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(fr) Alternative Libertaire #298 (UCL) - #298 Commune internationaliste du Rojava « Un exemple concret de changement radical, au cœur du chaos mondial »
Date
Mon, 7 Oct 2019 18:25:39 +0100
Initiée en 2017, la Commune internationaliste du Rojava (CIR) est un
collectif auto-organisé basé à l’Académie internationaliste Sehid Helîn
Qerecox à Derîk, au Kurdistan syrien. ---- Elle y organise des
formations sur la société, l’histoire de la révolution, des débats
politiques et des cours de langue. Les volontaires internationaux
qu’elle accueille – pour la plupart occidentaux, de différentes
sensibilités politiques – viennent aider concrètement la révolution.
Elle a notamment initié le projet écologiste Make Rojava Green Again
(lire AL de juin 2018) et la campagne de solidarité RiseUp4Rojava. Les
camarades ont répondu aux questions d’Alternative libertaire. ----
Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne la CIR? ---- Selon un
modèle issu du confédéralisme démocratique, avec une séparation genrée
et une administration. La cellule de base est la commune, 5-6 personnes,
avec une assemblée de coordination des communes chaque semaine, et une
plénière tous les 2 mois environ avec tous les membres de la CIR. On y
discute des évolutions de la CIR, passées et à venir, et du rôle de
l’internationalisme. ---- Et l’implantation en Syrie? ---- En 2017
l’idée d’avoir un lieu de rencontre et de formation des
internationalistes s’est concrétisée. Il a fallu, avec l’administration,
trouver un lieu, construire les bâtiments… Ça a pris environ un an, avec
une première formation mi-2018. Des membres de la CIR se trouvent
régulièrement en Europe pour faire des présentations mais aucun lieu ou
structure pérenne n’est directement connecté à la CIR en dehors du
Rojava. ---- Comment avez-vous vu la situation évoluer en Syrie? ---- La
révolution du Rojava, initiée par le mouvement de libération kurde, a
apporté un début de solution aux conflits de la zone, et plus
globalement du Moyen-Orient, depuis le début de l’ingérence des
impérialistes. Le modèle confédéraliste mis en œuvre pourrait très bien
convenir compte tenu du caractère multi-ethnique et multiconfessionnel
du Moyen-Orient. Cette solution arrive à point nommé pour défaire une
situation au cœur des conflits d’intérêts mondiaux.
La guerre civile syrienne est une guerre par procuration, avec les
influences du monde entier s’exprimant via leur soutien à telle ou telle
force locale. À travers la Turquie c’est l’OTAN qui se fait soutien des
développements théo-fascistes dans la région, pour générer un chaos qui
permet de maintenir le pétro-business, mais aussi créer un ennemi à
l’échelle internationale, et ainsi maintenir ses propres populations
sous contrôle. Le lien entre Daech et la Turquie n’est plus à démontrer,
et la dénonciation du soutien à l’armement turc par les États et
capitaux occidentaux est une nécessité. Le régime al-Assad est la
marionnette des intérêts russes et de la bourgeoisie locale.
Les développements passés ont confirmé cette lecture d’une guerre des
ingérences mondiales qui, mise dans le contexte des guerres précédentes
au Moyen-Orient, montre que l’on est ici au cœur d’une Troisième Guerre
mondiale. Une guerre États-Unis-Iran se prépare, par la fragilisation
des frontières de l’Iran et la multiplication des bases de l’OTAN dans
la région. Et le sempiternel conflit USA-Russie. Toute tentative visant
à apporter paix et autodétermination aux peuples du Moyen-Orient se voit
menacée et les forces révolutionnaires kurdes sont prises pour cible car
détentrices d’une solution qui libérerait la région des impérialismes.
Le développement des coopératives, notamment de femmes, est un des
aspects les plus innovants de l’économie, permettant à des personnes qui
n’y avaient pas accès d’être maîtresses de leur outil de travail et de
leurs revenus. Le processus va jusqu’à une municipalisation de
l’économie, avec une gestion planifiée des ressources et de la
production à l’échelle de la commune locale. Les structures autonomes de
femmes sont certainement le changement le plus radical dans la région.
L’implantation de maisons des femmes, le développement de la jineoloji
(« science des femmes »), sont des apports importants aux luttes de
libération. La prise en compte de l’écologie dans un contexte de guerre
et après la destruction des modes de vie écologiques traditionnels,
relève de l’exploit. Par-dessus tout, c’est le rapport à l’autre qui se
trouve changé, les relations sociales connaissant une révolution majeure
où chacun·e est un·e heval (« camarade et ami·e »), avec qui l’on peut
se retrouver à vivre, travailler, uni.es dans la révolution.
Et comment voyez-vous la situation actuelle?
Si la révolution a dépassé la seule libération du peuple kurde, elle
reste déterminée par la « question kurde », notamment vis-à-vis des
conflits qui lui sont imposés par l’État turc qui a envahi le canton
d’Afrîn en 2018 et menace désormais d’envahir le reste du Rojava. La
Turquie vient d’entrer plus amplement au Bashur (Kurdistan irakien) en
vue d’affronter la guérilla des montagnes du Qandil, cœur de la
révolution. Tout récemment, l’État turc a remplacé les maires d’Amed
(Diyarbakir), Wan et Mêrdîn, démocratiquement élus, par ses pions, issus
de l’alliance fasciste AKP-MHP au pouvoir.
En Syrie, si Daech est officiellement vaincu, son idéologie est toujours
présente, des cellules sont constamment découvertes, et des attentats
continuent de se produire. Le régime al-Assad perd du terrain et
abandonne des zones dont la légitimité revient de fait à
l’administration autonome, mais il n’en est pas un allié, les deux
systèmes coexistent en tension permanente. Assad, Erdogan et Poutine
luttent toujours pour obtenir la mainmise sur le canton d’Idlib, sans
parvenir à un accord et sans considération pour les populations locales.
La révolution a besoin d’assurer ses appuis. Dans le cadre de
l’internationalisme, cela signifie renforcer et concrétiser la
solidarité. Informer la communauté internationale sur les agissements de
leurs États et sur la collaboration de leurs entreprises en lien avec ce
qu’il se passe ici. Comme disait la révolutionnaire Sehid Andrea Wolff,
militante allemande combattante au Kurdistan, exécutée en 1998 par
l’armée turque: « J’aimerais qu’il y ait des mouvements dans les
métropoles qui attaquent cette guerre, la rendent impossible. Qui en
coupent juste l’approvisionnement ».
On peut donc dire que la révolution au Rojava est un espoir pour l’avenir?
Elle est porteuse d’un idéal socialiste libertaire, qui détonne avec la
montée du fascisme dans le monde. C’est un exemple de société qui prend
en charge la question de l’oppression des femmes par les hommes, à une
époque où les scandales sexuels sont révélés au plus haut niveau de la
géopolitique internationale et où le sexisme ordinaire tue en silence.
Face à la destruction écologique, le Rojava propose de résoudre le
problème à sa source: abolir la domination des humains par les humains.
Une approche à long terme, et sociétale, qui correspond à l’ampleur des
dégâts, et qui prend sens quand on voit l’absence de volonté face au
changement climatique de la part du système étatique. La société du
Rojava est pleine de contradictions, qu’elle assume, comme toute
révolution, mais elle n’en est pas moins un exemple concret de
changement radical, au cœur du chaos mondial.
Parlez-nous de la campagne Rise Up For Rojava…
RiseUp4Rojava est une campagne internationale de soutien à la révolution
du Rojava qui appelle à l’action contre la Turquie et ses collaborateurs
internationaux, États et capitaux. Lancée par la CIR au moment des
menaces d’invasion du Rojava en décembre 2018 elle s’est développée et a
gagné en profondeur en publiant les noms des entreprises collaboratrices
avec l’armée turque. Les armes utilisées ici sont fabriquées en France,
en Allemagne. Ce sont les pays de l’OTAN qui valident ou invalident les
actions de l’Etat turc, les révolutionnaires occidentaux ont donc un
rôle à jouer dans cette révolution.
On peut aussi espérer qu’un soulèvement majeur au Bakur, Kurdistan du
Nord (en Turquie), change la donne mais il faut que les gens se sentent
soutenus par la communauté internationale. Nous continuons donc les
campagnes RiseUp4Rojava et Make Rojava Green Again, pour organiser un
front antifasciste international et des actions de solidarité
écologiste. Nous développerons notre académie et le lien avec les autres
structures, en diversifiant et actualisant les actions réalisables ici
par des internationalistes.
C’est une véritable coordination internationale d’organisations
politiques, qui mènent à la fois des actions d’information et des
actions coup de poing contre l’État turc et ses soutiens: manifestations
face aux menaces d’invasion de l’État turc, campagnes d’affichage. Les
réseaux se sont aussi préparés pour des actions majeures le jour de
l’invasion, qu’on a appelé le jour X. Cet appel est toujours actif. Des
dizaines d’actions et de manifestations ont eu lieu lors des premières
journées internationales d’action (6 et 7 septembre).
Et Make Rojava Green Again, où en est cette campagne?
Un livre a été écrit, faisant part des réflexions idéologiques de la
révolution autour de l’écologie et exposant la situation écologique au
Rojava. Différents projets écologiques sont portés, l’un, majeur, est
une pépinière pour la réserve naturelle d’Hayaka. Pour plusieurs de nos
projets, les menaces turques ont interrompu nos cycles de travail,
jusqu’à endommager des sites de projets envisagés. On voit toute la
difficulté à mener à bien des projets écologiques dans un contexte de
guerre.
La campagne collabore avec le Croissant-Rouge kurde pour apporter un
soutien aux agricultrices et agriculteurs ayant perdu leurs récoltes en
juin-juillet suite aux incendies criminels de l’État turc et de ses
supplétifs djihadistes. Comment peut-on soutenir
la CIR au-delà de ces campagnes?
Il est possible de soutenir la Commune en nous rejoignant au Rojava, en
nous faisant un don ou tout simplement en commençant à vous organiser
politiquement chez vous. Toute aide, ici ou depuis l’Europe, est la
bienvenue, nous avons toujours besoin de traducteurs et de traductrices,
de contacts médias/presse, de militant.es prêt.es à afficher, et plus
encore.
Propos recuillis par Ed (UCL Hautes-Alpes)
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Commune-internationaliste-du-Rojava-Un-exemple-concret-de-changement-radical-au
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