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(fr) Alternative Libertaire #305 (UCL) - Hôpital de Montreuil (93): Sur le front, pénurie et système D
Date
Wed, 13 May 2020 19:53:39 +0100
Manque de lit et de soignantes? Il faut évidemment un plan d'urgence
pour l'hôpital public. Manque de matériel? C'est la faute à un système
productif éclaté, échappant totalement au contrôle de la population.
Désorganisation de l'offre de soin entre public et privé? Il faut un
système unique, dans le cadre de la socialisation du système de santé.
Illustration à l'hôpital intercommunal de Montreuil. ---- «Dès le 26
mars, quelques jours à peine après mon arrivée, je consultais non plus
dans les locaux, mais dans un barnum installé dans la cour», nous dit
Noémie, interne en médecine générale à l'hôpital, arrivée au centre
hospitalier intercommunal André-Grégoire de Montreuil (93) le 22mars
comme volontaire. La «tente», comme l'appellent les personnels de
l'hôpital, a été aimablement mise à disposition par des forains
installés dans les environs, en défaut d'activité dans la période. ----
Des 392 lits d'hospitalisation, 170 sont utilisés, au pic de l'épidémie,
par des «patients Covid». Des services entiers, vidés de leurs patients
habituels, sont réorganisés pour pouvoir les accueillir. Un matin,
Noémie croise des personnels ouvriers. Pour changer des prises
électriques? Non, pour poser des sorties d'oxygènes, pour que des
patients puissent être installés dans le couloir. Le rôle de Noémie et
Laura (étudiante infirmière en 3e année, elle aussi arrivée volontaire)
est simple: suite à un diagnostic, hospitaliser les patients ou les
renvoyer chez eux. «Sur 30 personnes, on en renvoyait 25, dont 5 pour
lesquelles nous étions vraiment inquiètes», nous dit Noémie. «Par
exemple, faute de lits libres, j'ai renvoyé chez elle une femme enceinte
de six mois, qui avait fait huit jours de fièvre. Ou alors une dame de
83 ans à l'état général très inquiétant. Très stressée, je les ai
rappelées plusieurs fois par la suite». Au pic de l'épidémie, la réponse
est toujours la même: on n'intube pas les patients de plus de 70ans,
sujet à des maladies chroniques.
L'hôpital André-Grégoire est un hôpital particulièrement endetté, et
dépendant depuis 2012 de contrats successifs passés avec l'ARS, contrats
sous conditions: mutations permanentes, précarisation, fermetures de
lit. On estime que près de 40lits, c'est-à-dire près de 10% de la
capacité d'accueil en hospitalisation, ont été supprimés depuis 2012. Ce
sont ces mêmes lits qui auraient pu permettre, par exemple, d'éviter à
des «patients Covid» dans des états grave d'être renvoyés chez eux, ou à
des patients hospitalisés d'être installés sur des brancards dans les
couloirs. On n'oubliera pas, on ne pardonnera pas. «À mon arrivée à
l'hôpital, les masques FFP2 étaient déjà arrivés, après une absence
quasi-totale durant les premières semaines», explique Laura. «C'est la
cadre de santé qui a les masques sous clé, dans une armoire, et qui fait
les distributions. Mais c'est toujours sous tension. J'ai l'impression
que c'est la principale source de stress et de discussion entre
soignantes et soignants. Moi, la peur d'attraper le Covid m'empêche de
dormir la nuit, comme beaucoup je pense.»
La débrouille devient la règle. Normalement, les blouses sont à usage
unique, jetées à midi, mais il a été décidé de les garder toute la
journée. Puis de les laver au lieu de les jeter, ce qui les a bien sur
détruites. Depuis début avril, Noémie et Laura ont des blouses, mais
toujours une seule par jour, et au prix d'un arrangement édifiant: il
s'agit, comme dans différents hôpitaux, d'un don fait par la marque de
luxe française Chanel. Cela montre plusieurs choses: d'une part, il est
possible que l'industrie textile en France (ou ce qu'il en reste)
produise du matériel nécessaire en temps de crise.
Manque de moyens dans l'hôpital public
D'autre part, il n'y a aucune volonté politique pour l'obliger à le
faire, et on attend pour cela un geste de charité, en l'occurrence de la
part d'une entreprise dont le chiffre d'affaire s'élève à 10 milliards
d'euros par an. Enfin, notre réponse en tant que communistes
libertaires: il est urgent de réquisitionner l'industrie pour produire
les protections indispensables pour les soignants et la population.
Ailleurs, notamment à Saint-Denis, des enseignantes et enseigants sont
allés chercher du matériel dans leurs établissements pour les apporter
dans l'hôpital de leur ville. Ces initiatives de solidarité sont à
l'initiative d'un appel commun entre SUD santé-sociaux et SUD éducation.
Au-delà de pointer du doigt le manque de moyens, cela esquisse une
fonction historique du mouvement syndical en temps de crise: prendre les
biens vitaux là où ils se trouvent, et organiser la solidarité sans
attendre les patrons et l'État.
Ce ne sont pas seulement les protections indispensables contre le Covid
qui manquent à l'hôpital André-Grégoire. Noémie nous raconte. «Un matin,
un homme arrive à pied dans la tente. L'état est très inquiétant. Il est
transféré au déchoc (box d'urgence pour les soins vitaux) et rapidement
mis sous respirateur. Mais le respirateur ne marche pas. Ensuite, le
patient fait une chute de tension du fait d'une réaction à l'anesthésie,
et le réanimateur demande de l'éphédrine. Pas d'éphédrine. On se rabat
sur un autre médicament. Globalement on est en situation de pénurie.»
L'attention de l'opinion publique est focalisée, à juste titre, sur les
protections type masques FFP2.
Les failles de l'existence d'un système de santé privé
Cela dit, ce que nous montre cette crise est plus grave: c'est en
réalité l'ensemble de notre système productif qui n'est pas adapté à une
crise de cette nature: pour un simple respirateur, la chaîne de
production est d'une complexité, et d'une dépendance aux flux mondiaux
de marchandises et de capitaux tellement importante que sa production
même est impossible. C'est pour cette raison que la relocalisation
industrielle à proximité est un enjeu vital pour notre société. Que
faire des patients qui ne peuvent pas être hospitalisés sur place?
Noémie raconte: «Tous les matins, un bilan est fait sur le nombre de
places.»
Au pic de l'épidémie, les médecins sont clairement tout le temps au
téléphone à essayer de placer ou transférer les malades. Par exemple à
la clinique Floréal à Bagnolet, à l'hôpital privé Paul-d'Éjine à
Champigny, à l'hôpital privé de l'Est parisien.» Le problème est que
dans les premières semaines de l'épidémie, ces structures rechignaient à
prendre les malades, et restaient vides de patientes et patients
atteints du Covid. Et l'on sait que ce retard à l'allumage est
catastrophique pour la gestion d'une telle épidémie.
Face à cette situation, la seule solution raisonnable est la mise en
place d'un système de santé unifié, placé en dehors des lois du marché,
placé sous le contrôle des salarié·es, usagères et usagers, suffisamment
cohérent pour absorber ce type de choc. C'est ce qu'à l'Union communiste
libertaire nous appelons socialisation.
Jules (UCL Montreuil)
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Hopital-de-Montreuil-93-Sur-le-front-penurie-et-systeme-D
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