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(fr) Socialisme Libertaire - LE RÉFORMISME EST L'ALLIE DU CAPITALISME
Date
Sat, 9 May 2020 19:43:23 +0100
Article extrait de "Combat Syndicaliste", bimestriel de la Confédération
Nationale du Travail, Section de l'Association Internationale des
Travailleurs - N° 67 de mars - avril 2001. ---- Le 21ème congrès de
l'Association Internationale des Travailleurs s'est tenu à Madrid en
décembre 2000. Un des membres de la délégation de la CNT-AIT, section
française, livre ci-dessous, un aperçu des travaux. ---- « Les échanges,
tactiques, théoriques, doctrinaux furent riches et variés. Mais aucun
principe n'a de valeur sans sa pratique. Nos structures ne peuvent
exister sans la logistique gratuite fournie par la militance et rien ne
peut se faire sans l'action discrète et généreuse des militants. Nous
savons le travail, l'énergie nécessaire à la vie de nos structures. Nos
adversaires s'étonnent qu'avec peu de moyens financiers nous soyons
capables de produire autant. C'est qu'ils ignorent le bénévolat,
habitués qu'ils sont à payer ce type d'activité. Permanents,
subventions, salariés introduisent des rapports d'argent et non des
rapports militants. Les partis, syndicats, associations de ce type
ressemblent plus à des entreprises, des prestataires de services, qui
nécessitent beaucoup d'argent pour peu d'efficacité. ---- Un congrès de
l'AIT serait très coûteux si l'AIT, abandonnant son éthique, évoluait
vers les subventions, les permanents, etc. Combien de militants et
militantes comme chacun de ceux qui y ont participé feraient des
milliers de kilomètres et passeraient des jours gratis pour un congrès?
Combien seraient volontaires pour les activités: tracts, banderoles,
permanences, délégations, prises de notes, manifestations, vie des
journaux, entretien des locaux, etc.? Les partis et syndicats dits de
gauche ont pactisé avec le patronat, l'Etat, de multiples organismes
pour obtenir les finances rétribuant leur bureaucratie. Perdant toute
indépendance vis-à-vis de la bourgeoisie, ils sont en difficulté pour
convaincre leur base qui se rétrécit, de produire de la gratuité. Ce qui
accélère leur institutionnalisation.
Une autre satisfaction que permettent les congrès, c'est la rencontre
directe et personnelle des compagnons. Ces contacts sont importants
humainement, face à nos réalités existentielles, nos espoirs et
désespoirs, nos dégoûts et enthousiasmes, nos rêves et réalités avec
toutes les problématiques de la vie que nous appréhendons avec notre
éthique.
La fatigue, le temps, le barrage de l'idiome compliquent le dialogue de
regrets, car on aurait voulu pouvoir échanger davantage avec les autres
que l'on croise.
Reste un regard, un geste, un sourire, une attitude qui confirment
l'appartenance à cette même humanité et cela réconforte. Notre chemin
est difficile mais c'est celui de l'honnêteté, de la clarté, du courage,
et de l'anarcho-syndicalisme. Mais peut-on réellement utiliser autre
chose dans la lutte anti-capitaliste?
Les faits sont irréfutables: la gauche et la droite sont coalisées pour
exploiter, elles ont la haine de l'égalité. Nous, nous sommes de cette
humanité qui ne se tait, ne se soumet, n'exploite, n'humilie pas. Nous
avons notre rêve de liberté, d'égalité, de fraternité. Pour cela, on
nous a réprimés, calomniés, diffamés, licenciés, emprisonnés, torturés,
exilés... pour que nos idées ne deviennent pas celles de tous les
opprimés. Notre tâche est dure, nous ne nions pas les difficultés de
l'entreprise. Mais que ce soit pour s'en effrayer ou pour s'en réjouir,
beaucoup constatent le retour, le maintien ou la résurgence de
l'anarcho-syndicalisme, certains tentent même de manipuler ses idées-forces.
Pendant ce congrès de l'AIT, je nous sentais lucides, tranquilles,
déterminés, et cela se sent partout dans le monde où nous sommes présents.
Un congrès comme celui de l'AIT se caractérise par un foisonnement
d'idées et d'expériences de femmes et d'hommes venus de tous les coins
du monde. Une bonne part des échanges, formels ou informels, a été
consacrés à l'analyse du système. Voici un résumé de ce qui s'y est dit.
L'économie se fait sur le mode capitaliste à dominante fordiste. L'Homme
est réduit à une marchandise (la force de travail) qui se loue et se
rétribue sous forme de salaire (salariat). Pour produire des objets,
biens ou services qui s'échangent par la vente (marchandise) selon
l'offre et la demande (économie de marché). L'objectif étant de dégager
des profits, ou plus-values, pour permettre les revenus des
propriétaires des structures économiques (patrons, actionnaires). Pour
maintenir ou augmenter les parts de marché et la plus-value, les
capitalistes utilisent principalement les méthodes suivantes. La fusion
des structures économiques dans des ensembles plus vastes, pour réduire
les coûts d'exploitation, licencier, etc. La réduction de la masse
salariale, constituée par l'ensemble des salaires versés et des
prélèvements obligatoires. La réduction de la pression fiscale, y
compris sur les salaires, ce qui induit une baisse du salaire indirect,
donc des aides sociales. La réduction de la qualité des produits et
marchandises qu'il faut changer souvent, quand ils ne sont pas tout
simplement dangereux ou nocifs. L'augmentation du travail produit par
les salariés c'est-à-dire de la charge de travail. La mise en
concurrence des salariés par la délocalisation, la précarité, la
flexibilité, le chômage, dont la crainte limite les revendications
salariales. Résultat: dégradation des conditions de revenu, de la santé
physique et psychologique de beaucoup de personnes, croissance des
inégalités sociales, sans parler des guerres et violences. Pourtant le
rapport PIB/nombre d'habitants en dit long sur les revenus disponibles
par personne.
Au niveau idéologique, le système développe un individualisme associé au
grégarisme, les théories de l'innéisme des compétences, de la
sociobiologie et du darwinisme social. Sur le plan social, c'est la
prédominance de l'individualisme, des inégalités, de l'utilitarisme, du
système pyramidal et hiérarchique, de la réification de la personne par
les rapports marchands, du consumérisme et mercantilisme, de la
privatisation du patrimoine collectif et de la croissance de la
propriété privée, et bien sûr de la division de la société en classes[1].
Au niveau politique, toute société humaine est culturelle: elle se gère,
s'administre selon certains critères environnementaux, idéologiques...
Le mode d'organisation politique, le type de structure, le régime,
l'ensemble du système socio-économique; l'un s'explique par l'autre. Ils
sont imbriqués, s'auto-structurent, sont concomitants. L'idéologie
générale d'une société se vérifie dans son idéologie politique; celle de
nos sociétés, c'est l'étatisme. Ce n'est pas un hasard, toute société
inégalitaire (esclavage, salariat) doit réprimer, mater, domestiquer les
conflits sociaux. L'Etat est apparu comme le meilleur outil pour cet
usage, capable d'unir les oppresseurs par delà leurs divisions pour
faire perdurer leur pouvoir. Quelle que soit son histoire et ses
prérogatives, l'Etat moderne se présente comme l'incarnation de
l'intérêt général, de la chose publique. Il est la source du droit, des
lois, de la coercition, des guerres. Il est agent économique (fiscalité,
monnaie), voire propriétaire (étatisation, nationalisation), agent de
vecteur idéologique (éducation, code civil), administrateur (fonction
publique).
Son fondement est la communauté (peuple, nation, cité); il est régalien.
Suivant les nécessités et les rapports de force, son régime sera
parlementaire, dictatorial, ou oligarchique. On voit l'intérêt pour une
couche sociale à vocation oppressive de créer, développer,
instrumentaliser l'Etat.
Nos sociétés sont bien la résultante d'un mode économique (le
capitalisme), d'un mode d'organisation politique (l'étatisme), d'un mode
de pensée (les idéologies inégalitaires). La fusion des systèmes
(politique, de production et idéologique) a abouti à une société globale
que l'on peut définir comme bourgeoise et capitaliste.
En matière de choix et tactique politique, l'opprimé peut choisir de
détruire le système, du dehors ou bien du dedans, de le faire évoluer ou
de le réformer. Le mouvement prolétarien s'est divisé sur la question de
l'Etat. D'un côté, ceux ne voulant que limiter les effets des inégalités
et ceux qui pensent que l'Etat peut réaliser l'égalité, de l'autre, ceux
qui veulent détruire immédiatement l'Etat pour établir le communisme
libre. Une fraction dite éclairée et moderniste de la bourgeoisie, a
compris que le réformisme, par son rôle idéologiquement intégrateur et
pacificateur, permettait de maintenir facilement le système. Voyons
comment cela se passe.
1 - Par le suffrage universel ou catégoriel, l'élection des
représentants dans les structures politiques, voire sociales et
économiques, la bourgeoisie fait sanctifier l'exploitation par
l'élection et se disculpe de son oppression. La loi étant sensée venir
du peuple, toute critique devient anti-démocratique, voire dirigée
contre le peuple, et on pourra réprimer en toute bonne conscience.
2 - Les réformistes, pour être éligibles, ne doivent pas enfreindre le
cadre légal et constitutionnel forgé par la bourgeoisie (prémices de la
pacification et de l'intégration au cadre légal). La bourgeoisie lâchera
quelques menus avantages aux élus, pour séduire l'électeur, et créditer
la tactique réformiste (début de la collaboration et du partenariat).
3 - Les réformistes doivent défendre le parlementarisme et l'Etat.
L'Etat, selon eux, serait neutre ou arbitre, donc juste, ou bien encore
et tout au contraire, utile pour faire du social, redistribuer les
richesses. Il pourrait même être progressiste et il deviendrait alors
l'Etat prolétarien contrôlé par les travailleurs. L'impasse est faite
sur l'origine et la fonction de l'Etat comme outil d'oppression. Dans
nos démocraties, les prolétaires peuvent-ils constituer une majorité
électorale, vues les couches sociales intermédiaires dites classes
moyennes, les divergences entretenues par le corporatisme et les
diverses tendances du réformisme?
4 - Les salariés, quand ils croient au parlementarisme, s'écartent des
révolutionnaires en fondant leur espoir sur la prochaine élection.
Pendant ce temps, ils restent corvéables, exploitables et divisés.
5 - Les organisations politico-syndicales de gauche, pour obtenir le
plus de voix et d'élus, combattent les révolutionnaires et les
anti-parlementaristes. La bourgeoisie est heureuse que l'attaque contre
le radicalisme des salariés vienne des structures de gauche, ce qui
accélère les divisions des travailleurs.
6 - La bourgeoisie va accroître les moyens et les pouvoirs des
réformistes: subventions, heures de détachement ou heures syndicales,
locaux, indemnités de fonctionnement et de formation, remboursements
très généreux de frais de toutes sortes, etc. En fondant l'attribution
des moyens sur la représentativité électorale, on élimine toute
organisation anti-parlementaire, voire celle favorables aux élections
mais trop petites. On les prive des moyens logistiques et de certains
droits légaux, voire on peut nier leur existence. Bref, les grosses
structures se renforcent, et combattent encore plus violemment toute
critique et pratique anti-électorale.
7 - Le lobby réformiste est puissant, représenté par les syndicats
institutionnels dans les lieux de travail et les structures qui en
découlent. Il conforte son influence par les partis, dans les parlements
ou structures équivalentes (locales, régionales, internationales). Il
gouverne, gère ou cogère l'Etat, ses administrations et institutions,
ainsi que de nombreuses caisses sociales (retraites, santé, aides
sociales, chômage, mutuelles, etc.).
8 - Les réformistes recrutent pour leurs objectifs du personnel formé
dans les écoles de la bourgeoisie. Ces individus recherchent argent et
pouvoir, et concourent à embourgeoiser les structures réformistes, et à
les intégrer au système social et politique adéquat. Sociologiquement,
la croissance des élus, permanents, ... bureaucratise les structures qui
se juxtaposent à la réalité sociale (dirigeants, cadres, subalternes).
Les adhérents se taisent ou se désaffilient, n'ayant aucun poids face
aux dirigeants. Ils servent de main d'oeuvre gratuite.
9 - La corruption sévit: détournements des protections juridiques, des
heures de délégations, dérogations, favoritisme, avantages,
passe-droits; chacun négocie son pouvoir pour ses intérêts personnels.
10 - Les ressources des partis et syndicats institutionnels proviennent
majoritairement des finances publiques, les cotisations étant
résiduelles. Résultat, les personnels de ces institutions sont des
quasi-fonctionnaires. Elles-mêmes sont devenues, comme l'écrivait
Althusser, des appareils idéologiques de l'Etat qui vendent du rêve, de
l'espoir, prodiguent des grands principes humanistes pour séduire les
électeurs, mais qui ont fonction d'encadrer, domestiquer, discipliner
pour réprimer le prolétariat. Ce sont des outils efficaces car plus ils
sont puissants, plus les inégalités se maintiennent ou croissent, plus
l'oppression est subtile.
11 - Mais, si par le plus grand des hasards, par un accident de
l'histoire, le réformisme et le cadre pseudo-démocratique du
parlementarisme, devenaient une gêne, voire une menace, la bourgeoisie,
fidèle à ce qu'elle est, ferait un coup d'Etat, établirait la dictature,
le temps de liquider les subversifs, de mater les agités, avant de
permettre le retour de la pseudo-démocratie.
A l'inverse de ces pratiques réformistes plus ou moins voilées,
l'abstention électorale, la défiance, la critique du système
pseudo-démocratique ouvrent un espace critique. La lutte contre la
dictature et la pseudo-démocratie nécessite une tactique, une stratégie,
une doctrine. Le corpus théorique de l'anarcho-syndicalisme y répond. Il
doit être vulgarisé, développé pour répondre à ces exigences. J'en
rappelle très brièvement pour finir quelques éléments: action directe,
anti-parlementarisme, rejet du corporatisme et du nationalisme,
fédéralisme, économie planifiée, communisme libertaire, égalité
économique et sociale, rejet des structures hiérarchisées et
bureaucratiques, etc. Pour cela, nous devons continuer à refuser de nous
intégrer au système, de nous embourgeoiser, de contribuer à
l'exploitation. Que chacun réfléchisse à tout cela.
Syndicat Intercorporatif de Toulouse de la CNT-AIT
Notes:
[1]Le fait qu'un prolétaire détienne quelques actions ne change rien à
sa condition; comme salarié, il ne peut décider ni changer l'ordre des
choses. Cet actionnariat, c'est du salariat maquillé par les patrons. La
bourgeoisie par contre ne se limite pas pour moi aux seuls propriétaires
des structures économiques, mais incorpore les cadres dirigeants, les
hauts fonctionnaires, les élus, les financiers, les bureaucrates,
c'est-à-dire tous ceux qui tirent avantage en pérennisant le système
social inégalitaire et capitaliste. »
SOURCE: Bibliothèque Libertaire
http://www.socialisme-libertaire.fr/2020/05/le-reformisme-est-l-allie-du-capitalisme.html
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