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(fr) Monde Libertaire - L' INTERNATIONALE SYNDICALE ROUGE (4E PARTIE)
Date
Fri, 22 May 2020 19:16:21 +0100
Le contexte ---- La 2e Internationale ---- Dans la mythologie
communiste, en particulier celle des trotskystes, la 2e Internationale a
trahi la classe ouvrière internationale en 1914 en n'appelant pas à
l'action contre la guerre , en dépit du fait qu'elle aurait été préparée
à cette éventualité. On peut ainsi lire dans la «Notice historique» à
l'édition des «Manifestes, thèses et résolutions des quatre premiers
congrès de l'Internationale communiste, 1919-1923»: ---- «La 2e
Internationale devait faire ses preuves au moment de la guerre
impérialiste, elle y était intellectuellement préparée. On avait à
l'avance très exactement analysé le caractère de la guerre. À
différentes reprises, les Congrès internationaux avaient décidé de mener
la lutte la plus énergique et même d'employer contre la guerre la grève
générale internationale[note].» ---- C'est la une totale contre-vérité.
La direction de la IIe Internationale, autrement dit la
social-démocratie allemande, ---- - a effectivement «analysé le
caractère de la guerre», mais n'a jamais envisagé une quelconque action
en cas de guerre; ---- - a systématiquement soutenu la politique
d'armement du gouvernement allemand de manière parfaitement préméditée,
bien avant le déclenchement de la guerre; ---- - a systématiquement
refusé toutes les propositions de la CGT française d'envisager une
action commune, en cas de déclenchement d'une guerre. ----
L'Internationale n'était absolument pas préparée à engager la moindre
action pendant la guerre parce qu'en dépit de l'insistance des
syndicalistes français, il n'a jamais été question qu'elle s'engage dans
une grève générale en cas de conflit entre les deux pays. Dire qu'on
avait «à l'avance très exactement analysé le caractère de la guerre» est
en revanche exact car la social-démocratie avait très longuement parlé
de la guerre et écrit sur elle. L'antimilitarisme des socialistes
allemands se limitait à analyser les causes de la guerre, en aucun cas à
préparer les mesures pour l'empêcher.
C'est ainsi que lors du procès intenté en 1907 contre Liebknecht pour sa
brochure Militarisme et antimilitarisme, ce dernier tenta de convaincre
les juges que «sa brochure ne constitue qu'un examen théorique du rôle
de l'armée dans la guerre»[note]. Liebknecht prend clairement ses
distances avec l'antimilitarisme du Français Gustave Hervé. Ainsi
peut-on lire dans Le Temps, un journal conservateur français, que
«L'antimilitarisme de M. Liebknecht, est moins pratique que celui de M.
Hervé et de M. Jaurès. Il ne va pas jusqu'à la désertion, jusqu'à
l'insurrection en cas de guerre»[note]. Liebknecht, dit encore l'article
du Temps, «rappelle qu'il a toujours voté dans les congrès contre ce que
l'on pourrait appeler les formes françaises de l'antimilitarisme. Il est
hostile notamment à la propagande dans les casernes. Il affirme que pour
l'accuser de "tentative de renverser la Constitution par la violence",
il a fallu tronquer ses oeuvres, en citer des passages isolés.»
Liebknecht, dont on semblait croire qu'il était sur des positions
radicales, déclara à son procès qu'il ne voulait pas entendre parler
d'insurrection en cas de guerre et que sur la question de
l'antimilitarisme, il se trouvait «plus à droite que Jaurès»!!!
Le Temps était un journal fort conservateur, et l'auteur de l'article ne
manque pas de constater que la «morale du procès Liebknecht» est que
l'Allemagne organise «sans hésiter la défense nationale contre
l'anti-militarisme, même atténué» (celui de Liebknecht) tandis qu'en
France, pour la même raison, «M. Hervé a été amnistié quelques mois
après sa condamnation».
Pendant au moins vingt ans, les syndicalistes révolutionnaires et les
«anarchistes» français avaient tenté d'engager un débat dans le
mouvement ouvrier européen sur l'attitude qu'il convenait d'adopter si
un conflit venait à éclater entre la France et l'Allemagne, débat que
les socialistes allemands qui contrôlaient l'Internationale avaient
systématiquement éludé. Les guillemets au mot anarchistes se justifient
ici parce que les militants révolutionnaires français, syndicalistes
révolutionnaires, anarchistes, mais aussi des socialistes, qui
insistaient sur l'idée de grève générale en cas de déclaration de
guerre, étaient tout simplement assimilés à des anarchistes. Or les
«anarchistes» ont tenté avec insistance de discuter de la possibilité de
lancer une grève générale conjointe dans les deux pays. Les dirigeants
socialistes allemands étaient absolument opposés à cette éventualité et
s'efforcèrent avec une ténacité sans bornes à exclure les «anarchistes»
de la 2e Internationale et à évacuer toute discussion sur la grève générale.
Cependant, la polémique contre les «anarchistes» fournit l'occasion à la
social-démocratie de préciser ses conceptions concernant l'organisation
du «parti socialiste démocratique révolutionnaire international». Les
débats très âpres qui eurent lieu sur l'admission des anarchistes
s'accompagnèrent de réflexions sur le fonctionnement de l'Internationale
et permirent à chaque fois à celle-ci de préciser son point de vue. La
présence des anarchistes constituait manifestement une entrave à la mise
en place d'une organisation cohérente et homogène, du point de vue de la
social-démocratie. On a l'impression que tant que les anarchistes
s'obstinaient à participer aux congrès internationaux, l'Internationale
ne pouvait pas vraiment se constituer en organisation. Et à chaque fois
qu'une motion d'exclusion des «anarchistes» était votée, furent en même
temps apportées des précisions concernant la doctrine, le rôle et la
forme d'organisation de l'Internationale. Manifestement,
l'Internationale ne pouvait se construire que dans son opposition aux
anarchistes.
Le congrès de Londres, en 1896, sera lui aussi dominé par le problème
des anarchistes et du type d'organisation. Les socialistes avaient cru
avoir réglé le problème des anarchistes au congrès de Zurich en 1893
mais, expulsés par la porte, ces derniers revinrent par la fenêtre à
Londres de 1896..., assez nombreux, en tant que délégués de syndicats,
et décidés à rouvrir le débat. Sur les quarante-trois délégués ouvriers
français, vingt étaient des anarchistes notoires, dont Emile Pouget et
Fernand Pelloutier[note]...
Christian Cornelissen tente à tout prix de maintenir l'unité de
l'Internationale, idée qu'il développe alors dans une brochure, «Le
communisme révolutionnaire. Projet pour une entente et pour l'action
commune des socialistes révolutionnaires et des communistes
anarchistes»[note]. Les socialistes allemands ne voulaient à aucun prix
préserver l'unité de l'Internationale [note]. Les discussions furent
houleuses, il y eut des suspensions de séance. Il fallut trois jours de
bataille pour que passe une résolution excluant des congrès futurs les
groupements, même corporatifs, qui n'acceptaient pas la nécessité du
parlementarisme. Sont désignés comme membres les partis qui se
consacrent à l'action parlementaire et les syndicats qui ne se
consacrent pas à l'action politique mais qui en reconnaissent la
nécessité, autrement dit qui reconnaissent la prééminence des partis sur
les syndicats[note]. Pour les militants français, c'est inacceptable. La
période de gestation de l'Internationale s'achève au congrès de Londres,
lorsque les anarchistes sont définitivement expulsés et les
syndicalistes mis au pas.
L'expulsion des anarchistes de la IIe Internationale présentait pour les
socialistes allemands l'avantage d'expulser les éléments qui insistaient
pour qu'on envisage la grève générale en cas de guerre. La
social-démocratie allemande voulait à tout prix éviter ce débat. n'y eut
jamais, de la part des socialistes allemands, aucun engagement précis
sur ce qu'il convenait de faire: en dehors du refus de voter les crédits
de guerre, aucune précision n'avait été donnée quant aux moyens
envisagés pour empêcher la guerre. S'en tenir aux initiatives d'une
minorité de députés au Reichstag, sans envisager la moindre mobilisation
de masse, équivalait à confier à un petit nombre d'hommes le sort de la
guerre. Au moins, dans le mouvement ouvrier français, le courant
syndicaliste révolutionnaire proclamait clairement l'idée de grève
générale - ce que les Allemands prenaient pour des rodomontades - et
prenait des initiatives pour préparer les travailleurs
Le congrès de Stuttgart
Un congrès international se tint à Stuttgart, en 1907, au lendemain de
celui de la CGT à Amiens. Le mouvement socialiste français avait
confirmé la nécessaire indépendance réciproque du mouvement syndical et
des partis politiques, aux congrès de Limoges et de Nancy. Or cette idée
d'indépendance syndicale fut traitée à Stuttgart avec dédain par Karl
Legien, secrétaire de l'Internationale syndicale, et par le député
social-démocrate hollandais Troelstra. Les dirigeants de la CGT furent
traités de «personnes qui agissent sur des ouvriers à petites
cotisations et à grandes paroles».
Outre que la notion d'indépendance syndicale n'était pas dans la culture
politique des militants allemands, le rejet de cette notion était aussi,
pour les social-démocrates allemand, la condition du maintien de leur
contrôle sur l'Internationale. La thèse social-démocrate fut votée par
212 voix contre 18. Se trouvaient ainsi annulées les décisions des
congrès socialistes français de Limoges et de Nancy, qui avaient
entériné la notion d'indépendance syndicale.
Sur la question du militarisme, les socialistes français étaient venus à
Stuttgart forts de la motion de leur congrès de Nancy, qui déclarait
qu'un pays attaqué avait le droit de compter sur le concours de la
classe ouvrière de tous les pays et qu'il fallait empêcher la guerre par
tous les moyens, «depuis l'intervention parlementaire jusqu'à la grève
ouvrière et l'insurrection». Bebel fit savoir qu'il n'en était pas
question. La motion allemande était vague, presque allusive:
«Quand une guerre menace d'éclater, les travailleurs des pays intéressés
et leurs représentants sont obligés de faire tout leur possible pour
éviter que la guerre n'éclate, en recourant aux moyens qui leur semblent
les plus efficaces.»
Il n'était pas question de grève générale ni d'insurrection. Bebel
déclara même que la propagande antimilitariste de Gustave Hervé servait
la cause de la guerre car l'état-major prussien la considérait avec
sympathie. Applaudi par les délégués allemands, von
Vollmar[note]condamna toute ingérence des Français dans la politique
militaire de la social-démocratie allemande et déclara ne pas être tenu
par une résolution internationale déterminant la politique en cas de guerre.
Même Liebknecht, dont on semblait croire qu'il était sur des positions
radicales, déclara au congrès de Leipzig qu'il ne voulait pas entendre
parler d'insurrection en cas de guerre et que sur la question de
l'antimilitarisme, il se trouvait «plus à droite que Jaurès». Il n'était
pas question d'employer les moyens français de propagande tels que les
concevaient Gustave Hervé. Fidèle à sa réputation de provocateur, ce
dernier traita Bebel et Vollmar «vieux sous-offs de la Landwehr» et
accusa la social-démocratie allemande de transformer le slogan bien
connu en «Prolétaires de tous les pays, massacrez-vous». Il demanda aux
délégués allemands ce qu'ils feraient si les Français demandaient un
arbitrage en cas de menace de guerre et que leur gouvernement refusait.
Devant le silence des Allemands, il s'écria: «Allez! vous n'êtes bons
qu'à obéir comme des cadavres à votre Kaiser Bebel!»
Les délégués allemands indignés se levèrent tous et Hervé les somma de
dire s'ils partageaient les positions chauvines de leurs chefs. Il était
clair que l'antimilitarisme se trouvait alors du seul côté français.
Pourtant, les socialistes français, à l'issue de ce congrès, firent
comme si leurs camarades allemands étaient prêts à une action décisive
en cas de guerre. On continua de croire en la volonté de la
social-démocratie allemande de s'opposer à la guerre. C'est l'illusion
que Jaurès confirma dans les comptes rendus qu'il fit du congrès de
Stuttgart.
Derniers congrès avant la guerre
La CGT réintégra les conférences syndicales internationales à partir de
1909 mais ne put jamais y aborder les questions politiques, ni les
problèmes internationaux, même lorsque le danger de guerre devint
évident [note]: ces choses-là relevaient de la seule compétence des
partis politiques. La coupure entre la vision syndicaliste
révolutionnaire et la vision social-démocrate était irrémédiable. Or le
parti social-démocrate allemand ne voulait pas entendre parler de
mesures vigoureuses en cas de guerre - ce qui n'était pas le cas de son
homologue français. Il est vrai que, l'année précédente, en 1908, le
congrès de la CGT tenu à Marseille avait fait fort: il appelait les
soldats à ne pas remplacer les ouvriers en cas de grève; il rappelait le
rôle de l'armée qui avait tiré sur les ouvriers à Narbonne, à Raon-L'Etape.
Au congrès du Havre en 1912, le dernier avant la guerre, les positions
de la CGT sont encore confirmées, à la fois sur l'indépendance syndicale
et sur l'action «contre le militarisme, le patriotisme et la guerre». Le
congrès «préconise l'instruction des jeunes pour que, du jour où ils
auront revêtu la livrée militaire, ils soient bien convaincus qu'ils
n'en restent pas moins membres de la famille ouvrière et que, dans les
conflits entre le travail et le capital, ils ont pour devoir de ne pas
faire usage de leurs armes contre leurs frères travailleurs». Enfin, le
congrès «déclare qu'il faut, au point de vue international, faire
l'instruction des travailleurs afin qu'en cas de guerre entre
puissances, les travailleurs répondent à la déclaration de guerre par
une déclaration de grève générale révolutionnaire». On n'a jamais rien
d'équivalent dans le mouvement ouvrier allemand: comme le commente
Pierre Besnard, que «cette thèse, déjà soumise aux autres Centrales
Nationales au cours des conférences internationales, ne fut jamais
acceptée par les Allemands qui refusèrent de reconnaître
l'antipatriotisme et l'antimilitarisme comme des questions intéressant
le syndicalisme».
«Ceci prouve toute la différence qui existe entre le mouvement ouvrier
français et tous les autres mouvements qui tous, à l'exception d'une
partie des mouvements espagnol et italien, reposent sur la conception
social-démocrate. C'est de cette incompréhension que découlera
l'impuissance du mouvement syndicaliste de tous les pays belligérants en
face de la guerre [note].»
Jouhaux rencontre Legien à Bruxelles le 25 juillet 1914 et lui demande
avec insistance ce qu'il compte faire. L'Allemand gardait obstinément le
silence. Jouhaux en rapporte la conviction que les syndicalistes
allemands ne feraient rien pour empêcher la guerre[note].
La condamnation des dirigeants syndicalistes ou socialistes français qui
ont soutenu l'Entente ne saurait être tout à fait légitime si en même
temps n'est pas expliqué le contexte et ne sont pas exposées les vaines
tentatives qu'ils ont faites pour convaincre leurs homologies allemands
d'agir. L'internationalisme n'est pas à sens unique.
Jaurès, quant à lui, revenu de Bruxelles, continue de penser que les
dirigeants politiques et syndicaux allemands réagiront; il enjoint le
gouvernement français à adopter «une attitude résolument pacifique». Il
obtient que les troupes françaises soient reculées de huit kilomètres de
la frontière! Il vit littéralement dans un rêve qui contraste
singulièrement avec l'absence d'illusion des dirigeants syndicalistes
français. On apprend le 31 juillet que la mobilisation générale est
décrétée en Allemagne. Les voies de chemin de fer et le télégraphe sont
coupés par les Allemands, ainsi que les routes. Mais Jaurès restait
optimiste en dépit de tout.
Il sera assassiné le soir du 31 juillet[note].
(à suivre)
https://monde-libertaire.fr/?article=L_Internationale_syndicale_rouge_(4e_partie)
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