière", "à bas le drapeau noir", "à
bas le parti socialiste" et autres slogans plus circonstanciels et
amusants mais ceux-ci fusaient tellement que je les ai oubliés,
pardonnez-moi . A peine un militant du PS s'est-il risqué à nous demander
si c'était vraiment le Parti Socialiste l'ennemi, ce à quoi nous avons
répondu "oui", bien sûr, avec bonne humeur et entrain (lui soumettant
caricaturalement la possibilité qu'il soit pendu pendant la révolution,
il nous répondît "oh bah ça va, c'est pas pour demain", et nous
rétorquâmes "bon, on te tuera peut-être avant alors"). Le citoyennisme en
prenait pour son grade à travers divers aspects illustrant sa
collaboration permanente au système en place et à la pensée flicarde (si
on peut appeler ça "pensée"). Nous avons bien ri, plusieurs personnes se
montrant réceptives à nos méfaits.

Dans la foulée, nous apprenons la tenue d'un vernissage mondain dans un
musée et nous dirigeons illico vers le Musée de Grenoble (ce n'est pas le
seul de la ville, mais c'est bel et bien son nom - musée forcément
institutionnel où se trouvent des oeuvres du XIIIème siècle jusqu'à nos
jours). Il s'y tenait ce soir là un vernissage en hautes pompes d'une
expo passablement inintéressante sur les années 1920 en Allemagne et en
particulier le mouvement artistique de la "Nouvelle Objectivité". Autant
préciser tout de suite que le sujet de l'expo, on s'en foutait
complètement.

Il devait y avoir là à peu près autant de monde qu'au rassemblement
contre la guerre en Irak (environ 250-300 personnes ?). Par contre,
c'était dans l'ensemble vachement plus bourgeois. Ouais, vachement plus.
Nous avons directement installé la table de presse, mis en avant quelques
lectures critiques contre le monde de l'art et contre l'art comme moyen
d'expression illusoire pour changer le monde. Le drapeau en velours noir
fût agité une fois de plus. Le texte "Art et subversion, deux pôles
antagonistes ?" (plus d'infos sur ce texte en écrivant à
zanzara@squat.net, ok ?) a été partiellement lu à haute voix au milieu
des bourgeois-es venu-e-s s'empiffrer de petits fours à la viande ou au
poisson. Très vite, des vigiles sont venus nous dire qu'il fallait que
l'on parte. Forcément. Mais non. Parmi nous se trouvait
l'arrière-petit-fils de Max Ernst, et on ne vire pas l'arrière-petit-fils
de Max Ernst impunément, sous peine que le tout soit relaté dans la
presse "artisteuse" bourgeoise (Beaux-Arts magazine, Art press, etc.). La
supercherie a fonctionné suffisamment pour nous permettre de ranger
calmement la table de presse et de continuer à agiter cette réunion
mondaine sous d'autres formes.

Après avoir tapé un faux scandale avec cette histoire de
pseudo-arrière-petit-fils de Max Ernst, après avoir diablement subtilisé
"La Société du Spectacle" et les "Commentaires sur la Société du
Spectacle" de Debord à la librairie du Musée
(http://library.nothingness.org/articles/SI/fr/pub_contents/7), nous nous
sommes rué-e-s vers le buffet, constatant que le jus d'orange était assez
dégueu, et nous avons gueulé à qui voulait bien l'entendre que c'était
lamentable, qu'il n'y avait rien de végétarien, que c'était une fois de
plus scandaleux, etc. Un cravateux imbu de lui même nous lança un "sur la
cordillère des Andes, vous seriez bien obligé-e-s d'en manger, de la
viande !". Nous lui rappelâmes que là où nous nous trouvions n'était pas
vraiment la cordillère des Andes mais un infâme parterre de bourgeois
dans un musée de merde.

Les vigiles commençaient à s'intéresser de plus en plus à nous, nous
suivant à la trace depuis déjà un certain temps. En partance vers l'expo,
sachant qu'ils allaient continuer à nous suivre, nous leur demandâmes de
bien vouloir nous suivre. Déconcertés, ils nous demandent pourquoi.
"Pourquoi ? Parce que c'est votre boulot, voyons ! Vous n'êtes pas payés
à rien foutre !". L'un d'entre eux nous dit que si nous restons sages,
ils ne nous suivront pas. Mais nous, nous voulons être avec eux. Nous
aimons la charmante compagnie des vigiles en costumes, avec leurs
oreillettes, leurs petits micros ou leurs talkie-walkies. Seule solution
pour nous : ne pas "rester sages". Et d'être suivi-e-s, ça donne des
envies foudroyantes de balafrer des tableaux, de les prendre et de les
crever avec
délectation. Mais là non, c'était de la totale improvisation, on ne
pouvait pas se permettre de foutre en l'air un Matisse ou même un
Beckmann sans se faire lyncher direct puis traîner devant les tribunaux.
Si on ne veut pas avoir mal, des actions comme ça, ça se prépare. Alors
nous nous sommes contenté-e-s de courses poursuites à travers le musée
avec
différents vigiles, sabotant gentiment quelques caméras de
vidéosurveillance, mimant des conversations dans les combinés
téléphoniques fixes du musée, nous allongeant sur le sol pour nous
reposer un peu, tournant en bourrique (passez-moi l'expression) la
totalité des vigiles (au nombre d'une bonne douzaine). L'un d'entre eux
nous glissa avec un air des plus stressés "mais faut pas vous étonner de
vous faire virer violemment, vous avez semé la panique !". Un autre,
alors que nous lui faisions "coucou" en guise d'au revoir, nous regarda
très très méchamment (houlala) et dit à l'un d'entre nous "attends-moi
dehors et je te pète la gueule". Il précisa entre autres vouloir "péter
le cul" à l'un d'entre nous. Proposition prise au sérieux, mais
malheureusement, ce jeune vigile ne voulait que faire son intéressant (et
probablement "juste" nous casser la gueule) et refoula ses envies
homosexuelles avec une véhémence étonnante. "Attends-moi dehors j'te dis,
je vais t'exploser la gueule si je te retrouve". Nouveau scandale bien
sûr. "Un vigile menace de me casser la gueule !" fut crié au beau milieu
d'une foule médusée qui commençait à se rendre compte complaisamment que
ce joli musée polissé détenait plus d'esprit de répression, de
"sécurité", et bien sûr, de "conservation", que d'esprit de création ou
de transgression...

"Ah ! l'art ! ça n'est plus ce que c'était... de mon temps...". Tu parles
! Nous avons fini par être raccompagné-e-s avec rudesse jusqu'à la
sortie, non sans avoir passé plusieurs heures (tout de même c'est beau la
démocratie, on peut rester faire les con-ne-s assez longtemps finalement)
à déranger ce petit monde avec un plaisir non dissimulé.

Nous sommes reparti-e-s plus nombeu-ses que ce que nous étions venu-e-s.
Nous reviendrons. Et un jour votre musée, il sera tout brûlé. Avec plein
de vigiles tout cramés dedans (après avoir été cramoisis...).
:)

- La violence, ma petite chérie, doit toujours être évitée dans les
rapports humains, elle est éminemment éminemment condamnable.
- Condamnable mon cul ! je vous demande pas l'heure qu'il est !
(dialogue extrait du film "Zazie dans le métro" de Louis Malle)

          Un de ces quelques énergumènes sarcastiques (février 2003)



* Vous remarquerez toutefois qu'aucun flic officiel et digne de ce nom
n'apparaît dans cette petite histoire - c'est que la gauche sait faire
avec des flics moins visibles, moins "officiels". Vous remarquerez aussi
que les quelques énergumènes sarcastiques agissant ne s'attaquent pas à
la Saint-Valentin ni à aucune de ses représentations (à part quelques
slogans lancés ça et là). Question de circonstances, d'autres choses plus
marquantes avaient lieu, faut croire. N'empêche, la Saint-Valentin, ça
pue.




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