A-Infos (fr) Construisons la puissance des gauches rebelles!

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Contre les chefFes, pour le mouvement!

Construisons la puissance des gauches rebelles!

"Ce qu'il y a de meilleur dans la lutte populaire c'est qu'on ne sent
jamais qu'on est arrivé à la fin"

Neka Jara, militante piquetera argentine.


Il y a devant nous trois mobilisations qu'il faudra traverser dans une
même tension: la manifestation contre le WEF, la lutte contre la guerre
qui menaçe en Irak, la protestation contre la tenue du G8 à Evian.
Au-delà des objectifs particuliers de ces trois échéances, il s'agira à
chaque fois d'affirmer la volonté de transformation sociale radicale, non
pas simplement comme programme et comme construction stratégique, mais
comme quelque chose de né, de vécu et de porté par les luttes, par les
revendications, par les aspirations et les expérimentations des gauches
rebelles, par tout ce qui fait lever ici et maintenant de véritables
zones autonomes temporaires, les noyaux d'une alternative au système de
domination et d'exploitation que nous subissons.

Un "mouvement des mouvements" irréductible à la délégation L'autonomie
comme fin et moyen, l'action directe populaire et non-violente, la
désobéissance sociale, le désir de libération, la volonté de démocratie
et
d'auto-organisation sont le patrimoine commun de milliers de mouvements.
S'il y a un "mouvement des mouvements", c'est bien là qu'il se tient et
non dans les résolutions préparées par celles et ceux qui se veulent
porte-paroles et dirigeantEs professionnelLEs de la résistance contre le
système. Une des leçons réjouissantes du Forum Social de Florence réside
sans doute dans le contraste entre, d'une part, l'effort consenti par les
appareils pour administrer les discours convenus, organiser, canaliser et
brider le débat et, d'autre part, l'immense manifestation plurielle,
diverse, coalisée et en même temps animée de confrontations infinies,
incontrôlable aux chefFes auto-proclaméEs, irréductible aux discours qui
prétendent lui fixer des objectifs et des démarches.


Refondation et répétition du réformisme

Il y a un pouvoir constituant du mouvement antagoniste, mais aussi, face
à nous et contre nous, une immense entreprise de refondation du
réformisme. C'est le projet stratégique, tant de fois décliné, d'aménager
le capital en lui donnant un visage humain, tout en bridant le mouvement
social pour l'enfermer dans la délégation et la représentation. Le
discours
néo-réformiste dominant, malgré ses déguisements langagiers et ses
nouveaux oripeaux idéologiques et symboliques, propose encore et toujours
les vieilles recettes étatiques aussi inefficaces que vaines. En dernière
instance, toute l'action est conçue, orientée et dirigée pour conquérir
des places dans les institutions étatiques, locales, régionales,
nationales ou supra-nationales, pour accéder aux postes de gouvernement
ou influencer au moins le cours de l'action gouvernementale. Car
fondamentalement, ces forces considèrent que le moteur du changement
social réside dans l'investissement et l'utilisation des lieux et des
machineries du pouvoir institutionnel. Cela nous ramène à la tentative
dérisoire de rééditer les compromis socio-politiques des
social-démocraties de la période fordiste et à la volonté, encore plus
inacceptable, d'éluder le travail de critique et de bilan des
capitalismes bureaucratiques d'Etat, où cette aire trouve ses racines. Or
si cette démarche est en elle-même fausse et dangereuse, tueuse de
l'avancée critique et subversive du mouvement, elle est d'autant plus
nuisible dans l'actuelle conjoncture que les forces néo-réformistes ne
peuvent accéder au pouvoir qu'en alliance avec le social-libéralisme, en
position subalterne face à des partis socialistes électoralement et
institutionnellement dominants.

Certes, une partie de la mouvance à "gauche de la gauche" reconnaît la
centralité des luttes et proclame sa volonté de respecter l'autonomie du
mouvement social, sa capacité d'auto-organisation, sa puissance de base.
Mais, à chaque moment décisif, elle finit toujours par privilégier la
délégation et l'investissement institutionnel, sous prétexte d'efficacité
et de réalisme. Par leurs propres forces, par leur seule initiative, les
secteurs plus "mouvementistes" ou "critiques" du néo-réformisme
n'apporteront rien de décisif à une politique de libération. Seules les
forces libertaires pourront impulser systématiquement une politique, une
stratégie et une proposition révolutionnaire qui fasse de l'action le
moyen et la fin des pratiques de résistance. Et nous n'appelons pas, bien
entendu, à la proclamation d'une quelconque avant-garde, direction du
mouvement, mais à la construction systématique de notre capacité à touTEs
de penser les luttes et à notre ouverture simultanée à tout ce qui doit
pour nous faire référence dans l'infinie richesse des pratiques, des
pensées et des rêves des gauches rebelles.


Texte tiré de rebellion #23

Rebellion - feuille d'agitation bilingue - est un projet de
l'Organisation Socialiste Libertaire (OSL) et du 'Büro gegen finstere
Zeiten'.

Rebellion
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2500 Bienne 3

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