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(fr) Union Communiste Libertaire (UCL) - À Bordeaux comme ailleurs, on a faim
Date
Wed, 20 May 2020 14:32:58 +0100
Regard croisé des actions de solidarité et de l'abandon des pouvoirs
publics durant la période de confinement. ---- Dans les squats de
Bordeaux, "les personnes vont mourir de faim, pas du Covid 19" titrait
Le Monde du 2 avril 2020 pour montrer la situation catastrophique des
populations les plus démunies sur la métropole bordelaise. Comme
ailleurs, l'état d'urgence sanitaire et les mesures de confinement n'ont
pas du tout pris en compte le devenir des personnes vivant dans
l'extrême pauvreté et subsistant de l'économie parallèle. ---- Selon les
associations, on compte entre 2000 et 3000 personnes dans des squats ou
dans des campements de fortune sur la métropole Bordelaise. Dans la
première semaine du confinement, les associations humanitaires qui
organisaient des distributions alimentaires se sont retrouvées à l'arrêt
ou en situation très dégradée. Le manque de bénévoles et les permanents
en arrêt de travail en furent la cause première. Pour répondre à cette
situation, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans l'urgence et la
précarité grâce à un élan de générosité et à l'engagement de nombreuses
personnes. ---- Un Etat qui met en danger les migrant·es et organise la
souffrance des populations ---- Avant de dresser l'état des lieux de
quelques initiatives, il est bon de rappeler que la très grande majorité
des personnes vivant en squat sont des ressortissants étrangers dont
beaucoup sont des réfugiés en attente d'un statut. Ces personnes sont
sous la compétence de l'État. Il est donc du ressort de la préfecture et
de sa direction de la politique de cohésion sociale visant des publics
en situation de difficultés socio-économiques de mettre en place des
solutions contre les exclusions et la pauvreté. En théorie, le rôle de
l'État est clair, mais dans la pratique, c'est une tout autre histoire.
Depuis Papon, la région de Bordeaux hérite plus souvent qu'à son tour de
ce qui se fait de plus autoritaire dans le corps préfectoral. Après
avoir eu l'arracheur de main, Didier Lallement, nous avons désormais la
désingueuse de la jungle de Calais, Fabienne Buccio. Guidée par une
théorie fumeuse de "l'appel d'air", cette dernière n'a eu de cesse de
freiner toutes les initiatives en direction des publics en situation de
précarité au prétexte de ne pas vouloir travailler avec des associations
avec lesquelles elle n'avait pas l'habitude de collaborer. L'état
d'urgence sanitaire lui permettrait de régulariser par le travail nombre
de réfugié·es. Mais depuis que le collectif de soutien aux réfugié·es
l'interpelle à ce sujet, la préfète Buccio est aux abonnés absents
Les collectivités territoriales de la Métropole bordelaise auraient pu
reprendre le flambeau en assurant la continuité des distributions
alimentaires. Si le robinet des subventions s'est ouvert pour certaines
associations sur le terrain, les collectivités ont tout de même démontré
leur incompétence à opérer une politique publique efficace envers les
publics en difficulté depuis le début du confinement.
L'explication de cette situation est du domaine du politique avec une
préfecture qui développe la "lepénisation des esprits" en organisant la
souffrance des populations qu'elle ne veut pas voir sur son territoire
et une droite locale qui caresse dans le sens du poil son électorat le
plus réactionnaire en agissant au compte-goutte. Cela produit un état de
catastrophe sanitaire pour les populations les plus éloignées des
protections sociales et une non-assistance aux personnes en danger.
Notre nécessaire organisation
Face à cette situation explosive, relayée par les associations
humanitaires et les professionnels de la médiation sociale, les
militant.e.s qui soutenaient les squats et les réfugié.e.s ont développé
rapidement des collectes et des distributions à grande échelle, avec les
moyens du bord. L'association Les enfants de Coluche, connue de longue
date pour soutenir les squats sur la métropole, a apporté son soutien
aux populations Roms vivant dans les bidonvilles. Les distributions
organisées directement dans les campements sont un exemple de l'abandon
des pouvoirs publics envers ces populations. Si on a pu apercevoir des
fonctionnaires de la mairie, on peut dire qu'à aucun moment la
collectivité n'a pris ses responsabilités pour soutenir ces initiatives.
Rien pour sécuriser les distributions afin d'éviter la propagation de
l'épidémie et rien pour protéger les militant·es lors des situations de
tension avec des personnes affamées et très inquiètes. À ce jour, nous
n'avons qu'une vision très partielle de la situation, mais nous savons
que l'État a totalement déserté ses responsabilités sous couvert de son
leitmotiv: "résorption des squats". La préfète a maintenu sa position
idéologique en refusant de reconnaître le travail de l'association les
enfants de Coluche car cette dernière favoriserait, selon elle, le
développement des squats. On retrouve ici la stratégie de Didier
Lallement du "on n'est pas du même camp": maintenir coute que coute le
rapport de force et l'affaiblissement de ce qui s'oppose au pouvoir en
place.
Parallèlement, l'association Bienvenue, mobilisation pour les réfugiés,
a organisé conjointement avec les militant·es opérant sur les squats et
des travailleurs sociaux une distribution alimentaire pour plus d'un
millier de personnes vivant dans les squats de la métropole. Grâce à son
réseau dynamique de bénévoles et sa gestion inclusive des bonnes
volontés, elle a réussi un tour de force sans aucune expertise préalable
dans ce domaine, en s'appuyant sur son expérience dans celui l'action
culturelle. Elle a par ailleurs réussi à faire le lien entre ses actions
et les revendications des collectifs pour la régularisation des
réfugiés. Cette mise en commun a contribué au soutien et à l'engagement
des bénévoles, et mené au succès de ce projet solidaire. Cette
distribution s'est réalisée grâce au soutien logistique de l'écosystème
Darwin. Il est remarquable que là où il y a un abandon des pouvoirs
publics, le patron éclairé de la rive droite bordelaise, le colibri issu
de la grande distribution, offre son aide. Le contre-don sera pour lui
l'accès à un pouvoir symbolique supplémentaire. En favorisant les
actions humanitaires dans son écosystème, il répond favorablement à la
demande de sa clientèle à fort pouvoir d'achat qui recherche du fun et
du sens. On ne peut que constater la capacité de ce chef d'entreprise à
se positionner au bon moment et au bon endroit pour exister. On pourra
se questionner sur les réseaux qui favorisent systématiquement Darwin
aux dépens d'autres opérateurs du domaine caritatif.
Oval citoyen, association présente dans toutes les mobilisations envers
les réfugiés, a opté pour une autre stratégie en prenant un tournant
institutionnaliste. Elle a mis en place une distribution alimentaire
dans son local et dans le même temps signé des accords avec l'État pour
favoriser l'embauche des réfugiés pour des travaux agricoles, passé
d'autres accords avec des établissements sous la tutelle des militaires
pour accompagner des jeunes, et négocié avec le syndicat majoritaire des
exploitations agricoles (FNSEA) responsables de la dégradation sociale
et environnementale de l'agriculture en France. Cette volonté de
reconnaissance par les institutions éloigne par conséquent cette
association du milieu militant présent sur les luttes contre l'exclusion
des réfugiés. Malheureusement pour elle, il y a fort à parier qu'elle
jouera le faire valoir d'une Fabienne Buccio jusqu'au jour où il s'agira
d'augmenter les expulsions, et que son action sera alors dévalorisée.
Des nouvelles questions se posent
Passé l'urgence, la question du jour d'Après se pose. Si la générosité a
été le maître mot lors du déroulement des distributions, la question de
la gestion, du recensement des besoins et des populations sera à l'ordre
du jour; d'abord pour répondre à des questions techniques
d'approvisionnement et de redistribution afin de rendre cohérentes les
distributions les unes avec les autres et de ne laisser personne sur le
chemin. Ces questions ne sont pas que techniques et posent un problème
politique majeur. Les populations vivant en squat vivent cachées et
évitent de se faire remarquer pour rester le plus longtemps sous le même
toit. Avec cette distribution, la majeure partie des squats sera
référencée sur des listes qui, à n'en pas douter, finiront sur la
plate-forme Résorption des squats de la Préfecture. Le paradoxe est que
les associations luttent pour que les populations puissent manger selon
leurs besoins et en même temps offrent les moyens à la préfecture
d'exécuter dans un avenir proche des expulsions et des reconduites à la
frontière.
On en arrive à la question de la pérennisation de ces distributions par
des personnes qui, dans la période du confinement, avaient du temps à
donner. Comment va se passer la période longue de déconfinement? Il faut
espérer que la force du collectif sera capable de se réorganiser en
intégrant les habitant·es des squats et que les associations caritatives
reprendront leurs activités.
Ce que nous devons retenir de cette expérience, qui est loin d'être
terminée, c'est d'abord ce formidable élan de générosité dans des formes
d'auto-organisation, qui met les pouvoirs publics face à leurs
responsabilités. C'est l'espoir de voir les mouvements de solidarité
envers les migrants se coordonner avec efficacité pour gagner des luttes
localement. Nous pouvons constater que cette période de confinement a
aussi permis à de nombreuses personnes de découvrir des formes concrètes
d'engagement. Cela dit, nous pouvons nous poser la question de la durée
et du sens que va prendre cet engagement. Au regard des études sur le
sujet, la montée en puissance des engagements de type pragmatique est à
durée limitée. La recherche de résultats concrets se traduit par un
accroissement des initiatives visant directement à aider autrui, sans
attente d'un changement politique. Souhaitons que, dans cette période,
les formes d'engagement passent du bénévolat au militantisme et que
l'action concrète se traduise par un engagement politique.
Union communiste libertaire Bordeaux, le 3 mai 2020.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?A-Bordeaux-comme-ailleurs-on-a-faim
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