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{Info on A-Infos}
(fr) Pour la destruction des enfers carcéraux et technologiques
From
solidarite_camenisch@hotmail.com
Date
Thu, 6 Feb 2003 07:52:08 -0500 (EST)
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A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
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Appel à des assemblées de solidarité avec Marco Camenisch
Pour la destruction des enfers carcéraux et technologiques
La prison n'est pas circonscrite aux murs de béton qui s'érigent un peu
partout : asiles psychiatriques, camps de rétention pour immigrés et
réfugiés, centres pour mineurs délinquants, foyers pour pauvres… A
ceux-là, on pourrait ajouter l'école - qui domestique les corps et
formate les esprits - ou bien encore de nombreux ouvrages architecturaux
à la fonction sociale déterminée (cités, hôpitaux, usines - construit
sur le même modèle). Mais la prison c'est tout cela et bien plus encore.
Elle agit d'abord comme une menace paroxystique faisant peser au-dessus
de chacun-e la peur de la sanction pour tout crime ou toute déviance -
elle est le symbole visible du rapport de force du capital. Echapper à
la misère salariée par exemple signifie franchir les limites étroites de
la loi, celles qui protègent à la fois les possédants de ceux et celles
qui voudraient se réapproprier leur vie, et celles qui génèrent les
rapports sociaux qui permettent justement à l'exploitation de perdurer :
famille, rapports genrés, destruction de la planète, etc. Elle agit
ensuite comme un châtiment non point pour " rééduquer " ou " réinsérer
", mais bien pour punir et détruire. Elle est historiquement dirigée
contre les pauvres et particulièrement contre ceux et celles qui se
révoltent. On voit bien au niveau européen par exemple, la
généralisation des régimes d'isolement et de terreur " blanche " qui
sont destinés non plus à éliminer en fonction du délit, de la peine ou
de la durée, mais du comportement en son sein, c'est-à-dire du degré de
soumission (41 bis en italie, FIES en espagne, nouvelles prisons de type
3 en france, prison de type F en turquie, système d'isolement en
suisse…).
La prison ne constitue cependant pas le centre du dispositif de contrôle
et d'anéantissement parce qu'elle a d'autres alliés. Comme élément
complémentaire à ceux déjà cités (école, usine…), elle ne peut cependant
exister que par la servitude volontaire de toutes et tous d'abord parce
qu'on n'échappe pas à ce monde et parce que les compromis pour survivre
sont permanents et surtout confortables. Faute de mettre un maton / flic
pour surveiller chacun-e, la société carcérale a besoin de la
participation de tous et toutes - et réciproquement. Médiatisant
massivement tous les rapports sociaux, l'adhésion y est obligatoire. La
nécessité de ce système apparaît comme une évidence et est reproduite à
chaque instant.
" Et pourtant le monde est rempli d'hommes et de femmes " libres " comme
tous ceux-là, femmes et hommes qui ne se rendent même pas compte que leur
cellule est bien plus petite que la mienne, parce qu'elle ne dépasse pas
leur épiderme : ils sont à la fois prisonniers et leur propre prison…
prisonniers d'eux-mêmes. Leurs ailes sont engluées par un liquide
visqueux et liberticide que les Etats répandent sur les individus,
communautés, pour les empêcher de voler et d'observer les monstruosités
qu'ils accomplissent sur la terre… " Torre Nura, prisonnier sarde.
Derrière le devoir de participation, c'est la collaboration qui se
profile. Derrière la désobéissance civile, c'est le dialogue avec les
institutions et le jeu démocratique qui est activé. Et il ne s'agit pas
pour nous que de la simple question de la violence contre nos cages ou
de détruire la société et le capitalisme plutôt que de les changer : il
s'agit de notre rapport au monde.
Nous nous reconnaissons dans chaque acte d'insoumission où la question de
la liberté - vue comme un rapport social porté par des individus
autonomes hors de toutes médiations, de toutes normes et de toute
autorité - est posée. Au-delà des classes et de l'exploitation, il y a
les individus et les communautés (les jeux de la libre association
créant à leur tour une dialectique entre les deux) qui ne se réduisent
pas à leur force de travail. Au-delà de la violation de la loi, il y a
la liberté qui ne se définit pas contre ou à partir d'elle mais à partir
de nos désirs. Au-delà de la violence et de la destruction, c'est
l'entièreté de la vie que nous désirons.
Enfin, derrière ce refus de toute médiation (journaflics, travailleurs
sociaux, syndicats, associations ou partis), nous recherchons l'autonomie
par la confrontation tous azimuts avec les oppresseurs. Et même si la
frontière entre soumission et révolte traverse non pas la société mais
bien chacun-e de nous, chaque individu ne peut servir en même temps les
deux camps : un vigile sans-papiers est d'abord un flic, un exploité du
BTP qui mure un squat est d'abord un expulseur, une AS qui fait signer
un " contrat d'insertion " est d'abord une matonne, un médecin qui signe
un internement est d'abord un bourreau, un journaliste est d'abord un
menteur et une balance, un électeur est d'abord un esclave qui choisit
le maître qui va tous nous écraser, et ainsi de suite.
L'ordre social n'est pas uniquement conservé par la coercition mais aussi
par la reproduction et la participation de chacun-e. Et si la coercition
est présente, c'est entre autres pour mater les révoltés qui se
soulèvent et apeurer ceux qui en auraient l'idée. Détruire toutes les
prisons, c'est donc bien sûr détruire la société qui les produit et les
contient, mais c'est aussi en finir avec la servitude volontaire, ce qui
implique comme base première le refus des médiations, du dialogue avec
les institutions et de la participation.
Ce qui manque aujourd'hui, ce ne sont pas tant des luttes - inhérentes à
l'oppression - ou leur degré ponctuel de radicalité (des tribunaux
brûlent comme à pontoise, des salariés sont prêts à faire sauter " leur
" usine comme à Cellatex, des émeutiers saccagent des villes comme à
gênes, des camps de rétentions sont en feu comme en australie, des
champs d'OGM sont ravagés de-ci de-là, des flics à vélo sont tabassés
comme à pantin), mais bien plus leur portée de rupture : l'autonomie des
luttes suppose de ne pas reproduire d'emblée toutes ces limites
(médiations collectives,
collaboration individuelle) qui précisément servent de fondement à ce
monde. Il ne s'agit pas ici de pureté, de morale, mais bien de refuser
d'alimenter de nos énergies le ciment de l'exploitation et de
l'aliénation (dépossession tant corporelle qu'affective), de jeter les
bases d'autres rapports et de commencer " à vivre " ici et maintenant
C'est le seul choix réellement tactique et stratégique parce qu'il
contient en lui-même sa propre efficacité C'est pourquoi des luttes
portant des possibilités de ruptures profondes avec ce système ne
peuvent exister que si autonomie et antagonisme se développent et
s'alimentent mutuellement.
Un moyen de contrôle a progressivement pénétré tous les rapports et toute
la société. La technologie nous dépossède un peu plus de nos résidus
d'autonomie en rendant le savoir inaccessible par son immensité et sa
parcellisation et en s'imposant comme une nouvelle nécessité. Elle impose
par de nouveaux outils des normes sociales, obligeant chacun-e à s'y
intégrer (portable, internet, grande vitesse, énergie nucléaire…). Se
diffusant par la contribution de tous et toutes, elle pénètre et
dépossède les individus jusque dans leurs corps. Elle mêle états et
industries offrant les possibilités nouvelles du contrôle total. Le
contrôle direct qu'elle permet (caméras, écoutes, fichiers
interconnectés, génétique, biométrie - numérisation d'iris ou
d'empreintes digitales) transforme la métropole en un gigantesque
panoptique et la planète en un centre à surveiller. Les formes de
répression qu'elle engendre (armes, chimie - médicaments et autres)
démultiplient le rapport de force en faveur du pouvoir face à toute
révolte (individuelle ou collective). Elle permet de contrôler et de
gérer la circulation massive des données et des personnes (câbles
optiques, télématique, numérique, mobilité à grande vitesse) en fonction
des besoins économiques ou médiatiques en restreignant encore d'avantage
la communication réelle, les déplacements volontaires et les échanges
humains.
Elle participe de l'idée reçue que l'histoire est arrivée à sa fin, que
le capitalisme est l'unique solution et que le seul progrès est
scientifique. Pire, elle inscrit ce postulat dans la réalité en créant
sa propre nécessité mais cette fois-ci non dans un rapport social mais
environnemental. Pourrions-nous détruire la technologie sans faire appel
à elle pour éliminer son héritage (pollutions chimiques, nucléaires et
génétiques) ? Elle se rend également indispensable car elle est un des
piliers essentiels du dogme de la société qui l'a produite. Elle
prolonge la foi industrielle née du positivisme, l'émancipation par la
machine. Elle est le seul progrès social envisagé. Malgré cette panoplie
de contrôle maximal, il existe de nombreux-ses révolté-e-s. Marco
Camenisch est l'un d'entre eux.
" La solidarité est le lieu où se rencontrent la résistance et l'envie de
liberté. Aucun mouvement ne pourra espérer dans sa victoire s'il laisse
un seul de ses membres dans les griffes de l'état. Sentir que chaque
combattant dans le monde est ton compagnon, fait que chaque lutte
sociale devient radicale et dangereuse pour le système. " A.T
Lesperoglou, prisonnier anarchiste grec.
Marco Camenisch fut arrêté en Suisse en 1980. Condamné à dix ans pour
vol, association de malfaiteurs et des sabotages antinucléaires, il
s'évada de prison avec cinq autres détenus en 1981. Pendant l'évasion,
un maton fut tué et un autre blessé. Il vécut alors dix ans en
clandestinité, période au cours de laquelle il continua ses activités.
En 1989, il fut accusé du meurtre d'un douanier suisse. Il passa alors
en italie où il fut arrêté fin 1991 et écopa de 12 ans pour des
sabotages à l'explosif et pour la fusillade avec des carabiniers au
cours de laquelle il fut pris. En avril 2002, il a été extradé vers la
suisse où il attend son jugement à la fin de l'année 2003.
Marco Camenisch a toujours refusé le dialogue avec les institutions
judiciaires et pénitentiaires. L'état lui fait payer le prix fort, la
pression qui pèse sur lui ne se relâche pas. Il est en quartier de haute
sécurité, a mis plusieurs mois avant d'obtenir un parloir avec son épouse
et, gravement malade, doit notamment lutter quotidiennement pour l'accès
aux soins qui lui sont nécessaires. Le 18 janvier, il a entamé une grève
de la faim de un mois contre l'isolement.
Nous nous reconnaissons dans chaque acte de mutiné de la prison sociale,
et notamment dans ceux dirigés contre la technologie et la prison. La
solidarité n'est pas une posture, c'est une pratique. Elle permet de
rejoindre et croiser différentes formes de luttes. Elle n'est pas un
slogan général mais un lien avec des individus de chair et de sang qui a
pour objet l'échange d'autres pratiques, des attitudes et des luttes.
Marco est l'un d'eux, et avec lui tous ceux et celles qui ont fait le
choix de la praxis. C'est l'expérience d'un insoumis à partir de
laquelle continuer le débat mais aussi affirmer par des actes que la
révolte n'est pas une affaire de spécialistes mais celle de toutes et
tous. Dépasser cette solidarité précise c'est aussi affirmer notre
volonté d'en finir avec ce monde, s'attaquer par exemple aux
technologies ou aux prisons et combattre toute soumission.
Nous vous convions à une assemblée liant théorie et pratique qui
prendrait comme base le regroupement d'individus pour la destruction des
enfers carcéraux et technologiques et la solidarité avec tous les
mutinés de la prison sociale.
Assemblée le samedi 8 février 2003 à 15h00 au 612
104, rue des Couronnes, paris 20e, M° Couronnes ou Jourdain
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