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(fr) Union Communiste Libertaire Marseille - Gilets Jaunes, Nuit Debout etc. Et le syndicalisme dans tout ça ?!
Date
Tue, 8 Oct 2019 18:13:43 +0100
Ce texte est le fruit d’une élaboration collective de la commission
monde du travail et syndicalisme de l’Union communiste libertaire de
Montpellier. Celle-ci réunit des syndicalistes libertaires qui militent
syndicalement principalement à Solidaires, à la CGT ou à la CNT. ----
Février 2016 : la pétition « On vaut mieux que ça » lancée sur les
réseaux sociaux fait le buzz et permet enfin de rompre avec la léthargie
ambiante ; une date de mobilisation, le 9 mars, sort de cette
initiative, prend de l’ampleur si bien que les syndicats CGT, Solidaires
et FO s’y raccrochent. Le mouvement contre la loi travail est lancé, il
durera 4 mois. C’est nouveau en France depuis bien longtemps, un
mouvement social d’ampleur émerge sur une question directement liée au
travail en dehors des structures syndicales, même si celles-ci s’en sont
très vite emparées. Dans plusieurs villes, les Nuits Debout qui suivront
offriront un cadre de mobilisation à des personnes éloignées du
syndicalisme et donneront un caractère inédit à cette contestation
sociale. ---- Novembre 2018, le mouvement des Gilets Jaunes confirme
cette tendance et creuse le sillon ; il est né puis s’est d’abord
développé complètement en dehors des syndicats. ---- Les défaites
successives du syndicalisme lors des confrontations sociales d’ampleur
et sa difficulté à toucher une partie toujours plus importante du
salariat, les précaires et les salarié-e-s des petites entreprises en
premier lieu, expliquent certainement ces formes de mobilisation
atypiques. Nous analysons ces surgissements comme des réponses à une
situation sociale toujours plus dégradée face à laquelle le
syndicalisme, parce qu’impuissant à s’y opposer, est de moins en moins
considéré comme une perspective. Nous pensons donc probable qu’à
l’avenir, ces situations se répètent. Faut-il pour autant considérer le
syndicalisme comme un outil inefficace et dépassé ?
Libertaires, nous sommes pour un changement radical de société. Pour
nous, celui-ci passera nécessairement par un contrôle de la production
par la population, qui est incontournable si on souhaite rompre avec le
capitalisme. A ce titre, parce qu’il reste le moyen de regroupement le
plus important des exploité-e-s sur leur lieu de travail et qu’il permet
d’agir sur les antagonismes de classe, encore avec des victoires à des
petites échelles, nous pensons que le syndicalisme reste un outil qui
peut être pertinent. Mais, pour qu’il garde une utilité et un intérêt,
nous pensons indispensable et urgent d’interroger les carences du
syndicalisme pour le modifier et en (re)faire un outil permettant
d’aller vers l’émancipation des exploité-e-s.
Les lignes qui suivent sont une contribution de syndicalistes
libertaires à cette réflexion et non une analyse des liens
syndicats/Gilets Jaunes.
Accepter la situation, faire preuve d’ouverture
Il nous semble d’abord que les syndicalistes doivent prendre acte de cet
état de fait : pour de bonnes et/ou mauvaises raisons, le syndicalisme
n’est pas, pour beaucoup d’exploité-e-s, la structure de lutte
incontournable et évidente. Et ce, même si les revendications défendues
sont proches ou convergentes. Le réflexe présent encore trop souvent
dans les structures syndicales de voir d’abord avec indifférence ou
hostilité les initiatives de lutte qui leur sont extérieures doit être
battu en brèche. L’attitude de nombreuses Unions Départementales ou
Locales de la CGT est souvent assez caricaturale de ce point de vue, le
mouvement des Gilets Jaunes l’a encore illustré. Ce réflexe prévaut chez
les syndicalistes en général. Pourtant, le bilan doit être fait ; sur
les conflits globaux le syndicalisme a perdu toutes les batailles depuis
1995. Le recul du gouvernement De Villepin sur le CPE en 2006 a été
obtenu grâce une lutte conjointe jeunesse étudiante/syndicats. De quoi
faire preuve de modestie et surtout comprendre que, malgré sa place
incontournable de par sa capacité à mobiliser, le syndicalisme ne peut
plus gagner seul. De là doit découler à notre sens une attitude ouverte
envers les initiatives para syndicales, les différents collectifs,
coordinations etc. dès lors qu’elles ont une potentialité de se placer
sur un terrain de classe. La dépolitisation, l’atténuation de la
conscience de classe et la méfiance envers ceux et celles qui ont fait
le choix de s’organiser ne facilitent pas cet « état d’esprit », le
début du mouvement des Gilets Jaunes l’a aussi montré. Mais ces liens
doivent être faits, les expériences militantes doivent être mises au
service de ce travail ardu. D’ailleurs, des syndicalistes ont largement
contribué à tisser ces liens en 2016 ou avec les Gilets Jaunes, parfois
avec le soutien de leurs structures, trop souvent de façon isolée… Le
syndicalisme, dès lors qu’il en a l’objectif, a une place privilégiée
pour lier solidairement celles et ceux qui luttent et a certainement
tout à gagner à le faire.
Retrouver la gnaque
Le mouvement des Gilets Jaunes a marqué par ses modes d’action. Les
blocages de ronds-points et routes des premières semaines ont réellement
entravé les flux économiques dans certaines zones géographiques. En
libérant des péages les autoroutes, en menant des manifestations
visibles qui perturbent la tenue des affaires en ville, les Gilets
Jaunes ont assumé le rapport de force face au pouvoir avec beaucoup de
détermination. Ils ont montré que, même à relativement peu nombreuses et
nombreux, on peut gêner le pouvoir. Rapport de force assumé et
détermination sont précisément les éléments avec lesquels le
syndicalisme, trop souvent englué dans des liens ambigus avec les
institutions, doit renouer. L’époque est finie où le pouvoir lâchait du
lest si il jugeait un mouvement social potentiellement menaçant pour
lui. Le syndicalisme doit urgemment renouer, en plus de mouvements
d’opinion mettant beaucoup de gens dans la rue, à la construction de
mouvements de confrontation avec le pouvoir en employant les méthodes
historiques du mouvement ouvrier (grèves dures, blocages, sabotages,
boycott etc.) qui ont permis d’arracher les principales conquêtes
sociales. Plus facile à dire qu’à faire, c’est vrai. Cela oblige à
considérer avec gravité le déclenchement d’une grève, à la préparer bien
en amont, en construisant avec les salarié-e-s des revendications
qu’ils/elles défendront avec détermination. A renouer avec les caisses
de grève et les solidarités interprofessionnelles. Les grèves rituelles
et que l’on sait perdantes, les manifestations qui passent inaperçues,
découragent même parmi les militant-e-s les plus convaincu-e-s. Or, des
choses simples peuvent être faites sans forcément être sur le modèle
émeutier. Par exemple, qu’est-ce qui empêche, si ce n’est la volonté
politique, de scinder en 3 une manifestation syndicale de 3 000
personnes pour bloquer des lieux stratégiques d’une ville ? Pour avoir
une plus grande portée, ces réflexes à reprendre doivent venir d’abord
des militant-e-s syndicalistes. Il est souvent opposé la passivité
supposée des participant-e-s aux actions. Encore une fois le mouvement
des GJ a apporté un démenti au moins partiel à cela, comme le soutien
par beaucoup des cortèges de tête. Et cette détermination à se battre
pour gagner semble s’étendre ces derniers temps et peut se décliner sur
différents champs de l’action syndicale. Qui aurait pu penser que les
enseignant-e-s du secondaire, qui nous ont habitué à une certaine
docilité, boycotteraient à si grande échelle les surveillances du
baccalauréat, le 17 juin 2019 et que la profession soutiendrait les «
désobéissant-e-s » ?
Pour qu’il reste attrayant, nous pensons que le syndicalisme doit
reprendre cette culture de la combativité. Il faut ancrer nos pratiques
d’abord dans le rapport de force avant de courir derrière un dialogue
social avec lequel le capitalisme n’a plus que marginalement besoin de
s’embarrasser.
Avoir une structuration en phase
Durant cette année 2019 des Gilets Jaunes organisés en AG ont fait vivre
la solidarité de classe en apportant leur soutien à diverses luttes à La
Poste, dans les hôpitaux, dans l’éducation Nationale notamment.
Paradoxalement, ils et elles étaient souvent en plus grand nombre que
les syndicalistes des autres secteurs. Les syndicats confédérés sont
pourtant structurés autour de cette préoccupation, mais elle reste trop
souvent superficielle et l’apanage de quelques permanent-e-s. Il est
nécessaire de revitaliser ce lien interprofessionnel en faisant passer
les informations sur les luttes des autres secteurs et en appliquant une
solidarité directe (présence sur les piquets, informations à relayer et
popularisation des luttes, soutien logistique et financier, contacts
presse etc.)
De la même manière, nous devons nous attacher à redynamiser les
structures locales (Unions Locales, Unions Départementales) ou a en
inventer de nouvelles ; à l’image des ronds-points des GJ, elles peuvent
être pensées dans des dimensions conviviales à même de raviver
l’appartenance et la solidarité de classe des exploité-e-s d’une même
zone géographique.
Il y a également un énorme enjeu à favoriser, la création des syndicats
de secteur et non plus d’entreprise afin de répondre aux mutations du
salariat. Les petites entreprises sont majoritaires, la mobilité des
salarié-e-s, précaires ou non, très importante. Dans ces conditions, il
est compliqué de faire vivre un syndicat d’entreprise avec peu de
salarié-e-s soumis aux départs répétés de ses membres. Un syndicat de
secteur permet de garder une continuité, de faire nombre, de
collectiviser les expériences et favorise l’entraide.
Le syndicalisme doit faire sa révolution au niveau des champs de
syndicalisation. Il doit être structurellement en capacité de syndiquer
les précaires comme les travailleurs et travailleuses indépendant-e-s.
Les précaires, si ils et elles se destinent à rester dans le même
domaine professionnel doivent pouvoir rester dans le même syndicat,
indépendamment de leurs périodes sans-emploi (la question des syndicats
de secteur est là aussi opérante). Pour celles et ceux qui jonglent
entre différents secteurs d’activité, des syndicats de sans-emploi et
précaires doivent être favorisés et bénéficier d’une vraie solidarité
interprofessionnelle. Cette préoccupation doit être centrale chez les
syndicalistes, elle est favorisée quand les précaires se syndiquent et
militent, incarnant ainsi concrètement leur statut au sein des
syndicats. Rappelons-nous qu’à travers les bourses du travail notamment,
le syndicalisme s’est construit sur le précariat !
Enfin, nous pointons sans l’aborder ici la question de l’unité du
syndicalisme de lutte qui, dans un contexte de poussée des syndicats
cogestionnaires, semble incontournable.
Vouloir changer de société
Beaucoup de monde s’est rallié au mouvement des GJ sur des questions
politiques : inégalité de la répartition des richesses, rejet de la
classe politique, recherche de forme d’organisation réellement
démocratique, questions environnementales etc.
Le poids conjugués des corporatistes d’une part, des partis de gauche et
d’extrême gauche d’autre part, ont cantonné le syndicalisme aux
revendications immédiates. Les questions globales ont été déléguées aux
politiciens. L’incurie de ceux-ci rend ce schéma inopérant en même temps
qu’il décrédibilise ceux qui les portent, donc les syndicats. Le
syndicalisme doit pour être attractif et crédible se réapproprier la
question politique et ne plus la sous-traiter aux politiciens et à
l’état. Pour nous le syndicalisme doit être conçu comme un outil alliant
améliorations du quotidien des travailleuses et travailleurs
(revendications immédiates) et objectifs de transformation
révolutionnaire de la société par et pour les exploité-e-s. Sans en
faire une préoccupation exclusive et envahissante, nous pensons
important de ré-imprégner nos syndicats de cette dimension révolutionnaire.
Revenir aux sources, rebâtir !
Ouverture et solidarité avec les formes de lutte auto-organisées que se
donnent les exploité-e-s, défiance envers les institutions et rapport de
force assumé contre celles-ci, importance des solidarités
interprofessionnelles, structuration adaptée aux nouvelles formes de
l’organisation du travail, volonté affirmée de rompre avec le
capitalisme et l’état pour auto-gérer la société, autant d’éléments que
nous pensons nécessaire de développer au sein des structures syndicales.
Toutes ces idées ne sont pas nouvelles, elles sont constitutives du
syndicalisme des origines, du syndicalisme quand il avait sa dimension
révolutionnaire. L’époque nécessite selon nous ce retour aux sources et
peut rencontrer un écho réel, le mouvement des GJ peut être compris
comme symptomatique de ces aspirations plus ou moins diffuses. Contre
nous, d’abord la répression patronale et étatique de plus en plus féroce
et la résignation du plus grand nombre ; mais aussi les fonctionnements
verticaux, autoritaires et bureaucratiques au sein de nos structures
syndicales, les pièges de l’intégration et de la cogestion et ceux qui
veulent faire du syndicat la courroie de transmission de leurs partis.
La tâche est donc ample, les adversités nombreuses. Mais c’est le boulot
à fournir si on souhaite ne pas faire table rase des sacrifices de nos
ancien-ne-s et de leurs conquêtes sociales, si on souhaite donner un
avenir au syndicalisme de lutte et surtout si on veut une société
émancipatrice.
http://unautrefutur.org/category/theme/monde-du-travail
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