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(fr) Chronique de la lutte des pions et aides éducateurs

From s.ia@laposte.net
Date Fri, 7 Feb 2003 07:20:33 -0500 (EST)


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   A G E N C E  D E  P R E S S E  A - I N F O S
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        http://ainfos.ca/index24.html
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Chronique de la lutte des pions et aides éducateurs en Basse normandie


SALUT,

Voici un long article tiré du journal trimestriel du Syndicat
Intercorporatif Anarchosyndicaliste de caen "SOLIDARITE" (4 N°
par an pour 8 euro envoyé sous enveloppe à domicile, dispo à
l'adresse suivante: SIA BP 257 14013 Caen cedex). Il retrace
la lutte des pions et aides-éducs dans l'académie de Basse-
Normandie depuis le 24 Septembre. Il est suivi de plusieurs
textes exposant les statuts actuels, les mesures
gouvernementales, les conditions de la lutte...
On vous rappelle que le SIA a monté une mailist, il suffit de
s'y abonner pour recevoir des infos sur la lutte à Caen:
pionsenlutte@yahoo.fr

Bonne lecture !


Nous sommes en Janvier 2003, cela fait maintenant plus de 3
mois que, dans une poignée d´académies, des pions et des aides-
éducateurs sont entrés en lutte contre un certain nombre de
mesures gouvernementales. Voici un premier bilan de cette
lutte à laquelle le SIA se trouve mêlé. Vous trouverez ici un
récit chronologique de la lutte accompagné, dans les colonnes
grises, d´infos complémentaires permettant de mieux la
comprendre.

CHRONOLOGIE DE LA LUTTE:

Mi-Septembre 2002: Des nouvelles inquiétantes commencent à
circuler dans l´académie via les organisations syndicales. Le
nouveau gouvernement aurait décidé de supprimer 5600 postes de
surveillants. 20 000 aides-éducateurs perdraient aussi leurs
postes. Un nouveau statut « d´assistant d´éducation » serait
crée et 11 000 personnes seraient recrutées dans ce cadre.
Toutes ces mesures deviendraient effective à la rentrée de
Septembre 2003.
Mardi 24 Septembre: Les syndicats SNES et SGEN-CFDT (section
pions) régionaux appellent à la grève le 24 et à se rassembler
devant le rectorat de Caen. Une centaine de collègues,
essentiellement des pions non-syndiqués, se regroupent à cette
occasion. Les infos sont assez rares et floues concernant le
nouveau statut « d´assistant d´éducation ». La situation, bien
que confuse, est préoccupante. Les syndicats envoient une
délégation transmettre au rectorat leur refus des suppressions
de postes et leur inquiétudes concernant l´avenir des pions et
aides-éducateurs. Un bref compte-rendu de la délégation est
effectué dans la cour du rectorat. Le rassemblement est
foireux. Les gens ne souhaitent pas se disperser et certain(e)
s réclament la tenue immédiate d´une AG. Les syndicats
demandent une salle au rectorat qui leur répond qu´il n´y en a
pas de libre.
L´énervement augmente et une partie des gens présents se
massent devant la porte principale du rectorat (évidemment
bouclée) et commencent à la secouer en gueulant. En 3 minutes,
le rectorat annonce que, finalement, ils peuvent nous libérer
une salle en préfabriqué derrière le bâtiment principal. Comme
quoi ça avance plus vite en gueulant...
L´AG fait un point rapide sur la situation et décide d´appeler
à une journée de grève le 02 Octobre. Une AG est aussi prévue
ce jour là. Les syndicats, à la demande de l´AG, s´engagent à
déposer un préavis de grève et à envoyer une affichette d´info
dans tous les bahuts de l´académie.
Mercredi 02 Octobre: 130 grévistes se rassemblent à l´AG qui
se tient dans un amphi de la fac de Caen. Là encore, très peu
d´aides-éducs présent(e)s. Les débats tournent un peu en rond.
Des interventions poussent à l´action. Il est finalement
décidé de mettre en place, malheureusement à la va-vite, un
comité de lutte (regroupant syndiqué(e)s et non-syndiqué(e)s)
et de participer en tête de cortège à la manif de
l´Education Nationale le 17 Octobre.
Cependant, afin d´éviter que nos revendications ne soient
noyées au milieu de celles des profs, une journée de grève et
d´action propre aux pions et aides-éducs est décidée pour le
15. Les syndicats s´engagent une nouvelle fois à déposer un
préavis et à envoyer de l´info dans tous les bahuts.
Pratiquement dans le même temps, la circulaire Boissinot
(directeur de cabinet du ministre luc Ferry), en date du 27
Septembre, précise quelque peu les intentions gouvernementales
et commence à circuler dans les établissements.
Mardi 15 Octobre: L´AG regroupe environ 150 personnes à la fac
dont des étudiant(e)s mobilisé(e)s contre les projets de
réforme universitaires et l´harmonisation européenne des
diplômes. Le comité de lutte a préparé, à l´arraché, un petit
texte d´information pour les lycéens et les parents d´élèves.
Après l´AG (assez chaotique) on part en manif vers le centre
ville. Peu de slogans et pas de banderoles. On arrive devant
le lycée Malherbes, le lycée d´Etat de l´académie (directement
sous la coupe du ministère). Il est collectivement investi
malgré les protestations furieuses du proviseur. Les plus
décidés passent parmi les grilles et bientôt les autres
manifestant(e)s passent par la grille principale. Les couloirs
sont parcourus par plusieurs groupes de grévistes qui rentrent
dans les classes, donnent quelques explications et diffusent
le tract. Celui-ci est bientôt épuisé. La photocopieuse du
bahut est donc mise à contribution grâce à des complicités
locales spontanées et plusieurs centaines de tracts
supplémentaires sont tirés et distribués. L´accueil des profs
est plutôt favorable.
Après cette action de désobéissance collective (il est
interdit de manifester dans les établissement scolaires), nous
partons à environ 200, renforcés par des élèves et quelques
profs solidaires, vers le rectorat où la police nous attend.
Impossible d´entrer dans le bâtiment. C´est donc à grand cri
qu´on demande à la rectrice de descendre. Celle-ci y consent
et un débat houleux s´engage avec elle sur le perron du
rectorat. Nous lui signifions notre refus des suppressions de
postes, notre revendication de voir les emplois-jeunes
intégrés dans la fonction publique, notre rejet du statut
dégradé « d´assistant d´éducation ». Le payement des jours de
grève est aussi réclamé. Une fois la rectrice barrée, les gens
discutent de manière dispersée et commencent à partir. Une AG
est fixée sur le tas pour le 06 Novembre.
Le dernier carré de 50-60 manifestant(e)s, voulant marquer le
coup, s´empare d´une bonne quantité de bois provenant d´un
chantier aux abords du rectorat et y met le feu dans la cour
malgré les menaces des RG. Ceux-ci contactent alors la
préfecture qui fait venir les pompiers. Le feu est finalement
éteint dans une ambiance rigolarde coté manifestant(e)s et
furieuse coté police. Nous repartons ensuite de manière
groupées au cas où la police tenterait quelque chose...
Jeudi 17 Octobre: La manif de l´Education nationale regroupe
plusieurs milliers de personnes à Caen. Bonne participation
des pions (très peu d´aides-éducs présent(e)s) mais en ordre
dispersé ce qui fait qu´il ne sera pas possible de prendre la
tête du cortège vu que les bureaucrates syndicaux, pas content
du tout de la tentative de débordement, veulent absolument
qu´on défile derrière la banderole de l´intersyndicale. Ça
nous apprendra à ne pas nous fixer au préalable un point de
rendez-vous spécifique...
La manif est molle. Pions et étudiants reprennent quelques
slogans contre la précarité, le délire sécuritaire
(« surveiller mais pas toujours punir », « ni précaires ni
matons »...), la baisse du budget, les dépenses militaires et
la
guerre qui s´annonce en Irak.
Arrivés au grand carrefour à coté de la préfecture, une
centaine de pions qui ont finalement réussi à se regrouper
plus ou moins, commence à le bloquer, bloquant du même coup la
manif. Les bureaucrates des syndicats qui ont prévu d´aller
jusqu´à la préfecture sont obligés de s´activer dans la
confusion pour faire passer la manif. Une fois tout le monde
arrivé devant la préf, la traditionnelle délégation syndicale
demande à être reçu par le préfet. Mais seul un sous-fifre de
celui-ci se présente pour recevoir la délégation qui, outrée
et déçue, décide de ressortir aussi sec. La dispersion de la
manif est alors rapidement annoncée.
Un petit groupe d´aide-éducs, énervé par le coté « traîne-
savates » de la manif, se met alors à gueuler sur les
syndicats. Les gens partent peu à peu mais les pions et aides-
éducs refusent de se disperser. Un petit groupe s´empare de
quelques barrières installées devant la préfecture et retourne
les installer sur le grand carrefour relançant ainsi le
blocage de celui-ci par une centaine de personne pendant une
bonne demi-heure (même la camionnette sono de la CGT ne
passera pas). Le tout sous le regard irrité de la police...
Mercredi 06 Novembre: L´AG convoquée ce jour là est un fiasco
total (une dizaine de personnes présentes). La décision de
l´organiser avait été prise à l´arrachée et dans la confusion
lors de la descente au rectorat le 15 Octobre. Sa date fut
rappelée lors d´intervention orales le 17 et c´est tout. Les
syndicats ne furent pas relancés et aucune affiche ne fut
envoyée dans les bahuts. Pas de préavis de grève déposé et
entre le 17 Octobre et le 06 Novembre, il y a eu les vacances.
Le comité de lutte mis en place le 02 Octobre est complètement
déliquescent. Du coup le mouvement reste suspendu pendant
plusieurs semaines.
Mercredi 27 Novembre: La section pions du SGEN-CFDT appelle à
une AG, relayée par un préavis de grève, sur la fac alors qu´à
Paris une rencontre doit avoir lieu entre les directions des
grands syndicats et le ministère. 60 personnes se réunissent
et décident d´essayer de relancer la dynamique de lutte. Un
appel à la grève et l´action est lancé pour le 12 Décembre et
le 14 Janvier. Le SGEN s´engage à contacter le SNES et à
relayer ces appels par le dépôt de préavis de grève et l´envoi
de tracts d´infos dans les bahuts. Au passage, sa responsable
fait la promo de la participation aux élections paritaires de
début décembre. Une petite partie de l´AG se rend ensuite au
rectorat pour rejoindre quelques dizaines d´aides-éducs et de
syndicalistes réunis pour protester contre les menaces
gouvernementales. De rapides discussions ont lieu avant la
dispersion.
A Paris, les syndicats quittent la rencontre avec le
ministère. Celui-ci publie dans la foulée un communiqué de
presse annonçant les grandes lignes du futur
statut « d´assistant d´éducation »
Samedi 07 Décembre: Raffarin vient à Caen dans le cadre
des « Assisses pour les libertés locales » afin de vanter sa
politique de décentralisation. Une manif a lieu. Des pions et
aides-éducs en lutte y participent. La police finit par
charger brutalement: plusieurs blessés coté manifestants (voir
le compte-rendu dans ce même journal).
Dimanche 08 Décembre: Quelques pions de l´académie se rendent
à la manif parisienne pour la défense de l´éducation et
participent spontanément à la réunion de coordination
nationale qui rassemble des pions et aides-éducateurs qui sont
entrés en lutte dans plusieurs académies.
Jeudi 12 Décembre: L´AG regroupe environ 200 personnes (pions,
aides-éducs, étudiant(e)s en lutte, lycéen(ne)s...) et démarre
de manière confuse mais de virulentes interventions
permettent, non sans mal, de structurer un peu les débats. Un
nouveau comité de lutte est crée, il est décidé d´occuper un
bâtiment administratif (tenu secret) et de lancer une grève
d´une semaine du 16 au 20 décembre afin de désorganiser la
vie des établissement en particulier en faisant fermer, juste
avant les vacances, un maximum d´internats.
En cours d´AG, des centaines et des centaines de lycéens de
Caen et de Lisieux qui ont débrayés, entre autres à l´appel de
l´Union nationale Lycéenne, arrivent en cortège sur la fac en
provenance du centre-ville où ils se sont rassemblés en début
d´après-midi. Ils protestent contre la diminution du budget de
l´éducation et celle des Foyers socio-éducatifs dans les
bahuts. Ils ont décidé de nous rejoindre pour manifester leur
solidarité avec nous.
On part donc à un gros millier en cortège sauvage vers le
centre-ville. Le cortège zigzague de manière inattendue dans
les rues mettant les flics sous pression. Arrivé prés de la
préfecture, une quinzaine de pions, dont certains se sont
prépositionnés, rentrent dans la Trésorerie Générale qui est
bientôt occupée par 200 personnes tandis qu´un sit-in
s´installe juste devant sur l´avenue.
Au bout d´un moment, les lycéens tenant à manifester jusqu´au
rectorat, la manif se scinde en 2. 200 à 300 manifestants
continuent l´occupation et le reste du cortège part vers le
rectorat où la police attend les lycéens qui demandent à ce
qu´une délégation soit reçue.
A la Trésorerie Générale, l´occupation se poursuit dans la
bonne humeur malgré l´arrivée de quelques flics qui filment
les gens au camescope et nous menacent d´une évacuation
musclée... dont ils n´ont pas les moyens vu que les flics
disponibles sont coincés au rectorat. Héhéhé !!!
L´occupation se termine vers 16H30, un quart d´heure après la
fermeture officielle de la Trésorerie, et 200 personnes
partent vers le rectorat d´où les lycéens se sont déjà
rebarrés.
Vendredi 13 Décembre: Les volontaires, syndiqués ou non, pour
constituer le nouveau comité de lutte, responsable devant l´AG
souveraine, se réunissent sur la fac et mettant en place une
trésorerie et une logistique de base. Un réseau téléphonique
est crée. Un syndicaliste calé en informatique s´occupe de la
création d´un site d´information sur internet.
On trouve dans ce comité un certain nombre de personnes
expérimentés, plus ou moins radicales, ayant parfois lutté
conjointement en Novembre-Décembre 95 et en Novembre-décembre
98 lors de la longue lutte des pions bas-normands. Pris de
court, il n´a pas été possible d´envoyer une délégation à la
2ème réunion de coordination nationale qui se tenait à Paris
le samedi 14.
Lundi 16 Décembre: L´AG regroupe 70 personnes motivées dans la
matinée. Un tract de popularisation est adopté après bien des
discussions. Des actions sont prévues pour le 17 et le 19. Des
réunions quotidiennes du comité de lutte auront lieu sur la
fac pendant la semaine de grève. Une collecte a lieu. L´après-
midi, une dizaine de personnes du comité de lutte vont passer
dans les locaux du SNES et du SGEN plus de 200 coups de fil
dans tous les bahuts de l´académie pour annoncer la grève et
les journées d´action. Plusieurs milliers de tracts sont tirés
avec l´aide de ces 2 syndicats.
En fin d´après-midi, une vingtaine de volontaires se
rassemblent et partent en petites équipes volantes faire le
tour des bahuts de l´agglomération caennaise qui seront
presque tous visités. Des diffs ont lieu dans les casiers des
profs, des pions, des aides-éducateurs et auprès des lycéens.
2000 tracts partent en un rien de temps.
Mardi 17 Décembre: Plusieurs milliers de tracts sont
directement retirés par le comité de lutte. Des banderoles
artisanales sont également réalisées. Environ 150 personnes
participent après une AG à l´occupation d´une antenne ANPE,
rue Fred Scamaroni, épaulés par quelques chômeurs en lutte
contre la réforme de l´UNEDIC.
Le cortège se rend ensuite, dans une certaine confusion, au
lycée Malherbes qui est de nouveau investi. Des tracts sont
diffés aux lycéen(ne)s. Ce qui reste du cortège se rend
ensuite en centre ville où une courte diffusion de tracts a
lieu avant la dispersion finale.
Mercredi 18 Décembre: Des grévistes diffusent des centaines de
tracts devant les restaurants universitaires du campus 1.
L´UNEF (syndicat étudiant proche du PS, issu de la fusion de
l´UNEF-ID et d´une partie de l´UNEF-SE) distribue aussi un
tract reprenant nos revendications avec un gros logo UNEF et
un bulletin d´adhésion.
L´UNEF, jamais à court de grandes leçons à donner, écrit dans
ce tract « (...) il est temps de montrer notre détermination.
Nous croyons que le rapport de force ne s´impose ni par la
violence (qui décrédibilise) ni par la symbolique (inefficace)
de l´action mais par le nombre de personnes motivées pour
chanter leur mécontentement dans la rue, pour soutenir
éventuellement une délégation au rectorat (...) ». Le karaoké,
arme de transformation sociale !!!
A noter la présence fréquente en AG d´un vieux militant
socialo de l´UNEF, récemment revenu de Paris apparemment, et
qui fut copieusement vilipendés en Novembre-Décembre 95 pour
avoir attaqué physiquement avec le Service d´Ordre de l´UNEF-
ID de l´époque la réunion de coordination étudiante où, avec
d´autres, il était supposé représenter les étudiant(e)s en
lutte de Caen.
Jeudi 19 Décembre: Une centaine de personnes à l´AG. Il est
décidé d´envoyer une délégation à la 3ème réunion de
coordination nationale à Nantes le samedi 11 Janvier. Le
comité de lutte est reconduit dans ces fonctions.
On part ensuite en manif vers le rectorat pour demander le
payement des jours de grève après avoir repeint sur la fac la
statue du phénix y avoir accroché des pancartes contre la
précarité.
Arrivés au rectorat, nous ne sommes plus que 70 environ. Les
portes sont fermées et la rectrice absente. Pellizari, un des
responsable du rectorat qui avait ordonné l´évacuation musclée
des grévistes en 98, refuse de recevoir une délégation. On
gueule et on tambourine à la porte. Les RG arrivent avec
quelques flics en tenue de maintien de l´ordre.
Nous avions prévu l´impossibilité d´entrer dans les bâtiments
du rectorat. On s´était donc organisé pour en bloquer toutes
les sorties. La grille principale est donc fermée, cadenassée
et décorées de banderoles. La 2ème sortie derrière le rectorat
est bloquée avec de lourdes bornes en ciment qui délimitent
les allées. Tout le personnel du rectorat se trouve ainsi
bloqué à l´heure de sa fermeture.
Les effectifs de police se renforcent et se déploient en rangs
avec casques, boucliers et lance-grenades, prêts à charger. La
tension monte y compris avec certains fonctionnaires du
rectorat qui n´apprécient pas d´être bloqué(e)s. Nous leur
expliquons qu´on a plus le choix pour être reçu en délégation.
Plusieurs secrétaires du rectorat téléphonent alors
directement à Pellizari en se plaignant de ne pas pouvoir
sortir et en lui disant que tant qu´une délégation ne serait
pas reçue, elles n´allaient pas pouvoir partir et qu´il
fallait faire quelque chose pour débloquer la situation. Ces
appels faisaient bien notre jeu et les personnes qui les ont
passé le savaient bien ...alors merci les filles !!!
10 minutes après, le commissaire se pointe et nous informe
qu´une délégation sera reçue si les barrages sont levés... et
nous qui pensions que c´était pour faire les sommations avant
l´usage de la force!!! Nous acceptons. Notre détermination a
fini par payer.
3 grévistes non-syndiqués du comité de lutte sont reçus par
Pellizari qui promet que la rectrice se prononcera à la
rentrée sur la question du payement des jours de grève. La
délégation lui promet qu´on reviendra. La cinquantaine de
manifestant(e)s restante repart ensuite de manière groupée.
Vendredi 20 Décembre: Une quinzaine de grévistes tient un
stand d´info sur le marché du vendredi, file des tracts et
café, discute avec les passant(e)s, jongle et fait de la
musique. Tout le monde est fatigué. Les vacances qui
commencent sont les bienvenues.
Samedi 11 Janvier: Une délégation bas-normande participe à la
2ème réunion de coordination nationale à Nantes.
Mardi 14 Janvier: Faible mobilisation à l´AG (une quarantaine
de personnes). Du coup, on d´annule l´occupation prévue et on
met en place, tant bien que mal, des initiatives pour préparer
la mobilisation du vendredi 17 Janvier, appelée par la
coordination nationale des pions et emplois-jeunes ainsi que
par les « gros » syndicats.
Vendredi 17 Janvier: Taux de grève important dans l´académie.
Ça remonte le moral après le communiqué du ministère qui
annonce la poursuite de ses projets. AG rapide (à 150). Une
occupation est décidée. Une première vague part en bagnole
(prépositionnées pas trop loin) pour prendre les flics de
vitesse. La deuxième vague rejoint la cible en tramway (sans
payer). L´Inspection d´Académie, est occupée par une centaine
de personnes. Une délégation est envoyée au rectorat pour
transmettre les revendications et demander le payement des
jours de grève. La rectrice étant absente, son sous-fifre la
reçoit. Aucun arrangement n´est trouvé pour les jours de grève
qui commencent à être décomptés des feuilles de paye. Pendant
ce temps, l´AG reprend dans une salle de l´inspection
d´académie. Vers 19H, la dernière cinquantaine d´irréductible,
hilares, quitte les locaux à la queue-leu-leu, en chantant le
refrain du même nom, entre une haie de flics en tenue anti-
émeutes qui ne s´attendait visiblement pas à ça. Surréaliste !

La suite des évènements vous sera contée dans le prochain N°.
Nous y parlerons aussi de la position ambiguë des grands
syndicats vis à vis de la lutte.

VERS UNE CONVERGENCE AVEC
LES CHÔMEURS ET INTERMITTENTS ?

Pions et emplois-jeunes vont tous, plus ou moins vite, passer
par la case chômage. Les futurs « assistants d´éducation » que
le gouvernement veut mettre en place seront confrontés à une
flexibilité et une précarité accrue. Parallèlement, MEDEF et
syndicats collabos durcissent les conditions d´indemnisation.
Du coup, c´est assez naturellement que l´idée de converger
avec des chômeurs et des intermittents a germé (à Nantes et
Angers des manifs communes ont également eu lieu). Nous nous
sommes donc rencontrés et une action commune a eu lieu le
jeudi 23/01. Nous avons occupé à une soixantaine la CAF du
centre ville. Une AG « sauvage » s´y est tenue avant l´arrivée
des flics.

PIONS ET
AIDES-EDUCATEURS: QUEL STATUT ?

Le terme de « pions » indique bien la place qu´ils occupent
dans la hiérarchie de l´Education Nationale: en bas.
Les pions-pionnes sont des MI/SE en langage administratif.
MI=Maître d´internat, SE=Surveillant(e) d´Externat. Les MI
font les nuits en internat, surtout en lycées, lorsqu´ils sont
à mi-temps mais ils peuvent aussi bosser le jour lorsqu´ils
sont à temps complet (service mixté, nuit et jour). Les SE
bossent de jour dans les collèges.
Les MI à mi-temps ont un horaire hebdomadaire de 17 heures Les
temps complet font 34 heures et les temps complets en service
mixté font 31 heures. Les SE à mi-temps font 14 heures hebdo
et les temps complets font 28 heures. La grande majorité des
MI/SE sont à mi-temps.
La paye des MI/SE à mi-temps est d´environ 470 € par mois
(net). Les temps complets (mixtés ou non) touchent environ
940 €.
Les MI/SE sont tous et toutes inscrit(e)s à la fac. Ce sont
des étudiants-salariés, recruté(e)s essentiellement sur
critères sociaux, bénéficiant d´horaires adaptés à la
poursuite de leurs études.
Les MI doivent fournir un diplôme un DEUG en 3 ans, une
licence en 5 ans. Une fois arrivé(e)s en maîtrise, ils n´ont
plus d´obligation de résultats. La période de fonction
maximale est de 7 ans sans limite d´âge. Les SE n´ont aucune
obligation de résultats (travail de jour qui nuit au suivi des
cours). La période maximale de fonction est aussi de 7 ans
avec une limite d´âge fixée à 29 ans.
Les MI/SE s´occupent de surveillance, font du travail
administratif, de l´aide scolaire, de l´animation de clubs.
Leur contact fréquent avec les élèves ainsi que leur relative
proximité sur le plan de l´âge et de certaines références
culturelles leur confère aussi un rôle éducatif.

Les aides-éducateurs sont les emplois-jeunes de l´Education
Nationale. Ils sont recruté(e)s directement par le chef
d´établissement. Leur contrat est de droit privé. Ils
travaillent 35/hebdo et ne bénéficient pas nécessairement de
toutes les vacances scolaires. Ils sont payés au SMIC et leur
contrat (renouvelable tacitement tous les ans) peut atteindre
5 ans au maximum. Les AE s´occupent de tâches très diverses:
maintenance informatique, animations diverses, gestion des
cafétérias, accompagnement des sorties, aide à la
bibliothèque... Ils ne sont théoriquement pas censés remplir
les
tâches de surveillance ou administratives. Ils ont aussi un
rôle éducatif pour les mêmes raisons que les MI/SE.
Dans le monde très hiérarchisé et cloisonné de l´Education
Nationale, les AE sont aussi en bas de l´échelle.
Encore en dessous, on trouve les nombreux Contrats Emplois-
Solidarité (20 Heures/hebdo pour un demi SMIC) qui font du
ménage, de la petite maintenance technique ou du secrétariat.

LES Mesures du
GOUVERNEMENT:

Dans un premier temps, le ministère s´est contenté d´annoncer
les suppression de postes de MI/SE et d´AE et la création du
nouveau statut « d´assistant d´éducation ».
Dans un 2ème temps, via la circulaire Boissinot du 27
Septembre 2002, le gouvernement s´est livré à une critique des
dispositifs MI/SE et AE. Le dispositif MI/SE est présenté
censé être rigide, essoufflé en terme de recrutement, contre-
productif en terme d´aide à la poursuite d´études et inadapté
par rapport aux besoins des établissements. Le dispositif des
AE est présenté comme étant temporaire, peu performant et, là
aussi, inadapté par rapport aux besoins des bahuts. L´arrêt
du recrutement des MI/SE est annoncé. Les futurs assistants
d´éducation ne seront pas uniquement des étudiant(e)s mais
aussi des jeunes bacheliers au chômage, des mères au foyer et
des jeunes retraités (de l´armée?). Polyvalence, souplesse et
flexibilité seront les maître-mots du nouveau statut. Ce
statut serait également régionalisé, les collectivités
territoriales et locales étant appelées à y participer.
Dans un 3ème temps, le gouvernement, avec le communiqué de
presse du 27 Novembre, précise encore plus le nouveau
statut « d´assistant d´éducation ». Ils seront recrutés
directement par les directeurs d´établissements et la
référence aux critères sociaux de recrutement disparaît. Leur
statut fusionnera les diverses fonctions des MI/SE et des AE.
Les temps complets seront l´exception et les étudiant(e)s n´y
auront pas accès. Leur temps de travail se répartira sur 39
semaines annuelles (soit 4 à 5 semaines de plus que les MI/SE)
et devrait dépasser les 20 heures/hebdo contre 14 à 17 heures
pour les MI/SE. Les temps complets auront un temps de travail
annualisé de 1600 heures avec un service s´étendant
vraisemblablement sur plus de 40 semaines. Le salaire devrait
être le SMIC. Leur formation s´effectuera pendant le temps de
service ou bien, plus vraisemblablement, pendant les vacances
scolaires. Le contrat de travail devrait être de 3 ans,
renouvelable (sans garantie ni possibilités de mutation vu le
recrutement sur la base de l´établissement) une fois pour les
mi-temps. Certains travailleraient pour l´Etat, d´autres pour
les collectivités territoriales (régions, départements...),
encouragées à participer au dispositif.
Nouveau communiqué de presse du ministère le 16/01 pour
annoncer que le recrutement des futurs « assistants-
d´éducation » est portés à 16000. On parle d´une rémunération
basée sur le SMIC avec un horaire de 17H30 pour les mi-temps.
Il s´agit donc d´une nouvelle catégorie de main d´oeuvre sans
garanties statutaires, flexible, travaillant plus pour moins
cher par rapport au MI/SE. Les logiques de compression
budgétaires, liées aux politiques européennes de réduction des
déficits publics des Etats membres, ne sont vraisemblablement
pas absentes des préoccupations gouvernementales.

LES CONDITIONS
DE LA LUTTE:

Les MI/SE et les Aides-éducateurs sont dispersés dans 21
académies. Celle de Basse-Normandie comprend 3 départements.
Les MI/SE (un peu moins de 1500 dans l´académie) sont présents
dans plus de 220 collèges et lycées. Les collectifs de travail
sont numériquement peu importants (de 2-3 personnes à une
vingtaine) et les gens qui travaillent en début de semaine
n´ont souvent aucun contact avec ceux qui travaillent en fin
de semaine. La situation des AE est encore pire puisqu´ils
sont également présents dans des centaines d´écoles primaires.
Par contre, en général, tous les AE d´un établissement se
connaissent.
Les réseaux syndicaux sont par ailleurs quasiment inexistants.
La circulation de l´information est un vrai casse-tête. Mise
en place de réseaux téléphoniques, de mailists sur internet,
création d´un site, communiqués aux journaux régionaux,
tournée des lycées caennais pour diffuser des tracts, envois
de courriers et coups de fil dans les bahuts, bouche à oreille
tentent de remédier, au moins partiellement, à ce problème et
ce au prix de pas mal de temps et d´énergie. Les actions se
déroulent à Caen, capitale régionale où se trouve la fac et le
rectorat. De nombreux collègues ne peuvent cependant pas s´y
déplacer, habitant au fin fond de l´académie, suivant des
cours par correspondance ou ne passant que certains jours à
Caen pour y suivre des cours (concentrés sur 1 ou 2 journées).
Vacances et périodes d´examens jouent aussi parfois en
défaveur de la mobilisation des pions
Les bas salaires des mi-temps (qui sont la grande majorité des
pions) font aussi qu´ils sont assez rapidement asphyxiés
financièrement.
C´est dans ces conditions difficiles qu´il faut tenter
d´organiser la résistance face à un gouvernement bien assis
politiquement et déterminé à appliquer tambour battant et sans
faiblesse, son programme de réformes.

L´ACTION DU SIA

Quelques membres et sympathisants du SIA participent à la
lutte en tant que MI/SE ou par solidarité. LE SIA fournit,
dans la mesure de ses moyens, une expérience pratique et une
aide logistique (création d´une mailist pour faire circuler
l´info, tirages, sonos etc...) qui, bien que modestes, sont
appréciées.
Nous avons, avec d´autres, poussés au développement de l´auto-
organisation, à pratiquer la démocratie directe via les AG
souveraines, à multiplier les occupations et les contacts avec
d´autres catégories précaires afin de faire converger nos
luttes.

LA LUTTE DANS LES AUTRES REGIONS

Dés le 24 septembre, plusieurs foyers d´agitation se
constituent en particulier dans le grand Ouest, à Toulouse et
en Ile de France où des collectifs d´emplois-jeunes se sont
organisés depuis 2 ans.
A partir du mois de Novembre, la grève reconductible illimitée
démarre dans les académies de Toulouse, Nantes et Rennes. Elle
durera sans interruption plusieurs semaines d´affilée. Toute
la Bretagne et les Pays de la Loire (Le Mans, Angers...) sont
en particulier touchés. On signale aussi des foyers
d´agitation à Bordeaux, Grenoble, Nancy... Nantes est
indubitablement en pointe du mouvement en terme
d´organisation, de solidarité interprofessionnelle concrète:
AG souvent à plus de 200, cortèges avec plusieurs milliers de
lycéens et profs solidaires, mise en place de caisses de grève
dans certains bahuts... En décembre, le mouvement s´étend
massivement en Corse, dans la région Centre (Tours, Orléans
puis Blois), à Lyon. Là aussi, des grèves reconductibles
académiques sont décidées. En Janvier, la lutte gagne
Besançon, Pau, Clermont-Ferrant et aussi Nice apparemment.
A la manif de défense de l´éducation le 08 Décembre à Paris,
une coordination nationale des collectifs de pions et emplois-
jeunes en lutte se structure. Une réunion a de nouveau lieu à
Paris le 14/12, puis à Nantes le 11/01 et, dernière en date, à
Toulouse le 18/01.

Pour plus d´infos:

Sur internet aux adresses suivantes:
http://www.mi-se.fr.st (site normand)
http://perso.club-internet.fr/ocadionu (Nantes)
http://miseae.free.fr (Toulouse)
http://colmiseaecentre.free.fr (Orléans et Tours)
http://collectifsej.free.fe (emplois-jeunes de la région parisienne).

L´adresse de la mailist du SIA : pionsenlutte@yahoo.fr





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