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(fr) Alternative Libertaire #298 (UCL) - FLN-MNA: une guerre fratricide dans la guerre d’Algérie
Date
Mon, 21 Oct 2019 18:44:25 +0100
Le 17 septembre 1959, un groupe armé du Front de libération nationale
(FLN) tente d’assassiner Messali Hadj, le vieux dirigeant algérien à
Gouvieux (Oise). Cet attentat manqué contre le pionnier de la cause
indépendantiste algérienne constitue un épisode marquant de la
compétition violente que se livraient les organisations nationalistes
qui prétendaient représenter le peuple algérien en lutte contre le
colonialisme français. Disqualifié politiquement, éliminé physiquement,
le Mouvement national algérien (MNA) de Messli Hadj fut ensuite effacé
de la mémoire algérienne. ---- « C’est la première fois qu’un attentat
est commis contre moi. Dans une lutte révolutionnaire, en pleine
insurrection, c’est une chose qui arrive plus vite que les rentes.
Autrefois on luttait sur des tribunes publiques, dans des réunions
contradictoires. Maintenant c’est un autre exercice. Je resterai au
manoir de Toutevoie. Ici, comme ailleurs, le combat continuera. » ----
Une époque violente ---- À travers cette déclaration parue dans Le
Figaro au lendemain de l’attaque, Messali souligne le contraste entre
les premiers temps de la cause anticolonialiste, matérialisée par la
création de Etoile nord-Africaine (ENA), en 1926, dans le giron de
l’Internationale communiste, et le contexte inauguré par le
déclenchement de la lutte armée par le FLN, le 1 er novembre 1954. Le
militant natif de Tlemcen, chassé par la pauvreté, avait émigré dans sa
jeunesse dans la capitale de l’empire français avant d’incarner, pendant
trois décennies, la cause qu’il portait en raison de sa persévérance et
des persécutions infligées par les gouvernements, de droite comme de
gauche. Son prestige avait toutefois été remis en cause lors de la
scission de son parti, le Mouvement pour le triomphe des libertés
démocratiques (MTLD), à l’été 1954, et plus encore par son refus de
rejoindre une organisation constituée à ses dépens: le Front de
libération nationale (FLN).
Celui-ci avait pour objectif déclaré « la restauration de l’Etat
algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes
islamiques », tout en revendiquant le monopole de la représentation du
peuple algérien en lutte contre le colonialisme français. Le recours à
la violence physique pour renverser le statu quo colonial – qui devint
inéluctable aux yeux des jeunes Algériens traumatisés par les massacres
de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945 – conjugué à la répression
féroce de l’Etat français – avec son lot d’arrestations, de tortures, de
viols, d’exécutions sommaires ou de destructions massives – contribua à
mettre brutalement un terme à une période caractérisée par la lente
cristallisation de courants politiques concurrents, sans jamais être
véritablement pacifique. D’autres, à l’instar du Mouvement libertaire
nord-africain (MLNA), organisation-sœur de la Fédération communiste
libertaire (FCL), eurent une intervention bien trop confidentielle, sans
implantation parmi les ouvriers et paysans d’Algérie, pour peser sur le
cours des événements qui renforcèrent la prééminence des tendances
autoritaires, populistes ou militaristes pour les décennies à venir.
La rivalité avec le FLN
« On ne peut incriminer le FLN. L’attentat est l’œuvre d’une fraction
dissidente activiste, probablement celle qui est responsable du meurtre
du sénateur constantinois Benhabylès à Vichy. » Cette confidence de
l’entourage de Messali au quotidien populaire France-Soir, peu après
l’attentat, faisait référence à l’assassinat, en août 1959, du notable
Chérif Benhabylès, ami de Ferhat Abbas, alors président du Gouvernement
provisoire de la République algérienne (GPRA) et qui avait pris position
contre l’« intégration » et la « pacification ». Pourtant, selon
certains dirigeants « frontistes » (c’est-à-dire du FLN), l’élimination
du sénateur bientôt septuagénaire paraissait nécessaire afin d’inciter
la bourgeoisie autochtone à s’éloigner de la « troisième force » qui
tentait d’émerger entre les partisans de l’Algérie française et ceux
d’une indépendance sous l’égide du FLN. Or, cette dernière organisation
ne fut pas clairement désignée par les messalistes après l’attaque subie
par leur chef historique. Quelques jours plus tard, celui-ci laissa
entendre au Monde que les « durs » du FLN pouvaient avoir « fait le coup
» même s’il valait mieux « attendre la fin de l’enquête » pour se
prononcer. Cette réserve publique des milieux MNA ne se comprenait qu’à
l’aune des tentatives, tardives et vaines, de faire cesser les « luttes
fratricides » ainsi qu’y invitait Messali dans un nouvel appel lancé le
11 juin 1959. Ce texte exhortait à « tout tenter pour mettre fin aux
luttes sanglantes qui déchirent les Algériens entre eux et éloignent
d’une cause profondément juste un grand nombre de travailleurs et de
démocrates français. »
L’adresse messalienne fut largement ignoré par les anticolonialistes de
France à l’exception des intellectuels, artistes et syndicalistes
regroupés autour de l’ancien résistant Jean Cassou ou d’une revue comme
La Révolution prolétarienne. Les libertaires ou trotskistes qui
s’étaient engagés au début du conflit aux côtés du MNA, parfois de façon
inconditionnelle, avaient subi de plein fouet la répression et pris
leurs distances avec le parti messaliste en raison de sa rapide perte
d’influence ou de positionnements pour le moins discutables de sa direction.
Au-delà de ces milieux, les éléments les plus résolus dans le soutien à
la cause de l’indépendance s’étaient parfois mis au service d’un FLN
devenu hégémonique, sans critiquer son programme étatiste ou ses
méthodes antidémocratiques, tout en s’illusionnant sur les potentialités
révolutionnaires du combat anti-impérialiste. Surtout lorsqu’il est
dirigé par un parti-Etat refusant l’expression libre des antagonismes
sociaux au nom d’une conception unanimiste.
Dans un communiqué daté du 20 septembre 1959, la fédération de France du
FLN, refusa sans surprise d’endosser la responsabilité de l’attentat
contre Messali dans une langue propre aux bureaucrates de tous les pays:
« cette “fusillade” ne peut être qu’une provocation, une mise en scène
ou un règlement de compte intérieur entre les derniers disciples du
“prophète de Chantilly” ».
L’heure des négociations
L’attaque contre le chef du MNA est survenue au lendemain du discours de
Charles de Gaulle précisant sa politique algérienne et au cours duquel
le président de la Ve République française, revenu au pouvoir pour
régler la question coloniale, a proposé le triptyque: sécession,
francisation ou fédération. Lors d’une conférence de presse tenue quatre
jours après l’attentat, le 21 septembre, au manoir de Toutevoie, Messali
déclare, avec une certaine satisfaction, « avoir pris acte du droit à
l’auto-détermination proclamée par le chef de l’Etat français », tout
en formulant des réserves sur le délai de quatre années évoqué par de
Gaulle ainsi que sur les modalités de consultation de la population.
Un document produit par la direction messaliste développera davantage
les critiques du plan gaullien en soulignant l’exigence d’intégrité du
territoire algérien, incluant donc le Sahara, ou en refusant avec
fermeté une conception fédérale de la nation, en usant d’une rhétorique
islamo-jacobine: « nous ne pouvons tolérer cette division des Algériens
musulmans en communauté arabe, kabyle et mozabite, choses contraires aux
principes islamiques, à l’unité nationale et à l’intérêt commun. »
L’heure semblait alors propice aux négociations auxquelles le MNA se
préparait en posant ses conditions, malgré son isolement en Algérie et
la perte de son bastion dans l’émigration ouvrière au profit du FLN
depuis 1957. Cette année 1957 avait été particulièrement cruelle pour le
MNA.
En France, des cadres de l’Union des syndicats des travailleurs
algériens (USTA), messalistes, avaient été assassinés par le FLN. En
Algérie, en mai, des katibas du FLN avaient massacré 350 villageois de
Melouza Beni-Illemane, accusés d’être messalistes. Quelques mois plus
tard, Mohamed Bellounis, chef d’un maquis du MNA, avait annoncé
combattre désormais le FLN au côté de l’armée française. Un retournement
catastrophique pour l’image du MNA, alors que le FLN parviendra
longtemps à nier sa responsabilité dans le massacre de Melouza.
En mars 1959, Vérités pour, un bulletin clandestin éditée par Francis
Jeanson, fervent soutien du FLN, avait estimé que Messali n’était plus
en position d’être un « interlocuteur réel » et que ses déclarations,
relayées notamment par la presse gaulliste, avaient pour seul but de «
maintenir le mythe d’une diversité de tendances au sein du nationalisme
algérien ». Ainsi, cette publication dénonçait, dans l’action du MNA, «
une manœuvre confusionniste accomplie par des Français en direction de
l’opinion française ».
Il fallut pourtant attendre encore près de deux années pour que la
direction du MNA, au grand dam de son aile la plus opportuniste, refuse
de s’associer plus longtemps aux manœuvres du gouvernement français qui
cherchait à retarder les négociations en prenant prétexte de son
existence pourtant précaire. Ce faisant, Messali et ses derniers
fidèles, prenaient acte de leur indiscutable recul. Totalement dépassés
par le FLN, ils n’avaient plus les moyens de défendre la moindre
politique indépendante. Leur espace politique était d’autant plus étroit
que la divergence idéologique FLN-MNA n’était toujours évidente. La
direction du MNA avaient la même matrice idéologique que de nombreux
cadres du FLN influencés par les idées de la renaissance arabe, le
républicanisme jacobin et un certain rapport au léninisme.
Le 17 septembre 1959, le commando du FLN échoua donc à liquider
définitivement Messali et son MNA moribond. Mais la répression, les
défections et les errements des dirigeants nationalistes, toutes
tendances confondues, furent autrement dévastateurs pour les populations
laborieuses d’Algérie et de France, en raison de l’absence d’un courant
anti-autoritaire favorable à l’auto-organisation des masses en lutte
contre toutes les formes d’oppression et défendant une conception
intransigeante de l’internationalisme.
Par Nedjib Sidi Moussa*
• Auteur d’Algérie, une autre histoire de l’indépendance. Trajectoires
révolutionnaires des partisans de Messali Hadj, PUF, 2019. Il a aussi
rassemblé et présenté les textes de l’ouvrage Internationale
situationniste, Adresse aux révolutionnaires d’Algérie et de tous les
pays (et autres textes), Libertalia, 2019.
CHRONOLOGIE
Du pionnier au leader déchu
20 juin 1926: Création à Paris de l’Etoile nord-africaine (ENA),
première organisation indépendantiste algérienne, dirigée par Messali
Hadj et liée au Parti communiste.
26 janvier 1937: Dissolution de l’ENA par le Front populaire.
11 mars 1937: Les militants de l’ENA dissoute créent le Parti du peuple
algérien (PPA).
1946: Le PPA se transforme en Mouvement pour le triomphe des libertés
démocratiques (MTLD).
14 juillet 1954: Congrès du MTLD à Hornu (Belgique). Le parti est divisé
entre « messalistes », « centralistes » et « activistes ». Ces derniers
s’apprêtent à fonder le FLN pour passer à la lutte armée.
1er novembre 1954: Actions armées déclenchées par le FLN en Algérie.
8 novembre 1954: Dissolution du MTLD par l’État français. Celui-ci se
refonde sous le nom de Mouvement national algérien (MNA).
24 mars 1956: Le gouvernement français place Messali Hadj en résidence
surveillée à Belle-Île-en-Mer.
13 août 1956: Congrès de la Soummam du FLN.
29 mai 1957: Des katibas du FLN massacrent 315 villageois messalistes à
Melouza-Beni Illemane.
1er septembre 1957: Appel de Messali Hadj contre les luttes fratricides.
24 novembre 1957: Mort à Paris d’Embarek Filali, cofondateur du PPA,
suite à un attentat.
4 décembre 1957: Le chef maquisard du MNA Mohammed Bellounis annonce
combattre le FLN aux côtés de la France.
14 juillet 1958: Mohammed Bellounis est exécuté par l’armée française.
15 janvier 1959: Messali Hadj, autorisé à quitter Belle-Île-en-Mer,
s’installe à Gouvieux.
11 juin 1959: Messali Hadj lance un nouvel appel contre les violences
fratricides.
17 septembre 1959: Attentat manqué contre Messali Hadj.
22 octobre 1959: Assassinat à Cologne d’Ahmed Nesbah, dirigeant MNA
rallié au FLN.
5 juillet 1962: Proclamation de l’indépendance de l’Algérie.
3 juin 1974: Mort de Messali Hadj, resté en exil en France après
l’indépendance. L’Etat-FLN entretiendra longtemps un tabou autour de sa
mémoire.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?FLN-MNA-une-guerre-fratricide-dans-la-guerre-d-Algerie
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