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(fr) Les retraites actuelles et futures ne sont pas à brader

From Worker <a-infos-fr@ainfos.ca>
Date Thu, 6 Feb 2003 10:43:08 -0500 (EST)


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   A G E N C E  D E  P R E S S E  A - I N F O S
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** Quelques faits et chiffres :

Aujourd'hui, en France, la part des retraites dans le " Revenu national
brut " (RNB) est de 12%. D'ici 2030, le nombre de retraité-e-s aura
augmenté de 50%. Il est donc normal que la part des retraites passe d'ici
là de 12% à 18% de la richesse nationale. Cela n'a rien de choquant,
puisque cette part n'a jamais cessé de progresser depuis 1950 (elle était
alors de 4%, passa à 8% en 1970, puis à 12% en 1998). La perspective d'un
passage à 15 ou 18% en 2040 n'a donc rien d'affolant, d'autant que cette
progression reste inférieure aux gains de productivité des entreprises,
donc de la richesse disponible.

On nous annonce qu'à partir de 2005, avec le début du départ en retraite
des enfants du " baby-boom ", la population retraitée sera de plus en
plus nombreuse et vivra de plus en plus longtemps du fait de
l'allongement de l'espérance de vie : qui s'en plaindra ? Encore faut-il
que ces personnes à la retraite disposent d'un revenu correct.

En parallèle, le nombre d'actifs ne progressera pas aussi vite que les
départs en retraite. Pourtant des dizaines de millions de personnes
aujourd'hui sans emploi (en Europe et dans les pays du Sud) ne demandent
qu'à travailler, du moins exercer une activité professionnelle
intéressante, correctement rémunérée et pas trop fatigante.

Ce qui est choquant aujourd'hui, c'est que le Medef et les gouvernements
successifs ont décrété qu'une bonne partie de cette population est
définitivement " inemployable " (la notion de " chômage structurel ") ou
condamnée à survivre dans des emplois précaires.


** Non aux retraites par capitalisation !

Les retraites par répartition, socle de la solidarité
intergénérationnelle, consistent à dégager une partie de la valeur créée
dans les entreprises pour payer les pensions : le principe est que tout
ce qui rentre dans les caisses de retraites par répartition ressort
aussitôt sous forme de pension. S'il y a un peu de surplus, c'est pour
sécuriser les retraites futures.
Au nom d'équilibres perturbés entre actifs et retraités, on (les pouvoirs
publics, les patrons et en particulier les patrons des compagnies
d'assurances et des banques) nous dit que le système par répartition ne
tiendra pas la marée et on nous propose d'une manière plus ou moins rusée
des systèmes d'épargne et de capitalisation (pour les socialistes, ce fut
notamment la loi Fabius sur l'épargne salariale). Contrairement à la
répartition, l'argent que l'on va consacrer à une retraite par
capitalisation (fonds de pension) ne sera disponible que dans X années et
est bien entendu strictement personnel (pas question de solidarité).

La capitalisation des retraites est dangereuse à plusieurs titres : 1) le
fait d'être placé sur les marchés financiers lui fait courir le risque
d'un effondrement des cours : c'est ce qui se passe aujourd'hui dans de
nombreuses entreprises américaines où les retraites des personnels ont
été dilapidées par les patrons.
2) Le système par capitalisation est inégalitaire et amplifie les
inégalités dans la société. Les personnels les mieux rémunérés pourront
placer plus d'argent que les personnels pauvres et précaires. Les
salarié-e-s des entreprises les plus performantes et dominantes (les
banques et les compagnies pétrolières occidentales notamment) auront
également plus de facilités par rapport à celles et ceux des entreprises
petites et moyennes qui se voient souvent fixer leurs tarifs par les plus
grosses, d'où un partage inégal de la " valeur ajoutée " entre
entreprises, entre secteurs et entre pays.
3) Autre inconvénient, c'est le brouillage des idées et des
positionnements de classe. On ne sait plus si on est salarié-e ou
actionnaire. En tant que salarié-e, on a intérêt de revendiquer une masse
salariale plus élevée. En tant qu'actionnaire, l'intérêt est d'avoir des
profits les plus élevés possible au détriment des salaires et des
matériaux entrant dans
l'entreprise (ceux-ci étant eux-mêmes issus d'un travail d'autres
salarié-e-s).
4) Quatrième inconvénient des systèmes d'épargne : qu'elle soit alimentée
par l'argent des rentiers ou des salarié-e-s, l'épargne mondiale est
drainée vers les Etats-Unis et contribue à alimenter la surconsommation
des ménages des classes moyennes et supérieures nord-américaines. Mais
surtout, l'épargne mondiale sert aujourd'hui à alimenter la politique
sécuritaire, l'effort de guerre et de domination des Etats les plus
riches du monde, USA en premier. Quant aux investissements utiles
(logements, énergies
renouvelables, etc), ils sont en panne (seulement 40000 logements sociaux
budgétés en France pour 2003, alors que ce pays compte plus de 3 millions
de personnes mal logées).


** Les impostures du Medef :

Le vocabulaire du patronat s'est transmis au reste de la société, y
compris dans les rangs du salariat.

Principal exemple : la notion de " charges ". Les charges, ce sont les
prélèvements sociaux sur salaires et les impôts. Le patronat en demande
la diminution, voire la suppression et y arrive souvent (multiples
exonérations de charges obtenues lors des 35 heures, primes à l'embauche,
etc). Pourtant, les entreprises ont intégré ces " charges " dans leur
coût de revient et donc dans leurs prix de vente. Il est donc démagogique
de leur part d'en réclamer la diminution. En outre, les charges font
partie des richesses créées par le travail des salarié-e-s et font partie
de leur rémunération. C'est la totalité du salaire brut et les charges
patronales qui intéresse les salarié-e-s et les non-actifs, que ce soit
pour l'assurance maladie, les retraites, les allocations chômage, les
allocations familiales (et bien d'autres prestations comme la cotisation
transports publics).

Ce que voudrait le patronat, c'est de diminuer la part des " charges "
salariales et patronales. Il essaie de nous le " vendre " en laissant
entendre que les " charges " diminuant, le salaire net augmenterait,
quitte à ce que les salarié-e-s aient le " libre choix " de souscrire à
des complémentaires maladie privées ainsi qu'à des systèmes d'épargne.

Ce discours peut être séduisant  auprès de jeunes salarié-e-s se sentant
en bonne santé, pour qui la retraite semble bien lointaine et plus
motivé-e-s par la consommation immédiate : c'est pourtant la voie ouverte
vers la privatisation des systèmes de santé et de retraites. Un des
enjeux, c'est donc de ré-intéresser la jeunesse à ces systèmes collectifs
de sécurité sociale et de retraites.


** Le système existant n'est pas exempt de critiques :

Il est inégalitaire :
Il ne suffit pas de dénoncer les dangers de la privatisation rampante et
réclamer la continuité du système existant. Car les retraité-e-s vivent
les mêmes inégalités que les salarié-e-s. Quand on fut un-e salarié-e
bien rémunéré-e, on devient un-e retraité-e relativement aisé-e, d'autant
plus que dans ce cas, on est déjà souvent propriétaire de son logement.
Quand on fut mal payé-e en tant que salarié-e, la retraite est assez
minime. De plus, les salariés mal rémunérés sont souvent celles et ceux
qui ont tenu les emplois les plus pénibles et les plus dangereux : outre
l'inégalité face au niveau des retraites, il y a une inégalité face à la
mort, car
l'espérance de vie est moindre pour ces salarié-e-s qui se trouvent "
crevé-e-s " à la fin de leur vie professionnelle.

Il manque de transparence :
Les syndicats reconnus représentatifs par l'Etat gèrent avec le patronat
un certain nombre d'institutions (UNEDIC, caisses de retraites
complémentaires, Fongecif, etc), même si aujourd'hui le Medef s'est
retiré de la gestion de la sécurité sociale (régime général de
l'assurance maladie et de l'assurance vieillesse). Cette gestion apporte
aux syndicats des ressources importantes qui compensent l'érosion du
nombre de syndiqué-e-s.
Quelle que soit la sincérité des directions d'organisations syndicales,
cet enjeu financier est décisif et peut expliquer que des man¦uvres
souterraines ont lieu lors de négociations avec le patronat et les
pouvoirs publics : la chose négociée, l'intérêt du salariat, est bradée
pour obtenir des avantages de boutique ou une reconnaissance comme
partenaire privilégié. Pour autant, nous ne tomberons pas dans le
discours du " tous pourris " : simplement, il est nécessaire de lutter au
quotidien contre la tendance à la bureaucratie, pour la démocratie
syndicale et pour l'unité quand elle est possible.


** Comment peser sur les débats ?

L'exigence d'égalité :
Faire évoluer le système des retraites par répartition dans le sens d'une
plus grande égalité, c'est possible. Quand nous disons égalité, ce n'est
bien entendu pas la notion d' " équité " avancée par l'Etat et le
patronat, qui signifie nivellement des droits par le bas, partage des
risques entre patronat et salarié-e-s et désengagement patronal de plus
en plus important des financements (voir le dernier accord Unedic, où
l'essentiel du financement est supporté par lesŠ chômeurs/euses, alors
que le Medef ne supporte que le tiers de " l'effort " de financement).
L'égalité que nous préconisons n'est pas compatible avec ce système
économique et social, basé sur l'exploitation et la domination. Pour
autant, il nous faut utiliser chaque occasion pour s'en approcher :
concernant les retraites, il est ainsi nécessaire et réaliste de relever
le niveau des pensions les plus basses, de revenir à 37,5 annuités de
cotisation maxi, de permettre une retraite complète dès l'âge de 60 ans,
voire avant pour les personnes exerçant des métiers pénibles.

Les luttes sociales :
L'enjeu immédiat est donc la question du financement des retraites. Or,
les débats sur les retraites s'ouvrent alors que les licenciements se
multiplient dans tous les secteurs d'activité. Or, à chaque licenciement,
c'est un peu moins d'argent qui rentrent dans les caisses de retraites ou
de la sécurité sociale. A contrario, chaque licenciement mis en échec est
aussi un élément de réponse. Les luttes sociales contre les
licenciements, pour de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de
travail répondent en partie aux questions de financement, que ce soit de
la sécurité sociale ou des retraites. Les luttes des sans-papiers pour la
régularisation de leur situation administrative et pour être
régulièrement employés y répondent aussi.

Intéresser la jeunesse à ces problématiques de retraites et de sécurité
sociale.
Il ne faut pas se borner aux retraites, mais élargir aux questions de
sécurité sociale, où beaucoup de jeunes souffrent d'insuffisance de
remboursements et font l'impasse sur certains soins.
En outre, y a-t-il vraiment un problème des retraites alors que la
production, les richesses produites continuent de s'accroître alors que
la population reste stable ? Non. Il faut alors prendre en compte
l'ensemble de la création de richesses et pas seulement la masse
salariale.


** Conclusion et propositions anarchistes :

Présent-e-s dans cette lutte pour l'avenir des retraites, les anarchistes
ne peuvent se contenter d'être une force d'appui aux grosses
organisations syndicales, qui se situent toujours dans un cadre
d'expansion illimitée de la production de biens et de services : nous
contestons ce système basé sur une croissance d'une masse de marchandises
dont beaucoup n'ont pas grande utilité, polluent et aliènent les
individus, que ce soit sous forme d'exploitation ou de consommation bête
et méchante et sont conçues et réservées pour la seule clientèle
solvable.

La solution serait de sortir un maximum de biens et services du système
marchand (transports, etc), de rendre leur usage gratuit et universel et,
pourquoi pas, rendre leur production autogérée.

Voilà de nouveaux éléments de réflexion qui devraient intéresser actifs
et inactifs et répondent aussi à la problématique de l'avenir des
retraites.


Fédération Anarchiste (groupe de Nantes)

ACLN, BP 60221, 44002 Nantes Cedex1
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