A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe
First few lines of all posts of last 24 hours ||
of past 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019 |
of 2020
Syndication Of A-Infos - including
RDF | How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
{Info on A-Infos}
(fr) Monde Libertaire - L' INTERNATIONALE SYNDICALE ROUGE (5E PARTIE)
Date
Tue, 26 May 2020 16:34:35 +0100
A la veille de la guerre, syndicalistes révolutionnaires et
anarchistes[note]avaient perdu beaucoup de leur influence ---- Nous
avons vu que les social-démocrates allemands faisaient peu de différence
entre les anarchistes d'une part, les syndicalistes révolutionnaires de
l'autre, voire même les socialistes révolutionnaires qui n'avaient rien
à voir avec le mouvement libertaire mais qui eux aussi ne préconisaient
pas l'action parlementaire. Pourtant, si avec un minimum de mauvaise foi
on pouvait assimiler les anarchistes aux individualistes et aux
partisans du terrorisme qui faisaient parler d'eux dans les années 1890,
il ne pouvait être possible de prendre le mouvement syndical français
dans sa presque totalité pour des «anarchistes individualistes» après le
vote en faveur de la grève générale, lors du congrès des Bourses du
travail de 1893. ---- A la veille de la guerre, syndicalistes
révolutionnaires et anarchistes avaient perdu beaucoup de leur
influence. Ces militants avaient constamment tenté de convaincre les
social-démocrates allemands de la nécessité d'une action vigoureuse - la
grève générale - en cas de déclenchement d'un conflit entre les deux
pays. De toute évidence, les dirigeants social-démocrates étaient plus
préoccupés de liquider les anarchistes que de définir une position
claire en cas de conflit. Si l'appel à la grève générale avait été suivi
en Allemagne, il ne fait pas de doute que l'appareil bureaucratisé du
parti et des syndicats aurait été complètement débordé.
C'est sans avoir réussi à intéresser le mouvement syndical allemand au
danger de la guerre que la CGT dut faire face à son déclenchement en
aout 1914. Les choix faits par certains de ses dirigeants trouvent
peut-être là leur explication. Mais il ne faut pas oublier que ce sont
des minoritaires de la CGT comme Monatte et Merrheim, opposés à la
poursuite de la guerre, qui proposèrent de réunir l'Internationale
socialiste pour discuter d'une négociation entre belligérants: à la
conférence de Zimmerwald, les seuls représentants français à cette
conférence rassemblant des partis politiques furent des membres de la
CGT. «C'est sous les auspices du Comité pour la reprise des relations
internationales auquel adhèrent: Merrheim, Bourderon, Chaverot, Sirolle,
Souvarine, etc... - et, où, Trotsky, encore à Paris, joue un rôle
prépondérant, que s'organise l'action contre la guerre», dit Pierre
Besnard[note].
Après la défaite des guesdistes qui voulaient subordonner le syndicat au
parti, les socialistes avaient acté le fait de l'indépendance syndicale
votée en 1906 à Amiens. Et il faut mettre au crédit du socialisme
français que ses représentants tentèrent eux aussi d'obtenir de
l'Internationale socialiste la mise en place de mesures précises en cas
de guerre. Lorsqu'au congrès de Copenhague en 1910, Edouard Vaillant
présente un amendement en faveur de la grève générale, «surtout dans les
industries qui fournissent à la guerre ses instruments (armes,
munitions, transports, etc.)», l'amendement est fermement combattu par
les social-démocrates allemands, et Vaillant dut le retirer: on proposa
de renvoyer cet amendement devant le Bureau socialiste international et
les discussions à son sujet furent constamment bloquées par la
délégation allemande.
Dans les dernières années qui précédèrent la guerre, les réunions
socialistes internationales parlent beaucoup d'internationalisme et de
la question de la guerre, mais n'abordent jamais les moyens concrets
pour l'empêcher. De 1912 à 1914 - un peu tard, il faut dire, lorsqu'on
songe aux inlassables tentatives des dirigeants ouvriers français -
l'Internationale multiplie les efforts de mobilisation contre la guerre:
«...cependant, ces manifestations restent de pure forme; les moyens
concrets d'intervention lui sont toujours refusés (...). Ainsi, le
discours socialiste de l'époque demeure profondément internationaliste,
ce qui n'empêchera pas la social-démocratie allemande de voter en 1913
les crédits militaires supplémentaires réclamés par le gouvernement du
Reich. (...) Ce vote des crédits militaires était totalement contraire à
la volonté pacifiste et internationaliste proclamée par ailleurs par les
socio-démocrates allemands. Aussi, pour justifier leur attitude, ces
derniers invoqueront-ils la situation politique et parviendront-ils à
démontrer qu'un tel vote servait en réalité le dessein du mouvement
socialiste international[note].»
Comment peut-on voter les crédits de guerre et prétendre servir
l'internationalisme? C'est très simple. Le parti socialiste allemand
étant le parti le plus puissant du mouvement socialiste international,
il est essentiel de le préserver et de préserver ses acquis. C'est ce
que dira Victor Adler: «Nous devons sauvegarder nos institutions. Les
idées de grèves, etc., ne sont que des fantaisies. (...) Nous voulons
sauver le parti...[note]»
La clé de l'attitude des sociaux-démocrates allemands se trouve dans les
propos tenus par Engels dans une lettre à Bebel du 29 septembre 1891. En
cas de guerre dans laquelle l'Allemagne serait engagée, une défaite
allemande serait une catastrophe pour le parti socialiste parce qu'il
aurait à faire face à l'esprit de revanche qui submergerait la
population allemande. En cas de victoire, le parti socialiste accéderait
au pouvoir et la victoire allemande serait la victoire de la révolution.
Engels le dit textuellement:
«Une chose me semble certaine: si nous sommes battus, toute barrière
contre le chauvinisme et une guerre de revanche en Europe sera abattue
pour des années. Si nous sommes victorieux, notre parti accédera au
pouvoir. La victoire de l'Allemagne est par conséquent la victoire de la
révolution, et si on en vient à la guerre, nous devons non seulement
désirer la victoire mais l'encourager par tous les moyens»
Les choses sont claires: il faut donner au gouvernement allemand toutes
les chances de sortir victorieux d'un conflit afin que le parti
socialiste puisse à son tour accéder au pouvoir. Ce qui explique comment
les socialistes allemands ont pu signer en janvier 1913 un manifeste
pour la paix, et voter la même année un impôt de guerre supplémentaire
d'un milliard et demi de marks... le Berliner Tageblatt du 1er avril
1913 avait dit que c'était «à proprement parler la mobilisation en temps
de paix».
Ainsi s'explique le sabotage systématique de toute tentative faite par
le mouvement syndical et le mouvement socialiste français pour discuter
de mesures concrètes à prendre en cas de guerre. Dire avec Lénine que
«la IIe Internationale est morte, vaincue par l'opportunisme», c'est
être très en dessous de la réalité. Dire, comme le fait la «Notice
historique» de la réédition des textes des quatre premiers congrès de
l'Internationale communiste, que «le mouvement ouvrier international fut
privé de sa direction précisément à l'heure de plus grand trouble
intellectuel et moral» est encore moins exact. La IIe Internationale
avait tout à fait accompli son rôle: elle encadra le mouvement ouvrier
européen de manière à accomplir les projets du parti social-démocrate
allemand. C'est exactement ce que firent la IIIe Internationale et son
annexe syndicale l'ISR au profit du Parti communiste russe.
La révolution russe
La révolution russe fut un événement d'une portée énorme pour le
mouvement ouvrier international, et en particulier pour le mouvement
libertaire et le syndicalisme révolutionnaire, dont le soutien
enthousiaste était fondé sur ce que les militants pouvaient savoir sur
le parti bolchevik - en fait très peu de chose, au début.
Sur la nature de la révolution russe
Il se produisit au sein du courant syndicaliste révolutionnaire français
une coupure due à des interprétations divergentes sur la nature du
régime soviétique.
* Fallait-il soutenir le régime parce qu'il avait renversé le
capitalisme et qu'il mettait en place, malgré les difficultés, les bases
d'un système communiste?
* Fallait-il refuser de le soutenir parce que le régime avait mis en
oeuvre un formidable appareil de répression dont la classe ouvrière
était la première victime, et qu'un tel régime ne pouvait en aucun cas
réaliser le socialisme?
Si on devait personnaliser cette coupure, on pourrait dire que Pierre
Monatte représente le premier courant. C'était une personnalité
marquante de la CGT française dont le soutien aux bolcheviks fut un
atout essentiel pour la propagande en faveur du régime. Il préconisa la
participation du mouvement syndical français aux structures
internationales que celui-ci mit en place (Internationale communiste, et
surtout l'Internationale syndicale rouge), et adhéra au Parti communiste
français, dont il fut d'ailleurs rapidement exclu.
Pierre Besnard représente le courant qui s'opposait au soutien aux
communistes russes, qui s'opposa à la mainmise des communistes sur le
mouvement syndical et à l'adhésion à l'Internationale syndicale rouge.
La tragédie du syndicalisme révolutionnaire fut précisément qu'en
Europe, beaucoup de militants de ce courant soutinrent le pouvoir
bolchevik et demeurèrent sourds et aveugles face aux avertissements qui
leur parvenaient sur la nature du régime. Notre intention est de montrer
que si l'éloignement et l'absence d'information ont pu créer pendant un
court moment une certaine confusion, beaucoup de militants, comme Pierre
Monatte en France, ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait en Russie.
L'exemple de l'«affaire Vilkens» fournit une illustration surprenante.
L'ouvrier charpentier Vilkens, était un espagnol établi dans le Nord de
la France. C'était un syndicaliste qui avait contribué à fonder le
syndicat du bâtiment; c'était en outre un fervent pro-bolchevik. En juin
1920 il part pour plusieurs mois en Russie. A son retour, il écrivit
dans le Libertaire, de janvier à juillet 1921, une série d'articles
accablants sur le pouvoir communiste en Russie. Il n'avait pas seulement
fait des rencontres officielles avec les dirigeants communistes, il
avait également vécu dans les mêmes conditions que la population russe,
avec les ouvriers et paysans, avec les soldats; il avait même connu les
prisons de la Tchéka.
Après son retour en France, le groupe de La Vie ouvrière - Pierre
Monatte, donc - dénonça son témoignage, le qualifiant de suspect. Les
accusations furent finalement abandonnées après l'intervention
d'Augustin Souchy, sans que le groupe de La Vie ouvrière soit convaincu
et sans que les hostilités cessent. Lors d'un congrès de la minorité de
la CGT tenu en octobre 1921, Monatte s'opposa à ce que Wilkens puisse
parler, et ne dut céder que parce qu'une majorité des présents vota en
faveur de Wilkens. En protestation, Monatte quitta la salle.
Il est clair que Monatte et l'ensemble des syndicalistes
révolutionnaires pro-communistes étaient parfaitement au courant de ce
qui se passait alors en Russie. Il y eut un nombre croissant de
discordes entre anarchistes et syndicalistes révolutionnaires
pro-bolcheviks sur cette question: les seconds occultant
systématiquement la répression exercée par le pouvoir sur les
travailleurs russes et leurs organisations.
La coupure définitive entre anarchistes et bolcheviks eut lieu en France
le 11 janvier 1924, à la Maison des Syndicats de la rue de la
Grange-aux-Belles. Une discussion entre communistes et anarchistes sans
armes se termina mal: deux anarchistes furent tués par balles. L'enquête
à laquelle participèrent des membres de la majorité de la CGT et de la
minorité établit que le meurtrier était un responsable de la CGTU,
membre du Parti communiste.
Il se produisit donc, au sein même du mouvement syndicaliste
révolutionnaire, une coupure entre ceux qui décidèrent de soutenir les
communistes russes alors même que ces derniers s'engageaient dans la
voie du communisme concentrationnaire[note], et ceux qui décidèrent de
rompre avec eux pour mettre en place une alternative aux institutions
internationales que l'État soviétique contrôlait.
Cette division au sein du mouvement syndicaliste révolutionnaire
international, qui conservait encore, après la guerre, une influence
importante, fut tragique car elle contribua de manière décisive à
l'affaiblir alors même que ses positions restaient extrêmement fortes.
Le terme «anarcho-syndicaliste», d'origine russe, était utilisé
couramment en Russie avant la révolution de 1917. Il semble avoir été
inventé par un militant russe, Novomirski. Il n'est apparu en France
qu'en 1922 lorsque, au congrès fondateur de la CGTU, Lozovsky,
secrétaire général de l'Internationale syndicale rouge, l'utilisa pour
discréditer les «minoritaires» opposés à la ligne de l'ISR. L'année
suivante Andrès Nin, secrétaire adjoint de l'ISR, se réclamera du
«communisme» et du «syndicalisme révolutionnaire» contre l'«anarchisme».
Parler d'anarcho-syndicalisme en 1906, au moment de la charte d'Amiens,
par exemple, est donc inapproprié. Les anarchistes alors engagés dans
l'action syndicale au sein de la CGT étaient «syndicalistes
révolutionnaires» au même titre que les marxistes partisans de
l'indépendance syndicale. On parlait aussi d'«anarchistes-communistes».
Il ne fait pas de doute que le syndicalisme révolutionnaire, comme
pratique et comme doctrine, est antérieur à l'anarcho-syndicalisme, ce
dont, semble-t-il, tous les anarchistes conviennent.
La CNT espagnole, influencée par la CGT française, se déclarait
«syndicaliste révolutionnaire», comme de nombreux documents de l'époque
l'attestent. Ce n'est qu'en 1919 que l'organisation espagnole, à
l'occasion d'un congrès, décida d'adhérer aux principes du communisme
libertaire. On peut dire par conséquent que le syndicalisme
révolutionnaire constitue un des fondements de l'anarcho-syndicalisme,
le second étant un développement ultérieur du premier. Cependant, les
deux termes, et les deux concepts, finirent par se confondre largement
et devenir presque synonymes, en tout cas dans de nombreux pays d'Europe
occidentale.
Les masses prolétariennes n'adhéraient pas d'enthousiasme aux partis
communistes créées un peu artificiellement après la révolution.
L'écrasant majorité des travailleurs avaient rejoint les rangs des
organisations syndicales réformistes qui, pourtant, avait «trahi»
pendant la guerre. Tout cela, ajouté au constat que la révolution
mondiale n'était pas à l'ordre du jour, poussa les bolcheviks russes à
abandonner l'idée d'une révolution internationale et à mettre sur pied
une nouvelle stratégie, celle du «Front unique»: désormais, les actions
révolutionnaires ne sont plus à l'ordre du jour, il faut travailler sur
le long terme. Les militants révolutionnaires vont devoir se résoudre à
se livrer à l'action parlementaire - projet qu'il sera difficile à faire
admettre à des militants syndicalistes révolutionnaires hostiles à cette
stratégie. Ils vont devoir également rester dans les syndicats
réformistes afin de montrer qu'ils sont les mieux armés pour la lutte
revendicative. Il s'agit, clairement, de couper l'herbe sous le pied des
réformistes sur leur propre terrain. L'Internationale syndicale rouge
joua un rôle décisif dans ce processus: son activité dans le mouvement
syndical international de tous les pays fut marquée par une succession
ininterrompue de scissions.
L'Internationale communiste ne sera jamais une organisation dans
laquelle les partis communistes sont égaux et parlent chacun de sa
propre voix, elle ne sera que l'instrument de la politique
internationale de la Russie communiste. Le rôle de l'Internationale
syndicale rouge sera de faire appliquer cette politique internationale
dans les organisations syndicales.
L' Internationale syndicale rouge (4e
partie[https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4816]) (3e
partie[https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4786]) (2e
partie[https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4765]) (1e
partie[https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4735])
https://monde-libertaire.fr/?article=L_Internationale_syndicale_rouge_(5e_partie)
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe http://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center