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(fr) FA Commune de Paris - Mémoires d’une communarde mais pas seulement!!
Date
Thu, 28 May 2020 19:42:40 +0100
Encore un livre sur la Commune de Paris! N’a-t-on pas déjà tout dit et
tout écrit sur ces 72 jours du printemps 1871? Justement les « Souvenirs
d’une morte vivante » de Victorine Brocher ne se limitent pas à ces
quelques jours mythiques. Paroles de femme, paroles de famille
républicaine, paroles de témoin. Voilà la force de ce livre! Les
ouvrages écrits de nos jours ont l’avantage d’embrasser plus largement
ou de faire œuvre de synthèse pour mieux mesurer l’impact de la Commune.
Mais le récit d’une femme du peuple, de ce peuple républicain qui se
soulève contre les prussiens, la réaction bourgeoise, pour les
franchises parisiennes, donne une chaleur humaine et militante et invite
le lecteur dans les réunions, les logements insalubres, les rues
étroites, les cimetières, sur les barricades. Vous êtes au fort d’Issy,
les Versaillais attaquent, et vous vous enthousiasmerez avec ces
fédérés, vous aurez peur et vous serez traqués dans les rues de
Belleville et d’Haxo. La force de ceux qui y étaient, les témoins. ----
Lors de la première édition de l’ouvrage, l’auteur a préféré signer
Victorine B. cachant son nom alors que l’amnistie était votée depuis
1880, par crainte de représailles et par respect pour ceux qui sont
morts sur les barricades. Elle existe et elle s’efface. Lucien Descaves,
anarchiste, membre de l’Académie Goncourt, l’invite même à publier en
Suisse car il est encore mal vu en 1909 de rappeler les faits et les
souffrances. Pourtant c’est lui qui préface cette première édition et
qui se consacrera à la mémoire de ces hommes et ces femmes qui se
battirent pour une république sociale notamment par la publication de
son livre Philémon dont nous reparlerons un autre jour.
La république en héritage
Victorine Brocher ne se limite pas à la Commune de Paris. Issue d’une
famille républicaine, un père franc-maçon, elle connut 1848 et la
répression dont le peuple parisien, celui des faubourgs, de Saint
Antoine à Poissonnière, fit l’objet en juin, le coup d’Etat de 1851,
encore la répression même en province, l’exil, les familles séparées;
son père qui part pour Bruxelles.
L’ouvrage est mixte, il témoigne de faits historiques mais aussi de la
vie d’une femme du siècle. Les pages consacrées à la mort de son premier
enfant sont extrêmement poignantes et montrent la souffrance des gens
démunis pour qui l’achat d’un médicament était impossible.
Témoin de la vie quotidienne, l’ouvrage contient nombre d’anecdotes
comme l’origine du mot godillot. Victorine Brocher nous fait vivre les
ambiances de rue, les émeutes, les scènes de guerre, le froid qui tue
sur les remparts, les fusillades mais aussi les moments de joie intense
comme le 26 mars, jour de la proclamation de la Commune, à l’instar de
Jules Vallès.
Disposant d’une conscience politique, elle mesure le hiatus entre les
politiciens et le peuple, le 4 septembre 1870. « Malheureusement, ces
hommes aimés du peuple n’ont pas compris ce peuple; ils s’étaient servis
de lui comme d’un marchepied pour monter au pouvoir, sans jamais essayer
de comprendre le sentiment populaire, ni la nécessité du moment; ce fut
un grand malheur ».
Les pages relatives au siège de 1870 sont insoutenables, les habitants
meurent de faim et de froid. On sert des pâtés de souris avec la peau et
la queue, en novembre 1870, on tue l’éléphant du Jardin des plantes pour
les tables fortunées. Le gigot de chien se vend 6 francs la livre. « Ce
jour-là, j’eus encore une surprise, on m’envoya un magnifique lapin,
tout préparé à la sauce aux champignons, qui m’était offert par
quelqu’un du faubourg Saint-Germain.[…]Quelques jours plus tard,
j’appris que ce lapin était un chat et qu’il avait été acheté au marché
Saint-Germain, qu’il avait coûté 20 francs ».
En janvier 1871, certains secteurs de Paris sont touchés par les obus
prussiens ce qui démontre que les dégâts étaient antérieurs à la Commune.
« Si belle à son aurore »
Le 18 mars 1871 qui marque le retrait de Thiers, son gouvernement et ses
troupes en direction de Versailles, montre l’absence de réaction des
fédérés et le début de la Commune mais aussi de son échec programmé
selon Victorine: « La journée du 18 mars, si belle à son aurore, était
vaincue d’ores et déjà au déclin du jour. L’insuccès de la révolution
est tout entier dans cette journée qui promettait tant ». Pourtant
Victorine rejoindra un régiment et assumera des fonctions d’infirmière,
de cantinière sur le front ouest,
La rentrée des versaillais dans Paris marque le début de la Semaine
sanglante avec les tueries, les chasses aux communards, les trahisons,
la veulerie de ceux qui attendaient pour applaudir et participer au
massacre. Elle sera dans les derniers secteurs au-dessus du Père
Lachaise, vers le Pré Saint-Gervais. « Le rêve achevé, la chasse à
l’homme commence! Arrestations! Massacres! »
Quelques mois à Paris pour retrouver sa mère, éprouver la fidélité de
quelques connaissances, mesurer la haine d’autres qui la croient morte
car on a fusillé une personne qui lui ressemble, d’où le titre du livre.
Puis la fuite en Suisse. « Enfin, j’étais sur la terre d’exil! Voici
comment la France d’alors récompensa ses défenseurs ».
Son livre constitue une œuvre de réhabilitation pour ces défenseurs de
la République. Elle tient la plume et elle s’efface. Elle montre des
femmes dans la Commune, elle n’est pas féministe mais défend sa place de
combattante républicaine. Comme elle l’indique, elle n’intègre pas le
mouvement féministe même si elle connaît Nathalie Lemel et bien sûr
Louise Michel qui la mentionnera aussi dans son livre sur la Commune.
Avant la Commune, elle fréquente l’Association internationale des
travailleurs, l’AIT, mais pendant les 72 jours elle est républicaine
pour sauver l’essentiel.
Après 1871, elle se rapproche de la sensibilité anarchiste, d’Elisée
Reclus, de Pierre Kropotkine, de Louise Michel. Cette petite femme,
comme la montre une photo dans l’ouvrage, a construit un magnifique
témoignage sur le monde ouvrier parisien du XIXème siècle.
* Souvenirs d’une morte vivante
Victorine Brocher
Ed. Libertalia, 2017
http://federation-anarchiste-groupe-commune-de-paris.over-blog.com/2020/05/memoires-d-une-communarde-mais-pas-seulement.html
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