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(fr) ucl-saguenay: [Colombie]Le processus de récupération de terres s'attend à une offensive massive dans le Cauca. par Collectif Emma Goldman
Date
Fri, 9 Sep 2016 11:29:27 +0300
Texte provenant du site web Marseille Infos Autonomes. ---- Ci-joint un court communiqué
écrit par le processus de récupération de terres dans le Cauca (département en rouge
ci-dessous) en Colombie, ainsi que d'autres textes contextualisant la lutte qui dure
malgré de fortes répressions de l'État et des paramilitaires depuis décembre 2014. ----
Communiqué du 22 aout 2016 ---- Le processus de libération de la Terre-Mère se prépare à
l'imminence de l'accomplissement du pouvoir agro-industriel et politique de Colombie
contre son processus de libération du Nord-Cauca (sud de la Colombie). ---- Selon nos
informations, une expulsion violente des points de libération de Quintapereza, Corinto et
La Emperatriz va être tentée cette semaine. ---- Le 22 aout, la force publique a fait une
maraude à La Emperatriz et les anti-émeutes ont renforcé leur présence dans l'hacienda.
Nous alertons les amiEs du processus de libération et les comités de soutien pour qu'illes
restent attentif\ves à ce qu'il peut se passer. Nous en rejetons la responsabilité sur le
gouvernement, car si nous ne provoquons pas la force publique, nous nous défendrons par la
force de la communauté en cas d'attaque.
Tous les acteurs impliqués dans cette expulsion violente comme les antiémeutes, les
politiciens, agro-industriels et le secteur financier, soutiennent les dialogues de
paix[ndt: avec la guérilla marxiste-léniniste des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie].
Arrive-t-on à l'étape de guerre ouverte contre le peuple?
Nous, communautés du Nord-Cauca, avons repris la lutte de récupération de terres depuis le
14 décembre 2014 et avons fondé des hameaux au sein même des grosses exploitations
agricoles en processus de libération. La tradition et la mémoire des anciens et anciennes
racontent qu'illes vécurent sur ces terres[ndt: aujourd'hui accaparées par la monoculture
de canne à sucre]. Depuis La Emperatriz s'est planifiée en 1991 le massacre du Nilo[avec
la force publique les propriétaires ont décidé du massacre d'une vingtaine de personnes
alors en récupération de terres]. La forme d'exploitation de ces haciendas maltraite
également la Terre-Mère, c'est pourquoi, en tant que peuple Nasa, nous persistons à dire
que nous nous tenons prêtEs pour la lutte pour libérer la Terre-Mère et que nous n'allons
pas nous retirer des fermes.
Continuons la lutte pour la libération de la Terre-Mère!
Le processus de libération de terres
Traduction du communiqué du 22 aout par le collectif BEJUCO.
Pour mieux comprendre le contexte, voici un appel à solidarité lancé en mars 2015 et un
entretien sur le processus autochtone en général et ses positions politiques.
Appel à la solidarité internationale pour soutenir l'action directe de récupération de
richesses du Cauca par les autochtones Nasa
FatiguéEs d'être à la fois reléguéEs dans les terres montagneuses du Cauca et d'attendre
l'application d'accords signés par le gouvernement, plus de 3000 autochtones Nasa
participent à une nouvelle récupération de 6500 hectares de terres depuis décembre 2014.
Illes occupent les terres qui aujourd'hui appartiennent, devant la loi, à l'un des hommes
les plus riches du pays: Carlos Ardila Lülle, multimilliardaire qui possède de grandes
firmes colombiennes comme Iberplast, Postobón, le pôle agro-industriel Azucarero Incauca,
les chaînes de télévision ou de radios de masse Mundofox et RCN.
Le chef paramilitaire Mancuso a d'ailleurs accusé Lülle d'avoir payé des milliers de
dollars chaque mois des paramilitaires pour assurer la sécurité de ses entreprises. De
même, Ardila Lülle a été fortement critiqué lorsque sa chaîne RCN a diffusé une série
romancée sur les frères Castaño, chefs paramilitaires... (Mais oui, eux aussi ont une
famille...)
Le territoire du Cabildo autochtone est un espace multiéthnique, partagé entre
autochtones, AfrocolombienNEs et paysanNEs. La forme d'organisation est l'assemblée. C'est
la communauté qui décide en commun, et discute jusqu'au consensus. La propriété de la
terre, concept apporté par les colons espagnols, y est collective et non privée. Les
autochtones ne revendiquent plus... ils prennent.
Face à cette action directe qui se déroule sur différents points du département du Cauca,
l'État utilise les forces publiques légales (l'escadron mobile anti-émeutes ESMAD et
l'armée régulière) pour disperser les communautés éparpillées sur les champs de
monocultures de canne à sucre, et pour protéger la récolte du seigneur Lülle. Récolte
faite par les coupeurs de canne qui survivent avec 400 000 pesos par mois - 140 euros
alors que le salaire minimum pour les boulots légaux est de 700 000 pesos (sans aucune
protection sociale).
Les fourgons-tanks de l'ESMAD les escortent jusqu'aux campements de bambous pour les faire
détruire à coups de machette et de tronçonneuse. Lors d'attaques massives, les ESMAD
tirent des gaz lacrymos particulièrement forts avec des fusils spéciaux, flashballs,
grenades assourdissantes ainsi que leur version illégalement modifiée contenant du métal
pour augmenter la gravité des blessures occasionnées. Parmi les armes non-conventionnelles
on retrouve la fabrication de grands lance-pierres à manier par trois personnes. Les
hélicos tournent jour et nuit pour localiser les campements et volent très bas lors
d'attaques pour faire peur à la population et tirer des gaz. Ils utilisent aussi des
fusils à balles réelles quand les médias ou l'ONU sont absents (la plupart du temps).
En plus de la judiciarisation et de la répression étatique classique, les autochtones ont
reçu des menaces de paramilitaires (groupes armés d'extrême droite liés au gouvernement)
voulant protéger leurs patrons, disant que si les ESMAD n'arrivent pas à les déloger, ils
prendraient le relais, finissant par «tous unis pour un Cauca sans Indiens». Ses auteurs
défendent les intérêts des transnationales, des narcos et des grands propriétaires
terriens en forçant les populations rurales à quitter leurs terres sous prétexte de lutte
anti-insurrectionnelle. Ils sont connus pour avoir... massacré sur les places publiques
des milliers (sic) de personnes à la tronçonneuse... joué au foot avec des têtes
d'enfants... La Colombie compte ainsi 6 millions de déplacéEs par la violence.
Malgré la terreur provoquée par les pamphlets et SMS reçus, les Nasa continuent, dans un
contexte où illes comptent tous les jours des disparitions ou des assassinats. 500
personnes en deux ans dans une partie du département.
Malgré le fait de ne pas vouloir reprendre les armes laissées en 1991, illes résistent en
lançant des pierres ou des molotov, et utilisent des tubes lançant des fusées d'artifices.
Toute la communauté participe activement. Illes doivent aussi affronter les groupes de
sécurité privée qui ne se gênent pas pour tirer sur elleux. En mars 2015, l'État a reconnu
au moins 75 blesséEs coté population civile et 60 côté ESMAD. Sur Santander, les
autochtones ont réussi à isoler un groupe de militaires acculés à la reddition.
Le peuple du Nord-Cauca exige une vie dans la dignité et autonome et appelle à la
solidarité internationale. Nous relayons cet appel pour que soit soutenue d'une manière ou
d'une autre cette action directe... par des caisses de solidarité tenues lors de concerts
ou de projections, par des mobilisations (ou autres) devant les ambassades, par le relais
d'infos, etc.
Rencontré au moment d'une assemblée communautaire à Corinto (Nord du Cauca) en avril 2012,
Juan Houghton nous éclaire sur l'apport du processus autochtone dans la convergence des
luttes et oppose certaines stratégies d'action (lutte légaliste non violente, actions
médiatiques, actes individuels, avant-gardisme) à la recherche d'expériences collectives.
Construction de pratiques d'autonomie: l'apport du processus indigène.
Considérée par les autochtones comme libre et sans frontière, la terre est moteur de
résistances mais aussi objet de lutte. Dès lors, quel est l'état des relations avec les
autres communautés, les PaysanNEs et AfrodescendantEs?
Le travail conjoint est une constante. L'arrivée des Afrodescendants s'est faite il y a
tellement longtemps que les Indiens reconnaissent la légitimité des droits territoriaux de
cette communauté. Les échanges culturels sont importants. Il n'y a jamais eu l'idée de
traiter cette communauté comme un adversaire. Il en est de même avec les Paysans dits
"Campesinos". La grande majorité d'entre eux sont en partie des descendants d'Indiens et
partagent un système de références très apparenté à celui des Indiens, mais ils
s'identifient "Campesinos". D'autres, bien sur, sont clairement des descendants pauvres
des Espagnols arrivés dans la zone.
Aujourd'hui, la conscience la plus générale et partagée, qui est aussi la position de
l'organisation, est que les Afrodescendants, les Paysans et les autochtones ont un
adversaire commun qui est le propriétaire terrien.
Quand a commencé la mobilisation autochhtone dans les années 1970, il était clair qu'on se
battait conjointement avec les Paysans et les Afrodescendants. Par la suite dans les
années 1990, quand on a commencé à travailler sur le thème des territoires indigènes, la
réflexion n'excluait pas les communautés paysannes et afrodescendantes. Au sein du
processus indigène, il n'y a pas de posture de non-intégration des autres communautés
ethniques.
Des "Campesinos" ou des Afrodescendants assument des responsabilités au sein de conseils
communautaires autochtones.
Il y a par contre deux exigences:
- Tout d'abord, il est important de reconnaître le caractère collectif de la propriété de
la terre. C'est un point de tension parfois avec les communautés paysannes qui ont une
idée de la propriété beaucoup plus familiale autour de leur ferme, de leur parcelle, etc.
Alors que dans l'organisation indigène il est primordial que la propriété soit collective;
les familles de la communauté ont l'usufruit des terres, mais il est clair que lorsque la
communauté a besoin des terres pour un projet collectif, la terre est récupérée. C'est un
point d'inquiétude pour les familles paysannes.
- Deuxièmement: c'est la communauté qui administre et dirige. Cet élément communautaire
trouve aussi de la résistance auprès de personnes qui ont une formation ou une pratique
libérale. Il peut y avoir des tensions avec les individus qui prétendent aux droits
individualistes inaliénables. Ça génère quelques difficultés. Mais en général, on lutte
conjointement pour la récupération des terres et pour la reconnaissance de nos droits.
La dynamique impulsée par la lutte autochtone dans les années 1970 et 1980 concernant la
revendication de l'autonomie territoriale est aussi assumée dès le début par les
communautés d'Afrodescendants et plus récemment par les communautés paysannes qui
revendiquent aussi le droit de s'organiser politiquement comme "communauté" (c'est-à- dire
de former un auto-gouvernement communautaire) et non seulement comme "organisation civile".
Le fait que cette dynamique soit reprise par les autres communauté témoigne d'un parcours
authentique d'auto-reconnaissance.
De fait, de nombreuses communautés qui font aujourd'hui partie du processus autochtone
étaient, 20 ou 30 ans en arrière, des communautés considérées paysannes. C'est une
revendication politique ayant abouti à un processus culturel. Nous sommes favorables à ces
revendications même si elles ont pugénérer des tensions parce que l'État a délimité les
territoires, et les compétences de chacun. Lorsqu'il est difficile de délimiter des
territoires, les autochtones du Cauca ont commencé à travailler l'idée de monter des zones
inter-ethniques, permettant une unité avec une gestion plurielle.
Sur toutes ces questions, l'apport du processus autochtone a permis de consolider l'idée
que l'élaboration d'un pouvoir alternatif passe par la construction de formes
d'auto-gouvernement.
Nous n'attendons pas que l'État fasse les choses pour nous. On va directement vers ce que
l'on exige.
C'est le cas par exemple de l'éducation, face aux carences de l'État, nous avons été
amenés à construire nos propres écoles.
Une stratégie qui se résumerait à exiger de l'État qu'il remplisse ses obligations
s'apparente à de la soumission. Elle ne construit pas une conscience d'auto-gouvernement
et d'auto-détermination propres à l'élaboration d'un pouvoir populaire. Pour
s'auto-déterminer il faut construire sa propre éducation et pas juste avec l'État mais
plutôt contre l'État, en dehors de l'État; mais tout cela dépend des circonstances politiques.
Tu parlais de reconnaissance de droits... ça a été chose faite en 1991 avec la
constitution, votée à l'issue d'accords de paix avec plusieurs secteurs populaires et
considérée comme l'une des plus progressistes au monde. Concrètement, quels en ont été les
effets?
Dans la pratique, il n'y a pas eu plus de territoires reconnus aux autochtones après la
constitution de 1991et les assassinats n'ont pas diminué. Nous ne sommes pas contre ces
avancées de la législation. Le scénario antérieur ne nous paraît pas meilleur. Les actions
politiques des communautés, criminalisées par la loi avant 1991, disposent désormais d'une
reconnaissance légale. La loi est en notre faveur et on peut l'utiliser pour les intérêts
des autochtones. Il y a sans doute un contexte plus favorable pour la mobilisation, car
avant, le risque de perdre la vie ou la liberté était beaucoup plus grand et directement
lié à l'application de la loi.
Mais à mon sens, la seule avancée notable concerne les détentions. Avant, des communautés
entières pouvaient aller en prison en luttant pour des récupérations de terre.
Aujourd'hui la répression directe de l'État a laissé place à des mécanismes de punitions
illégales, il s'agit essentiellement des crimes associés auxpropriétaires terriens mais
aussi opérés stratégiquement par les paramilitaires et militaires de l'État. Les acteurs
qui se sont senti vaincus par la constitution de 1991 luttent avec plus de férocité contre
les communautés.
Il y a un autre élément à analyser. Avec la constitution de 1991, les communautés
autochtones sont passées du déni total à une reconnaissance publique qui a fait naître une
euphorie post-constitutionnelle. Ainsi, la naïveté ambiante et la croyance que le cadre
constitutionnel allait permettre des chemins non-violents, a écrasé pour plusieurs années
une partie des revendications autochtones existantes.
Cette expectative est toujours présente dans certains endroits. Mais dans le Cauca, très
rapidement, le mouvement autochtone a compris que rien n'allait changer et qu'il fallait
continuer la mobilisation pour stopper les agressions.
Devant les projets miniers de la région qui ont l'appui inconditionnel de Santos, le
Président actuel, et l'impasse citoyenniste, envisagez-vous le sabotage comme un mode
d'action directe à développer?
Ici, on ne pense pas en ces termes. Dans certaines réserves, comme l'année passée, des
communautés réunies en Minga exigèrent que les mineurs dégagent des terres avec leurs
machines. C'est en utilisant la mobilisation massive que les communautés ont réussi à les
faire partir.
C'est sur qu'ils se sont battus, ce qui arrive toujours dans ces cas-là, mais une des
caractéristiques fondamentales du mouvement autochtone est l'action collective.
Et c'est un élément beaucoup plus puissant que le sabotage qui relève engénéral non pas de
la communauté mais d'individus isolés. Ici, il y a une forte méfiance envers les actions
héroïques. Des engagements individuels forts peuvent parfois être utiles... mais ce n'est
pas ce que les gens valorisent le plus. De fait, des personnes aux fortes capacités
politiques ont été sanctionnées par la communauté pour avoir fait des actions courageuses
mais qui vont à l'encontre de la cohésion de la communauté.
Disons qu'une des vertus qui existent dans le processus autochtone du Nord-Cauca, c'est la
conviction que c'est en avançant jusqu'au dernier, avec le moins formé, ou le plus
désemparé, que l'organisation tient.
Il y a aussi le projet de faire une Minga[1]à travers le pays et de bloquer la
panaméricaine...
La panaméricaine a déjà été bloquée de nombreuses fois. En 2008, il y a eu une grande
mobilisation, une marche sur Bogotá qui s'est finie par une véritable raclée sur la
panaméricaine. En occupant une partie des voies, l'idée était de dialoguer avec le pays,
provoquer un débat plus que de bloquer pour faire pression sur l'économie.
Ce n'est pas une surprise mais les médias de communication de la droite au pouvoir ont
juste montré la volonté de blocage et ont tenté d'occulter le fait que la mobilisation
visait le dialogue avec la société. Je crois beaucoup plus en cela, non tant en la
négociation avec l'État que le dialogue avec la société, les gens des quartiers, les
ouvriers, les acteurs sociaux, les secteurs populaires...
Dans le fond, les autochtones sont méconnus de la société. Disons, et c'est un peu
stupide, que la société non indigène a été surprise de voir la capacité d'organisation des
Indiens, de voir qu'ils étaient capables de monter un campement chaque jour très
rapidement. Des choses pour nous évidentes, que l'on fait depuis toujours... Les gens
savent faire la cuisine pour des centaines de personnes et la distribuer. Des choses pour
nous presque triviales, mais qui paraissent pour les non-Indiens qui n'ont pas cette
capacité au travail collectif, difficiles à imaginer. C'est surement du à l'atavisme du
travail et de la famille et à l'individualisme prédominant. Dès lors, cette forme de
mobilisation indigène, d'expression, d'aller dans la rue, de marcher, a son impact. La
posture des autochtones et le but de la Minga, c'est de partager sur la possibilité de
s'auto-gouverner et de trouver des formes de travail différentes.
Le message que l'on a voulu apporter s'inscrit dans la lutte contre le capital et contre
l'État. Les autocchtones du Cauca ont compris que ce n'est pas dans le capitalisme que
l'on va construire notre autonomie, ni dans l'État.
Donc, ce que l'on propose à la société, c'est de dire "Allez, venez! Nous, on a fait ça ou
ça de manière autonome, et ça a fonctionné plus ou moins, regardez ce qu'on a
maintenant... On peut le faire ensemble en commençant à nous auto-gouverner concrètement
sur des petites choses, comme la gestion de l'eau dans un quartier, ce sont de petites
choses mais elles sont fondamentales". Nous devons construire la conscience que c'est la
communauté qui doit décider de ses intérêts et non pas les bureaucrates et technocrates ou
quelques-uns des fonctionnaires du capital.
Est-ce que ce message est compris par les autres acteurs sociaux mobilisés dans le pays?
Tout le monde ne comprend pas notre message. C'est ce qui arrive toujours avec les actions
politiques et les mobilisations. Lorsqu'est apparue sur le devant de la scène la grande
mobilisation autochtone, beaucoup nous ont rejoints. Certains pour protester contre le
président Uribe dans un contexte où l'opposition était très affaiblie, d'autres par solidarité
paternaliste plus que par compréhension du mouvement; mais tout le monde aspire à un monde
meilleur.
Le mouvement autochtone est ouvert et ne refuse personne, il ne repose pas idéologiquement
sur un sentiment d'identité indigène. Nous disons "venez avec vos différences et
construisons!", la Minga c'est comme le carrefour où se croisent les idéologies. Chacun
peut apporter son interprétation du monde, proposer ses stratégies mais s'il ne construit
pas ici, ne travaille pas avec les autres, ne participe pas aux Mingas et ne respecte pas
les décisions de la communauté, alors, ce n'est pas ce qui nous intéresse.
Celui qui a un projet politique doit le soumettre à la dynamique communautaire.
La lutte de classe proposée par certains de la gauche tend vers une soumission à un
certain credo politique. Ils se battent contre le capital, contre l'État, luttent pour une
société meilleure mais c'est moins une lutte populaire qu'une lutte de la gauche. Il me
semble que c'est plus pour certains une façon d'arriver à des fins politiques.
Certains qui se revendiquent de gauche, ouvertement, l'aristocratie intellectuelle,
supplantent la conscience de la communauté. Du coup, par rapport à ces pratiques, notre
organisation résiste à être associée à eux.
Les premiers qui arrivèrent dans le mouvement indien du Nord Cauca étaient des marxistes,
agraires ou autres. Au début, je présume qu'ils ont tous voulu apporter "la" ligne et
l'abécédaire pour montrer comment faire les choses. Alors le discours avant-gardiste a
paru suspect ici. Ils ont vu que les choses devaient se faire depuis la communauté et avec
la communauté. Car le contraire ne fonctionne pas.
[1]Minga signifie «travail communautaire» et grandes marches sociales communautaires
rassemblant des milliers de personnes.
http://ucl-saguenay.blogspot.com/2016/09/colombie-le-processus-de-recuperation.html
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