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(fr) Alternative Libertaire #305 (UCL) - Industrie pharmaceutique: comment on peut la socialiser
Date
Fri, 15 May 2020 20:09:35 +0100
C'est une filière indispensable pour produire, en grande quantité, des
tests de dépistage et une molécule qui donnerait des résultats contre le
virus. Elle l'est également, hors contexte d'épidémie, pour produire des
vaccins et des médicaments contre les maladies chroniques par exemple.
La laisser entre les mains d'intérêts privés, c'est aller vers de
nouvelles catastrophes. ---- C'est parce que l'industrie pharmaceutique
est soumise à la loi du profit que sa production a été délocalisée,
notamment en Chine et Inde, afin de baisser les salaires et les
conditions de contrôle sur les médicaments[1]. ---- L'Inde fournit 20 %
de la demande mondiale. Or l'État indien a décidé, après avoir décelé
six cas de coronavirus, de restreindre l'exportation de 26 médicaments
(antibios, paracétamol, un antiviral...) pour sécuriser son
approvisionnement[2]. Les chaînes d'approvisionnement en médicaments ont
ainsi été considérablement complexifiées, la doctrine libérale de
gestion des stocks à flux tendu n'arrangeant rien. ---- Mais cela ne
date pas de la pandémie. En une décennie, les ruptures de stock de
médicaments en France ont été multipliées par 12[3]: anti- infectieux,
vaccins, traitements contre l'épilepsie ou Parkinson, anticancéreux,
aujourd'hui craintes des malades chroniques dont les associations ont
signé une tribune avec des scientifiques et des responsables CGT et
Solidaires[4]. La relocalisation de la production de médicaments en
France ou en Europe est aujourd'hui en débat. Mais tant que cette
production restera soumise à la loi du profit, ça ne sera pas suffisant.
---- Les entreprises françaises chercheront à maximiser leurs profits
par d'autres biais que les délocalisations: en se concentrant sur les
médicaments qui rapportent, en gérant les stocks en flux tendu, en
changeant les formules pour déposer de nouveaux brevets[5], ou en
faisant du lobbying pour que ce soient les traitements les plus onéreux
qui soient remboursés et donc prescrits[6]. D'ores et déjà, Sanofi tire
parti de la crise en annonçant l'externalisation de 6 de ses 11 sites
européens (soit plus de 1.000 salarié·es en France et 3.000 en Europe),
soit-disant pour mieux lutter contre les pénuries, en réalité pour se
débarrasser des sites produisant les médicaments les moins lucratifs[7].
Ce que signifie contrôle populaire
Sortir cette industrie de la loi du marché en la socialisant est donc
une question de santé publique. Socialiser, ça ne veut pas simplement
dire la réquisitionner le temps de la crise: en effet, réorganiser une
production largement délocalisée, ça ne va pas se faire du jour au
lendemain.
Socialiser, ça ne veut pas dire nationaliser, au sens où l'État
deviendrait actionnaire majoritaire voire unique, mais où l'on resterait
dans le cadre de la concurrence capitaliste, en s'imaginant que l'État
aux commandes, «ça sera moins pire». On voit bien où peut nous conduire
le cas d'Air France que le gouvernement envisage de renationaliser parce
que la compagnie est en difficulté... en annonçant qu'il la revendra une
fois la crise passée - et sans doute après y avoir injecté moult argent
public, ce qui veut dire socialiser les pertes et privatiser les profits!
Socialiser, pour commencer ça veut dire exproprier les capitalistes qui
possèdent les entreprises de la filière. Sans indemnités il va de soi.
Ils ont suffisamment profité des bras et des cerveaux de leurs
salarié·es, et vécu sur le dos de la Sécurité sociale. Mais socialiser,
ça ne veut pas non plus dire une concurrence entre des entreprises
autogérées, ce qui conduirait à coup sûr à des dérives similaires.
L'organisation du travail serait de la responsabilité des travailleurs,
mais la finalité de la recherche et de la production serait sous
contrôle populaire, par le biais d'une planification démocratique. La
population, à travers ses représentant·es (mandaté·es révocables et/ou
tirées au sort, représentant·es d'associations de malades) déciderait,
en concertation avec la filière socialisée, des priorités de la
recherche et de la production. Une caisse d'investissement financée par
la cotisation sociale, sur le modèle de la Sécu, dégagerait cette
filière de la loi du profit[8]. L'utilité de chaque métier[9], de chaque
site et de son éventuelle reconversion écologique pourrait ainsi être
questionnée.
Ne pas s'en tenir à cette filière
Mais finalement, ce raisonnement, on peut l'appliquer à toutes les
entreprises. Qu'on le veuille ou non, c'est indispensable. Toute
l'économie est imbriquée: la pharmaceutique dépend de
l'approvisionnement en matières premières[10], en machines, de la
logistique, etc. Or la socialisation d'une partie de l'économie se
solderait nécessairement par des mesures de rétorsion de la part des
capitalistes: pénalités de l'Union Européenne ou barrières douanières,
jusqu'à l'exemple d'un coup d'État comme au Chili en 1973. On pourrait
imaginer le patronat des transports refusant de livrer les entreprises
socialisées, ou bien celui la chimie refusant de livrer des
consommables, en prétextant du désordre causé par la socialisation.
Mais cette imbrication est également internationale. Certains
médicaments nécessitent une collaborations entre pays, notamment quand
un petit nombre de malades est concerné. Il faudra donc pousser à la
socialisation au-delà les frontières, et briser la dépendance commune
aux intérêts privés.
Ne socialiser qu'une partie de l'économie n'est pas suffisamment
cohérent. Mais dans le contexte d'une pandémie qui a ouvert les yeux à
beaucoup de monde, on peut gagner une majorité d'idées sur la nécessité
de socialiser le secteur de la santé et de l'industrie pharmaceutique.
Un objectif intermédiaire avant d'aller vers la socialisation générale
des moyens de production.
Grégoire (UCL Orléans)
Notes:
[1]Un tiers des médicaments produits en Inde sont non conformes (Le
Monde, 11 janvier 2018).
[2]«Covid-19: l'Inde restreint l'exportation de 26 médicaments et API»,
Industriepharma.fr, 3 mars 2020.
[3]«Coronavirus: la chaîne d'approvisionnement des médicaments remise en
cause», RFI, 6 mars 2020.
[4]«Pénurie de médicaments vitaux, tests et équipements: l'appel des
personnalités!», à retrouver sur le blog Mediapart de Pauline Ondeix, 7
avril 2020.
[5]Comme cela s'est fait avec le Levothyrox en 2017, ce qui a conduit à
une vague d'effets secondaires indésirables chez les malades.
[6]Simon Gouin, «Lobbying: comment l'industrie pharmaceutique prend
d'assaut les institutions européennes», Bastamag.net, 24 mai 2019.
[7]«Le grand coup de bluff du groupe Sanofi», L'Humanité, 16 avril 2020.
[8]Sur ce point, et dans ce cadre - socialisation d'un secteur
industriel particulier en dehors de la révolution globale de l'économie
et de la société que prône l'UCL - nos idées peuvent rejoindre celles de
Bernard Friot, «La cotisation, levier d'émancipation», Le Monde
diplomatique, février 2012.
[9]On pense ici aux métiers parasites comme celui de représentant médical.
[10]C'est par exemple l'approvisionnement insuffisant en réactifs qui
limite aujourd'hui la production de tests de dépistage. «Les "réactifs"
au coeur du manque de tests», Libération, 29 mars 2020.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Industrie-pharmaceutique-comment-on-peut-la-socialiser
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