A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe
First few lines of all posts of last 24 hours ||
of past 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019
Syndication Of A-Infos - including
RDF | How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
{Info on A-Infos}
(fr) CNT-AIT - André Bösiger (1913 - 2005): rebelle pour la vie!
Date
Sun, 20 Oct 2019 21:46:14 +0100
Dans une Suisse que l'on se plaît à voir paisible, l'existence d'André
Bosiger fait figure d'exception. Après une enfance et une adolescence
jurassiennes, toutes faites de résistance à un milieu hostile et
étouffant, l'itinéraire de cet homme libre croisera les luttes des
travailleurs, la Ligue d'Action du Bâtiment (LAB-FOBB) - dont il sera
l'un des principaux acteurs -, puis les évènements du 9 novembre 1932 à
Genève, qui l'amèneront à se révolter contre toutes les injustices et à
découvrir peu à peu un idéal libertaire de solidarité. Réfractaire, il
passera deux années en prison, s'engagera ensuite dans la Révolution
Espagnole, dans la Résistance Française, avant de rejoindre la lutte des
Algériens, celle des anti-franquistes de l'après-guerre, tout en
assurant, au travers de mille difficultés, la vie matérielle des siens.
---- André ne défilera pas ce premier mai 2005 à Genève, comme il l'a
fait pendant tant d'années, il est mort le 13 avril. ---- On a pu lire
dans Le Courrier[de Genève]du 26 avril que André Bösiger représentait "
le vénérable ancêtre " du mouvement anarchiste... genevois? suisse?
international? Soyons sérieux: pour qui l'a entendu évoquer, avec un
copain de sa génération, les " vieux " anarchistes de Genève qu'ils
avaient rejoints alors qu'ils étaient de jeunes ouvriers, André n'a
jamais été un " vénérable ", ni un ancêtre. Mais un copain qui a eu la
chance de vivre et de rester lucide longtemps et aussi le mérite de
garder la maison, lorsque que d'autres l'avaient désertée. ---- André
Bösiger a raconté, dans un livre souvenir*, les principales étapes de
son engagement libertaire. Nous n'en évoquerons ici que les éléments qui
nous ont semblé les plus marquants. ---- Ayant quitté son Jura natal, il
rejoint en 1929, à l'âge de 16 ans, la Ligue d'Action du Bâtiment. Bras
anarcho-syndicaliste du syndicat FOBB, la LAB pratiquait l'action
directe sur les chantiers pour faire respecter les conventions
collectives, empêcher les heures supplémentaires et le travail du
samedi. Elle luttait aussi contre les expulsions et saisies dont étaient
victimes les chômeurs qui ne pouvaient payer leur loyer.
Athée, allergique à l'autorité, c'est en toute logique que André Bösiger
rejoint, à la même époque, le groupe anarchiste genevois. Si on en croit
son témoignage, ce groupe, qui réunissait entre 20 et 50 personnes
chaque semaine, était alors constitué d'une majorité de militants d'âge
moyen, parmi lesquels beaucoup d'ouvriers italiens ayant fui le
fascisme. Et sa principale activité était " la pratique syndicaliste,
surtout dans le bâtiment "!
Lors du massacre perpétré par l'armée suisse contre la manifestation
antifasciste du 9 novembre 1932, André voit Melchior Allemann, son
meilleurs ami, debout à ses côtés s'effondrer d'une balle dans la tête.
Mobilisé peu après, il refuse bien sur de servir. Son insoumission lui
vaudra près de deux ans de prison.
A sa sortie du pénitencier, au début de l'année 1937, il veut s'engager
au coté des anarchistes espagnols pour se battre contre l'armée
franquiste. Mais son ami Louis Bertoni - rédacteur du Réveil anarchiste
- l'en dissuade en lui disant " Là-bas, il y a trois hommes qui
attendent qu'un autre tombe, pour ramasser son fusil (...) ici tu es
bien plus utile ". André se chargera donc de faire transiter par la
France des armes pour la CNT-AIT et la FAI... Par la suite, il
continuera d'aider le mouvement libertaire espagnol, n'hésitant pas,
pour cela, à se rendre dans l'Espagne franquiste à de nombreuses reprises.
André n'était pas un anarchiste dogmatique et les choix de ses combats
furent guidés par le bon sens et le libre arbitre bien plus que par des
idées préconçues. Ainsi, il aida la résistance française durant la
seconde guerre mondiale, puis la résistance algérienne, faisant passer
la frontière suisse à de nombreux indépendantistes algériens et à des
insoumis français. Il disait souvent: "j'ai lutté pour la libération de
la France de l'occupation nazie, il était normal que j'aide les
Algériens à se libérer de l'occupation française." Toujours très
concret, il participera ensuite à la création de coopératives dans ce
pays... avant que celui-ci n'évolue vers un système dictatorial. Sa
curiosité et sa volonté de réaliser ses idées, ici et maintenant,
l'amèneront aussi à s'intéresser à l'autogestion yougoslave... dont les
réalisations ne le convaincront pas.
Des déceptions, sa vie militante lui en a, sans doute, beaucoup
apportées. La plus grande désillusion étant certainement la trahison de
Lucien Tronchet, le militant le plus en vue du mouvement libertaire
genevois qui devait rejoindre le parti socialiste à la fin de la seconde
guerre mondiale. Mais André Bösiger était un optimiste aux engagements
multiples, un bon vivant et une force de la nature qui n'a jamais baissé
les bras. Fondateur et soutien indéfectible du Centre International de
Recherche sur l'Anarchisme, André était aussi un pilier de la Libre
Pensée...
Et quand notre groupe (Direct! AIT) a décidé de réaliser son premier
périodique L'Affranchi, c'est vers lui que nous nous sommes tournés pour
lui demander d'être notre éditeur responsable. Il a accepté en nous
faisant entièrement confiance et en nous laissant toujours la complète
liberté du contenu du journal.
Personnalité profondément anti-autoritaire (ce qui n'est pas le cas, et
loin de là, de tous ceux qui se revendiquent de l'anarchisme) André
Bösiger a aussi constitué avec sa femme Coucou (Ruth Bösiger décédée en
1990) un couple de militants, ce qui n'était pas fréquent dans sa
génération et n'est toujours pas très répandu d'ailleurs.
La classe ouvrière suisse a perdu un élément de ce qu'elle a produit de
meilleur, espérons que le siècle qui débute verra naître d'autres
personnalités de cette trempe.
Ariane Miéville et José Garcia
* André Bösiger, Souvenirs d'un rebelle, Canevas Éditeur, 1992 (et
plusieurs rééditions).
================
André BÖSIGER
Ayant quitté le Jura bernois après un conflit avec son employeur, André
Bösiger adhéra en 1929 à Genève, à l'âge de 16 ans, à la Ligue d'Action
du Bâtiment (LAB), tendance anarcho-syndicaliste de la Fédération des
ouvriers du bois et du bâtiment (FOBB), qui sur les chantiers pratiquait
l'action directe, empêchant les heures supplémentaires ou le travail du
samedi. La LAB luttait aussi contre les expulsions et les saisies dont
étaient victimes les chômeurs ne pouvant plus acquitter leurs loyers.
Bösiger rejoignit également le groupe anarchiste genevois qui, selon son
témoignage, réunissait chaque semaine entre 20 et 50 personnes, dont
beaucoup d'ouvriers italiens ayant fui le fascisme, et se lia d'amitié
avec en particulier Luigi Bertoni* et Lucien Tronchet*. Le 9 novembre
1932, il participa à la manifestation antifasciste au cours de laquelle
l'armée, protégeant une réunion fasciste, ouvrit le feu et tua 13
manifestants dont un ami d'André mort à côté de lui d'une balle en
pleine tête.
Appelé peu après sous les drapeaux, André se déclara insoumis et fut
condamné à plusieurs peines de prison successives. C'est au cours de sa
détention à la prison de Saint-Antoine (Genève) qu'il apprit vraiment à
lire et à écrire et qu'il fit la lecture de A- Z du Petit Larousse; il
ajoutait malicieusement «Est-ce que ça fait long deux ans de prison? En
fait j'aurais eu besoin de deux années de plus pour finir tout ce que
j'avais à lire.» A sa sortie du pénitencier en 1937, il fut dissuadé de
partir comme volontaire en Espagne par L. Bertoni qui considérait qu'il
était plus utile en Suisse. André Bösiger se consacra alors à faire
transiter des armes - dissimulées dans des camions de ravitaillement et
de vêtements - de Suisse en France pour les compagnons espagnols; elles
étaient prises en charge à Annemasse par un négociant en primeurs,
Déturche, qui les convoyait en Espagne. Il s'occupa également de la
prise en charge d'enfants espagnols orphelins de guerre. En 1937, il fut
expulsé de France pour ces activités.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, réduit au chômage pour ses activités
syndicales, il survécut en pratiquant le braconnage et assura également
de nombreux passages de frontière (hommes et armes) pour le compte de la
résistance française. A la Libération il fut extrêmement déçu par
l'attitude de son ami Lucien Tronchet, qui entraîna avec lui de nombreux
autres militants syndicalistes et anarchistes au Parti socialiste.
Pendant la guerre d'Algérie, Bösiger continua ses activités de passeur
au profit d'exilés espagnols, d'insoumis et de déserteurs français,
ainsi que de militants algériens du FLN qu'il hébergea souvent et pour
lesquels il trouvait papiers et travail. Il déclarait souvent: «J'ai
lutté pour la libération de la France de l'occupation nazie, il était
normal que j'aide les Algériens à se libérer de l'occupation française».
Il fut pendant quelques années très lié à l'UGAC et à Guy Bourgeois,
notamment au travers de réunions régionales entre Rhône-Alpes et Suisse,
mais aussi temporairement à des proches de l'AOA de Raymond Beaulaton,
souhaitant toujours reconstituer une Internationale libertaire et
révolutionnaire. Ses relations avec les militants antifranquistes
espagnols étaient du même ordre: il soutint activement la frange de la
FIJL qui organisait des actions directes, enlèvements et attentats (voir
Octavo Alberola), mais aussi l'Alianza sindical obrera dans les années
soixante, qui espérait reconstituer un mouvement libertaire au prix
d'alliances parfois délicates avec des institutions en place en Espagne.
En 1957, André Bösiger participa à la création du Centre International
de Recherches sur l'Anarchisme (CIRA) à Genève et à l'aménagement du
local puis à ses déménagements successifs. Il fut à la même époque le
gérant d'une nouvelle série du journal bilingue Le Réveil anarchiste
(Genève, janvier 1957-décembre 1960). Dans les année 1980, il assura
l'aménagement de l'hôtel-café libertaire du Soleil à Saignelégier (Jura)
et participa aux activités anarchistes à Genève ainsi qu'à la Ligue des
droits de l'homme.
En 1990 il perdit sa compagne Ruth dite Coucou. Il fut ensuite le gérant
de L'Affranchi, organe de la section suisse de l'AIT (Association
Internationale des Travailleurs).
André Bösiger, qui était également un militant actif de la Libre Pensée,
est mort le 13 avril 2005 à Genève.
===========
«Les algériens que je faisais parfois passer en groupe, j'ai également
aidé des insoumis et des déserteurs de l'armée française qui refusaient
d'aller se battre en Algérie ... Je bénéficiais de la complicité de
douaniers tant français que suisses, qui me signalaient les moyens de
franchir les passages. (j'ai hébergé) des algériens ... Pour moi, ils
étaient tous des réfugiés et ce qui comptais, c'était leur lutte pour
l'Algérie indépendante.»
André BÖSIGER, P 93-99, Souvernirs d'un rebelle, 60 ans le lutte d'un
libertaire jurassien, Dôle, 1991, 134 p.
«Au début de 1955, le premier responsable de la Wilaya 3 vint me rendre
visite accompagné de Jean Ramet... C'est lui qui fut l'initiateur d'une
présence communiste libertaire directe dans la région (Bourgogne) dans
la lutte algérienne... Le groupe libertaire de Mâcon (1) assurait le
stockage t les transports ds carnets (de cotisation). Nous passions par
la filière suisse, animée par «André» (Bösinger), vieux militant
anarchiste... J'ai été protégé par le responsable de Saône-et-Loire de
la DST (Direction dela Surveillance du Territoire), qui était
franc-maçon et qui me faisait prévenir par le «Vénérable» de Mâcon ...»
(1) Notre compagnon Leandre VALERO participait aux activités
clandestines de ce groupe.
Témoignage ed Guy Bourgeois (Gérard dans la clandestinité),
l'insurrection algérienne et les communistes libertaires, p. 6-7,
Alternative ibertaire (UCL), Paris, 1992
http://blog.cnt-ait.info/post/2019/10/17/Andre-Bosiger
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe http://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center